Histoire

Il n’y avait pas grand-chose à dire, vraiment.

Rosie était l’enfant unique d’un couple anglo-japonais natif de la terre et tout deux altermondialiste. Son enfance avait été calme, jamais troublé. On l’avait choyée, on l’avait protégée, on l’avait aimée, elle n’avait jamais manquée de rien. En soit, rien de vraiment intéressant. Elle grandit sous l’oeil de ses parents, qui firent en sorte de lui inculquer toutes les valeurs qui étaient chères à leur diaspora - et sa diaspora désormais -. Rosie travailla dur pour les satisfaire et pour les rendre fier. C’en était presque lassant. Après tout, c’était normal qu’un enfant rejoigne la diaspora de ses parents. Alors elle n’avait pas bronché et c’était laissé faire.

Rosie se fondit dans la masse, même si c’était un peu compliqué de rentrer dans un moule qui ne nous correspondait pas. On lui répétait sans cesse qu’elle avait de la chance d’appartenir à cette diaspora, ou que les individus sans diaspora n’existaient pas dans la société par exemple. Changer le monde, ils n’avaient que ces mots à la bouche. Étrangement, ça avait fini par la rendre malade. Elle ne s’était jamais sentie à l’aise. Rosie, elle, voulait juste vivre en paix. Qu’importe si elle blessait au passage plusieurs personnes ; elle ne vivait que pour elle.

C’est à ses dix-huit ans, quand Rosie commença à étudier la médecine à l’Institut, qu’elle commença à prendre ses distances avec la diaspora. Personne ne le remarqua, après tout elle était plutôt effacée de la vie de communauté malgré ses parents qui l’avaient pistonnés sans qu’elle ne le souhaite. Rosie aurait pu tout simplement aller les voir pour leur annoncer qu’elle quittait la diaspora et disparaître, mais elle fit plus simple ; à vingt-deux ans, elle leur annonça son mariage avec un membre de l’institut et leur annonça ainsi son choix de rejoindre sa diaspora. Cette dernière information était fausse bien entendu, c’est ainsi qu’elle devint indépendante. Le plus beau jour de sa vie, se permet-elle de dire de temps en temps. Quant au mariage, il était le fruit d’un arrangement entre Rosie et un ami à elle qui voulait échapper à un mariage arrangé. Le mariage dura huit mois, en effet son « mari » fût victime d’une chute accidentelle qui lui brisa la nuque et entraîna sa mort. Pas très glorieux certes, ça attrista Rosie qui perdit un ami ce jour-là. Entre temps, elle qui voulait devenir chirurgienne fini par virer vers la médecine légale et il arrivait qu’elle assistait le service hospitalier que proposait l’Institut pour les indépendants comme elle et les geeks.

Rosie finit par quitter l’Institut une fois après avoir appris tout ce qu’elle devait connaître, filant rapidement sentant que l’Institut allait lui proposer de travailler avec eux. Après tout, ils la savaient sans diaspora et se séparait d’une élève aussi appliquée qu’elle aurait été un grand gâchis. Sans hôpital où exercer - elle n’avait pas cherché si ils embauchaient, de toute façon tout se faisait par piston - elle finit par être héberger par une amie de longue date, la seule qui avait vraiment cherché à savoir ce qui clochait chez elle. Pendant cette période, elle gagna sa vie en examinant des indépendants ; étrangement pendant cette période, le temps lui semblait s’écouler plus lentement que d’ordinaire. Elle se remaria à un opportuniste cette fois. L’homme lui plaisait, et surtout ne l’ennuyait pas alors elle s’était dit pourquoi pas. Et puis l’hôpital de sa diaspora lui avait tapé dans l’oeil, et surtout dans le coeur. Elle obtint un poste chez eux grâce à son aide. Le mariage dura onze mois. Une balle dans le thorax. Une sombre affaire entre opportunistes et gangsters qui avait mal finie, enfin elle avait pas cherché à en savoir plus, de toute façon on ne lui aurait rien dit. Rosie se demandait souvent ce qu’elle avait fait de mal pour que ça se termine mal comme ça. Entre temps, étant satisfait de son travail, elle fit un accord avec la diaspora du défunt pour travailler avec eux - et garder son appartement - sans être obliger de rejoindre leur cause. Elle l’accepta tout en gardant un oeil ouvert, elle trouvait ça trop beau pour être vrai.

La scène est fixée, l’histoire peut commencer.