Dim 12 Mar 2017 - 19:53
Presque quatorze heures. L’heure de retourner dans ta chambre de l’Institut, après un déjeuner de qualité...moyenne, pourrais-tu dire si tu avais envie d’être diplomate. Comme d’habitude. Une heure de repos après le déjeuner suivant les cours, c’était l’habitude que tu avais prise, et à laquelle tu te tenais. Probablement irais-tu prendre un thé plus tard ; peut-être même irais-tu faire un tour dans les bibliothèques, à la recherche de livres bilangues anglo-japonais. C’était usant, à force, d’avoir des difficultés à s’exprimer, d’utiliser des périphrases pour désigner les mots les plus simples ; tout simplement parce que tu venais d’un endroit et d’une époque où l’apprentissage des langues étrangères était loin d’être quelque chose de répandu. Surtout parmi les classes les plus populaires dont tu étais originaire. Petit vendeur de médecine ambulant devenu techniquement rônin tout en se proclamant samourai , tu avais conscience que tu aurais pu apparaître comme un parvenu.
Et que si tu avais été capturé, tu aurais subi le même sort que Kondo-san. Décapité comme un criminel, parce qu’il n’était pas né dans la classe des guerriers. A ce souvenir, tu sens ton cœur se serrer. Cela te fait si mal de penser à ton ami. Tellement mal. Cela fait des mois que tu sais qu’il est mort ; et pourtant, cela ne change rien. Il reste un gouffre au fond de ton cœur que rien n’arrivera à combler ; un gouffre où auparavant, tu pouvais trouver la présence rassurante de tous tes anciens camarades. Tu es seul désormais ; seul, tu l’avais déjà été lorsque s’est opérée la dernière division du Shinsengumi, là-bas à Aizu, mais tu pouvais avoir l’espoir que peut-être, peut-être ! si tu survivais, tu pourrais revoir l’un de tes camarades encore vivant. Tandis qu’ici...Tu es dans un autre monde, loin de la Terre. Et isolé du reste de la ville car ton temps réglementaire à l’Institut n’est pas encore terminé. Il te reste à passer des tests, et après...on te lâchera dans la ville. Plus ou moins seul et abandonné. Il te faudra choisir une des diasporas, as-tu appris. Tu n’as pas la moindre idée, encore, de celle pour laquelle tu vas opter. C’est énervant, d’être aussi perdu – comme un enfant. Tu avais toujours su comment il fallait agir, auparavant, parce que ton but était clair et limpide. Tandis qu’ici...
Mais une chose à la fois, conclues-tu alors que tu t’installes sur ton lit après avoir ôté tes chaussures. Déjà, apprendre l’anglais. Puis réussir les tests. En se comportant toujours comme tu as voulu le faire – comme un vrai guerrier. A l’époque, tu valais bien mieux que la moitié des samurais que tu pouvais voir, et tu le savais. Est-ce un excès d’orgueil de ta part ? A peine. Tu as toujours réprouvé les extorsions auxquelles beaucoup d’entre eux se livraient. Après, tu ne prétends pas non plus être un saint homme : tu as tué, et tu sais à quel point cela peut choquer. Mais tu t’estimais – tu t’estimes – quand même supérieur. Tu n’as pas abusé du pouvoir que te donnait le port du sabre, et cela t’énerverait que quiconque pense le contraire, parce que c’est faux.
Pris dans tes pensées moroses, tu ne vois pas le temps passer ; et tu te redresses d’un coup lorsque tu entends un coup porté sur la porte de ta modeste chambre de l’Institut, meublée tout aussi modestement.
« Entrez ! »
Malgré ton état, tu ne peux t’empêcher d’être surpris. Qui peut donc venir te voir à cette heure ?
Et que si tu avais été capturé, tu aurais subi le même sort que Kondo-san. Décapité comme un criminel, parce qu’il n’était pas né dans la classe des guerriers. A ce souvenir, tu sens ton cœur se serrer. Cela te fait si mal de penser à ton ami. Tellement mal. Cela fait des mois que tu sais qu’il est mort ; et pourtant, cela ne change rien. Il reste un gouffre au fond de ton cœur que rien n’arrivera à combler ; un gouffre où auparavant, tu pouvais trouver la présence rassurante de tous tes anciens camarades. Tu es seul désormais ; seul, tu l’avais déjà été lorsque s’est opérée la dernière division du Shinsengumi, là-bas à Aizu, mais tu pouvais avoir l’espoir que peut-être, peut-être ! si tu survivais, tu pourrais revoir l’un de tes camarades encore vivant. Tandis qu’ici...Tu es dans un autre monde, loin de la Terre. Et isolé du reste de la ville car ton temps réglementaire à l’Institut n’est pas encore terminé. Il te reste à passer des tests, et après...on te lâchera dans la ville. Plus ou moins seul et abandonné. Il te faudra choisir une des diasporas, as-tu appris. Tu n’as pas la moindre idée, encore, de celle pour laquelle tu vas opter. C’est énervant, d’être aussi perdu – comme un enfant. Tu avais toujours su comment il fallait agir, auparavant, parce que ton but était clair et limpide. Tandis qu’ici...
Mais une chose à la fois, conclues-tu alors que tu t’installes sur ton lit après avoir ôté tes chaussures. Déjà, apprendre l’anglais. Puis réussir les tests. En se comportant toujours comme tu as voulu le faire – comme un vrai guerrier. A l’époque, tu valais bien mieux que la moitié des samurais que tu pouvais voir, et tu le savais. Est-ce un excès d’orgueil de ta part ? A peine. Tu as toujours réprouvé les extorsions auxquelles beaucoup d’entre eux se livraient. Après, tu ne prétends pas non plus être un saint homme : tu as tué, et tu sais à quel point cela peut choquer. Mais tu t’estimais – tu t’estimes – quand même supérieur. Tu n’as pas abusé du pouvoir que te donnait le port du sabre, et cela t’énerverait que quiconque pense le contraire, parce que c’est faux.
Pris dans tes pensées moroses, tu ne vois pas le temps passer ; et tu te redresses d’un coup lorsque tu entends un coup porté sur la porte de ta modeste chambre de l’Institut, meublée tout aussi modestement.
« Entrez ! »
Malgré ton état, tu ne peux t’empêcher d’être surpris. Qui peut donc venir te voir à cette heure ?