Sam 17 Sep 2016 - 21:40
i feel numb in this kingdom (make me better)
+ naga
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C'est une de ces sorties au grand air dont Sara a besoin, ces derniers temps. Oh, il ne faut pas s'y méprendre -elle adore la ville. Elle en avait peur quand elle est arrivée mais, comme beaucoup d'autres choses, ça s'est transformé en fascination puis en affection. Qu'importe les quartiers, les influences, les différences -Sara était de celles qui se nourrissent des nouvelles choses, de celles qui s'abreuvent des petites rues non pas sombres mais colorées et tellement étroites qu'on ne peut qu'y marcher et ah, elle aimait la ville une fois qu'elle a su la connaître. Ça ne veut pas dire pour autant que toute peur a disparu. Alors parfois, elle revient au rivage -comme quand elle le faisait plus petite. Elle ne se rappelle plus la sensation de l'eau au bout de ses pieds mais elle sent parfois encore le froid qui lui paralyse les orteils et on lui a dit que ça s'appelle l'hallucinose et que c'est une douleur qui restera -mais elle, tout ce qui lui fait mal, c'est sa propre imagination, pas celle de son corps. Alors parfois, elle revient au rivage -les grandes étendues d'eau ont toujours eu de quoi calmer les esprits ardent et de dégivrer ceux de glace ; Sara ne sait pas à quelle catégorie elle appartient. Elle avance sur son fauteuil en silence, des lunettes de soleil qui cachent ses yeux, des cheveux au vent et un de ces gilets en maille suffisamment chaud, dans un camaïeu de bruns. Il y a des bateaux, de la couleur, et de la foule -elle devrait être à son aise, Sara, mais même quand elle avance il y a de nouveau ces sensations fantômes. Elle pourrait s'incliner, toucher le bout de ses pieds, mais elle sait très bien que ça ne changera rien. C'est cruel, parfois. Pas tout le temps. Elle a des sourires et des yeux qui pétillent derrière les verres de ses lunettes, le vent qui lui égratigne la peau les boucles qui se détendent face aux embruns et des mots qui s'envolent avec tout le reste. Elle ne les connait pas, ces gens, comme elle ne connaît pas ceux de la ville -mais là-bas, il y a une proximité, une habitude à la méchanceté qui transforme toute forme de sourires en déclaration de paix. Pas ici, pas ici, et parfois, elle ne sait pas bien s'y prendre, Sara. Elle s'approche d'une de ces coques amarrées, au hasard, elle fait face à ce qui la sépare de la mer -un bateau et des hommes. Toujours des hommes. Bonjour. Toujours des hommes, et rarement le césium. |