Il était une fois...

D'abord, Elliot c'est  l'histoire d'un gamin basique de 18 ans, en fin d'adolescence, qui est persuadé de ne pas avoir sa place dans la société. Issu d'un milieu banal, d'une famille de classe moyenne, c'est l'histoire d'un grossier sentiment de marginalité qui, oh, paf, un beau jour où il s'ennui viscéralement et où la banalité le ronge, emmène le jeune garçon dans l'endroit le plus en marge du monde. C'est cette volonté avec un ami, subitement, de s'imposer et de trouver un sens, sans vraiment se rendre compte des conséquences.

Car ensuite, l'histoire d'Elliot c'est de se retrouver coincé ici, sans avoir réalisé qu'il ne reverrait certainement plus jamais ses proches. C'est la perte de son ami, volatilisé une dizaine de mois avant son arrivée, effacé dramatiquement. Mais ce sont aussi le stoïcisme et l'intérêt, l'opportunisme d'une personnalité qui s'assume, qui le firent continuer et le poussèrent à s'intégrer.

Alors, Elliot s'est retrouvé seul (avec un sens absolument ringard de la mode, c'est important à préciser) mais pas tellement démoralisé, ses ambitions de s'imposer envolées avec l'adolescence, il a commencé son aventure en tant que fleuriste, dans une boutique devant laquelle il repasse encore souvent aujourd'hui, avec cet air ridicule de nostalgie, comme s'il y avait travaillé toute sa vie. Il l'a très vite quittée cette boutique, emporté un peu contre son gré dans son ascension grâce à sa faculté innée à se faire apprécier qui, swoosh, l'a rapidement mené à son travail actuel, dans l'administration de l'institut à un poste, certes, plutôt accessible. Malgré tout il se souvient encore fréquemment de cette époque où il peinait à joindre les deux bouts en tant qu'indépendant, de l'insécurité perpétuelle dans laquelle il vivait, au milieu des tensions, et sa mélancolie s'envole ainsi généralement aussi vite qu'elle l'a submergé.

Et puis maintenant, Elliot ne manque plus de rien, quatre ans après son arrivée, déjà, enfin; il a développé toutes ses mauvaises habitudes petit à petit: sa raisonnable addiction à la drogue qu'il contrôle plus ou moins et qui le motive plus que tout à magouiller, toujours inaperçu au sein de son propre groupe, il mène une vie à l'apparence assez lambda, opposée à ce qu'il avait voulu en venant ici, cependant avec une cupidité nouvelle, également source de ses dernières aspiration, il compte encore s'imposer discrètement, en arrière plan, dans le microcosme de Pallatine, tiraillé entre la prise de risque et sa faiblesse évidente, sans vraiment d'histoire passée mais avec une détermination infaillible.