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La Gazette de Pallatine - mai 2017

Lun 1 Mai 2017 - 0:00

La gazette de Pallatine

1er mai 2017 ▬ Travailler, c'est vraiment pour les faibles

Mai est là ! Le mois où l'on peut faire ce qu'il nous plaît – enfin, c'est vite dit –, le mois du muguet – du porte-bonheur mortel, parfait – et des jours fériés qui désespèrent tous les commerçants sauf la branche tourisme, le mois où la moitié des Français vont pleurer, l'autre moitié se réjouir, la troisième râler et la quatrième apprendre à compter. Même notre cuistot en titre est sorti de son cagibi et s'offre une rubrique rien qu'à lui ; c'est pas chic, ça ?
Malgré le fait qu'avril fut très dense pour nos journalistes, ce qui explique un numéro assez allégé, nous vous assurons qu'aucun hamster n'a été blessé durant les opérations.


Quand ils arrivent en ville ♫

Les nouveaux venus sont comme les fleurs : ils s'épanouissent de partout dès que les beaux jours pointent le bout de leur chaleur. Et dans la jardinerie pallatinienne, le choix est au rendez-vous ! De nombreux bourgeons d'anciennes plantations ont germé durant avril et embaument désormais le forum aux côtés de végétaux inédits. Pour vos liens et vos rps, la cueillette est tout à fait encouragée ~



Alban Addens Alban est un jeune homme qui peut paraître brutal au premier abord. Il n’aime pas que l’on se moque de lui, il n’aime pas la compagnie des gens, il dit toujours ce qu’il pense, même s'il se montre brute de décoffrage. Et il lui arrive parfois de faire parler ses poings plutôt que sa raison. Mais c’est aussi un père aimant. Il n’a pas forcément voulu cet enfant, mais il est présent maintenant. Alors, malgré ses vingt ans et la mort de la mère, il élève cet enfant du mieux qu’il peut. Le problème étant qu’une personne ressemblant à la personne qu’il a aimé déambule à Pallatine.



Arial Melborn Arrivée très récemment à Pallatine, Arial a été transférée suite à la Troisième Guerre mondiale qui a opposé les Américains aux Russes. Elle est encore très secouée par ce conflit, en particulier après avoir tué son père qu’elle croyait, à tort, être un traître. Après avoir découvert que son « père » d’une autre timeline existait à Pallatine, elle tente de renouer avec lui, mais elle n’en a pas la force. Elle a peur de son regard. D’autre part, en tant qu’ancienne militaire, Arial a fait le choix de rejoindre la section Sécurité de l’Institut où elle doit encore faire ses preuves.



Elijah M. Malloy Directeur de communication de la Berry Corporation, Elijah est un travailleur. Il bosse sans relâche pour que l’entreprise fonctionne le mieux possible. Pour la plupart, c’est un homme qui aime les mondanités. Vous le verrez dans de nombreuses soirées ou meetings incluant son entreprise. Il parle facilement aux autres, créant des connexions avec d’autres personnes comme s’il remplissait un carnet d’adresse. Mais ce n’est pas vraiment cela qu’il aime. Le travail reste la première chose à ses yeux. Son plus gros problème étant ses sautes d’humeur. Il peut parfois devenir incontrôlable et user de ses phalanges pour calmer ses nerfs.



Hayden Cooper Serveuse et bookmaker des Gangsters, Hayden est une femme avec un fort caractère. Elle est souvent en colère, même si elle ne sait pas pourquoi. Ne pouvant l’extérioriser au travail, elle le fait en provocant des personnes plus ou moins fréquentables, sans prendre garde à sa sécurité. Elle s’amuse à énerver les autres. Peut-être est-ce en rapport avec les relations entretenues avec son père. Malgré cette recherche des sensations fortes, Hayden a un tabou qu’elle ne souhaite pas briser : le meurtre. Et ce, malgré sa loyauté à sa diaspora. Sinon, Hayden est une femme qui vit au jour le jour, mais qui garde toujours une place dans son cœur pour ses vrais amis.



Ilya Antonovich Kovalevski Russe d’origine, Ilya est un homme qui a connu l’une des guerres les plus atroces du XXe siècle. Il s’est battu pour sa nation mais, à son retour, le peuple s’est rebellé contre le Tsar. Une certaine haine envers le peuple s’est développée en lui, que l’on peut parfois sentir. Après quelques années de guerre civile, Ilya est transféré à Pallatine. Il devient menuisier auprès des Opportunistes et intègre le conseil d’administration. Mais ce qui l’intrigue le plus, c’est qu’il a retrouvé dans cette ville la trace de son petit frère. Cependant, il est bien incapable de lui parler.



Orphée Guinot Modérateur au sein du groupe des Geeks, Orphée a connu une existence assez triste. La tristesse est devenue sa vie depuis son arrivée à Pallatine. Il a abandonné la seule chose qui lui donnait envie de de profiter de la vie : sa promise. Certains diront que c'est de sa faute. Mais qui peut vraiment juger ? La confiance en lui, il en a, mais il en aurait eu bien plus devant sa promise. Aujourd'hui, elle n'est plus là, mais les souvenirs continuent de le hanter.



Yarū Nairag Issue des lointaines plaines d’Asie, le jeune Mongol est un être à deux visages. D’un côté, c’est un cuisinier d’une très grande finesse. Il tente de faire revivre la culture des siens dans les saveurs qu’il donne à ses plats. Il honnit la société telle qu’il l’a découverte. Pour lui, ce monde manque de nature. C’est également un fin connaisseur de thé qui expérimente chaque jour pour découvrir et faire découvrir de nouveaux goûts. Mais de l’autre côté, Yarū est un chasseur. Tout comme il chassait le gibier sur Terre, il chasse maintenant l’homme à Pallatine quand il a un besoin pressant d’argent. C’est peut-être pourquoi il peut paraître si solitaire.



Yrsa Amundsen Norvégienne d’âge mûr, Yrr est une artiste. Mais elle ne travaille pas n’importe quel matériau. Elle travaille le bois, transformant ce qui est mort en une œuvre vivante que l’on peut installer chez soi. Elle-même est un peu comme le matériau qu’elle s’efforce de transformer. Ses mains ne sont pas douces, comme si l’écorce en avait remplacé la peau. Ses interactions sociales peuvent aussi paraître rugueuses. Ses sentiments ne sont pas toujours flagrants, mais un bon observateur pourra y discerner le calme olympien qui lui sert dans son travail.




J'irai manger chez moi

Bonjour à tous, chers lecteurs et lectrices.

Malheureusement, l’heure est grave. Le jour que nous redoutions est enfin là. Le 1er mai. Je sais que vous pensez comme moi. Un jour comme celui-ci est une aberration. Il faudrait le supprimer du calendrier. Cependant, la majorité silencieuse que nous sommes n’a pas son mot à dire sur de tels faits. Nous devons nous plier aux exigences d’une minorité bruyante qui souhaite procrastiner. Alors moi je dis non. Et c’est pourquoi, votre serviteur est toujours là pour ce rendez-vous mensuel. Contre la pression imposée par certains groupes, je me tiens devant vous pour vous présenter une nouvelle recette. Mais, malgré mes efforts, je me trouve limité dans mes choix sachant que mes approvisionneurs ont choisi l’autre camp. Je me vois donc dans l’obligation de vous proposer quelque chose de très simple ce mois-ci. Je me rattraperai cependant la prochaine fois.

Le chef Hafiz at-Tabarî vous parle:



L'avancement de l'intrigue

Intrigue III La révolution gronde dans les rues de Pallatine ! Pendant que la population constate avec une inquiétude grandissante les effets des perturbations temporelles qui sévissent depuis le début de l'année, de bouleversantes accusations viennent d'être assénées par le Journal libre, la fameuse revue des lanceurs d'alerte. À la veille de la Saint-Valentin, les rédacteurs ont pointé de la plume les Opportunistes, les jugeant responsables des enlèvements perpétrés l'été dernier sur de nombreux citoyens, toutes diasporas confondues. Une déclaration qui est loin d'être passée inaperçue...
Aussitôt Wilhelm König, membre du Bureau d'Information et de Recrutement (BIR) des Jaunes, est monté à la tribune afin de démentir ce communiqué. Son discours est cependant sans rapport connu avec des invitations interlopes distribuées sur les profils de certains utilisateurs de chronosrep.net au lendemain de ces révélations.
cf. Récapitulatif

Pour les personnes interpellées n'appartenant pas à la diaspora Opportuniste, la menace fut un sérieux appât. Des membres des Gangsters se sont donc rendus à l'entrée des égouts pour régler l'affaire ; ceux de l'Institut se sont rejoints à l'intérieur d'un immeuble déserté de la place centrale pour un étrange jeu de pistes pendant qu'un anonyme invisible guide les Altermondialistes dans un centre commercial à l'abandon ; quelques yakuzas de l'Iwasaki-Rengô s'infiltrent dans le musée de Saint-Juré où fut jadis enfermé leur chef ; pour le groupuscule de Geeks et d'Indépendants concernés, c'est parmi les champs en périphérie de la Cité qu'ils trouveront peut-être des réponses ; retranché dans une salle de réunion, un conseil d'Opportunistes réfléchit et se concerte quant à lui sur les récents événements.
Qui se cache derrière cette gigantesque machination ?



Trois questions à...

Cela fait déjà plusieurs semaines que Pallatine est en proie à d'inexplicables altérations. Comme si ces tourments ne suffisaient pas, les membres des diasporas reçoivent des ultimatums suite aux accusations portant sur les Opportunistes. Nous avons souhaité en attendre un peu plus auprès de l'un de ces derniers, brillant directeur en communication de sa société : Austerlitz.



  • Nos confrères du Journal libre auraient divulgué une information comme quoi les Opportunistes seraient responsables des enlèvements de l'été 2015, information aussitôt démentie par l'un de vos collègues. Que pensez-vous de ces accusations ? Le discours de Wilhelm König vous a-t-il semblé suffisant pour calmer les ardeurs ? Si non, qu'auriez-vous déclaré à sa place ?

Austerlitz : Pour être parfaitement honnête avec vous, je ne suis pas un adepte de la théorie du complot… alors oui, les enlèvements ça a été un cataclysme pour tout le monde, d’autant qu’au final on a manqué et on manque toujours d’informations. Je respecte les rédacteurs du Journal libre, mais ce serait bien qu’ils fassent correctement leur job, avec un véritable travail de fond et non pas simplement des annonces chocs vides de contenu pour faire le scoop. S’ils ont une « source », qu’ils aillent jusqu’au bout ! S’ils ne l’ont toujours pas dévoilé, ce n’est que du vent !

Je comprends la douleur des proches et la volonté de vouloir des explications. La vraie question reste « Pourquoi ces enlèvements ? ». Ce qui est sûr, c’est que les Opportunistes n’ont rien à voir dans l’histoire. C’est normal que les gens veuillent trouver des boucs-émissaires. Dans des temps comme ceux-là, il n’est plus question de réfléchir mais de ressentir. Les Opportunistes ont été pointés du doigt sans raison. Vous savez, nous sommes une diaspora qui se porte bien, alors forcément, nous attirons les convoitises. Nous faisons une cible facile. Mais derrière, faire de la diffamation à grand renfort d’effets d’annonces injustifiées, ça n’amène rien de bien.

Quant à Wilhelm… vous savez, dans une période de crise, on attend que les mots soient percutants et efficaces. C’est ce qu’il a fait avec son discours. Il a été désigné comme porte-parole ce jour-là, il ne servait à rien de trop en faire. Il est allé droit au but. Peut-être aurait-il fallu arrondir un peu plus les angles, mais la finalité était bien là. Les Opportunistes n’ont rien à prouver, nous participons activement à la grandeur et à la richesse de Pallatine, nous en sommes l’un des principaux piliers. Aussi, dans ces temps mouvementés, il faut nous montrer comme nous sommes : apaisés et solides.

  • Des messages pour le moins agressifs auraient été envoyés sur les profils utilisateurs de plusieurs citoyens suite à cette publication, à l'exception de ceux des Opportunistes. Qu'en déduisez-vous ? Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que les Opportunistes cachent des choses à la population ?

Austerlitz : Hum… La technologie est toujours à double tranchant vous savez. Chronosrep.net est un formidable outil de communication, il supprime les frontières réelles et les histoires de clans ou de « valeur », il permet à quiconque de partager et converser… mais il n’en demeure pas moins que celui qui veut être anonyme peut l’être. Avec le lot de complications que cela peut apporter. Je ne suis pas à même de déduire quoique ce soi. Est-ce qu’un Opportuniste peut être à l’origine de ces messages ? Oui. Néanmoins, si c’est le cas, il ne fait aucunement du bien à notre diaspora. Je ne sais pas ce qui se cache derrière ça, mais ne trouvez-vous pas cela excessif ? Je pense que si le responsable est un Opportuniste, il n’est pas bien subtile, admettez-le ! Un gamin de trois ans tirerait les mêmes conclusions ! Pour moi, ce n’est qu’une manœuvre grossière pour nous cibler. Tout cela est bien trop gros.

Aussi… est-ce que ça peut être quelqu’un cherchant à continuer cette œuvre de diffamation à notre égard ? Oui. Je penche bien plus pour cette idée. Tout cela vise à nous stigmatiser, et à faire de nous la cible numéro 1. Je condamne ces messages, ils ne reflètent en rien l’esprit Opportuniste et je ne sais pas bien qui tire les ficelles derrière, mais il arrive à jouer avec la naïveté des gens.

Nous ne pouvons pas contrôler malheureusement tous les excès sur chronosrep.net et je déplore la facilité avec laquelle la vie privée des gens a pu être dévoilée. Selon moi il faudrait vraiment revoir la sécurité de ce réseau !

Chez les Opportunistes, la seule chose que nous pouvons cacher, c’est la recette du succès ! Pour le reste, je laisse les amateurs de polars et de complots à leur fumisterie. Je fais confiance à ceux qui ont un minimum d’esprit critique et aux personnes en charge de l’enquête pour parvenir à tirer leur propres conclusions et comprendre que ce n’est pas parce qu’on vous agite un joli fanion rouge sous le nez qu’il faut foncer tête baissée dedans.

  • Dans un tel climat de tensions, envenimé par les perturbations temporelles, quelles prérogatives souhaiteriez-vous adresser aux membres de votre diaspora ? Vous-même, comment envisagez-vous votre quotidien ces prochaines semaines ? Avez-vous déjà changé vos habitudes ?

Austerlitz : Je ne vais pas prétendre que rien n’a changé, cela est faux. Je continue mon travail au sein de la Berry Corp. normalement, mais la sécurité a été renforcée, particulièrement autour des membres du Conseil d’administration. Pour certains, nous incarnons la diaspora, nous sommes bien plus pris pour cible. Je me doute que tout cela fait couler beaucoup d’encre mais je pars du principe que je suis droit dans mes bottes et j’ai confiance en ce groupe que je représente. Au même titre que l’ensemble de la population, j’invite les membres de la diaspora a y voir clair et à faire preuve de lucidité. Les Opportunistes n’ont rien à voir avec ces basses œuvres et nous allons nous appliquer à le prouver autant que nécessaire.

La communication a été renforcée au sein du groupe et nous restons en crise, mais c’est une épreuve que nous parviendrons à survoler, je n’en doute pas. Il faudrait que Pallatine n’oublie pas que le problème principal reste l’origine de ces enlèvements et le devenir des disparus. Pendant que chacun y va de sa petite phrase à l’encontre des Opportunistes et que des personnes agissent dans l’ombre pour nous destituer, il n’en demeure pas moins que les vrais responsables courent toujours et que les disparus… sont toujours disparus.

J’appelle aussi le Journal libre à prendre ses responsabilités. S’ils ont cette fameuse source informée des disparitions qu’ils la présentent aux autorités compétentes, plutôt que de faire de l’argent là-dessus. Avec ce tintouin médiatique, ils participent à éloigner la population des vraies sujets. J’ose espérer que la lumière sera faite sur ses événements et que la rédaction tiendra des excuses officielles, une fois que tout sera clarifié.

Voici qui remet les points sur les i, n'est-ce pas ? On n'en attendait pas moins du directeur du service communication de la Berry Corp. ! En espérant que ce discours ne tombera pas dans les yeux d'un aveugle... À méditer en attendant la prochaine interview en direct de Pallatine.

Expression libre et petites annonces

QUI DE NOUS DEUX II, LE RETOUR :
Lors de la précédente édition, vous avez été nombreux à proposer deux anecdotes sur vos personnages, l'une véritable, l'autre mensongère, et nous vous en sommes toujours très reconnaissants ! Pour ceux qui n'auraient pas eu l'occasion de lever le mystère sur ces curieux aveux – et pour ceux qui prendront un malin plaisir à charrier leurs voisins –, en voici la soluce :


Spoiler:


PÈRE PALNÖRH, RACONTE-NOUS UNE HISTOIRE :
Ah, nous y voilà. Vous qui avez lu le précédent numéro de ce médiocre papier noirci d'inepties, vous ne vous y êtes sans doute pas laissé duper. Oui oui, je le devine à votre regard : ce ne sont pas deux ou trois vannes minables sur les diasporas qui vous satisferont, et vous avez raison ! Je vais donc vous dire, moi, oui, je vais vous raconter la

VÉRITABLE HISTOIRE DE PALLATINE
ET DE CEUX QUI LA FONT

sans mentir, sans bobards, rien que le tout vrai tout juste. Alors ouvrez grand vos escoutilles, je ne me répéterai pas...

Il y a de cela des temps immémoriaux, une île déserte perdue au milieu de l'océan. Recouverte d'une végétation luxuriante, grouillante de mille et mille paradisiers, elle n'était connue d'aucun voyageur ni d'aucun cartographe, mais faisait la passion d'Henrick, jeune philosophe féru d'explorations marines. Avec sa meilleure amie, Calypse, ils avaient décidé de se lancer à la conquête de cette terre inconnue, riche des millions de rêves dont ils l'auréolaient.
Or, Henrick n'était guère homme de mer : on le croisait plus souvent à la bibliothèque, le nez timidement plongé dans quelque ancien tome du Decameron, qu'à bord d'un navire en tant qu'aide-vigie – et le vertige dont il souffrait n'était pas unique responsable de ces prédispositions. Calypse, en revanche, raffolait des bateaux, des voiliers et de la mer. Caractérielle quoique enthousiaste, personne ne pouvait l'arrêter une fois partie dans ses délires de Magellan et de Jacques Cartier, au point qu'elle était capable de bassiner ad vitam aeternam quiconque aurait eu le malheur de s'y intéresser. Henrick était de ceux-là. Mais il le vivait plutôt bien, au contraire, ravi de partager cette ode interminable dédiée au bleu de l'eau, à ses joyaux dix carats, à ses secrets lointains. Chaque fois qu'ils se voyaient, lui faussant compagnie aux vieillard sénile qui lui servait de père, elle faisant le mur hors de l'internat pour jeunes filles où elle croupissait, elle se plaçait dos au port, debout sur un énorme rocher, attendait qu'il s'asseye correctement devant elle, à même le pavé, et il l'écoutait avec toute l'attention qu'il est possible d'avoir à vingt ans lorsqu'on a des fantaisies plein le crâne. Et les navires autour d'eux écoutaient aussi, en silence, jusqu'à ce que le soleil, si haut, bannisse les frontières de leurs coques de métal et détache leurs amarres et les emporte à nouveau là-bas sur les flots.
« Là-bas, c'est l'Est ! criait Calypse en lançant ses bras nus vers l'horizon mouvant. C'est le pays où l'or emplit les rivières, où les oiseaux parlent et où le dernier Empereur, qui s'élit jadis lui-même faute de sujets – à cet instant sa voix baissait, se faisait mystique –, car il les aurait tous dévorés avant de monter sur le trône, se serait réfugié sous une stèle abandonnée pour y expier ses fautes et attendre la mort... La mort qui ne vient jamais... »
Henrick ignorait si ces histoires étaient réelles ou nées de l'imagination infinie de son amie et, à dire vrai, s'en fichait un peu. À qui râlait en l'accusant de mensonges, il haussait les épaules pour toute réplique et ne répondait ni oui ni non aux questions de ses camarades qui lui demandaient si Calypse n'était pas, d'une certaine manière, une sorcière. Quelle que fût la vérité , il irradiait de fierté à son égard.

Un jour, de bonne heure, le garçon fut tiré du lit par un bruit à la fenêtre. Quelqu'un y jetait des gravillons afin d'attirer son attention. Alerte sitôt qu'il en devina la provenance, il bondit en direction de la vitre qu'il souleva – et ne fut dissimuler sa stupeur en apercevant en contrebas, brandissant à bout de bras une longue et fine écharpe brodée, et accompagnée d'un curieux volatile bariolé, sa Calypse toute recouverte d'un énorme barda ! La panoplie complète du parfait baroudeur y était : casseroles en cuivre, gourdes en cuir, vêtements en lin, cartes en papier, boussole en verre, et même une longue-vue en mithril.
« Mithril, vous avez dit mithril ? Tu te crois dans un livre ? croassa l'oiseau qui voletait allègrement autour d'elle.
Mais il parle ?! s'exclama Henrick, dont les lectures avaient un chouïa altéré sa vision de la réalité.
Bien sûr qu'il parle ! Et tu ne devineras jamais ce qu'il m'a rapporté ! »
La jeune fille agita l'étoffe ; dans l'air clair de l'aurore, elle ondulait à la façon d'un drapeau sans fin.
« Cet obi, à ce qu'il prétend, appartiendrait à l'Empereur maudit de l'île perdue. C'est un signe, Henrick, il veut que nous y allions ! »
Le garçon fit une grimace, une mimique horrible signifiant qu'il réfléchissait aussi intensément que possible – signe aussi que sa soif d'aventures se heurtait avec violence d'avec son pragmatisme d'intellectuel – et lui filait un sévère mal de crâne. La barre creusée sur son front en disait long.
« Tu es sûre que tu n'as omis aucun détail ? Tu m'argues rituellement tes envies d'ailleurs, mais tu es libre, toi. Moi, j'ai des parents, et ils ne me laisseront jamais partir... ! »
Calypse balaya ces jérémiades d'un geste agacé.
« C'est toi qui oublies, chou : t'as rien qui t'oblige à les prévenir ! »
Touché-coulé. Alors Henrick, constatant avec quelle rapidité à lui faire entendre raison il échoua, rit avec elle de trouble cœur avant de lui crier :
« C'est toi qui décides, n'est-ce pas ?! » Et de courir préparer ses affaires.
La demoiselle n'imaginait pas le déchirement qui secouait son ami de l'intérieur, ni les affres que son effronterie lui infligeait, ni se qu'Henrick lui cachait par ailleurs. Voici qu'en une seconde, elle le poussait à troquer – sans aucune morgue – abri élégant contre danger imminent, lac de lettres contre marée de maux, et qu'en plus elle n'était même pas certaine de le ramener chez lui vivant. Ou en un seul morceau. Ou de revenir tout court. Mais tout valait mieux que de moisir dans ce port de bigots aux faces de carrelets, pour qui l'unique attraction quotidienne consistait à s'attrouper dès seize heures derrière des stores lénifiants pour regarder les jeux télévisés. Calypse avait rêvé si souvent de faire la nique aux leitmotiv religieux selon lesquels elle était condamnée aux corvées de vaisselle et de mariage qu'une fois l'opportunité venue, elle ne pouvait plus reculer ; néanmoins, voguer seule lui serait resté trop douloureux pour qu'elle s'y résolve.
En s'éloignant du sérail d'Henrick, certaine de ne plus le revoir de sa vie, elle se demanda s'il partageait les mêmes incertitudes qu'elle.

Ils embarquèrent au zénith sur un radeau de fortune, assemblage grossier de tôle et de planches que Calypse, à l'aide d'un seau de cambouis, lia miraculeusement les unes aux autres. Henrick, sujet à un mal de mer n'ayant rien de très poétique, vomissait tous les trois coups de rames. Son cœur tanguait avec tant d'énergie qu'il lui semblait le perdre davantage à chaque nouvelle vague. Pour sûr, ses tourments n'avaient rien à voir avec ceux des personnages qu'il avait lu si avidement dans les récits de Defoe ou inventés à sa table d'écolier ! Calypse se taisait en lui tendant des mouchoirs, de peur que ses railleries – mesquines attaques – n'outragent le peu d'amour-propre subsistant chez son ami. Elle avait beau se persuader que le jour où ses piques finiront par découper en lui les derniers pans de son orgueil, elle le reprisera elle-même avec un empressement similaire, elle n'était pas impatiente de faire montre de ses talents de couturière. Et surtout pas dans ce genre de cas insolite, au bleu milieu de nulle part.
« On est bientôt arrivés ? gémit Henrick par-dessus le bastingage.
Oui, ce n'est qu'à mille brassées d'ici, à deux heures vers le nord. Regarde là-bas, on aperçoit une terre. C'est comme un symbole, un graphe isolé à la surface de l'eau. »
À ces mots, le garçon parut se revigorer un soupçon. De là à laisser éclater sa joie, ce n'était pas franc et massif, certes, mais il n'était pas nécessaire d'analyser en profondeur ses prunelles pour y déceler du soulagement. Puis une ombre. Inquiète.
« Comment peux-tu en être convaincue ?
Nous approchons de la ligne de partage des mers, la tache blanche devant nous. Au-delà, les eaux se fracturent sur le méridien et les bateaux qui le franchissent ne reviennent plus, car au linéaire de la baleine s'interrompent les frontières de notre monde connu...
Calypse, tu divagues complètement... ! s'étonna Henrick en remarquant les iris désormais blancs de son amie. C'est quoi ce charabia ?!
Charabia, vous avez dit charabia ? Un chat, un chat, où ça chat, chat partout, et chien, et oie, et poisson ! À l'abordage, la ménagerie ! »
Le perroquet, soudain pris de démence, se mit à battre des ailes en tous sens et à jouer les papillons obèses en buttant contre les parois du radeau. Dressée sur le banc central, Calypse n'en finissait plus de clamer :
« Et la baleine nous avalera et nous vomira et nous dévorera encore, abolissant l'abjecte conspiration qui essaya – rouerie impardonnable – de m'arracher à mon trône devant mes... »
Henrick, sanglotant à moitié, impuissant, secouait la jeune fille dans l'espoir de la ramener à terre – ou à la mer, c'est selon. En vain. Il comprenait cependant, à force d'écouter malgré lui ses délires, que quelqu'un d'autre parlait à sa place ou plutôt, à travers elle ; à moins qu'elle ne fût consciente et qu'elle ne s'amusât qu'à ridiculiser davantage ses frayeurs, mais il en doutait. Il y avait magie à l'œuvre. Magie noir abysses et bleu des Mariannes. Or, au moment où il percuta, l'ara tout à coup fondit sur lui en piquant vers les flots ; d'un réflexe digne d'un champion d'aïkido, Henrick l'attrapa au vol pour l'immobiliser – sauf qu'emporté par l'élan, il bascula par-dessus bord dans une brusque gerbe d'eau. La seconde d'après, le monde était tranché net par une lame gigantesque et tout – Calypse, lui, le piaf, le bateau, l'océan, et jusqu'au ciel, fut englouti par l'abyme.

Lorsqu'ils reprirent connaissance, ils étaient allongés sur une plage déserte. Disloquée sur le sable, leur barque gisait la proue enfoncée à la verticale, comme précipitée des nuages. Le perroquet claudiquait en cercles autour d'eux, traçant dans son sillage le O d'un appel à l'aide.
« Il est blessé ? hasarda Calypse, une main devant les yeux pour se protéger du soleil.
Oui, l'aile me semble endommagée ; j'ai dû la serrer trop fort en voulant le retenir... »
Le garçon soupira. C'était la première fois qu'il se révélait aussi brutal, et même s'il ne l'avait pas fait exprès, il aurait aimé s'excuser ; sachant combien d'animaux irascibles pouvait contenir la jungle qu'il apercevait derrière eux, ce n'était certainement pas une bonne chose que de maltraiter le seul qui eût peut-être – après tout, l'oiseau ne leur avait jamais fait part de ses intentions – un indice sur ce qu'ils devaient accomplir ici. Depuis le début, ils l'ignoraient. N'était-ce pas l'essence même de l'aventure ? Sauf que l'aventure, Henrick lui aurait bien tordu le cou, pour le coup.
Rarement avait-il éprouvé pareille angoisse face à un spectacle de cette envergure, quand dix seraient indifférents à son jugement s'ils étaient décrits à l'encre et au papier. Maintenant la réalité lui sautait au visage et lui perforait la rétine avec terreur.
« Ne t'en fais pas, je suis sûre que tout ira étonnamment bien. Nous sommes ensemble et indemnes. Il ne peut rien nous arriver. »
Henrick n'eut pas le courage de sourire. Calypse aurait beau le rassurer constamment, lui foutre des claques ou le ranimer itérativement chaque fois qu'il tournerait de l'œil, qu'elle donne à telle eau un goût sucré ou à tel ouragan la couleur rose ne changerait rien : il pourra toujours s'y noyer ou y disparaître. Elle n'avait pas l'air non plus de se rappeler ses frasques verbales, sur le canot. Tout ce qui l'importait était qu'elle avait accosté sur son paradis, son isthme à elle coupé du continent, et elle se foutait du reste. Henrick eut envie de la détester pour cela, mais il n'en avait même plus la force.

Ils découvrirent la tombe au cours de leur exploration, irrésistiblement attirés par les sommets embrassant l'île de leur magnificence. Ils faillirent ne pas la voir, étouffée qu'elle était par la végétation, jusqu'à ce que le perroquet, à son approche, se remît à voler pour aller s'y percher. Il exécuta quelques pas de côté, becqueta la mousse et les racines à la surface et dégagea les glyphes de pierre puis, exposant la sépulture impériale aux jeunes gens, leur tint à peu près ce langage :
« Ô naufragés de votre patrie, sombres héros de la mer, merci d'avoir répondu à mon appel. Vous connaissez ma légende et vous n'avez – presque – pas hésité à braver l'inconnu pour venir jusqu'à moi. Je serai franc : j'ai besoin de vous pour faire revivre cette île que mon égoïsme a écarté hors de l'espace-temps. Privé de mon corps, je n'ai plus les moyens de voyager, d'explorer et de ramener moi-même des personnes qui repeupleront cette terre – mais vous, vous en êtes capables. Vous avez le pouvoir de bâtir de nouvelles existences, d'organiser l'univers qui vous est confié ; vous avez le talent d'inventer l'avenir à partir de la poussière de vos esprits, de faire croître et de multiplier les âmes qui fouleront ce sol. Ce ne sera peut-être pas toujours facile, je l'avoue. Mais acceptez-vous ce défi qui vous est lancé ? Acceptez-vous, par votre seule puissance de création, de donner vie à ce monde ? »
Calypse et Henrick avaient écouté la requête en silence. La sévérité de l'Empereur-oiseau, perché là-haut avec la solennité d'un T-Rex couvant une patate, les laissaient sans voix ; ils se dévisagèrent ensuite une seconde puis, se tournant vers la stèle, à l'unisson :
« Comment s'appelle cette île ? »
Le bruissement d'un millier de pages couvrit la réponse.


Et ça fait plus d'un an que ça dure, cette histoire ! Alors, convaincus ? Toujours pas ? C'est vous qui êtes durs, dites donc. Lisez-la à voix haute si ça ne rentre pas, et ensuite on en reparle, juste vous et moi, tranquille, autour d'un petit verre. C'est l'Empereur qui régale.


exemplaire gratuit – ne pas jeter sur la voie numérique

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