Jeu 18 Mai 2017 - 22:16
La toile de l'Hiver commençait tout doucement à se dessiner dans le paysage de la ville de Pallatine. Tu aimais cette fausse couleur aux allures de pureté. Tu aimais le froid qui s’engouffrait dans ton corps à chaque fois que tu pénétrais dans l'Hiver mordant. Tu aimais la sculpture que le givre créé superbement dans ton jardin, et qu'aucun artiste ne pourrait jamais reproduire. Tu aimais cette douce brise glaciale. Oui, tu avais toujours aimé ces choses autant que tu les haïssais. Évidemment ! Tu étais folle ! La véritable démente ! Alors, on avait aucun droit de te juger. Après tout, tu vivais dans ton monde imaginaire.
Saint-Juré, l'arrondissement des merveilles, comme tu aimais l'appeler. Il faisait raviver de nombreux souvenirs chez toi. Les plus beaux, comme les plus laids. C'était un endroit chaleureux à tes yeux, mais aussi morbide. L'ambiance qu'il dégageait instaurait un dicta que tu haïssais. Installé par les fameux Opportunistes. Non, c'était trop pathétique pour toi.
Mais pourtant, derrière cette laideur, tu pouvais aussi voir de la beauté. Une beauté subtile. L'Art permettait de dépasser les frontières sociales et politiques. C'était pour cette raison que cet arrondissement avait toujours été pour toi le moyen de rencontrer des âmes savantes et rêveuses. Des âmes qui te ressemblaient. Des âmes que tu chérissais tant. Pour la plupart, tu ne les revoyais jamais, mais cela te suffisait. Tu t'amusais tant dans ce quartier. Et, à vous tous, vous créiez une nouvelle réalité.
C'est alors que tu vis une âme vagabonde rodaient dans les parages. Mais toi, tu n'en avais pas une qui était charitable. Tu te contentais de ton quotidien. Tu avais appris à éviter de t’immiscer dans la vie d'autrui. Tu étais de ceux qui tracé leur chemin en voyant le dernier souffle d'un passant. Tu n'aimais pas l'hypocrisie, alors tu préférais rester comme tu l'étais, quitte à être la pire des ordures. Tu avais ton propre sens de la justice.
Oui, c'est ce que tu disais habituellement. Mais, cette fois, étrangement, tu avais une terrible envie d'aider cette petite essence de vie. Tu ne pouvais tout simplement pas passer ton chemin comme tu en avais si bien l'habitude. Dans ce regard, tu voyais beaucoup de choses. Des choses que tu connaissais ou comprenais, et d'autres non.
Ce jour-là, tu ne compris pas tout de suite pour quelle raison la neige avait décidé de tomber. Mais, aujourd'hui, tout te paraît plus clair. Tu t'amusais toujours de cette douce ironie que le destin avait décidé de te tendre, et que tu avais bêtement décidé d'accepter. Ce n'était pas ce que tu espérais, mais tu y étais, et à présent, tu n'avais plus le choix. « Est-ce que tu serais perdu dans le labyrinthe de Pallatine ? Je peux t'aider à retrouver ton souffle si l'envie t'en dit. » Pallatine, était-il devenu pour toi ce que l'on appelle la vie ? Très bonne question.