Miho Hattori

Caractère

La dernière fois que j'ai fait un quizz, ça s'est très mal passé. C'était un test de personnalité qui permettait de savoir si j'étais fiable ou non. Eh ben, il m'a dit que non. Il m'a dit que j'étais une feignasse en qui on pouvait avoir confiance, parce que je ne pense qu'à ma gueule et que j'en oublie mes responsabilités.
Ok, il ne me l'a pas dit comme ça, mais tu vois l'idée.

Puis j'ai songé à analyser mes rêves, histoire de m'amuser. J'ai rêvé que je me faisais poursuivre par un monstre dans un sanglier avec un chevalier sans armure. En fait, c'était un sanglier qui était attiré par les bonbons du type. À ma grande surprise, j'ai trouvé une entrée sanglier dans le dictionnaire des rêves. Ça m'a sorti Nature pulsionnelle, sauvage et puissante, inadaptation à la civilisation et aux liens sociaux, sang lié. Ok. Donc je suis asociale. Pire que ça : je ne suis pas adaptée à la civilisation. Waouh, quoi, c'était violent. Heureusement que y'avait les bonbons, ça veut dire que je manque d'affection. Donc ma nature sauvage se rebelle contre mon manque d'affection. J'ai rien trouvé de particulier sur le chevalier, mais ça veut dire que je manque d'un homme dans ma vie. Ou d'une femme, mais en l'occurrence c'était un homme.

Bon, on est d'accord, l'interprétation des rêves, c'est de la grosse connerie, le genre de trucs qu'on te fait avaler pour que tu te culpabilises un max, ou que tu te sentes validé, selon les besoins de celui qui a rédigé le truc. Son but, bien sûr, c'est que t'achètes son bouquin, que tu visites sa page web, que tu likes son facebook, et que t'attires d'autres âmes crédules dans son piège pour que vous soyez plusieurs imbéciles à tomber dans le panneau.

Bon, d'accord. C'est vrai que c'est pas faux. Bon, c'est vrai que je devrais faire plus attention à la façon dont je parle. Et que j'arrête de dire bon, ok, et tous ces tics verbaux qui ponctuent mes débuts de phrase. J'vous assure que je sais faire mieux que ça. Sinon, j'aurais pas fait la secrétaire de ces riches opportunistes. Seulement, je suis douée dans mon métier. Très douée. Et que comme on ne se méfie jamais de l'eau qui dort, ou de la Miho qui dort, en l'occurrence, on me fait facilement confiance. On sait que je n'irai pas balancer tous les trucs que j'entends. Ben oui. Qui irait se méfier de la secrétaire un peu débile qui dort à son bureau tous les quarts d'heure ?
Mais ça reste entre nous, bien sûr. Je suis pas une balance, et je compte sur toi pour respecter ma vie privée.

Désolée, j'aimerais bien parler avec toi plus longtemps, mais c'est l'heure de ma pause.

n'a que trois passions : manger, boire et dormir - mais allergique aux acariens, ça lui gâche un peu la vie - père inconnu, sa mère affirme ignorer son identité, ou préfère ne pas parler de lui, mais au fond, ce n'est pas très important - enfance paisible, sans histoires, de quoi remplir la tête de souvenirs heureux - pas vraiment d'ambition, occupe son poste de secrétaire parce que c'est ce que la vie lui a proposé - elle n'est pas chiante, elle s'occupe très bien d'elle-même, et n'a pas beaucoup d'attentes envers les autres - elle n'a vécu aucun traumatisme particulier qui justifie qu'elle soit comme ça - elle se déteste probablement - son truc à elle, c'est de repérer les menteurs, les escrocs, les espions : elle a l'air complètement inoffensive quand elle somnole, alors qu'elle essaie juste de trouver le sommeil - feignasse patentée, ça peut lui arriver d'oublier de se doucher ou d'enlever son pyjama avant de s'habiller.

Âge: 37 ans, bientôt 38.
Naissance: 26/04/1983
Arrivée: 2020
Présence en ville: dix mois.
Nationalité: japonaise.
Métier: secrétaire du ca, si vous appelez la ligne téléphonique ou envoyez un mail, vous tomberez sur elle.
Statut civil: éternelle célibataire endurcie, non qu'elle apprécie la situation, mais elle a toujours raté les quelques opportunités qui se sont offertes à elle.

Groupe: Opportunistes
Section: conseil d'administration.
Rang occupé: secrétaire du ca.
Nom de code: aucun, elle se considère comme trop honnête pour cacher son identité.

Taille: 1.65
Corpulence: plutôt fine et plate, si on excepte quelques bourrelets au niveau du ventre, habilement cachés par des vêtements larges.
Cheveux: mi-longs, ternes, noirs.
Yeux: bruns ternes, sans attraits.
Autres: quelques taches de rousseur qui lui viennent de son grand-père ; pour le reste, Miho est une femme simple, voire négligée, qui ne sait pas vraiment se mettre en valeur. elle ne porte que très peu de maquillage, ne se coiffe pas vraiment les cheveux, et adore dénicher de vieux vêtements dans des friperies pas chères.

Histoire

Certaines choses n'ont pas d'autre explication que la convergence d'événements concomitants qui auraient très bien ne jamais se passer.
Miho n'avait pas vraiment de raison de se trouver là. Ni passé à cacher, ni futur à conquérir ; la somme totale de ses désirs étant nulle, elle aurait pu se contenter de sa vie passée, ou s'inventer une nouvelle existence à l'autre bout de la Terre, cela n'aurait rien changé pour elle. À croire que le lieu où elle vivait n'avait pas d'importance pour elle, qu'elle pouvait s'enfermer dans des dimensions sans retour sans qu'elle ressente un seul instant le poids de sa nouvelle prison.
Miho savait dire non. Et pourtant, elle ne l'avait pas fait. Sur le moment, elle n'avait pas jugé nécessaire de refuser une proposition qui ne lui paraissait pas pour autant attirante. C'était un oui par défaut, amusé, mais sérieux. Elle savait parfaitement ce que son départ engageait, et bizarrement, cela lui était égal. Elle avait le sentiment de pouvoir tout vivre.

Les événements coulaient sur Miho comme de l'eau. Ils ne faisaient jamais que mouiller superficiellement sa peau, qu'elle pouvait essuyer d'un simple coup de serviette. Pour toucher ses sentiments, il fallait frapper fort, ébranler son petit confort quotidien en profondeur, la priver d'une tranquillité qu'elle jugeait essentielle, et sans laquelle elle aurait dépéri.
Miho, tant qu'elle avait une chaise pour poser son cul, allait bien. Son air apathique et détaché n'en témoignait pas forcément bien, mais du moment qu'on la laissait dans son coin, avec une chaise bien rembourrée, des siestes régulières, et de bonnes bières à déguster, se sentait plutôt heureuse. Assez heureuse, en tout cas, pour oublier qu'en dépit de son âge elle était toujours célibataire, et que la plupart des employeurs s'étaient méfiés de son statut, comme si elle était une rebelle qui menaçait les fondements indispensables de la société. Assez également pour oublier que la plupart de ses connaissances ne développait jamais de véritable affinité avec elle, car si elle était agréable en soirée, en tant que buveuse invétérée, elle n'était ni fiable ni impliquée et ne savait pas vraiment se comporter en société. Assez, en quelque sorte, pour oublier cette succession d'ennuis qui consacrait l'échec de sa vie.
Mais en creusant sous la surface, on se rendait très vite compte que Miho, sans être antipathique, était un gouffre de négativité, aux influences pernicieuses sur ceux qui l'entouraient. Même lorsqu'elle se taisait, elle avait le don de plomber l'ambiance. Cynique, désabusée et facilement envieuse, sa fainéantise légendaire et sa facilité à lâcher prise étaient probablement les seules raisons pour lesquelles on la trouvait fréquentable. Miho avait le don de voir les choses du mauvais côté, avec un tel fatalisme qu'elle inspirait souvent l'envie aux autres d'abandonner. À croire que la vacuité était sa religion, si encore elle en avait eue une. Mais non, Miho était une simple pessimiste à l'imagination limitée et aux aspirations bridées par les limites qu'elle s'imposait.

Alors, certains se disaient : c'est pour ça qu'elle est là. Sur Terre, ils ne pouvaient plus la supporter.
D'autres plus sympathiques prenaient sa défense en subodorant qu'elle était venue de son plein gré, qu'elle avait eu envie de changer à Pallatine.
Mais vous, vous savez que ce n'est pas la vérité.