Dim 10 Déc 2017 - 15:07
J'ai assez peu lu ces dernières temps pour tout un ensemble de raisons.
Le dernier livre que j'ai fini sont les Lettres à un jeune poète de Rilke.
Je n'ai rien compris aux lettres.
Ses proses ne m'ont pas particulièrement marquée, surtout la dernière, « Bruit originaire » qui se lance dans des considérations techniques et j'ai trouvé qu'on perdait quelque chose. En revanche, les poèmes en français sont jolis. J'ai particulièrement aimé celui-ci :
Il y a ce rythme que j'aime entendre et les choix des mots, de la ponctuation aussi (on s'attend tellement à ce qu'une phrase commençant par "comment" finisse par un point d'interrogation, et en fait non). C'est le genre de poème qui m'interpelle et je comprends instinctivement leur sens, et ensuite on regarde dans le détail et on comprend pourquoi chaque mot est à sa place. (c'est le genre de sensations qui m'a fait aimer Rimbaud, soit dit en passant) Plus généralement, la troisième partie de l'ouvrage est celle que j'ai préférée, les considérations sur la langue maternelle et les autres langues, sur la traduction et toutes ces questions dans la préface m'ont énormément plu.L'enfant à la fenêtre attend le retour de sa mère.
C'est l'heure lente où son être altère
d'attente illimitée...
Comment suffire à son doux regard préliminaire
qui partout ne voit que ce qui diffère
de l'unique maternité.
Ces vagues passants que son attente nivelle
ont-ils tort, dites, de ne pas être celle
qui tant suffit...
J'ai lu aussi La peur. Aucune nouvelle n'a été un coup de cœur pour ma part même si ma nouvelle préférée est la même que Naga. Concernant « Le femme et l'orage » elle est très bien rédigée mais aussi malsaine. Pour moi y'a un côté attouchement/viol qui ne passe pas trop, en fait. Même si ce n'est probablement pas volontaire du coup. Je pense que ces nouvelles sont bien mais simplement pas dans mes centres d'intérêt.
Ensuite on passe à un roman emprunté à Hafiz appelé La maladie du roi. Le synopsis est simple : Louis XIV a une fistule anale, et il doit se faire opérer - mais le chirurgien n'est pas certain qu'il va y survivre. Jolie idée, mais qui pour moi est desservie par le style. Vous connaissez cette expression que les auteurs anglophones : show, don't tell ? bah le problème c'est que là on est vraiment dans le tell. La première ligne de dialogue direct n'apparaît qu'au bout de 30 pages (le livre étant assez court, c'est long), et la plupart des dialogues sont au style indirect. Un exemple : lorsque le chirurgien se rend dans les quartiers populaires de Paris, le narrateur nous explique qui vit dans le quartier, dans une énumération qui manque un peu de liant ; mais on ne sait pas à quoi ressemble le quartier par exemple. Et puis, l'autre problème, c'est la volonté de vouloir donner plus d'informations, comme la situation en Russie : il y consacre un paragraphe où il explique ce qu'il s'y passe, mais en vrai, ça ne sert à rien pour l'histoire.
Est-ce gênant ? pas forcément, si encore les informations données étaient pertinentes. Mais pour tout ce qui touche à la science, à la médecine et à la religion, je suis au regret de dire que non. Il défend une vision erronée qui repose en grande partie sur des a priori actuels. Comme de dire, il me semble, que le 17e siècle est celui de la science expérimentale, alors qu'en réalité il s'agit du 18e siècle. Les sciences qui ont la côte au temps de Louis XIV, ce sont les sciences mathématiques. Ce qui ne veut pas dire que la médecine ne réalise pas de progrès - et d'ailleurs il a bien raison de préciser le fossé entre médecins et chirurgiens, mais son chirurgien est quand même un cas particulier (et c'est normal s'il est proche du pouvoir), ça aurait été bien de le préciser. Autre problème, c'est de montrer les savants parisiens très ouverts aux idées nouvelles, alors que Paris (et la Sorbonne en particulier) y est en fait très réfractaire. La Sorbonne est très conservatrice et sans avoir les dates en tête, je ne suis pas certaine qu'à l'époque ils aient déjà commencé à s'y ouvrir. Je ne crois pas, enfin ce serait à vérifier.
Maintenant, je précise que ça fait un an et demi que je planche sur ces questions, c'est tout à fait normal que ça me fasse tiquer. Je pense que le lecteur lambda ne remarque rien. Mais du coup, faîtes gaffe. Tout n'y est pas exact.
A mon tour de parler de Demian, j'ai envie de dire. wtf. C'est cool comme ouvrage mais tiré par les cheveux ? Perso je trouve ça super inquiétant comme c'est sectaire. Pour le reste mon avis rejoint celui de Naga, donc voilà.
Après je ne sais plus ce que j'ai lu, après du tokyo ghoul & des bl. (avec ça, vous avez littéralement ma bibliothèque manga, j'vous jure, moi même je me juge) Vu que tg c'est connu (et que je ferai un grand post quand j'aurai acheté tous les tomes) & que mes kizu natsuki j'les kiffe mais vous vous en foutez bah j'vais vous parler d'un de mes mangas préférés, à savoir Hidamari ga Kikoeru de Fumino Yuki. Donc c'est du bl mais par une auteur qui n'est pas vraiment spé du genre (ça se sent un peu au début, franchement) et qui a aussi écrit du josei (mais pas traduit hélas). Juste pour vous expliquer pourquoi j'aime vraiment. Autre particularité : c'est un manga qui traite du handicap et apparemment de façon réaliste (enfin le manga en lui-même a un côté très casual en soi).
En gros, c'est l'histoire de Taichi (un de mes deux taichi d'amour ), un étudiant pauvre, qui est à la fac mais ne sait pas trop ce qu'il veut faire de sa vie, et qui un jour rencontre Kohei, un étudiant malentendant. Une rencontre un peu particulière, parce qu'il tombe littéralement du ciel (j'adore cette image ok). Les deux garçons passent un accord, Taichi acceptant de prendre des notes pour lui (il est pas doué) en échange des repas que lui amènent Kohei. Ils deviennent progressivement amis (et plus) (c'est pas un spoil ok) et au final, leur relation les fait évoluer. Le premier tome c'est un peu celui où Kohei se libère un peu de ses problèmes et où il apprend à aller vers les autres. Le second, c'est celui où Taichi trouve enfin ce qu'il veut faire de sa vie. Un troisième tome est en cours de publication, j'en ai juste lu les premières chapitres et !!! i can't.
Pour ma part, la romance est probablement ce que j'aime le moins dans ce manga, elle est un peu basique et pas toujours très bien amenée. MAIS LE RESTE OMG les personnages sont super attachants !! fin jsp mais quand taichi parle des hamburgers brûlés que son papi lui fait pour son anniv !! A CHAQUE FOIS QUE JE LIS LE PASSAGE ÇA ME FAIT CHAUD AU COEUR & JE SOURIS COMME UNE IDIOTE OK. c'est tellement tout doux et posé et calme et humain. Et en vrai c'est ça que j'aime dans ce manga. Ça a quelque chose de si vrai. Et les couvertures sont absolument magnifiques. (d'ailleurs en octobre j'étais à la fac de metz dans un amphi et j'ai tourné la tête vers l'extérieur, et il y avait tous ces arbres qui bordaient les grandes fenêtres et ce même vert que la couverture du tome 1, ces mêmes jeux de lumière, c'était magnifique et ça m'a rendu heureuse tout à coup)
Bon ma critique est sans doute très très partielle et je crois que ça se sent, mais honnêtement je défendrai ce manga jusqu'à ma mort et vous pouvez me juger comme vous le voulez, idc. Pour une fois que je trouve une histoire qui me rend sincèrement heureuse.
Il me reste du coup La tulipe du mal et normalement j'aurai fini tous les bouquins empruntés en été.