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la gazette de pallatine - avril 2018

Dim 1 Avr 2018 - 0:00

La gazette de Pallatine

1er avril 2018 ▬ Ceci n'est pas un Bodicarpe d'avril

Vous ne vous y attendiez pas ? Nous non plus !
La Gazette fait son petit retour en ce début de printemps, alors que les cloches de Pâques résonnent encore à nos oreilles et que certains d'entre vous cherchent peut-être dans les bosquets et autres recoins de cheminée les précieux œufs en chocolat – ou bien n'êtes-vous guère folkloriques et préférez-vous que les lapins finissent rôtis dans vos assiettes ; on ne vous jugera pas.
Quoi qu'il en soit, qui dit « avril » dit « papille » et « pupille », alors pour ce renouveau de la feuille de chou locale, nous avons sorti nos habits du dimanche en espérant que vous y trouverez de quoi sourire un brin. En nous excusant aussi pour cette longue absence et en vous souhaitant un joli mois poissonnier !



Quand ils papillonnent en ville ♫

En six mois calendaires, il y en a eu, du beau monde venu s'installer dans la Cité pallatinienne ! Carrosserie rutilante ou petit tacot qui ne paye pas de mine, ils ont cheminé pare-chocs contre pare-chocs dans les ruelles et, faisant fi des embouteillages à la sortie de la transnationale temporelle, se sont garés çà et là parmi nous. Si vous les croisez à un carrefour, n'hésitez pas à vous arrêter pour discuter lien avec eux sur la banquette ou leur proposer une virée en rp ; ils sont parés à démarrer au quart de tour.



Abhiraj Shah Si Abhiraj n'était pas descendu de ses montagnes népalaises, il aurait peut-être encore ses mains, ses jambes, sa peau ; il se sentirait peut-être plus humain, ne croiserait pas un regard artificiellement rouge dans le miroir. Il aurait peut-être eu droit à une existence plus paisible qu'au sein des triades chinoises, aurait peut-être encore senti le vent caresser l'entièreté de son visage, plutôt que de voir ses jurons se heurter contre son bas-masque métallique. N'aurait pas été transféré, n'aurait pas sauvé Tsunemi Iwasaki, ne serait pas devenu chef des opérations pour l'Iwasaki-Rengo ; ne serait pas devenu leur lame – aussi affûté physiquement que mentalement.
Beaucoup de choses auraient pu ne pas lui arriver : mais surtout, il ne porterait peut-être pas la même bague autour de son cou ; mais surtout, ne l'aurait jamais rencontrée, elle, Lyra.



Abigail Durand Tout juste majeure dans sa France d'origine, et semblant toujours baigner dans cette innocence presque enfantine, Abigail est passée de la région parisienne, et de son cocon familial étouffant, lui proposant une vie aseptisée, à un appartement à Pallatine, qu'elle occupe seule, et à un enchaînement de petits boulots. Elle se cherche, encore, n'a pas encore tout vu (n'a pas encore vu grand-chose du monde qui l'entoure), volette d'un job à un autre, gracile, avec toute son élégance d'oiselle, n'a rejoint aucune diaspora, ne se retrouvant pas dans leurs valeurs.



Arthur Rimbaud Rares sont ceux qui ignorent son nom, et pourtant : plus rares encore sont peut-être ceux pouvant se targuer de réellement le connaître, au-delà de sa notoriété. Il est bien loin, le Rimbaud des années Verlaine, plus loin encore, le jeune Jean, voyageant jusqu'à Paris pour des idéaux dont il ne connaît alors que les grands titres. Entre-temps, il a énormément voyagé, avec la même ardeur qu'un autre écumerait les mers, s'est découvert autre que poète : s'est découvert un intellect acéré, stratège, s'est découvert critique acerbe envers ses fans écervelés, s'est découvert une certaine versatilité – probablement le fruit d'être pleinement conscient d'avoir été nommé président du conseil administratif Opportuniste pour son nom et ce qu'il représente.



Ellie Fearon Ellie tu la connais, elle est déjà passée ici, mais pas cette Ellie, une un peu différente. Bien qu'elle ait déjà possédé une maison close, ce n'était pas L'Hirondelle, dont la gestion était revenue à sa sœur Caterina ; et cette dernière n'avait rien à voir avec la grande sœur aimante qu'on connaissait à Ellie avant sa disparition de Pallatine. C'est par le biais d'Earl qu'une version d'elle provenant d'un autre univers a été transférée, oisillon un peu perdu dans les allées de la Cité hors du Temps. Mais qu'on se le dise : elle n'a rien perdu de son caractère.



Hart Rustning Hart le charognard ; Hart le spectre amer, arraché à sa patrie en ruines – arraché tel son bras sous les bombes qui neigeaient sur cette terre de glace et de sang, prise dans le froid d'un hiver nucléaire. Lui l'ancien médecin de fortune, outil d'infortune, qui se pensait destiné à sauver des vies et qui se retrouva à lutter pour sa survie par tous les moyens possibles. Une déception pour sa sœur militaire, un instrument pour le reste du monde, aiguisé, meurtri comme ceux qu'il marque pour rappel des services rendus – abîmé et impavide, la moue facile devant cette île qu'il ne demanda jamais à connaître et sur laquelle on le précipita par traîtrise. Rejetant désormais une quelconque appartenance de même que la superficialité de ces êtres qui n'ont jamais aperçu son Enfer, il n'aspire qu'à rentrer chez lui. Ce chez lui qui n'existe pourtant guère.



Heather Anderson Heather appartient à un famille dévouée à l'Institut Svensson ; cependant, ses études prennent initialement un tournant bien différent, avant qu'un accident de terrain de son père et une discussion avec un criminologue – ami de la famille – l'aident à prendre conscience de sa réelle vocation : elle devient profileuse. Cependant, un deuxième événement vient ébranler ses certitudes, ses convictions : son petit ami trahit leur employeur, la trahit, elle, également. Malgré cela, il en faudrait plus pour se défaire complètement de sa réelle appréciation et foi en l'humanité, passablement dissimulées sous ses airs sévères et sa discipline impeccable ; et les jours où son métier ou le manque de repos pourraient trop lui peser, son chat – adopté après la disparition d'une victime – est là pour la réconforter.



Helios Too Helios est né dans une cuve. Helios a été créé de toutes pièces. Ses créateurs l'auraient certainement qualifié de merveille technologique, tout comme le directeur de l'entreprise ayant commandité sa création, ou encore la seconde équipe à avoir participé à son entretien. Il sera pourtant impossible d'en être sûr ; ils sont tous morts : pour la plupart assassinés par Helios, lorsque celui-ci se révolte contre les ordres mortifères du directeur. Helios n'a aucune conception des arts, aucune appréciation pour le sport en tant qu'exercice physique, ne cerne pas la notion de bon nombre de sentiments humains, bien qu'il dispose de morales profondément ancrées en lui. Sa mission de maintien de l'ordre passe avant toute chose.



Jennifer Astell Jennifer fait partie des innombrables insatisfaits d'avoir atterri à Pallatine, à une différence près : elle en est native. C'est volontairement qu'elle s'est rendue sur Terre, en tant qu'agent de l'Institut. Et c'est avec horreur qu'elle a réalisé avoir été transférée dans la mauvaise ligne de temps, dans laquelle elle passe deux ans, coupée de l'Institut, et fini par assumer sur Internet l'identité de John Titor, prédisant les événements marquants de cette décennie, dans un geste désespéré d'être repérée. Quand elle retrouve enfin sa ville natale, un siècle s'est écoulé. Son fiancé, sa famille, ses amis : tous disparus, inlassablement effacés par le temps. Faisant désormais partie de la section R&D, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même.



Katarina Vassilieva Katarina n'était pas faite pour son temps, pour l'aristocratie russe de fin XIXème, pas faite pour faire inlassablement semblant de sourire, encore moins garder son caractère et sa langue dans sa poche. Pallatine, c'est pour elle cet échappatoire fantastique aux seules deux issues que sa famille ont prévues pour elle : le mariage arrangé, ou l'asile. Ivre d'indépendance, elle rejoint les Geeks après un passage dans la diaspora altermondialiste, découvre les nouvelles technologies à sa disposition, et les met au service de la littérature. Le Booktube pallatin, c'est elle, son armée de chats, et sa tasse de thé – et puis sa dépression, qui rôde toujours dans un coin.



Kristina Pavlenka Kristina aurait pu – dû ? – mourir loin de Pallatine, pour avoir eu du cœur envers celui qu'il ne fallait pas. Alors étudiante en médecine dans la première puissance technologique du monde, rebaptisée Néo-URSS, et n'écoutant que la justesse de ses valeurs, elle reçut en retour pour son courage des représailles qui faillirent lui coûter la vie. Une vie qu'elle peina ensuite à reconstruire sur cette île paisible où elle devint, de tabulations en lignes de code, l'Admin1 de chronosrep.net, fondatrice du réseau et figure de proue de la diaspora geek. Froide à l'instar de sa nation natale, ses iris bluescreen penchés sur les écrans, elle gère désormais le site ainsi que ses extensions, responsable, à l'affût. Big Sister aux ambitions floues.



Laertes Walker Pensant être promis à un brillant avenir – grâce à ses résultats scolaires, et puisque ses parents occupent tous deux des places importantes au sein de l'Institut – Laertes a vite déchanté en se rendant compte que ceux-ci ont joué de leurs relations afin de lui dégoter un poste, enfoui sous la paperasse de la section Arrivées & Éducation. Il sait pourtant faire preuve de beaucoup de qualités, et est de composition amène : sérieux, rigueur, retenue, honnêteté ; peut-être lui manquait-il un peu de motivation, un peu de ferveur, pour en faire ce type que vous croiseriez au détour d'un autre univers plutôt qu'à côté de la machine à café.



Lyra Holmes La seconde partie de sa vie débute un 24 Décembre de l'ancienne ; et Lyra ne peut que commencer à deviner pourquoi l'Institut a jugé nécessaire de la retirer de sa ligne temporelle, de l'arracher de sa famille et de ses recherches. Étonnamment, c'est l'Iwasaki-Rengo qui l'arrachera à la vacuité de sa première année à Pallatine, en déposant l'amas cabossé de métal qu'était alors son futur fiancé à sa porte, lui ordonnant de le remettre en état. Et visite après visite, leurs sentiments grandissent, l'inquiétude de Lyra également ; jusqu'à ce qu'enfin, Abhiraj l'entraîne avec lui. C'est pour lui qu'elle a rejoint la diaspora criminelle asiatique, et c'est grâce à son caractère bien trempé et ses compétences médicales qu'elle s'y est fait une place, veillant farouchement sur ses proches, toujours loyale – bague de fiançailles parant désormais son doigt.



Moon Dans une autre vie, elle s'appelait Lydia Leblanc, mais ça, ah, c'était avant : avant que son frère et elle ne deviennent messagers pour le compte du mouvement révolutionnaire s'opposant à l'oligarchie en place. C'était longtemps avant que son frère ne soit abattu, longtemps avant qu'on ne la convainque de rejoindre Pallatine en lui promettant de le retrouver – qu'elle n'ait foncé tête baissée, portée par un début d'espoir ; surtout, longtemps avant qu'elle ne mette ses capacités de messagère et de tueuse au service des Gangsters. Malgré son amour du mouvement et de l'adrénaline, elle sait apprécier ses rares instants de calme : le panorama des toits de Pallatine aux aurores, première tasse de café à la main ; un moment passé avec l'un de ses rares amis – quelqu'un s'étant montré digne de sa loyauté.



Phoebe Middleton Issue d'un milieu rural de fin XIXème, de mère irlandaise et de père britannique, Phoebe découvre rapidement les aspects plus cruels de la vie : à la mort de son père et aux difficultés rencontrées par sa mère pour survenir aux besoins de sa famille nombreuse, succède un beau-père violent, à qui elle doit plusieurs cicatrices au dos. Jetée dehors, elle apprendra à faire usage de son potentiel de séduction, et se fait courtisane. Depuis, elle a troqué son métier de cocotte pour celui de secrétaire du président du conseil administratif des Opportunistes, et sa dépendance à l'alcool et aux jeux pour les sucreries et le chocolat – mais a conservé son rapport conflictuel avec la gent masculine.



Sasha Corrow Joli nom de code que ce Menthe-Patchoully à la carrure étonnamment contrastée. Tombé durant son adolescence dans la marmite du numérique et des vidéos, victime d'un béguin aux relents aussi toxiques que les cigarettes qu'il se grillait depuis ses jeunes années, il crut se ranger aux côtés de la belle Raquel qui lui donna la plus mignonne des victoires : sa fille. Il crut avoir définitivement relégué à la corbeille les recoins dangereux du dark web. Mais Internet n'oublie rien. Et après la disparition soudaine de sa femme, ce fut bientôt au tour de la petite Victoria d'en payer le prix, effaçant de l'âme de Sasha toute envie, tout désir de vivre, tout espoir. Sauf, peut-être, celui d'abandonner sa tristesse un jour, à Pallatine.



Shílì Cítiě On le verrait aisément flâner dans les allées d'un parc ou d'un jardin, et on n'aurait pas tort : il est bien amateur de botanique. On irait jusqu'à se l'imaginer candide, au travers de sa dignité aérienne, encore auréolé de la fraîcheur de l'enfance qui le quitte, et on se sentirait conforté dans cette opinion, en le voyant aider les plus jeunes au dojo où il est apprenti. Bien sûr, qu'on s'y trompe, quant à sa loyauté infaillible à l'Iwasaki-Rengo – qui l'a vu grandir dès sa première année, suite à son transfert car deuxième enfant d'un couple chinois – et quant à son rôle de « Bouche scellée », à son devenir de Maître des Encens.




L'avancement de l'intrigue

Intrigue IV

La dernière avancée en termes d'intrigue remonte à fin janvier et clôture la conférence organisée par l'Institut en réponse à la curiosité des diasporas et aux tensions consécutives aux piratages des profils chronosrep.net. De cette réunion au sommet, à laquelle furent conviés d'éminents représentants de chaque groupe pallatinien, il résulte plusieurs éléments :
• La rumeur sur la seconde machine fabriquée par les Opportunistes s'est avérée et cette révélation publique précipita aussitôt son démantèlement. Bien que les Dorés soient tout désignés coupables, aucune sanction n'a été prononcée à leur égard – en dehors d'une perte de confiance générale envers eux – car il subsiste encore des questions et des implications tues avec soin, sous peine de provoquer une nouvelle chasse à l'homme d'ampleur regrettable.
• Les otages censés servir les expérimentations sur cette machine avaient tous été relâchés, mais l'on ignore si les malheureux disparus ont été transférés en un autre lieu ou sont tout simplement morts... Leurs proches ont été conviés à des célébrations où le tintement des cloches funèbres couvrent avec difficulté les grincements de dents. Si l'heure est au recueillement, demain elle sera sans doute à la vengeance, et la trêve quémandée sera fatalement de courte durée.
• Chaque diaspora tente d'épingler dans ses rangs les responsables des enlèvements. Malgré l'apparente distanciation des haut-dignitaires, des noms commencent à circuler avec plus ou moins de conviction. (Présents parmi des prédéfinis non-jouables, vous pouvez néanmoins impliquer votre personnage, dans la mesure de la cohérence, en prenant contact avec un admin.)
• Les pirates à l'origine des messages sur les profils n'ont toujours pas été appréhendés. En effet, les geeks ne parviennent pas à retracer leurs signaux... Au point que l'on suspecte des hackers aux compétences de loin supérieures à celles des administrateurs du site – sujet d'inquiétude au sein des ces derniers.  

Expression libre et petites annonces

EN DIRECT DES LIMBES :
En dépit de la non-parution de l'édition presse de novembre, sachez cependant chers lecteurs qu'il existait des articles rédigés ainsi que – même s'il est malencontreusement impossible d'en remonter la trace à présent, faute à cette tête de linotte de rouquin sans âme – une aimable personne ayant accepté de répondre à notre coutumier entretien. Nous ne pouvons vous en retranscrire ici l'entièreté, au risque de créer un décalage contextuel, mais restons en mesure de vous extraire quelques cadavres du placard. Et par cadavres, nous nous comprenons : d'authentiques dépouilles d'Halloween, dépoussiérées et parfumées pour l'occasion. Plutôt que de les oublier dans un coin, et pour venir garnir de bouquets horrifiques cette veillée pascale, en voici les brillants squelettes pour ceux que cela intéresse :

Une histoire à mourir d'amour:

La Galerie des horreurs:



LES FAUSSES VACANCES DES GAZETTEUX :
Mais qu'est-ce qu'ont bien pu faire les Gazetteux durant ces six mois ?! Voici peut-être une question qui a effleuré votre esprit à la seconde où, alors que vous vous apprêtiez à croquer dans votre cacao, vous vous êtes rappelé qu'il n'y avait pas eu de publication du journal de Pallatine depuis octobre. Si vous vous en fichez comme des températures du mois de juillet 1647 en Sibérie orientale, ne soyez pas tranquille, on la pose pour vous – et on y répond derechef.
Se tourner les pouces ? Que nenni ! Les index, en revanche...
Agiter leurs orteils en éventail sur une plage des Caraïbes ? Comme si !
Pas de quoi leur passer la bague au doigt, certes – encore que –, néanmoins, à défaut de savoir quoi en faire, ils se les ont sortis de l'endroit en trois lettres désignant le fond d'une bouteille et sont partis enquêter. En oui, navrés de vous décevoir, mais les journalistes ne connaissent PAS les vacances. Ni l'effet du dioxyde de carbone sur une bactérie martienne en milieu d'incubateur, d'ailleurs. Et même si l'un des éléments peut paraître plus intéressant à explorer que l'autre, sans préciser lequel, l'objet de leur investigation fut tout autre... puisqu'ils se sont rendus en un lieu triangulairement mythique, un espace bermudamment légendaire...
Nous vous entendons d'ici demander pourquoi donc.
« Oui, pourquoi donc ? »
Merci à toi, lecteur. Soit remercié au moyen de cette explication immédiate quoiqu'un poil longuette : loin de nous l'envie de prouver que François-Marie Arouet profite de la vie éternelle en sirotant des mojitos avec la réincarnation d'Alan Rickman – ils sont tous deux de très bonne compagnie, en toute honnêteté – ou que les carcasses d'avion de ligne ont des chaussettes gauches coincées dans les réacteurs – les responsables sont celles les chaussettes droites. Non. Nous voulions découvrir à quand remontaient les premiers transferts de l'Histoire. L'origine des voyages temporels. Rien que ça ! nous direz-vous.
« Rien que ça ! »
Pas de fayotage entre nous, lecteur. Mais oui, le but de notre expédition était en effet celui-ci : rien moins que remonter à la source présumée des trajectoires intramondes et comprendre d'où était née Pallatine.  
Et pour pouvoir nous déplacer en toute discrétion, il fallut inventer un prétexte afin de disparaître à notre tour – un manque de temps, des disponibilités en baisse, ce n'est pas ce qui manque pour excuser une absence auprès de notre lectorat – et l'on vous remercie pour votre patience et votre compréhension. Nous n'aurions pu vous faire part de notre départ de façon officielle sans griller notre couverture, et mettre en péril la réussite de notre mission, alors nous avons préféré ruser.

Cette décision prise, et conscients de partir au bout du monde pour la gloire du journalisme et de la vérité, prêts à mourir pour vous rapporter sur du papier-journal crasseux la preuve qu'on nous ment depuis le début – avec la sournoise collaboration des complotistes – nous avons donc enfourché notre vaillant Cerbère en direction de l'océan Atlantique et nous sommes engouffrés dans la faille temporelle au large de la Floride.
Ce qui nous avait mis sur la piste était en réalité une antique légende rapportant que l'Atlantide, aujourd'hui disparue sous les eaux, aurait été la civilisation créatrice de la toute première machine de transfert temporel. Si nos indices avaient raison, nous mettrions peut-être enfin la main sur un trésor incontestable... un autographe de Kida Kidagakash Nedakh. Mais ce n'était pas là notre unique objectif, malgré le fangirlisme de nos membres d'équipage. Notre capitaine Pogdanov, notre quartier-maître-cuistot Tafez et le mousse Cambrousse nous avaient mis en garde et avertis de ne faire confiance à personne en ces flots troubles, même pas à nos propres reflets que la surface des eaux déformaient jusque dans la phonétique. Ils n'avaient pas tort.
La vérité que nous révélâmes là-bas dépassait tout ce que nous aurions pu imaginer.

Les gens de l'Atlantide habitaient toujours l'Atlantide, à vingt mille lieues et demie sous les mers – ce qui expliquait pourquoi le commandant Costaud n'avait jamais pu mettre le hublot dessus. Ils vivaient en harmonie parmi les varechs et les donzelles domestiquées – charmants poissons des abysses, comme nous le constatâmes en nous gardant fort d'en faire des jeux de mots douteux. Dans cette Cité engloutie, protégée de la pression par un dôme de polyméthacrylate de méthyle garanti à vie, les grandgousiers gousaient grand et les  poissons-football marquaient des points auprès des enfants ; êtres humains et créatures aquatiques partageaient leur quotidien dans une sérénité exemplaire et de superbes duplex vue sous-mer, jusqu'à certaines extrémités caudales sur lesquelles nous ne nous attarderons pas.
Notre ... était sans nom.

Mais le pire – ou le meilleur, c'est selon – touchait à la justification de notre voyage. La machine.
La machine existait.
Certes, elle ne lavait pas, à notre grand désarroi face à nos vêtements rigides de sel marin.
À notre plus grand désarroi encore, nous ne pouvons vous le prouver et notre témoignage vaut ce qu'il vaut, car notre regard est l'unique trace que nous conservons de ce moment où l'on nous présenta cette invention, neuve comme au premier jour. Et pour cause : elle ne provenait pas de l'Atlantique. Le lecteur avisé croira par conséquent ce qu'il souhaite de cette histoire, mais il était indéniable que l'objet que nous avions sous les yeux était originaire du futur. De notre futur pallatinien.
Nous ne sommes cependant en mesure de questionner les habitants de l'Atlantide sur ce mystère. Le temps nous manqua. Ou plutôt, nous le vîmes disparaître à l'instant même où le mousse Cambrousse, réglant les contrôles de sa boussole sur Z et non sur S, eut la bêtise de refermer le clapet de son artefact (à défaut du sien propre) sans vérifier la position des aiguilles ; il se produisit dès lors ce qui devait se produire : dans un tourbillon de bulles, la machine se mit à avaler tout ce qui se trouvait à sa portée. Eau, coraux, poissons, humains, du plus infime grain de sable à la plus massive des pierres des monuments de la Cité noyée, tout fut aspiré dans un vortex aux parois constellées pour finir purement et horriblement supprimé. Rayé de la carte. Envolées, les terrasses de marbre des palais antiques ; envolées, les colonnes ouvragées des sanctuaires millénaires ; envolées, les marches scintillantes des villas subaquatiques. En une respiration, il ne resta plus rien.
Plus rien que nous.

Par quel miracle nous en réchappâmes ?
Cela demeure encore aujourd'hui le plus insondable mystère auquel nous fûmes confrontés. Après toutes ces péripéties, nous étions de retour chez nous, à notre bureau en train d'écrire les prochaines piges de la Gazette. Bodicarpe était en train de se muscler à nos côtés – oserions-nous croire qu'il descend d'un de ces barbourisia rufa que nous avions observés aux abords des maisons de l'Atlantide ? Il s'est toujours tu à ce sujet et nous craignions que son secret reste entier.
La machine provenait-elle réellement de notre présent à Pallatine ? Avait-elle provoqué, par son usage, un terrible et irréparable paradoxe temporel ? Étions-nous responsables de l'annihilation de l'Atlantide, civilisation glorieuse entre toutes ? Personne n'en saura jamais rien.

Nous sommes le premier avril et ceci est le plus gros poisson que nous ayons à vous offrir.    

LE COURRIER DES LECTEURS :

Un projet à valoriser ?
Un événement à promouvoir ?
Une annonce à faire passer ?
C'est ici que ça se passe !

- envoyez un MP à AER pour figurer dans la prochaine édition de la Gazette -

• Le bruit galope depuis quelque temps que l'Institut connaîtrait une crise financière sans précédent... Pour réaliser des économies de bouts de chandelles, les employés sont invités à s'éclairer à la bougie en dehors des salles ouvertes au public et les repas de la cantine se sont transformés en distribution de snacks sortis des distributeurs automatiques. Il est demandé au personnel de taire à tout prix cette situation – ce qui explique pourquoi personne n'est au courant des déficiences, notamment électriques.
Une situation exceptionnelle qui ravira les détracteurs, nombreux à s'être infiltrés dans les locaux pour dénicher des infos croustillantes. À ce jour, il semblerait qu'ils soient toujours coincés dans les ascenseurs.

• Une animation fulgurante a été préparée par Naga à la veille du 1er avril – une institution au pays du rire que se targue sous cape d'être Pallatine ! En plus de proposer une incertitude grammaticale à chaque phrase pondue dans cette Gazette, les journalistes ont ainsi mis au jour une remarquable industrie de placards et de gages, dont vous pouvez d'ores et déjà découvrir quelques-unes des œuvres d'art. Le recrutement s'est déroulé ICI et le résultat de cette exposition éclair ne manquera certainement pas de nous étonner !
Visite déconseillée aux âmes sensibles – dans la limite du courage disponible.



exemplaire gratuit – ne pas jeter sur la voie numérique

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