Le Deal du moment :
TCL C74 Series 55C743 – TV 55” 4K QLED 144 ...
Voir le deal
499 €

we don't believe what's on tv ❀ naga

Dim 28 Jan 2018 - 12:41
we all have learn to kill our dreams
+ naga
Il y avait des journées où on ne pouvait que se forcer.
Elle s'était réveillée ce matin en sachant pertinemment qu'aujourd'hui allait être l'une d'entre elles. Elle a attendu un peu, au bord de son lit, comme si quelqu'un allait venir et lui dire c'est bon, tu peux te rendormir, mais les miracles sont bons pour les spectacles et les mots. Pas pour les gens comme elles -et parfois elle avait l'espoir qui voyageait un peu trop loin de ses pensées.
Elle s'était tirée de ses rêves comme elle s'est tirée de son lit : un peu brusquement, mal réveillée, et sûrement un peu désabusée. Elle avait pris son temps pour petit-déjeuner, essayant de penser à quoi la journée allait bien pouvoir ressembler. A vrai dire, elle n'avait que des idées maussades, et elle préféra les faire s'envoler plutôt que trop les répéter -elle regardait ses fleurs qui habitaient tous les murs de son appartement, juste à sa hauteur, et elle admirait les couleurs, et la vie, et la joie.
Elle profitait tant qu'elle pouvait encore.
Une heure plus tard, elle était à l'Institut. Invitation officielle voulait dire tenue imposée ; elle avait toujours son mot à dire mais aujourd'hui elle avait le cœur mou comme une poupée de tissu -elle approuvait sans sourire, et elle se laissait tirer les cheveux, et elle se laissait se camoufler derrière du maquillage, et elle se laissait dans un coin de son cerveau.
Une heure plus tard, elle était à Kingslaugh. Elle a toujours trouvé le nom terriblement ironique ; elle ne savait pas trop si le roi était sensé se moquer ou rire avec les habitants. Probablement les deux, comme tous ceux qui dirigent de manière un peu brute. Elle s'est rendue compte, Sara, qu'elle essayait de ne pas penser à ce qui allait arriver, mais c'était là, juste devant elle. Le Léviathan. On lui avait tout dit dessus et elle avait tout appris par cœur. Elle devait savoir, et en même temps s'étonner de ce qu'on pouvait lui dire, et rire, et faire des suggestions qu'elle savait déjà vrai, et rire encore, et apprécier le spectacle. Elle n'était même pas entrée qu'elle voulait déjà sortir.
Elle s'avançait, doucement, flanquée de deux hommes de main qui ne la rendait que plus agoraphobe.
Ven 2 Fév 2018 - 16:19
Il observait la devanture en se demandant s'il allait vraiment entrer.
Naga était un jeune homme raisonnable, malgré ses excès : il tenait à la vie. Très peu de comportements à risques, très peu de fréquentations douteuses, il consommait la bonne dose de fruits et légumes bio, faisait du sport en suffisance et gardait une juste distance avec toutes ces substances dont on ne savait que trop bien les effets négatifs sur la santé. Parfois, il succombait à la tentation d'une nourriture trop grasse et trop salée, mais ces petits plaisirs, inoffensifs, étaient temporellement assez espacés pour ne pas être nocifs. Naga était fier de son mode de vie et le revendiquait.
Mais l'insolence de ses actes lorsque Sara était concernée l'effrayait. Ce n'était pas de l'amour, de cela il en était sûr, car il avait perdu l'habitude d'aimer. Ses sentiments à son égard s'assimilaient davantage à un instinct protecteur tel qu'on peut le développer à l'égard de quelqu'un qui pourrait vous sauver - une terreur de l'absence si forte qu'elle pourrait vous pousser à tout faire pour l'empêcher de s'en aller. Ce n'était pas de l'amitié non plus, nom qu'il ne croyait pas vraiment pouvoir mériter, Naga ne faisait pas grand chose pour les autres, et il le savait. Il ne servait pas à grand chose, il n'avait pour eux aucun intérêt. Il se savait simplement motivé par un sentiment d'inquiétude, assez puissant pour l'enjoindre à quitter son petit village de pêcheurs pour affronter les pires quartiers de la grande ville.
Ville que Naga connaissait, évidemment. Il en avait passé, des après-midi et des soirées à en explorer les quartiers, jusqu'à en tirer une expérience empirique à faire pâlir de jalousie un natif bien renseigné. Kingslaugh ne faisait pas partie de ses secteurs préférés, trop de gangsters, pas assez de boutiques de mode. Et parmi les bâtisses innocentes qui s'alignaient le long de la rue, le Leviathan trônait comme une verrue sur un visage abîmé. Le rez-de-chaussée aux allures de club anglais était un endroit convenable pour une princesse, mais Naga le savait, sous son parquet lustré s'écoulaient des torrents de violence et de sang dans la plus totale impunité. Ce contraste, plus encore que les combats qui se déroulaient en sous-sol, tirait à Naga des frissons. Savoir que le propriétaire était ouvertement aux gangsters n'arrangeait pas les choses. Naga ne voulait pas voir Sara là-dedans, même s'il se doutait qu'aucun mal ne lui serait fait. Ne lui restait qu'à se convaincre qu'il ne faisait que lui rendre quelque chose qu'elle lui avait donné pour se motiver à y aller.
Mais devant la façade élégante, Naga doutait du courage qu'il était capable de mobiliser. Il se sentait sur le point de renoncer à ce beau projet, de tourner les talons sitôt que Sara serait entrée et ressortie, afin de se rassurer. Maintenant qu'il y songeait, c'était la meilleure chose à faire, se contenter d'observer.
Il rebroussa chemin, pour se cacher, pour mettre un peu de distance entre ce sombre établissement et sa personne, le cœur lourd et dégoûté. Le roulement d'un fauteuil sur la chaussée le fit stopper brusquement, puis la silhouette, plus petite que nécessaire, qui apparaissait, et enfin ces grandioses yeux violets, qui accrochait votre âme comme du scotch, et il n'était plus temps de se défiler.
S'éclaircir la voix, une fois, deux fois, pour retrouver un sentiment de dignité, calmer les battements de son cœur à l'idée de sa lâcheté, trouver une excuse, n'importe laquelle, pour expliquer son abdication de dernière minute.

« Tiens, bonjour, Sara ! fit Naga, légèrement forcé. Qu'est-ce que tu fais par ici ? »

La fausseté de sa voix résonnait à ses oreilles comme un orchestre mal coordonné. Il n'entendait que le gouffre séparant ses paroles affétées et l'évasion de son corps contrariée par une situation qui le contrariait profondément - car ce qu'il aurait voulu dire, ce n'y va pas qui aurait dû franchir ses lèvres, avait disparu en même temps que les dernières miettes de sa fierté.
Lun 5 Fév 2018 - 19:58
because it's what we want to see
+ naga
Elle avait la gorge serrée, une impression d'humidité d'atmosphère qui se contracte qui enserre son cou comme pour la noyer dans l'air (on appelle ça étrangler il paraît). C'était une sensation qu'elle n'avait pas souvent. Elle avait l'habitude de la froideur des mots qu'on lui lançait parfois, elle avait l'habitude de la sécheresse de son manque d'imagination quand elle ne savait plus quoi dire, elle avait l'habitude de la brûlure des sourires sur ses joues, elle avait l'habitude -mais ça, c'était comme aller perdre un peu de son âme, la casser sur un côté, et vouloir y aller.
Elle ne sait pas pourquoi personne d'autre qu'elle n'a pu y aller à sa place. Elle ne sait pas pourquoi l'Institut a accepté, pourquoi elle, elle et ses dix-neuf ans, devait être témoin d'une autre violence que celle qu'elle avait eu toute sa vie. Elle trouvait que c'en était déjà bien assez -mais voilà : elle était là.
Elle s'était habillée différemment de d'habitude. Un pantalon habillait ses jambes, et même si sa couverture le dissimulait, on pouvait deviner sa taille haute si l'on y aventurait le regard. Ça la rendait maigre, plus encore qu'elle ne l'était, et elle avait un air de cadavre qu'on avait essayé de lui enlever avec de la poudre de soleil. Son haut était violine, comme ses yeux, en col bateau qui commençait à la fin des épaules, suffisamment bouffant pour qu'on ne se rende plus vraiment compte de la finesse de ses bras. La couleur pâle parvenait presque à flatter son teint, mais c'était sans compter sur les réactions d'un corps qui ne veut pas faire ce qu'il a à faire.
Et pourtant, elle avait ce sourire si léger sur le visage -une sorte de paix, peut-être.
Et, peut-être, un salut. N'était-ce pas comme ça qu'on les appelait ? Ceux qui viennent nous sauver, un peu, au moins pour un temps. Au moins suffisamment. Oh, je- Elle le dit spontanément, un peu trop vite, entre surprise et l'envie de s'enfuir. Elle reconnaît son visage. Elle l'a déjà vu, elle lui a déjà parlé. Ils avait discuté de la mer, et de la fin du monde -de la vraie limite, de celle qu'on ne voit pas dans les films de catastrophe. Elle a un sourire qui lui monte aux yeux, un peu d'humidité qui migre de sa gorge à ses pupilles -elle essaie de tout mettre loin dans ses pensées. Tout va bien. Tout va bien. Naga ! Elle se souvient. Bien sûr qu'elle se souvient. Quelle belle surprise. Merveilleuse, même. J'ai reçu une invitation de la Diaspora des Gangsters, pour me rendre au Léviathan. Et vous ? Et si Naga paraissait vraiment tendu, Sara semblait aussi calme que d'habitude -pourtant son coeur cogne cogne cogne contre sa poitrine. Il a envie de s'échapper. De s'en aller.
Lun 12 Fév 2018 - 21:30
La maladresse qui exsudait de ses gestes le couvrait davantage de honte que l'inquiétude légitime qu'il ressentait à l'égard d'une fille qui était pratiquement une étrangère pour lui. Quelques mois auparavant, lorsque son bras n'avait jamais connu autre chose qu'une naturelle unité, et que l'os n'avait chatouillé la chair au moment de se briser, la perspective de se trouver ainsi, haletant et hésitant, lui aurait paru chimérique. Naga, c'était cette belle assurance, couverte d'un léger sourire narquois, jamais dupe de la petite comédie qu'il jouait au reste du monde ; c'était cette allure élégante, travaillée, soutenue par des mots pompeux au sens vaporeux ; c'était cette certitude, absolue et sans cesse croissante, qu'aussi longtemps qu'il donnerait le change, personne ne saurait voir la face cachée de Naga, et personne n'aurait le droit de la critiquer. Il n'était pas cet homme ennuyé qui se laissait porter par des émotions et qui venait au secours de personnes qui ne comptaient pas assez lui - lui qui avait pourtant déjà abandonnés ceux à qui il tenait le plus.
Mais porter le tablier ne lui allait pas, et en plus, cette nouvelle pratique, que son colocataire tenait tant bien que mal de lui inculquer, insufflait en lui de mauvaises habitudes (de faiblesse) contre lesquelles Naga devait lutter. Il avait peur pour les autres. Il ne considérait plus que leur montrer son visage comme une tragédie. Peut-être se reconnectait-il seulement avec les sentiments qu'il avait essayé d'éviter toutes ces années (et ça faisait mal). Mais si c'était le cas, comment faisaient les autres pour vivre avec cette dose de honte et l'assumer sérieusement ?
Heureusement pour lui, il n'était pas le seul que la situation dérangeait. L'hésitation de sa réponse initiale, ce bonjour qui n'était jamais vraiment sorti, cette bonne surprise (espérait-il) quand elle l'avait reconnu, l'appréhension, qui la faisait révéler précipitamment la raison de sa présence comme elle le ferait d'une cible dont on se chercherait à se débarrasser en la jetant à terre, tout indiquait que Sara ne se réjouissait pas de la visite qu'elle s'apprêtait à effectuer aux gangsters. Naga se surprenait à comprendre ces sentiments, alors qu'il y avait toujours été si opaque, mais peut-être savait-il - après tout, que le propriétaire du Leviathan était un géant qui n'était pas fait d'argile, et que tout gangster avait les dents pointues - et ce savoir lui donnait la certitude qu'il se devait de faire quelque chose.
Il ne savait pas comment la rassurer. Il avait vaguement essayé, quelques mois auparavant, de faire la même chose avec un cadet, et il y était miraculeusement arrivé, mais c'était bien le seul succès auquel Naga pouvait se rattacher. À la vérité, il n'y connaissait rien du tout. Il ne savait répondre à la détresse qu'il commençait parfois à apercevoir dans les yeux de ceux qui l'entouraient - et ça le rendait fou. Il n'aurait jamais cru que des envies altruistes sauraient faire battre pour de bon. Et pourtant

« Tu veux que je vienne avec toi ? » s'imposa comme une évidence au moment où Naga croyait perdre pied.

Et l'évidence chassait à grands coups la surprise qui aurait pu s'emparer de lui à l'idée qu'il avait su se comporter de façon convenable, pour changer.
Car sa proposition était bien évidemment convenable, pour ce qu'il en savait. Le sentiment d'être accompagné ne calmait pas les angoisses, mais donnait l'impression (illusoire ?) d'avoir quelqu'un sur qui se reposer. Pour cette raison sans doute, Naga n'avait jamais été atteint par le sentiment de solitude, terrible fléau dont il était bien ravi de se passer. Il ne pouvait pas faire grand chose, Naga, même s'il avait de l'allure et une belle carrure à force de remonter les lourds filets. Il avait tenté de reprendre la boxe, à une ou deux reprises, et il n'avait pas tout perdu, mais il sentait que ce n'était plus pareil. Naga ne pourrait pas défendre Sara si un véritable danger se présentait, mais on s'illusionnait comme on peut. Un bref sourire, sincère, amoindri par la tension qu'il ressentait

« Ils n'ont pas stipulé que tu devais y aller toute seule, n'est-ce pas ? Et puis... j'ai envie d'entrer. »

Il fermait les yeux un instant. Derrière sa frousse, le désir de découvrir les coulisses du club se faisait sentir, léger et fuyant, mais de plus en plus appuyé, à mesure que l'idée prenait la forme d'une éventualité. Jamais ce désir n'aurait pu devenir assez fort pour le pousser à agir, mais à présent, il allait pouvoir s'en débarrasser.
Ven 11 Mai 2018 - 12:40
and what we want we know we can't believe
+ naga
C'est dans ses moments qu'elle comprend ce que lui reprochent ses détraqueurs.
C'est une menteuse, Sara, n'est-ce pas ?
Elle n'a que des jolies choses au bout des lèvres, des colliers de perles des diamants des rubis entiers jamais encore regardé. Elles donnent envie, les belles intonations, le nacré du bout de ses dents, le cerise de ce qu'on a bien pu déposer sur ses pommettes.
Elle a un sourire pour la guerre avait-elle un jour lu sur ChronosRep. C'était parmi les plus difficiles attaques à ignorer, celles-ci : empreinte de vérité, lovée dans une poésie qui attire l'esprit, irrémédiablement, qui donne envie d'y croire.
Et puis, elle a réfléchit un instant : non, elle avait un sourire pour l'apparence.
(et ça lui coupe le souffle tant c'est vide, et ça lui coupe l'imagination tant c'est réel)
C'était si moche qu'elle ne savait quoi en faire ; elle aurait aimé avoir des paupières pour l'oubli, et des mains pour le refus, et des cheveux pour la dissimulation, mais non. Elle n'avait droit qu'à des yeux pour l'émerveillement (pas le sien) et à un pauvre sourire qui avait perdu de son sens.
Elle n'avait même pas pu apprécier les changements que son interlocuteur suintaient par toutes les pores de sa peau. Il avait l'air moins sûr de lui, et plus certain des autres : c'était dans son regard que ça se voyait. La distance avait laissé place à l'observation, à quelque chose de plus doux, plus chaud (plus humain, peut-être. Sara n'avait pas envie d'y penser).
Il est comme un phare dans un brouillard ; il braque sa lumière sur un canot nommé l'Améthyste et le bijou n'a pas d'autre choix que d'être honnête, de renvoyer les rayons, de montrer où il s'est perdu s'il ne veut pas continuer de dériver jusqu'au naufrage.
Elle n'est pas certaine de vouloir tout déballer, Sara. Elle se sent fragile, différemment de d'habitude, d'une manière qu'elle n'a pas l'habitude de voir, de sentir, d'accepter. Elle ne sait pas quoi en faire, de tout ça -cette espèce de culpabilité de trop jouer, et ce faux-courage qui ne la porte plus, et l'envie de s'en aller, de se fondre dans un canapé, de manger du popcorn devant un navet d'amour romantique qui se fini en bonheur et baisers.
(peut-être qu'elle voulait un peu d'amour, aussi, mais pas de celui qu'on lui sert toujours -elle se sentait si ingrate)
La vérité, c'est que Sara se savait en sécurité physiquement.
C'était mentalement qu'elle se posait des questions.
Et peut-être qu'accepter qu'il vienne, c'était le début d'une rédemption qu'elle n'avait même pas encore commencé.
Je ne peux rien vous refuser, alors. Elle n'avait pas réussi à crier les sos que son esprit peinaient à porter ; elle était comme beaucoup de gens qui ne vont pas bien : ils espéraient que d'autres viendraient fouiller, mais pas trop non plus, et qu'on mette à découvert leurs esprits à leurs places.
Ca ne fonctionnait pas comme ça. Elle le savait, Sara. Elle avait souvent été de l'autre côté de la barrière. Si cela vous convient, pourriez-vous me diriger ? Elle a le menton qui s'est relevé, en invitation. Elle a peur de ne pas assez appuyer sur les boutons si son avancée ne dépendait que d'elle.
C'est une sorte d'appel à l'aide, peut-être.


Spoiler:
Dim 13 Mai 2018 - 12:31
Les battements de son cœur, à la fois sourds et légers, se perdaient dans le brouhaha ambiant d'une rue animée. L'appréhension s'exprimait en Naga sous la forme d'une lance glacée qui lui tranchait l’œsophage, son cœur continuait à battre et ses poumons à respirer, mais le bas de son corps s'était pris de léthargie. Il craignait l'inconnu et l'aventure et s'étonnait de ressentir des sentiments si forts alors qu'il n'était même pas certain de risquer sa vie dans ce quartier.
Il fut surpris par sa réponse, décontenancé - ne sachant pas trop s'il avait été invité, ou si elle acceptait simplement la présence qu'il lui proposait. À un moment qu'il avait du mal à identifier, Naga avait perdu le contrôle de sa destinée, pour le remettre en les mains d'une princesse qui était loin d'être désemparée. Il ne se doutait pas de l'abandon dans lequel il s'engageait en proposant son aide, et s'il avait pu y réfléchir à tête reposée, et envisager toutes les possibilités, peut-être se serait-il malgré tout engagé. Naga ne serait pas le héros de l'histoire, mais simple adjuvant qui prendrait les coups en même temps que la protagoniste. Et il eut de l'admiration pour celle qui acceptait d'en porter la responsabilité, alors même qu'elle était désavantagée, et qu'elle avait peut-être peur, mais qu'elle ne la laissait pas s'exprimer. Toujours digne dans son fauteuil, il comprenait pourquoi on l'appelait princesse - pas parce que Sara était précieuse, mais parce qu'elle avait la force de diriger sans avoir à frapper, et cela la rendait digne de respect.
Naga acquiesça en silence, conscient qu'il n'avait d'autre choix que de placer sa confiance en la frêle ambassadrice. Il ne pouvait être sûr d'être placé sous la protection de ses gardes, mais il se sentait également moins exposé. Ce n'est pas moi qu'ils regarderont, mais elle. Ça pourrait être pire. Les rôles étaient distribués, et l'heure était venue de commencer ce drame en un seul acte.
Le décor du Leviathan renforçait l'impression d'entrer en scène : la couleur rouge, sous son aspect le plus noble, se distillait en petites touches discrètes mais bien placées. Les lourdes tentures qui permettaient de bloquer la lumière avaient des allures de rideau d'opéra. Le tout était très chic, très classe, à mille lieux de l'univers de Naga qui avançait avec prudence dans cette atmosphère de luxure. Il craignait de toucher quoique ce soit, par peur de le souiller.
Un individu de taille moyenne se glissa élégamment vers eux. Chez un autre, cette hâte aurait ressemblé à de la précipitation, mais chez lui, les mouvements étaient si parfaitement calibrés que Naga avait l'impression d'assister à une sorte de ballet. Il retint son souffle pendant que l'individu les accueillait :

« Princesse Améthyste, bonjour, c'est un plaisir de vous recevoir ! M. Kovac est pour le moment absent, il ne vient pas si tôt dans la journée, mais il sera ravi d'apprendre que vous avez fait le déplacement jusqu'ici, et peut-être aura-t-il l'occasion de vous croiser. Je serai votre guide en son absence. Vous vous trouvez ici dans la salle principale du Leviathan, là où nous accueillons nos charmantes ladys et nos glorieux lords. Si vous voulez bien prendre la peine de vous installer, je vous fais immédiatement apporter la spécialité de la maison - aux frais de l'établissement, cela va de soi. »

L'individu, dont le badge était trop rutilent pour que Naga puisse en lire le nom, désigna une large table, séparée des autres par des paravents en bois, où une place avait été faite pour un fauteuil.

hrp:
Mer 6 Juin 2018 - 16:01
i need to know that when i fail you'll still be here
+ naga
Il était surpris. Cela se voyait bien, et ç'aurait fait rire Sara dans un autre contexte, sûrement. C'était étrange, combien elle ne se rappelait pas d'un matelot expressif, mais plutôt d'un pêcheur qui voulait noyer ses poissons. Elle ne sait pas vraiment quoi en penser, et de toutes manières elle n'en a pas vraiment le temps. Elle essayait simplement de se dire que c'était positif. Elle devait avoir l'air en contrôle, à la limite légèrement déboussolée -on prêtera ça aux environs qu'elle ne connaît pas trop, à l'inédit, aux nouveautés. On peut toujours trouver des excuses quand on en a besoin.
Un sourire fleurit sur ses lèvres quand son désormais complice acquiesça. Elle devait être honnête : cela la rassurait plus que ce à quoi elle s'attendait. Pourtant, ça ne changeait pas grand-chose, si ? Elle devra faire la comédie, être une jolie princesse Améthyste, et si jamais Naga était dégoûté de son comportement rempli de faux-semblants, ça ne fera briser qu'un autre de ses petits coeurs en or blanc. Ceux si rares qu'elle les collectionne -ceux qui sont encore à elle, Sara, et pas l'autre qui se pavane avec un sourire infini. Parfois, elle se trompait, mais pas cette fois. Elle en était certaine.
Ils entrèrent en scène. C'était comme se faire avaler par un loup géant : tout était rouge, tel un œsophage qu'on peut voir de l'intérieur. Peut-être qu'elle aurait préféré être engloutie par une baleine, un cétacé, un Monstro. Pourtant elle était là.
Elle n'eut même pas le temps de saluer la lumière du jour que déjà, ils étaient étouffés dans un espèce de clair-obscur peint par les lampes artificielles. Ca lui donnait déjà l'impression de suffoquer, de manquer d'air, de se croire enfermée. Elle voyait le soin apporté au lieu -après tout, il fallait reconnaître la finesse qu'apportait les gangsters à ce qui relevait du matériel- mais ça ne la rassurait pas. Au contraire. Elle pensait à toutes les caches qui se trouvaient en ces lieux, et ce qu'elles pouvaient bien contenir. Elle pensait à tout ce qui a pu se passer derrière ces lourds rideaux, et toutes les tâches qui ont pu être nettoyées. Elle pensait à ce qui l'attendait, en bas, dans l'estomac du loup, et au temps que cela prendrait pour la digérer, elle et ses jambes de métal.
Elle était en vérité très heureuse de ne pas toucher ne serait-ce que le sol.
Elle avait entendu le discours de leur accueil ; elle y répondit par un sourire des plus charmants : un vent d'innocence dans ce lieu sans fenêtre. Le maître des lieux n'était pas là. Devait-elle le prendre comme une insulte ? comme un avertissement ? comme de la confiance ? Elle n'en était pas certaine, mais elle décidait immédiatement que ce n'était pas une bonne nouvelle. Oh, évidemment, j'imagine que c'est un homme très occupé. Elle ne voulait pas savoir par quoi il était occupé la plupart du temps. Mais votre accueil est apprécié, sachez-le, tout comme l'était l'invitation. Elle hoche de la tête comme si elle avait déjà pensé mille fois que ce serait charmant, de venir dans cet endroit mystique, si cher aux gangsters.
Parfois, elle s'effrayait de voir combien elle mentait bien.
Ah, d'ailleurs, je me suis permise d'emmener avec moi mon assistant ici présent, j'espère que cela ne vous dérange pas. Quant à l'autre personne, il ne s'agit que de mesures de routine, comme à chaque déplacement -j'imagine que vous aviez été prévenu en amont ? En tout cas, merci pour votre accueil. Elle avait décollé le dos de sa chaise, pour paraître plus expressive, plus enjouée. Elle n'avait pas voulu attirer l'attention sur son garde du corps, mais elle se devait de le présenter. Elle se doutait qu'il allait être fouillé, ou au moins scanné, et ça la faisait grincer des dents. En attendant, elle tourna la tête vers Naga. Allons-y, je vous prie. Tout ça avec le sourire en croissant de lune, et des étoiles comme des comètes (prêtes à s'écraser sur son cerveau pour l'empêcher de trop penser).

hrp:
Mar 12 Juin 2018 - 12:32
Naga tenait le beau rôle. Il était si facile de se tenir tranquille dans l'ombre de l'héroïne du jour - celle pour qui les gangsters avaient fait l'effort de polir leurs sourires et d'effacer les traces des derniers traumatismes qui avaient dû survenir en ce lieu. Le jeune homme ne se sentait pas tout à fait en sécurité, mais il avait le sentiment que l'aura éclatante de la princesse Améthyste avait la solidité d'un bouclier assez large pour les cacher tous les deux.
Ils ne seraient pas assez fous pour s'en prendre à elle, à moins de vouloir déclencher une guerre, et on a bien vu la dernière fois que personne n'a rien à y gagner.
Tenace, la douleur imaginaire de son bras réapparaissait à chaque fois que ces préoccupations politiques venaient effleurer son esprit.
Il se demande un instant s'il était censé être l'assistant ou le garde du corps - un regard amusé à celui qui tenait véritablement ce rôle le convainquit que personne ne se tromperait sur leurs rôles respectifs. Ce n'était pas tant que ce brave monsieur éclipsait totalement Naga par la carrure - le travail physique que Naga accomplissait sur son bateau de pêche, accompagné d'un soin attentionné à son apparence, lui garantissait une musculature tout à fait correcte. Mais la différence tenait au sérieux, à la détermination qui se lisait dans le regard de cet homme. Il n'avait pas peur, ou faisait semblant, et l'on sentait qu'au moindre danger il n'hésiterait pas à sacrifier sa vie pour sauver celle de sa protégée.
Et lui, Naga, devait faire de son mieux pour ne pas paraître trop terrifié.
Il avait l'impression que le secrétaire qui avait présidé à leur accueil cherchait à définir quelque chose de lui - les rouages de son cerveau semblaient tourner à pleine allure tandis qu'il s'avança pour serrer la main du jeune altermondialiste - et soudain, tout lui parut clair.

« Vous avez de la poigne, jeune homme... Un boxeur ?
- Euh... oui, avant. » répondit Naga, intimidé.

Comment savait-il tout cela ? Comment pouvait-il, d'un simple regard, d'une simple poignée de main, déterrer ce vieux passé avec lequel il n'avait jamais totalement coupé ? L'homme portait la réponse dans ses yeux, mais son sourire joyeux promettait de ne jamais révéler son secret. Il ne semblait y avoir aucun moyen de le corrompre.
Tandis que celui que Naga considérait comme une sorte de secrétaire se détournait pour s'attaquer à sa proie, l'altermondialiste se maudit d'avoir été si honnête. S'il avait pu faire croire qu'il s'entraînait encore, peut-être aurait-il pu paraître plus fort aux yeux d'un homme dont il n'arrivait pas à établir les véritables capacités.
Une serveuse tout aussi élégante que le club vint leur apporter le cocktail qui leur avait été promis. Le pêcheur n'allait pas se plaindre du temps qu'ils perdaient en haut - il avait entendu dire que les combats se déroulaient en bas, et si cela permettait d'effacer les derniers stigmates de la nuit, il n'allait pas s'en plaindre. Naga n'aimait pas le sang. Faire couler le sien ne le dérangeait pas, mais celui des autres était perturbant. Une denrée rare et luxueuse que l'on gâchait par des excès de violence.
Pendant qu'il goûtait avec méfiance son verre, Naga prêta attention aux paroles que le secrétaire prononçait :

« Cette salle a été décorée par un designer de renommée, spécialement engagé par M. Kovac pour les besoins de son établissement, et toutes les pièces que vous trouverez ici sont uniques. Tenez, ce fauteuil-là, figurez-vous qu'il a été importé directement de Terre. Il appartenait à un grand dirigeant terrestre - Churchill, mais ce nom ne doit rien vous dire, je pense, puisqu'il vous est postérieur. Et bien, M. Kovac a négocié avec votre Institut pour le récupérer, et naturellement, ceux-ci n'ont pas su le lui refuser. Cette pièce-là... » continua-t-il en désignant un tableau.

Il avait manifestement beaucoup à dire sur les objets apparemment illustres qui décoraient la salle principale du Leviathan, comme s'il avait présidé lui-même à son aménagement. Lassé par ce bavardage hermétique, Naga préféra savourer son cocktail qui n'était pas mauvais, tout en observant du coin de l'œil Sara qui subissait de plein fouet le minutieux décorticage de la décoration.
Lun 18 Juin 2018 - 6:38
what i need
+ naga
Les roues glissaient sans bruit sur le sol -la moquette et les tapis étouffaient tout son. C'était sûrement pour le mieux : entendre le crissement strident de deux matériaux frottés l'un contre l'autre l'aurait mis dans un état d'esprit résolument désagréable. Elle était en tête de cortège, Naga qui poussait son fauteuil comme un carrosse, un trône, une offrande ; le garde du corps se faisait oublier en fin de file.
Sara n'osait pas se retourner. Elle savait parfaitement bien jouer son rôle, pour le moment. Elle ne s'inquiétait pas non plus pour l'autre représentant de l'institut. Celui qui lui faisait plus peur, c'était le fameux petit pêcheur. Quelle idée elle avait eu, de l'emmener avec elle ! Elle se rendait compte, maintenant, à quel point c'était stupide. Ce n'était pas un homme connu pour sa finesse, ni un acteur capable de retenir ses instincts primaires. Ce n'était pas non plus quelqu'un de neutre, et Sara se doutait qu'à l'instant où il avait mis les pieds ici, non annoncé, on avait cherché sa tête dans une quelconque base de recherche. Un altermondialiste comme assistant ? C'était une chose pour laquelle son imagination habituellement débordante ne trouvait pas d'excuse.
Alors voilà : elle avait fait une erreur.
Elle espérait simplement que ce n'était pas une erreur qui lui coûterait cher.
Elle gardait son sourire pendant leur échange, mais elle était glacée. Avaient-ils déjà trouvé des informations sur lui ? Prenaient-ils sa présence comme un affront ? Pourquoi, bon dieu, Naga se devait d'être si peu confiant ? Il dépassait l'autre d'une tête, mais paraissait être un enfant face à lui. Sara aurait voulu le secouer, lui remuer les idées pour qu'il se rende compte de la chose : ils étaient dans la gueule du loup. Il n'y avait plus de marche arrière, et la marche vers l'avant se devait d'être fière.
Sara posa son verre sur son siège. Elle sentait le délicat arôme d'alcool fruité mélangé à des senteurs tropicales -elle préférait la période où elle n'était pas encore majeure. L'alcool la rendait facilement dépossédée de ses pensées, trop honnête et trop perdue. Elle n'avait pas besoin de ça aujourd'hui. Alors qu'elle écoutait le discours de l'autre, elle y perdit ses lèvres : le sucre attaqua sa langue avec délice. C'était le genre de boisson qu'on finissait sans s'en rendre compte -et évidemment, en bons hôtes, elle ne doutait pas qu'on veillerait à ce que son verre soit toujours plein. Oh, il y a des noms qui traversent les différentes temporalités. C'est impressionnant que de voir tout ceci réuni en un seul endroit. C'est presque comme un musée, mais en plus vivant. Elle sourit comme un enfant sourirait. C'est ce qu'on attend d'elle. De la fraîcheur, de l'innocence, des commentaires paisibles qui ont un petit peu de fond ; assez pour rebondir, pas trop pour la considérer maline. Juste bien pour se croire plus intelligent qu'elle. Avez-vous des tableaux impressionnistes, à tout hasard ? Je dois avouer qu'il s'agit sans nul doute de mon courant préféré. Elle a de grands yeux émerveillés par chaque objet -elle boit les paroles, mais c'est ses pupilles violines qui ont le plus grand effet. Princesse Améthyste, après tout.
Alors que l'autre répond, elle se permet un regard à son assistant. C'est un sourire carnassier qui l'attend, quelque chose qui dit arrête de flâner, reconcentre-toi, soit poli courtois et surtout pas maladroit, reste avec moi et encore plein d'autres remarques qu'elle aurait pu distribuer comme autant de couteaux pour la poignarder. C'est si facile, que de se condamner les autres à ne pas être assez investi : tout l'art délicat des manières.
Peut-être, au fond, qu'il y avait surtout de la peur. Elle ne savait pas à quoi s'attendre, ni même quand. L'endroit était enchanteur, jusqu'à maintenant.
Ven 22 Juin 2018 - 16:29
La conversation glissait sur lui comme les vagues sur la coque de son bateau. Ce n'était pas l'ignorance qui avait créé cette pellicule sur laquelle les considérations de son hôte ne trouvaient pas prise ; ce n'était pas la peur non plus, que Naga croyait avoir verrouillée à l'intérieur ; plutôt le gouffre béant qui le séparait des préoccupations de cet homme qui se courbait en mots pour éveiller en eux une forme d'admiration pathétique. Posséder un fauteuil ayant appartenu à un vieil homme, même vénérable, n'avait rien d'éblouissant, cela revenait à s'accrocher à des traces qui n'avaient même pas la valeur de vestiges. Où se portait la dégradation de l'adoration, lorsqu'elle se posait sur des choses qui n'avaient pas vocation à survivre ? Allait-on pousser l'audace jusqu'au cabinet où le grand homme avait soulagé sa vessie ? Et si les œuvres d'art étaient dignes d'intérêt, nés du génie d'une personne qui avait donné d'elle-même pour la faire, Naga avait une certitude, ces objets ne pouvaient pas être possédés, ne devaient appartenir à personne. L'humanité tout entière aurait été insuffisante pour en partager la propriété. Cela lui faisait mal de savoir que quelqu'un se les était appropriés.
Que pensait donc Sara de tout cela, elle qui tentait de lui passer un message silencieux, dont le sens lui restait muet ? Était-ce un soupçon d'imploration que Naga lisait dans ses yeux ? Une petite dose de courage qu'elle souhaitait partager ? Une terreur profonde qu'elle ne savait pas réprimer ? Une joie légère, pétillante, peut-être causée par un alcool dont elle n'avait pas l'habitude ? Naga ne savait pas. Il n'était pas de ceux qui comprenaient du regard. Les mots et les actes déroulaient des sens si clairs que l'implicite se dérobait sous ses yeux. S'il avait pu se regarder, Naga n'était pas sûr d'être capable de déceler l'interrogation qui devait se lire sur son visage, dans son attitude, alors qu'elle était pour lui évidente. Elle n'était que le reflet d'une confusion qui grandissait en même temps que les questions que Sara suscitait en lui.
L'hôte ne semblait pas se préoccuper de cet échange, et s'il l'avait remarqué, il eut la politesse de ne rien en dire. Il continuait, ardemment, son petit numéro de politesse :

« Je crois bien que M. Kovac doit en garder un ou deux pour lui-même, puisqu'il a lui aussi beaucoup de goût pour ce style particulier. Quelle puissance dans le point ! Qui aurait cru que leur amas formerait une vision renouvelée de la réalité ! Mais malheureusement, je crains savoir que M. Kovac les garde en privé, et je n'oserais pas aller les déranger sans son autorisation... »

Ce que Naga comprenait, en revanche, c'est qu'il y avait là une forme de refus bien enrobée, que Sara pouvait longtemps insister avant qu'il finisse par lui céder. Mais tout cela ne le concernait pas vraiment, Naga n'était pas là pour contempler des œuvres d'art, mais pour se donner l'impression qu'il pouvait être utile d'une façon ou d'une autre. Comment restait la question principale qu'il se posait.
L'hôte ne perdit pas de sa répartie et préféra présenter longuement un tableau cubiste qui trônait au dessus du bar. Il se fondait si bien dans les ombres que toute son particularisme paraissait effacé. Peu importait que le peintre avait été transféré et avait réalisé la commande en toute amitié pour le propriétaire, la mise en scène réduisait toute l'atmosphère qui aurait pu être créée.

« C'est laid. »

Parole pour lui-même, le commentaire lui avait échappé, à voix audible qui plus est, et le regard presque choqué de leur interlocuteur permit à Naga de se rendre compte qu'il venait de heurter sa sensibilité. Cela ne le dérangeait pas d'être très traité d'inculte, il y était habitué, mais bon sang, il espérait qu'il ne venait pas mettre sa tête à prix - et celle de Sara - par abus de spontanéité.
Lun 25 Juin 2018 - 8:29
de la délicatesse des discours
et de l'impromptu de son opinion
+ naga
Elle croyait déjà que tout allait mal, mais c'était sans imaginer ce qui était encore à venir.
Elle se doutait qu'à un moment ou un autre, on l’emmènera dans l'arène. Elle ne sait toujours pas comment elle réagira. Sera-t-elle neutre, en bonne petite poupée de cire ? Sera-t-elle fascinée, comme le pantin dont on choisit les gestes ? Sera-t-elle horrifiée, de la seule manière dont elle a su l'être jusque maintenant ?
Sûrement, pensait-elle, elle sera les trois à la fois.
Elle avait vu, en tout cas, à quel point les yeux de Naga étaient vide. Il n'avait rien compris, et elle, elle ne pouvait rien dire -emmurée, on était comme en train de mouler son visage pour qu'on puisse pour toujours exposer ses traits lors de cette visite ; elle imaginait le plâtre exposé sur une de ces étagères, et tous les commentaires qui allaient avec. Leur guide se rappellerait de tous les détails. Il raconterait absolument tout à son chef -son maître, plutôt, et peut-être qu'il lui donnera un os où se ronger les dents en échange. Un instant, elle se demanda ce que le fameux Santiago Kovac pouvait bien donner comme récompense à ceux qu'il jugeait dignes, mais en réalité elle ne voulait pas le savoir. Jamais.
Elle s'abreuvait des paroles du gangster comme du messie. C'était assez hypocrite, juste après ce qu'elle venait de penser, mais c'était de toutes manières tout ce qu'elle pouvait et osait faire.
La remarque de l'homme sur l’impressionnisme titilla Sara. Devait-elle y comprendre quelque chose, ou n'était-ce que simple admiration d'un homme qui se sentait petit face à l'art ? Était-ce l'allégorie d'un mouvement de groupe, de sable mouvant, de l'individualisme pour une plus grande chose, ou n'était-ce qu'elle qui s'imaginait beaucoup trop de choses ? Sara était fatiguée de voir sa suspicion augmenter de jour en jour. D'abord par rapport à l'institut, et maintenant vis-à-vis de tout ce qui croisait son chemin. Elle se rendait tristement compte que sa vie se dirigeait vers un ballet de méfiance, faux-semblants et politesse pompeuse, elle qui n'avait toujours voulu que montrer sa plus belle âme et tout ce qu'elle espérait.
Quel triste changement.
Elle n'écoutait plus son hôte, perdue dans ses pensées, mais c'est la voix grave de Naga qui lui mis la tête sous l'eau. Glacée, pour le moins.
Le voilà qui insultait leur guide.
Le pauvre ne savait plus quoi dire ; sa mâchoire ne pendait pas -il aurait sûrement jugé ça trop disgracieux- mais on voyait dans ses yeux qu'il n'était pas préparé à ce qu'on lui oppose une résistance quelconque. Encore moins aussi violente.
Si Sara aurait pu cacher son visage, s'enfouir sous la couette qui recouvrait ses jambes, hiberner jusqu'à la saison prochaine, elle l'aurait fait. Mais voilà. Naga était sensé être son assistant.
Elle pensa un instant à le protéger, mais en réalité elle se rendit compte qu'elle n'en avait pas du tout envie. C'était une phrase stupide, dans un contexte qu'il savait ne pas être des plus paisibles, face à quelqu'un qui donnait beaucoup aux apparences. Même s'il n'était pas habitué à ce genre de cérémonials, Naga devait se douter que ce n'était pas quelque chose à faire. Pire, Sara jugeait l'avoir prévenu -et même s'il n'avait pas compris, il aurait simplement pu rester sur ses gardes.
Alors voilà : la si charmante Princesse Améthyste abandonna son matelot au plein milieu des flots. Excusez-le. L'art n'est pas pour tout le monde. Il n'y avait aucun dédain dans sa voix, ce qui rendait sûrement les choses pires. C'était froid, comme si elle le savait déjà, et c'était un jugement pur et dur. Elle ne lui adressa même pas un regard -son attention passa du gangster au tableau en question. Et pourtant, tout ce que l'on peut voir dans le cubisme -je crois que l'imagination humain n'est pas assez large pour tout y comprendre. Le pire, dans tout ça, c'est que ses deux dernières tirades étaient sûrement les choses les plus honnêtes qu'elle ait dit depuis un moment.
Elle était fatiguée. Ça se sentait dans sa manière de dire la vérité : sur un ton léger, presque comme une délivrance, brute et douce à la fois.

Spoiler:
Lun 2 Juil 2018 - 12:40
Au regard de leur situation dans le club, révéler le fond de sa pensée relevait de l'erreur stratégique, et confirmerait sans doute que Naga n'était qu'un pêcheur sans éducation. S'il avait l'habitude que son métier et ses clichés lui collent à la peau, il n'aimait pourtant pas les images qui y étaient associées, et brûlait d'envie de prouver qu'il était plus intelligent, plus cultivé que ce qu'on était en droit d'attendre de lui. Malheureusement, il venait de se tirer une balle dans le pied, et même si Naga se sentait justifié, au nom d'un principe esthétique obscur, dont on ne connaissait pas bien les origines ni les motivations, il allait devoir affronter le jugement des autres.
Celui du gangster lui importait peu, il s'en rendait compte à présent - il se serait montré plus prudent s'il avait craint de le froisser. Au contraire, Naga avait laissé son honnêteté s'exprimer, et cela lui avait permis de se rendre compte qu'il méprisait cette personne - une part de lui désirait lui faire comprendre à quel point il était insignifiant et vaniteux, à quel point il était pathétique de se draper de la réussite d'un autre et de s'en vanter, à quel point sa belle allure ne pouvait masquer la pourriture qui gangrenait son corps. Peut-être parce qu'une part de lui-même observait chez cet homme des défauts similaires aux siens, et qu'il détestait chez l'autre cette vacuité qu'il devinait trop proche de la sienne. Ce qui retenait Naga, c'était la peur - peur pour sa propre vie, bien sûr, car cet homme-là se distinguait de lui par la cruauté qu'il était probablement capable d'employer, peur pour la vie de Sara, également, car il aurait été honteux de la mettre en danger pour si peu. Naga serrait les dents pour s'exhorter à la raison.
Celui de Sara lui importait davantage, et il le blessa bien davantage qu'il n'aurait bien voulu le dire. Elle ne pensait peut-être pas ce qu'elle disait, et songeait peut-être qu'il valait mieux piétiner son amour-propre, plutôt que de le laisser se passer la corde au cou ; mais tout de même, pour un jeune homme de son tempérament, la critique restait dure à accepter. Mais elle semblait satisfaire l'assistant, qui se réjouissait probablement de se sentir soutenu par son invitée. L'orage passa, et enthousiaste, il approuva tout ce qu'elle disait sur son imagination.
Mais il semblait avoir perdu le goût pour l'art, comme s'il ne pouvait totalement digérer la pique du pêcheur. Naga se doutait de ce qu'il pensait : il avait l'impression que le gangster fonctionnait d'une façon assez proche de la sienne, et qu'un soufflet, même renvoyé, lui infligeait une douleur qui avait besoin de temps pour s'effacer. Il était plus prudent, pour lui, de changer de sujet, et, pourquoi pas, de renvoyer avec subtilité la blessure qu'il avait subie.
En fin de compte, s'attirer l'hostilité de cet homme était la meilleure chose que Naga pouvait faire, mais il espérait bien que cela ne lui vaudrait pas de finir la gorge tranchée dans une ruelle.

« Puisque ce jeune homme semble s'être lassé de l'art, peut-être désiriez-vous aller à la rencontre de nos souterrains ? L'endroit peut paraître brutal, mais nos détracteurs exagèrent volontiers la réalité. Ils ne peuvent admettre que les arts martiaux puissent comprendre une part de beauté. »

Naga comprenait plus facilement ce que l'assistant disait. La boxe était un art violent, mais bien exécuté, il s'en dégageait effectivement une forme de beauté à nulle autre pareille. Mais paraîtrait-il encore plus primitif s'il l'approuvait ? Et souhaitait-il vraiment se racheter aux yeux de cet homme dégoulinant de supériorité ?
Mer 4 Juil 2018 - 8:38
perhaps you will understand
+ naga
Elle a le regard plus clair que jamais.
C'est peut-être ce qu'il y a de plus effrayant : à quel point elle reste calme, posée, comme si elle faisait partie de ces soit-disantes élites qui cassaient du sucre sur le dos de la plèbe, trop incompétente pour comprendre ce qui occupaient ces habitants des nuages. Elle n'avait même pas daigné utiliser son prénom ; ce n'était qu'un homme qui poussait un fauteuil qu'elle aurait très bien pu mouvoir d'elle-même oh on aurait dit qu'elle avait eu pitié d'un lépreux dans la rue et que dans son immense bonté, elle avait accepté qu'il endosse le rôle d'esclave pour quelques minutes -mais pas plus, n'exagérons rien.
Elle avait la critique véhémente, en ce moment même, dans toutes les parties de son cerveau. Elle était un Ouroboros qui s'envenimait lui-même, elle était un infini qui se perdait dans un gouffre trop noir pour en voir le fond. Elle était en colère contre Naga : de ça, elle en était certaine. Elle ne s'avait pas trop si elle rageait aussi contre elle-même ou non. Peut-être était-ce contre Princesse Améthyste -mais elle s'était rendue compte, avec tous les déboires de l'institut, qu'elle n'était plus sûre de faire la différence.
Et qu'est-on, alors, quand un personnage devient un homme ?
Sara aurait répondu on en devient les autres.
Elle avait l'impression de ne plus avoir d'identité ; elle pensait que si on lui bandait les yeux plus personne ne saurait la reconnaître oh elle continuait d'essayer de compter ses amis mais elle ne sait plus avec quelle honnêteté elle a bien pu leur parler.
C'est une vérité qui lui brise le coeur.
Et pourtant, elle a ce regard bienveillant déposé sur un homme qu'elle craint, qu'elle admire peut-être un peu, qu'elle exècre sans même le connaître.
Et pourtant, elle n'ose pas regarder son allié, le compagnon qu'elle vient de mitrailler avec des pensées bien calibrées, celui qui croit peut-être qu'elle est princesse et que les noms ne sont pas des hasards.
Elle se voyait plus reine de blanche neige que toute autre héroïne, si vil à ne vouloir que son propre bien. Parce que voilà : elle l'oublie parfois, mais elle s'est enchaîné à l'institut avec une volonté à faire éclater son fauteuil.
Je vous suis, cher guide. Je m'en remets à vous et à vos explications pour pouvoir apprécier ce qui va suivre, en tant que novice -vous comprendrez que ce sont des arts dont j'ai peine à imaginer la difficulté. Elle rit. Elle rit de son petit trait d'humour, de son handicap qui l'empêche de simplement imaginer boxer un jour, de sa position qui l'enferme sûrement plus que ses jambes. Elle avait entendu que, sur Terre, des gens comme elle étaient de grands sportifs, aussi. Pour autant, elle n'a jamais vu aucun de leurs noms dans les livres d'histoire.
Elle actionna son fauteuil par réflexe, sans se rendre compte qu'elle volait ainsi tout lien encore symbolique qu'il pouvait y avoir entre elle et le pêcheur. L'anxiété montait dans ses boyaux : elle sentait une boule de feu dans ses entrailles, comme un tas de braise qu'on venait doucement titiller jusqu'à ce qu'il explose enfin.
C'était le moment : les rideaux allaient s'ouvrir. Elle entendait presque les trois coups.
Dim 15 Juil 2018 - 18:46
Avant qu'elle ne reprenne la parole, Naga avait presque oublié qu'il n'était pas celui qui tenait les rênes de la soirée - et que, loin d'être muette, Sara savait se défendre elle-même. Il sentait une rupture grandir entre eux. Alors que leurs destins étaient plus ou moins emmêlés lors de cette rencontre, ils se désolidarisaient tous les deux, perdaient le peu de confiance qu'ils avaient eu le temps de bâtir entre eux. À qui la faute, Naga ne saurait le dire, mais son esprit n'aurait aucun problème à en porter le blâme.
C'était elle, probablement, qui en le plaçant dans la position de l'assistant écervelé, avait contribué à le faire chuter. Naga aurait bien aimé avoir son mot à dire avant de se retrouver propulsé en arrière-plan. N'aurait-il pas pu jouer le rôle du garde du corps, plutôt ? Il se retrouvait à présent avec un probable ennemi et une princesse qu'il avait sans aucun doute déçue pour de mauvaises raisons.
Et la journée pouvait encore s'assombrir davantage, car le sang n'avait été jusque là pas encore versé.
Le véritable assistant les conduisit vers l'arrière du club, en s'excusant de l'étroitesse de la porte habituelle qui n'aurait pas permis d'y faire passer un fauteuil. Mais cette modestie n'était pas sincère : il les amena devant un ascenseur flambant neuf, qui avait été de toute évidence redécoré pour les besoins de la visite. Une odeur de peinture et de bois vernis planait encore dans l'air, souvenir de travaux qui n'avaient dû se terminer que très récemment. Puisqu'il ne pouvait cacher les dernières traces de cet aménagement, il en fit plutôt un argument de sa bonne volonté :

« Il s'agissait de l'un de nos anciens monte-charges, aujourd'hui inusité. »

Et de toute évidence, l'ascenseur avait été réalisé dans le but précis d'impressionner la princesse : très large, il était décoré de boiseries et de sculptures en cristal, centré à sa hauteur pour qu'elle puisse correctement les admirer. Un groom attendait sagement que tous les visiteurs prennent place dans l'ascenseur avant d'actionner les boutons. La mise en scène était parfaite, et Naga avait du mal à cacher son admiration. Il capta le regard satisfait de son rival, et reprit une expression fermée, comme s'il n'était pas impressionné le moins du monde parce qu'il voyait. Mais il l'était. Bien malgré lui, il l'était. Il avait l'impression de se trouver dans un de ces films sur les années 1930, où ces petites cages volantes respiraient d'une élégance que sa fin de siècle avait bien du mal à imaginer.
Naga se cala dans un coin, de manière à garder tout le monde de vue, et à se préserver de leur hôte au regard inquisiteur. Mais celui-ci s'était déjà détourné de lui et expliquait avec force détails à Sara comment les délicates figures de verre avaient été réalisées.
Le groom appuya sur un bouton, et la cabine descendit doucement vers les profondeurs du Leviathan.

+1 point
Mer 18 Juil 2018 - 4:01
stay in your lane, boy
+ naga
Le silence de Naga était polaire. Peut-être que si elle avait pu le regarder plus longtemps, avec plus de sentiment, il en aurait été autrement. En attendant, elle devait porter son attention sur d'autres choses ah sur des futilités à qui on collait des feuilles d'or pour les rendre importantes. Elle avait un goût amer dans la bouche, alors elle reprit une gorgée de sucre. Ça n'a pas eu l'effet escompté. Elle avait toujours l'impression d'avoir trahi, que sa sentence était trop forte. Qu'aurait-elle pu faire d'autre ? Est-ce qu'alors, ne pas faire de commentaire aurait tout sauver ? Est-ce que défendre Naga ç'aurait été se brûler les pieds ? (de toutes manières, elle ne peut déjà plus marcher)
Elle continue de suivre le gangster. Si physiquement ce n'est pas vraiment un problème, mentalement ses pensées se mêlaient à son discours. Elle se demande si l'Institut vaut tant de sacrifices : elle ne les compte pas, sinon elle n'aurait plus que des larmes sur la bouche. Elle se demande si Naga valait la peine d'être défendu : ce n'était pas un ami, c'était un fier qui devait parfois redescendre sur terre, c'était un innocent qui avait montré ses poignets pour qu'on l'enchaîne à elle.
Peut-être qu'au final, il ne disait rien parce qu'il pensait le mériter. Qu'il voulait ne pas empirer les choses. Que la protéger était toujours la priorité.
L'odeur lui pique le nez et elle est comme de nouveau aspirée au fond de son fauteuil. Elle regarde le vernis qui renvoie la lumière tout autour ; elle détaille les cristaux si fins qu'un coup de vent semblerait pouvoir les casser ; elle s'arrête sur les sculptures qui ornent les côtés de l'ascenseur. Elle sent une certaine ambiance sans être certaine de ce que c'est, ça lui rappelle des films qu'elle a vu mais dans lesquels elle n'a jamais vécu : une expérience sans immersion, et maintenant elle se retrouvait au coeur de tout ceci. C'est une attention admirable que j'apprécie grandement. C'était vrai. Elle n'aurait pas supporté devoir être portée ne serait-ce qu'un instant pour aller dans les arènes. C'était comme ne même plus y aller consciemment : elle était déjà prisonnière de ses obligations, elle ne voulait pas que ça déteigne même sur la réalité des choses.
Les étages défilaient, en haut. Ils allaient plus profondément dans la terre, elle avait l'impression qu'ils allaient finir en enfer. C'était peut-être la métaphore voulue. Après tout, le Léviathan est connu pour sa violence. La boule dans son ventre se serra. Elle n'avait rien mangé de la journée et soudainement, elle se demandait si c'était une bonne idée. Le manque de sucre n'était sûrement pas indiqué.
Un son retentit. Les portes s'ouvrirent. Ils étaient arrivés.
Elle était en première position, elle se devait donc de sortir, seule, dans cet endroit sur lequel elle n'avait pas encore ouvert les yeux. Son nez ne sentait que la javel furtivement dissimulée derrière des parfums fruités, et elle se demandait furtivement ce que ça pouvait bien cacher : elle ne voulait pas le savoir. Elle s'autorisa à relever le regard pour ne voir qu'un sol en béton et des lampes jaunâtres. Il n'y avait aucune trace nulle part.
Ses poumons voulaient aller plus vite. Ils voulaient plus d'oxygène, ils voulaient plus d'espace et elle ne pouvait rien laisser paraître alors elle bloque son corps comme elle le peut. Elle sent sa tête un peu tourner ; elle se doute que, pour ceux connaissant déjà son teint de cadavre, elle devait avoir l'air encore plus blanche que d'habitude. Elle n'avait pas très peur de ça : on l'avait parée de maquillage comme d'une arme de secours.
Elle ne voulait pas que le gangster reparle. Elle ne voulait pas d'explication sur ce lieu. Elle ne voulait pas en savoir plus.
Il ne lui restait donc qu'une option.
Après l'avoir laisser se noyer dans une eau glacée, est-ce qu'elle allait attirer les requins ?
Avez-vous déjà visité cet endroit, en tant qu'ancien boxeur ?
Visiblement.
Et peut-être, aussi, que c'était une manière de relouer un lien. Elle aurait pu penser à d'autres choses, la si maline Sara, celle qui arrive si bien à penser et à manier les phrases de bienséance, mais aujourd'hui elle ne faisait pas face à des Hommes. Ca se voyait au sourire naturel que leur guide leur servait depuis leur arrivé ; quelque chose de brillant, d'apparemment sincère et d’insatiablement stable. Il restait égal à lui-même, dans toute l'horreur du lieu. Evidemment : ils devaient montrer à l'Institut qu'il n'y avait rien de dangereux, ici. Rien d'illégal.
Et elle, Sara, elle devra rentrer et témoigner -parce que l'Institut a assez de problèmes en ce moment pour engager une guerre pour un endroit aussi symbolique. Elle était entourée de bêtes, et elle leur avait donné son âme.
Ne cherchez plus mon coeur : les bêtes l'ont mangé.


+1
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum