Sam 10 Juin 2017 - 3:19
Évidemment que je vais en oublier (résumer ma session serait exagérer), alors je vais y aller avec coups de cœur ou dont je me rappelle tout simplement et des livres qu'on m'avait demandé un feedback. Je commence avec cette dernière catégorie.
J'ai terminé il y a 10 minutes 1Q84 (livre 1, avril-juin) d'Haruki Murakami. Premier tome, donc, d'une série de trois ou quatre livres, je ne sais plus. Bon. J'ai un problème avec ce roman là et c'est que le quart de couverture m'a vraiment trompée. Je me permets de citer : « Une odyssée initiatique qui embrasse fantastique, thriller et roman d'amour [...] » puis un mot d'Adrien Gombeaud qui suit la description : « Un drôle de livre d'anticipation qui se déroule dans le passé, un roman d'amour mélancolique, un suspense accrocheur, un conte moderne envoûtant ». Bon. Déjà, roman d'amour, on va revoir : les protagonistes (Aomamé et Tengo) ne se rencontrent pas une seule fois et leur vie amoureuse est aussi sèche que le désert (leur vie sexuelle par contre...). Ça ne me déplait pas, en soi, mais qu'on ne vienne pas vanter une histoire d'amour quand il n'y en a pas... pas dans le premier tome du moins. Enfin. Je continue : thriller. Meh. L'action est étonnamment lente ? Véritablement, je crois que l'auteur met la table dans ce livre, tout simplement. Le gros de l'action doit être dans la suite - car ce n'est qu'au bout de 360 pages que j'ai eu un moment ''Oh my God ça peut pas être sérieux c'est vraiment terrible que se passe-t-il''. Pourquoi j'ai pas abandonné avant ? Je dois admettre qu'il y a quelque chose d'envoûtant dans la manière dont est conduit le récit. Il y a des actions ; mais le lien avec l'intrigue principale / l'univers parallèle (je ne spoil rien, j'veux dire, c'est dans le titre...) est tellement mince que, somme toute, j'ai terminé ma lecture un peu déçue, mais avec la tentation d'acheter le deuxième tome, tout de même. Sinon, les portraits des personnages sont intéressants. Pas que je sympathise avec eux, mais ils ont quelque chose d'intriguant dans leur manière d'évoluer dans leur monde, comme un peu en décalages... Et leur histoire, aussi, assez spéciale (car oui, beaucoup de flashbacks dans le livre hein, on dévoile l'intrigue petits morceaux par petits morceaux) (et les liens sont établis comme ça, à ce rythme, ça ponctue le récit). Bref, je conseille, mais seulement si vous avez l'intention de vous lancer dans une série et pas seulement vous engager pour un tome.
Machiavel, Le Prince. Je ne connais pas grand chose en histoire ou en sociologie, mais somme toute, écrit intéressant. Très facile à lire, vraiment, j'ai été surprise par cela. Les sections sont courtes et l'argumentaire / l'exposition se font de manière organisée et concise. Toujours accompagné d'exemples (que j'ai rebaptisés ''pourquoi X royaume / empire / principauté a échoué lamentablement). Au fond, c'est surtout une analyse de la dynamique entre le pouvoir et le peuple en passant par le contrôle militaire. Et c'est cette perception qui m'a le plus intéressée ; à vrai dire, elle donne des idées de scénarios / situations dans des cadres d'histoires fantasy / médiévales. Je ne suis certainement pas la bonne personne pour juger de la pertinence actuelle de Machiavel ou de l'exactitude de son approche, mais pour ce que ça valait, ma curiosité a été satisfaite et j'y ai trouvé un intérêt certain.
Un coup de cœur maintenant. La mémoire de l'eau de Ying Chen. Je reprends : méga coup de coeur. Je m'attendais pas à ça, étant donné que j'ai lu le livre dans un cadre scolaire (et dans un cours que j'appréciais plus ou moins par la faute de la professeure, mais ça, c'est une toute autre histoire). En fait, on suit l'histoire de la grand-mère (Lie-Fei) de la narratrice (anonyme) à travers des épisodes de sa vie en Chine. C'est une femme qui se retrouve entre deux mondes, deux époques. Elle a cinq ans lors de la fin de la monarchie, ses pieds commencent à être bandés. Son père arrête l'opération. Même physiquement elle sera prisonnière de cet entre-deux. On peut alors avancer l'hypothèse qu'elle est en exile permanent (en tant que femme, mais ça c'est mon travail final, donc je vais essayer de ne pas m'emporter - mais si vous voulez en savoir plus j'ai des liens ). C'est une petite plaquette d'une centaine de pages qui se lit très facilement. Le style est doux ? Très agréable. Et même si l'histoire se fait par « bonds » (elle est chronologique, mais elle ne se suit pas de manière serrée, si vous voyez ce que je veux dire), c'est très facile à lire. Bref, c'est le portrait d'une femme qui doit naviguer dans son époque - mais qui n'arrive jamais à fuir l'odeur de l'eau qui la tourmente depuis son plus jeune âge. Et c'est l'héritage qu'elle transmet à sa petite fille, la narratrice. Gros coup de cœur comme je disais ; j'ai acheté compulsivement deux autres livres de la même auteure. Voilà.
En attendant Doggo de Mark Mills. Je ne conseille pas. Pas du tout. Ne vous laissez pas prendre par la référence à Beckett. Il n'y a rien d'absurde, c'est pas troll non plus. Soit-disant drôle, mais très... ponctuel. Histoire assez bancale d'un type qui se remet de sa rupture avec sa fiancée et qui se trouve un nouveau boulot. Doit tolérer la présence de son chien laid, Doggo. Et c'est très innocent, mais il n'y a pas d'intrigue passionnante. Juste... le quotidien du type dans sa nouvelle réalité. Et tout va bien, vraiment, il n'y a pas d'obstacles vraiment imposants qui pourraient mettre en péril sa quête de bonheur (enfin, je devine que sa quête est celle du bonheur, si je dois faire un schéma actanciel...). Donc non, je ne conseille pas. Lisez Beckett plutôt.
Un petit dernier ? Le double de Dostoïevski. Je dois admettre que c'était une lecture à laquelle je ne m'étais pas préparée. Évidemment, on se trouve dans du fantastique pur, avec l'inquiétante étrangeté et la résolution qui n'apporte aucune réponse claire... Mais j'aurais clairement du lire le dossier en préface avant de commencer à lire. Mais somme toute, même si des zones sont restées très obscures pour moi, j'ai aimé. La narration m'a amusée - parfois, le narrateur (hétérodiégétique / omniscient) prend une personnalité très forte, apparaît soudainement un « je » qui apparaît de nulle part et qui teint la vision du récit. C'est un tourbillon, on sombre dans le même enfer que le personnage principal - car il n'y a aucune façon de comprendre ce qui lui arrive. Oh, le personnage principal, oui. Entre « il me fait pitié » et « il me tombe sur les nerfs ». Il se raconte sa propre personne, se dit franc, direct, assuré, mais dans les faits, il est incapable de s'exprimer - ses mots sont vides c'est complètement fou. Donc oui, j'ai apprécié, mais ça ne me ferait pas de tort de le relire de manière plus avisée et moins en mode « vacances ».
Pardon pour le pavé ! J'arrête ici, même si d'autres livres me reviennent en tête.