王を立てる

Dim 20 Mai 2018 - 3:08
王を立てる
enthroning of the king
La patience du serpent finira par payer.
Souvenirs clairs de sa première mission pour l'Iwasaki-rengō - comme quelques clichés de ce soir fatidique, de ce voyage en voiture silencieux, de sa première impression de la wakagashira, Izanami - du sōzu dont le son incessant incinérait ses entrailles. Clack. Clack. Clack. 恥ずべき。Les souvenirs brûlants de son exil et de son humiliation comme une gangrène mortelle dans ses veines, un douleur cuisante sans pause et sans merci. Ces longues heures passées dans la cave d'un bateau comme un insecte. La peur viscérale de ne plus jamais voir la mort et de plutôt la subir - sans jamais dormir sans un œil ouvert. Les innombrables regards derrière son épaule, l'estomac tordu jusqu'à en vomir de la terreur d'être retrouvé. L'humiliation. La honte. Le mépris de son arrogance infecte! Torturé sans un mot face à Izanami, la déesse de l'Iwasaki-rengō - sans pitié ni clémence, alors qu'elle l'observa poser son scalpel à l'ennemi du clan. Et puis sa première opération parfaite, calmée de son arrogance et pointue de patience, irréprochablement propre et remplissant finalement son perfectionnisme acéré. Jusqu'à lui offrir l’œil dans une glacière, parfait, intacte, comme le contrat qui les lierait jusqu'à ce que la mort les sépare. Comme il s'était désormais montré un élément silencieux, obéissant, et horriblement efficace.

Il affectionne toujours ce souvenir avec un tranchant de neutralité. Sans une fierté, plutôt d'une satisfaction acérée d'avoir affiné le masque qui, bientôt, deviendrait son plus grand allié. De pierre, immobile, en attendant patiemment son heure.

La disparition d'Etsuko lui est d'abord une plaie réelle. Une colère explosive dont personne ne connaîtra jamais l'existence - dont nombre d'objets ont payé le prix. Comment a-t-elle pu? Stupide femme! Prostrée aux pieds d'un homme faible et insignifiant, médiocre et mesquin - homme qui ne réalisera jamais qu'elle est bien plus grande que lui! Il avait toujours détesté Iwasaki Yuuta pour son insolence minable, son dépit pour une wakagashira plus efficace dans son travail qu'il ne pourrait jamais même imaginer l'être, et son arrogance qui finirait par lui être mortelle - bien pire, qu'elle affecte le clan! Sans cesse il avait essayé de séparer Etsuko du cadet indigne, mais cette stupide femme ne l'écouta jamais, et elle se laissa prendre dans son jeu. Sacrifice imbécile pour celui qui ne méritait jamais que le trottoir sur lequel il posait les pieds! Il fit face à cette trahison d'une rage inextinguible, plus forte presque que ses jointures qu'il manqua de briser bien avant que sa colère ne se calme. Comment osait-elle! Rejeter tout ce pour quoi elle avait travaillé, toutes ses valeurs et toute sa loyauté au clan pour lequel elle aurait volontiers donner sa vie - pour Yuuta! 頂けない!Inacceptable! Comment a-t-il pu l'admirer?! Comment a-t-elle pu tomber de si haut?!

Puis est venue à Issei, une coupe de vin craquelée entre les doigts, l'évidence même. Abe Etsuko avait réglé sans un mot un problème qui le hantait depuis le début de leur relation. Sans aucun doute l'aurait-il épargné dans sa prise de pouvoir s'il avait pu - mais il n'en a désormais plus besoin. Elle s'est écartée elle-même du danger, et du même coup a laissé un trou béant dans l'Iwasaki-rengō - plaie que Issei pourrait s'empresser de remplir. Obéissant, aveuglement loyal, efficace, dévoué, perfectionniste, prudent, intelligent, acéré et toujours à la disposition de Iwasaki Tsunemi - il s'y offre d'une ferveur plus grande dès la disparition d'Etsuko. Le candidat de choix. Il n'est plus à prouver que Issei sait diriger sans une bavure. Son trafic est toujours impeccable. Ses contributions au clan plus à compter. Et d'une pierre deux coups - il n'a même pas eu à s'occuper de Yuuta lui-même. Ainsi la plaie laissée par Etsuko dans sa psyché est refermée au fer rouge. Sa colère cendres froides infiltrées dans ses veines, haine silencieuse et glacée - sans déflagration. Ainsi qu'elle s'éteint sans jamais ne disparaître.

Il ne soumet pas sa candidature, puisqu'il est déjà le candidat évident. Il se contente d'être statue et pilier sans jamais rien demander en retour.

La patience du serpent finira par payer.

Il se retrouve devant un supérieur solennel, toujours immobile. Et lorsque l'on lui annonce la montée en grade, Issei ne sourit pas. Ne frappe pas. Ne change pas. Mécaniquement, il tient ses bras le long de son corps et s'incline profondément - pupilles au sol sans cligner des yeux.
« Arigatō gozaimasu. »
Sachant que bientôt, ce seront ses iris qui scruteront l'arrière de la tête des membres de ce clan.
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