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asphyxie. (jun ♥)

Mer 21 Fév 2018 - 21:53

Et pendant un instant Jun s’était remémoré le bon vieux temps. Il s’était revu derrière Ai qui pédalait à toute vitesse, le soleil embrasant le ciel. Il s’était revu oui quelques années plus tard embrassant maladroitement une fille dont il avait du mal à se souvenir le nom. Elle lui avait dit derrière le bâtiment principal à la fin des cours, juste avant les activités de son club, qu’elle l’aimait. Il n’avait pas su quoi répondre et mal à l’aise avait dit oui, d’accord. Et pourquoi l’avait-il fait ?

Rien n’avait jamais duré, de toute façon.

Ses amourettes n’avaient eu de sens que pour celles l’ayant aimé : elles avaient toutes réalisé qu’il n’était pas le bon, et qu’il ne le serait sans doute jamais. Car dans sa douceur se cachait un côté résilient et indifférent, derrière ses caresses grondait un mécanisme sans âme. Il avait perdu sa virginité avant même de tomber amoureux et au final à vingt ans, il n’était pas certain d’avoir déjà senti son coeur s'emballer et battre dans sa poitrine.

Hormis de peur, de colère et de culpabilité.

Aussi il n’avait pas envie de s’énerver, n’avait pas envie de rentrer dans le jeu de Sora. Il n’avait pas non envie de panser ses plaies et encore moins de s’expliquer. Car après tout, comprendrait-il ? C’était si fatiguant. Si fatiguant que d’avoir quelqu'un à ses côtés, si fatiguant oui de voir que malgré tout ça, malgré la non envie, il continuait à parler : « Je suis un bébé, pourtant. » Un bébé dont les cheveux un peu longs caressaient son nez et frôlaient ses cils : « De deux ans ton aîné. » Et il avait souri, le regard ailleurs. Il avait souri car au fond de lui cela l’amusait, car il taquinait. Car il évitait de rentrer dans Sora comme Sora lui rentrait dedans.

Pourtant.
Pourtant rien n’était simple et car après chaque blague il continuait, sa moue se faisant distante (tranchante) : « Et tu ne peux pas me faire plaisir, Sora. » Il en était presque désolé, en avait presque mal pour lui. Et le lui dirait-il la raison ? Tu es trop égoïste. « Tu ne sais même pas te faire plaisir, alors comment pourrais-tu me faire plaisir ? » Et sa moue avait changé, son sourire flou fondant peu à peu, laissant place à quelque chose d’un peu plus amer, peiné. Faire mal ne faisait jamais du bien.

« Sais-tu seulement ce qui me fait plaisir ? » Jun dont les yeux doux avaient semblé un instant briller, briller d’une émotion maladroite et sincère (des larmes)(des larmes qui ne verraient jamais le jour et sècheraient avant même de se former) : « Sais-tu seulement qui je suis, Sora. » Ce sur quoi il avait perdu toute expression, son visage se lissant : « Moi je sais. » Je sais même si je ne veux pas, je sais même si tu ne sais pas. Je me sais et je te sais et ça me tue. Sais-tu à quel point il fait mal de savoir les autres tout en sachant qu’ils ne me verront jamais ? Toi-même tu penses souffrir tout seul, toi-même tu penses tellement de choses alors qu’au final tu ne sais rien, ne vois rien.

Ah Sora, Sora que ferai-je bien de toi.

« Et c’est triste, tu ne penses pas ? » Ce sur quoi, les traits vident de tout, il avait laissé son regard dans le sien.

M'aimes-tu seulement ?
Ou crois-tu m'aimer.
(car alors plus rien n'aurait de sens)


Mer 21 Fév 2018 - 23:02
Alors il se taisait, Sora. De toute façon il n'avait pas trop le choix : quand Jun ouvrait la bouche, il disait des choses qui le remuaient, et il n'était pas certain qu'il n'avait pas tort. Bien sûr, il aurait pu arguer que Jun ne savait rien de lui, non plus ; qu'il se basait sur des souvenirs et sur une rencontre qui s'était mal déroulée. L'argument aurait sans doute porté : peut-on effectivement juger une personne avec si peu d'éléments, affirmer qu'elle ne sait pas se faire plaisir alors qu'elle n'avait rien fait pour témoigner de ses propres goûts ? Sora n'était pas stupide : il y avait probablement un fond de vérité dans ce que disait Jun. Et non, cela ne lui faisait pas mal de l'entendre. Sora avait bien des défauts, mais il avait conscience d'être faillible, et savait reconnaître une critique quand il la trouvait fondée. (Bien entendu, d'autres remarques qu'on avait pu lui adresser, tout aussi valables, n'avaient pas été acceptées aussi facilement ; mais aussi Sora devait-il comprendre ce qu'on lui reprochait. Peut-être avait-il justement l'esprit trop simple, il ne savait pas lire dans ce que les autres lui offraient.)

Non, ce qui le blessait, c'était l'indifférence de Jun, la façon dont le jeune homme avait de demander et de ne rien donner. Sora se sentait assez misérable face à lui. Non parce qu'il n'avait aucune prise sur lui ; mais il doutait. Dans les yeux de Jun, il n'y avait sans doute que ses failles, ses mesquineries. C'était désagréable, car Sora était plus que cela, tout comme Jun était plus que cette grise mine et ces mots froids. Allons, Sora, prends sur toi. Peut-être n'arrivera-t-il pas entendre ce que tu veux dire ; mais toi, tu te rends bien compte qu'il a raison. Sora tendait à rejeter la responsabilité de ses échecs sur Jun ; il savait cependant qu'il en était en partie coupable également.

Et oui, il assumerait.

Il se l'était juré, et il tenait ses putains de promesse.

Il inspira profondément. Expira avec lenteur. Respirer apaisait la colère. Il se sentait toujours tendu, il marchait sur des œufs, mais du moins Sora se sentait-il légèrement mieux. Ce n'était probablement pas l'effet recherché par Jun, mais pourquoi Sora se battrait-il quand Jun disait que c'était triste ? Tu as raison, je ne sais pas. Et je ne devrais pas croire qu'essayer suffit. Tu crois qu'on peut quand même aimer quelqu'un si on ne le comprend pas ? Sa voix tremblait un peu, non en raison de l'aveu, mais parce qu'il avait peur qu'on lui dise non. La perspective l'effrayait : cela revenait à dire qu'il vivait dans une illusion. Et ça, il n'était peut-être pas à l'encaisser.

D'un autre côté, il ne voulait pas fuir. Jun lui répondait, il semblait avoir lu quelque chose en lui, et ça suffisait à Sora. Il l'avait déjà dit : ce qu'il voulait surtout, c'était cette reconnaissance. Qu'importait, dans le fond, si Jun le voyait sous un mauvais jour ; du moins prouvait-il qu'il avait pris acte de son existence. Pour autant, il ne comptait pas s'excuser. Il ne pouvait prétendre être désolé quand il ne comprenait toujours pas pourquoi Jun avait réussi comme il l'avait fait.
Jeu 22 Fév 2018 - 0:06

Jun avait observé Sora et s’était demandé pourquoi il avait ce visage. Il s’était demandé oui pourquoi on l’avait doté de traits revêches et de toutes ces choses un peu bourrues, trop raides. Parfois il se disait que son ami avait tout d’un gamin, qu’il faudrait lui arrondir les joues et les rougir grossièrement : lui ajouter une moue boudeuse et il ne savait trop quoi. Et pourtant, pourtant lorsqu’il fermait les yeux et l’imaginait, le revoyait, il se disait que le Sora qu’il connaissait était parfait. Ses cheveux courts et son regard brun parfois distant lui allaient bien. Il était à l’opposé de lui et c’était ainsi. Quel étrange coup du destin qu’ils se soient rencontrés et entendus, qu’ils aient tenu sur les années.

Ça n’avait aucun sens.
(improbable)(et pourtant)

Et ses paupières closes, Jun avait écouté Sora parler. Son aveu l’avait fait rire, d’un rire tout aussi court que doux, d’un rire si petit et pourtant si présent, creusant deux fossettes sur ses joues. Alors il avait rouvert les yeux, le regardant, et lui avait dit : « Bien sûr, idiot. » Un doigt accusateur était venu toucher son nez et l’avait écrasé vers le haut, transformant son ton en quelque chose de tout aussi calme que taquin. Et à voir son ami ainsi transformé, il avait de nouveau ri, plus innocemment.

Et le silence était revenu. Car perdu dans ses pensées, il lui avait fallu quelques secondes pour rajouter, rêveur : « Les premiers amours ne sont-ils pas toujours comme ça ? » Il ne savait pas vraiment mais supposait, ayant tout de même appris de toutes ces relations gâchées et de ce que ses vingt années lui avaient permis d’observer. Le visage un peu tourné, dévisageant le vide, il avait poursuivi, ailleurs : « Je crois qu’on aime toujours sans connaitre. » Du moins une première fois, et n’était-ce pas ça qu’on appelait attirance ? Cette chose vous faisant dire cette personne est belle, elle a un charme, cette chose vous faisant vous réaliser, oui, à quel point vous vouliez vous rapprocher d’elle. « Puis après… » Pause, sourire : « On aime à nouveau quand on connait. » Il y avait une expression anglaise pour qualifier ce processus, tant bien même Jun ne l’avait plus à l’esprit (seuls quelques mots dans le désordre). Et il l’aimait car elle le faisait rêver. N’était-ce pas beau que d’aimer et aimer et d’un coup retomber entièrement amoureux de celui nous faisant face ? Que de réaliser qu’en plus d’être attirant, son esprit aussi l’était ? Que sa personne toute entière suscitait l’envie, l’amour et l’affection ?

Ça lui aurait presque donné envie d’être amoureux, fébrile et nerveux.
Quoiqu’être aimé n’était pas mal non plus : être source de rêves et désirs. C’était peut-être pour ça que durant toutes ces années il avait cédé sans trop comprendre, flatté qu’on puisse le trouver intéressant, presque beau, attirant ! Lui ne voyait pas ses charmes mais il savait que si on les lui révélait il serait intenable, jouerait avec et taquinerait un peu trop celui lui ayant tout dit.

Qu’il était bon d’être aimé, qu’il était bon de rêver.
Juste un instant.

« Enfin, quelque chose comme ça ? » Et redescendant sur terre Jun avait de nouveau porté son attention sur Sora, lucide.

(Car tout avait une fin.)


Jeu 22 Fév 2018 - 16:50
Sora avait posé sa question sans vraiment savoir ce qu'il attachait au terme « aimer ». C'était à ses oreilles un terme générique qui désignait une forme d'affection assez forte pour qu'on puisse pardonner les défauts. Mais il n'était pas naïf, et savait que les formes d'amour étaient multiples. S'il devait être honnête, il n'aurait su quel type attacher à ce qu'il ressentait pour Jun. Jusqu'à récemment, il aurait aisément pu dire, amitié, peut-être un peu plus fort. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle il le considérait comme un « ami », Jun, car le mot, aussi imparfait qu'il était, renvoyait bien à la place que Sora comptait lui assignait. A présent, il n'en était plus tout à fait certain. Il était dans cette zone grise où les sentiments sont réels, mais trop compliqués pour être démêlés. Il avait probablement besoin d'aide, mais n'était pas capable d'en demander ; et d'ailleurs, s'il avait dû en parler, il n'aurait pas eu les mots. Un « besoin de protéger », expression qui renvoyait certes à ce qu'il éprouvait, était cependant bien plus faible. Les sentiments de Sora était un océan nocturne : des étoiles s'y reflétaient, mais on n'y voyait guère, et elles ne formaient que des tâches de lumière déformées. Ces astres perdaient de leur sens dans le reflet de sa surface. Ils n'en étaient pas moins réels - simplement inaccessibles.

Peut-être Jun avait-il raison, cela dit. Il parlait de ces « premiers amours » et Sora ne savait pas sur quoi ceux-ci se fondaient concrètement. Il avait cette innocence naissant de l'ignorance, qui ne le rendait pas coupable, mais nourrissait son incompréhension. Qu'importait ce qu'ils étaient ; il y avait du vrai dans ce qu'il disait. Avant Jun, il n'y avait que du néant. Il n'était pas certain que l'affection qu'il avait porté à sa famille était réelle ; parfois, il lui semblait qu'il s'était menti à lui-même pour ne pas être blessé. Peut-être les avait-il tous détestés un peu, y compris sa sœur et ses conseils. Elle lui avait dit de prendre soin de la personne qui compterait le plus à ses yeux ; mais elle était à côté de la plaque, et Sora savait très bien qu'elle n'avait jamais été heureuse en amour. Il n'était pas certain que ses conseils à elle ne provenaient pas d'un quelconque complexe, une peur de ne pas être aimée qui l'avait poussée à se mettre en retrait face aux hommes qu'elle aimait. Eh bien, Sora avançait à son rythme. Peut-être était-il différent des autres : peut-être avait-il eu besoin de croire qu'il avait connu Jun avant de vraiment le connaître. Autrefois, il n'avait remarqué que son âme, qu'il avait trouvé belle, comme un amateur d'art face à un chef-d'œuvre dont il ne comprenait que la valeur. Aujourd'hui, c'était un peu différent. Depuis qu'il le revoyait, il ne pouvait s'empêcher de le regarder. Et, à force de l'observer sous toutes les coutures, il lui trouvait un charme qu'il n'avait jamais soupçonné.

Il découvrait Jun, mais non son intériorité : il décelait désormais des nuances sur sa personne dont il n'avait jamais pris conscience jusqu'alors. Les traits de Jun n'étaient plus ces juvéniles formes qui s'assemblaient en visage ; il y avait quelque chose de magnétique en eux, une force d'attraction qui appelait l'œil, une harmonie adulte qui creusait dans sa chair. Il avait les yeux doux, Jun, même quand il dévisageait avec indifférence. Ils éclairaient son visage . C'était absolument magnifique à observer. Sora se savait pas ne pas être aussi beau. Certains êtres naissaient avec la grâce : Jun en avait été pourvu à la naissance, mais Sora, lui, n'avait pas connu tel honneur. Alors peut-être estimait-il que ses réactions étaient normales ; pour sûr, quiconque dévisageait Jun se rendait bien compte qu'il était aimable.

Parce que cette réalisation était secondaire, parce qu'elle n'était qu'un regain de motivation et non une raison valable par elle-même, Sora savait ce qu'il désirait. C'était cette connaissance, et peut-être était-elle pouvoir, mais elle était surtout un moyen de ne pas détruire. Alors j'aimerais bien, tu sais. En savoir plus sur toi. J'ai envie de savoir si je me fais des idées sur toi. Et il aurait pu ajouter : J'ai envie d'être démenti si j'ai tort, envie de savoir ce qui se cache derrière tes yeux. Le sourire de Jun s'était fané ; et c'était dommage, car le moindre sourire détruisait une petite partie de Sora dès sa naissance. La sensation était brutale mais agréable ; il se sentait désarçonné, bousculé, désorienté, mais dans sa confusion, il ressentait aussi la chaleur qui se répandait dans sa poitrine. Les sourires de Jun étaient si beaux, et Sora se demandait si un jour, il aurait le droit au sien, sans savoir, oh non, il ne voyait pas.

Il sourit aussi. (Il ne savait pas non plus que ses propres sourires adoucissaient la rudesse de son visage ; qu'ils lui donnaient l'air d'un enfant, l'air d'un prince, que des gens auraient tout quitté pour ses sourires. Il ne voyait pas, Sora.)

Sora espérait que Jun ne poserait pas de questions, parce qu'il ne pouvait pas lui expliquer. On ne pouvait donner ce que l'on n'avait pas, et la raison de ses attitudes lui échappait totalement. Si tu veux bien, bien sûr. Je sais que tu n'as pas vraiment de raison, mais... Sora s'en était persuadé : Jun avait sans doute toutes les raisons du monde de ne plus vouloir le fréquenter. Il n'avait pas semblé tout à fait heureux de le voir, la première fois ; et d'un autre côté, quelque chose dans son attitude avait traduit une forme d'affection. A présent, il s'en rappelait ; pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Peut-être parce que ce n'était qu'une impression, et il craignait qu'elle ne fût que chimère. Désolé encore. D'avoir projeté sur toi mes attentes. Même si j'espère bien qu'un jour, tu comprendras pourquoi moi, j'agis comme le fait.
Ven 23 Fév 2018 - 15:56

De ses yeux en amande Jun s’était demandé un instant de quoi ils parlaient. Il lui semblait qu’il avait perdu le fil, qu’on lui cachait quelque chose. Une scène se serait-elle jouée en coulisse alors qu’il finissait la sienne, devant le public ? « Si tu le dis. » avait-il avancé d’un ton lent, cherchant désespérément à restructurer leur conversation. « Mais je ne sais pas parler de moi. » Et s’il arrivait à comprendre les autres à force de les observer, descellait des nuances dans leur regard, sur leur visage… il savait qu’il posait problème. Et c’était étrange, non ? Que de réussir à saisir mais de ne pas être saisi en retour. L’homme le dépassait (ou du moins il se le disait pour se faire taire, pour ne pas continuer à penser à ces choses inégales qui le mettait encore une fois en retrait).

Arriverait-on un jour à le comprendre ? Arriverait-il un jour à se comprendre ? Lui-même n’était pas certain de vouloir tout savoir sur sa propre personne, sur tous ces et si réduis au silence. Il était bien à flotter, à ne pas faire d’efforts. (Car alors tout était plus simple, car alors ce n’était de la faute de personne et les jours passaient sans qu’il ne s’en rende trop compte.) « Mais c’est vrai que je n’aime pas quand on se trompe non plus. » Avait-il repris, penseur. « C’est compliqué, hein ? » Sourire un peu flou, regard se perdant dans le vide : « Mais c’est comme ça, après tout. » Comme ça qu’était l’homme, même s’il se sentait parfois abandonné, même s’il avait l’impression d’être tout seul, seul enfermé dans sa complexité. Pourquoi les autres lui apparaissaient si simples, face à lui ?

Pourquoi comprenait-il sans qu’on comprenne en retour ?
« Enfin, ne t’excuse pas. » avait-il fini par dire, comprennent enfin où Sora voulait en venir : « Peu de gens savent, au final. » Car peut-être était-ce lui qui était à la ramasse, car peut-être était-ce lui, oui, le seul à comprendre. Ce n’était pas qu’on le comprenait pas, mais que personne ne comprenait personne. Que tout le monde était trop occupé à se regarder, à se voir même lorsqu’ils regardaient devant, un autre.

Alors pourquoi être triste, pourquoi être amer ? « Donc c’est normal, que tu ne saches pas. » C’est juste moi, Sora.

Et c’est pour ça que ça fait si mal, parfois.


Ven 23 Fév 2018 - 18:09
Sora ne se sentait pas mal à proprement parler. Parfois il lui semblait qu'il était né avec quelque chose en moins : une incapacité non à ressentir les sentiments, mais à les vivre proprement. Il n'était pas passif, non, car il ne savait pas rester les bras croisés ; parfois, il aurait mieux valu que ce ne soit pas le cas. Sora avait du mal à comprendre le monde dans lequel il vivait, et ses intuitions étaient souvent erronées. Aussi vivait-il en croyant bien faire. C'était là son motto : au moins, il essayait. Au fond, même sans Jun, il aurait sans doute fini par partir de lui-même. Les raisons de son départ auraient été simplement plus sombres encore. Dans ce cas également, Sora ne pouvait vraiment dire ce qu'il l'avait motivé à partir.

Il voulait juste savoir, et Jun ne voulait pas parler. A vrai dire, cela lui était égal : il s'accommoderait de son silence tant qu'il recevrait des signes. Tant que Jun ne réagissait pas avec violence, en se fermant totalement à lui. Dans le fond, c'était cela que Sora avait voulu ; et il n'était pas tout à fait certain que Jun l'avait compris. D'ailleurs, peut-être Jun voyait-il les choses différemment ; mais sa réponse ne laissait pas entendre que leur relation avait évoluée. Elle était la même, ou du moins, telle que Sora l'envisageait depuis le départ - et sans doute était-ce une vision erronée, mais pouvait-on lui reprocher de poursuivre ce qu'il désirait ? Tu n'as pas à parler si tu veux. Juste... Il cherchait ses mots, car si ce que Sora voulait était assez clair pour lui, il se rendait bien compte que Jun ne le suivrait pas forcément. Ne te referme pas comme ça. Il arriverait bien, à un moment, à trouver la clé, à réussir à observer. Et puis, Sora répondait à cette logique, qui voulait que l'on n'abordait pas un problème tant que les deux partis arrivaient à s'en accommoder. Le jour où il deviendrait une véritable gêne, alors il aviserait. (Car parfois Sora se souvenait du monde dans lequel il était né, il se souvenait qu'il en faisait partie.)

Il n'aimait pas être comme tout le monde, pas comme il s'agissait de Jun. Quelle était cette injustice qui le rejetait dans la sphère du commun quand il interagissait avec lui ? Personne n'aimait quand les autres se trompaient à son sujet, et des fois, Sora se demandait si Jun ne croyait pas le comprendre. Parce que Sora était ouvert, on lisait tout sur son visage, et pourtant il y avait des choses que nul n'avait jamais découvertes, des signes qu'il avait envoyés et qui n'avaient rencontré que le silence. Merci. Je te laisse lire, si tu veux, maintenant. Moi aussi, je vais me trouver quelque chose.  Sora ne savait pas ce qu'il cherchait ; Jun, il avait de ces goûts, il éveillait l'admiration par ce seul fait. Sora, il était basique, il aimait parce qu'on lui présentait ; mais il se dispersait, finalement, et alors que les titres se bousculaient dans sa tête, il n'était plus certain de les retrouver. Les caractères avec lesquels on les écrivait lui échappaient totalement.
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