Abhiraj Shah

Caractère

Le silence. Il ne parle pas, ou alors uniquement pour se faire comprendre et faire comprendre aux autres que les querelles n'ont pas leur place. Les seules fois où on peut l'entendre parler sans interruption, c'est quand il donne les directives et la marche à suivre pour que la mission soit un succès. C'est lui qui est à l'origine de l'attaque sur Saint-Juré, réussissant alors à sauver la vie de Tsunemi Iwasaki, quitte à mettre sa vie en péril. Aussi tactique soit-il, il ne laisse pas l'entraînement de côté. Couteaux, katana et wakizashi, un ensemble typiquement japonais mais qu'il a apprit à maîtriser à la perfection durant ses années de chair. Nombre de ses confrères ont perdu un doigt en prônant l'irrespect, que ce soit envers lui ou envers Lyra.

Cette femme, il a apprit à l'aimer. Caché derrière le mensonge métallique, sa bouche crache des ignominies dont elle n'est pas au courant. Si les lèvres de Lyra ont arpenté les courbes d'alliage de son bas-masque, celles d'Abhiraj sont encore vierges de toute action. Pourtant, il l'aime, il n'a pas envie de lui mentir. Peut-être sait-elle que ses paroles n'ont pas dévoilé la vérité. Homme sage, mais homme cruel.
Il possède l'envie de s'unir à elle pour que leur amour soit à jamais marqué et réuni en un seul et même être ; mais tout a disparu. Ses organes internes sont encore là, sa tête, son cerveau. Tout le reste n'existe plus.

Si seulement il pouvait faire marche arrière, il le ferait. Il regrette, mais il agit et subit en conséquence. Ainsi vit-il sa vie aux côtés de sa fiancée et de sa nouvelle famille aux milliers d'origines. Hors du temps.

Âge: 36 ans
Naissance: 19/12/2094
Arrivée: Dans le courant de l'année 2119
Présence en ville: 11 ans
Nationalité: Népalaise
Métier: Responsable des opérations au sein de la Triade du Lotus Rouge. Également assassin au service de la diaspora.
Statut civil: Fiancé à Lyra Holmes.

Groupe: Iwasaki-rengō
Section: Triade du Lotus Rouge
Rang occupé: 438 ; Responsable des opérations
Nom de code: Fearless

Taille: 1.97
Corpulence: Robotisée. Sur les seules parties qu'il reste, c'est un tant soit peu musclé.
Cheveux: Noirs.
Yeux: Rouges (suite à de la modification génétique)
Autres: machine mortelle.

Histoire

"Tu l'as déjà embrassée ?"
"Qui ?"
"Ta fiancée."
C'est comme une claque dans la gueule – à chaque putain de fois. Je m'y attends jamais alors qu'on me la fait depuis déjà des années. Mais bordel – j'fais ce que je veux, et ils ont pas à me le dicter, surtout pas à leur supérieur. Celui qui a fait en sorte à ce que Tsunemi soit revenu – en vie. Ils ont l'air d'en avoir rien à cogner, pourtant. Le jour viendra où je pourrais vivre en paix avec elle, loin de tout ça. Mais pour le moment, mon travail n'est pas encore fini. Surtout pas ici, en ce moment, avec ce qu'il se passe. Lyra le sait très bien, que je ne chercherais pas à m'éloigner d'eux tant que les mains, tâchées d'un sang pourpre, ne seront pas lavées. J'ai une dette ; parce qu'ils m'ont sauvé d'un monde hostile où j'étais destiné à périr.

Khangsar, Népal. J'ai vu le monde pour la première fois là-bas. Coincé entre la province chinoise du Tibet et l'Inde, on marque presque la frontière entre les deux pays, grâce à l'Himalaya. J'ai pas l'habitude de parler de ce qui fait de moi une machine aujourd'hui, comment j'ai grandi, et que je suis arrivé ici. J'ai joué avec le feu ; j'ai été un jeune adulte stupide. Je n'aurais simplement pas dû quitter mes montagnes tranquilles ; j'aurais dû rester là-bas. J'aurais pu rester humain.
Juste moi-même. Mais le temps n'est plus vraiment aux regrets.
Parce que si je n'avais pas été ce jeune adulte stupide, jamais je n'aurais croisé le chemin d'une merveilleuse femme, quelques années après avoir été transféré à Pallatine. En dehors du temps. Avec une technologie reculée, qui allait très certainement signer mon arrêt de mort si personne n'était capable de s'occuper d'un corps composé de chair et de métaux.
Mais elle a su le faire.

L'Iwasaki-Rengô a eu l'œil sur l'arme vivante que j'étais devenu à cause de monstres humains vivants encore sur Terre. J'ai été approché, interrogé, mis à l'épreuve avant d'être muselé et accepté parmi eux, alors qu'ils m'ont fait tant de mal quand la machine n'était encore qu'au stade de prototype. J'aurais préféré mourir en tant qu'Abhiraj Shah. Pas en tant que Fearless, comme ils me surnommaient avant que je ne disparaisse, comme ils me surnomment encore des années après. Il y a une chose qui enivre encore mes sens.
Sa voix douce. Sa voix mielleuse, éclatante, qui fait tout d'un coup ressortir mon propre rire, mes émotions si longtemps enfouies derrière un éclat rocheux indestructible. Mais il n'y a qu'elle. Jamais les autres.

De par mon expérience dans les gangs et les triades chinoises pendant que j'étais encore humain, j'étais tout destiné à trouver ma place du côté des Lotus Rouges. Je n'étais pas seulement cette arme fatalement mortelle. J'avais un esprit tactique. Un esprit malin, futé, qui trouvait toujours le moyen de contrecarrer les plans, ou d'en créer. Il y a maintenant un bout de temps, j'ai aidé les yakuzas de l'Iwasaki à élaborer les plans d'attaque – et le plan de secours de Tsunemi. J'ai été sermonné par le patron, parce que nous sommes probablement les seuls à pouvoir leur tenir tête. Je n'aurais sûrement jamais dû les aider. Mais je me sentais redevable de m'avoir accepté.

Parfois, je me demande encore pourquoi aidé à le sauver. Peut-être parce que je ne suis pas aussi Fearless qu'on pense ?

Lyra. Je devrais peut-être parler d'elle, après tout. Ça fait sept ans que je la connais. Sept longues années qu'elle me sauve chaque mois, chaque semaine, chaque jour, et qu'elle illumine chacune des minutes que je passe à ses côtés. Avant qu'elle n'arrive, je devais me réparer moi-même, dans des conditions exécrables. Parfois en demandant de l'aide à des prothésistes qui n'étaient pas censés le faire. Quand ils ont réussi à mettre la main sur elle, c'était alors que la machine était cassée, presque en morceaux. Elle n'a pas vraiment eu le choix, parce qu'ils étaient presque en train de la menacer. Au final, elle n'a pas discuté. Elle l'a fait, elle m'a rafistolé. J'étais comme neuf ; presque mieux qu'avant.
Je suis revenu. Plus d'une fois.
À chaque fois, je voyais son inquiétude dans son regard.
À chaque fois, mes yeux rouges prouvant mon existence de cyborg ne pouvaient s'empêcher de lire et déchiffrer les courbes de son corps.

Et une fois, je suis tombé amoureux d'elle.
Une autre fois.
Ça dure pour toujours, au final.

Je l'ai aidée à se faire une place dans la diaspora, imposant le respect pour elle. Les remarques machistes m'irritait, les remarques avaient le don de faire sortir un grognement pourtant si rare.
Il faut te calmer, vieux, on va pas te piquer ta mégère.
Et c'est avec tout l'amour du monde que je les insultais dans une langue qui n'était pas la mienne ; le chinois, d'autres fois en anglais. J'essayais de faire en sorte à ce qu'elle ne comprenne rien.

Je l'ai demandée en mariage. Elle a accepté. Néanmoins, je ne l'ai jamais embrassée, non. Je ne l'ai jamais touchée intimement. Son corps si pur, son âme si dévouée envers moi qui ne ressemble ni à un humain, ni à une machine se trouve comblé ; comblé de bonheur.
La seule partie humaine qu'il me reste arbore l'alliance qu'elle m'a offerte quelques temps après la mienne.

Peut-être qu'un jour, j'oserais enlever ce bout de ferraille qui cache les horribles cicatrices du bas de mon visage. Ce jour-là, je goûterais enfin à ces lèvres qui me donnent envie, et qui nourrissent mes rêves depuis toutes ces années.