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Heartbeat - Ft. Issei

Dim 26 Fév 2017 - 6:04
(TW: Prélèvement d'organes en cours. Âmes sensibles... pardon. )


HEARTBEAT


Cœur : Organe musculaire creux.
Constitue l'élément moteur central de la circulation du sang.
Aussi siège des sentiments ; sensibilité, affection.


Comme d'habitude, on avait envoyé un simple message à Junji : « Tiens toi près. » Comme d'habitude, il s'était vite rendu à ce local désaffecté  (qu'il tentait de rendre aussi stérile que possible, dans ses temps libres). Et il avait attendu. Il avait regardé ses mains, une fois, deux fois, trois fois - elles ne tremblaient pas. Ses bêtabloquants étaient efficaces, les doses étaient bonnes cette fois. Il était détendu, mais pas somnolant. Conditions idéales, comme la plupart du temps. Puis, les hommes d'Iwasaki, sont arrivés, un corps encore chaud dans leurs bras et l'ont déposé sur la table d'opération. Ils quittèrent sans plus de cérémonie. Leur travail était accompli. Celui de Junji ne faisait que commencer.

Son masque couvrant sa bouche, ses gants en latex, son sarrau, il tentait de reproduire les meilleures conditions possibles, surtout pour le prélèvement d'organes. Les contaminations étaient non désirées. Tout son matériel était bien disposé à ses côtés, dignes du perfectionniste qu'il était. Les boîte de glace sèche étaient à proximité. Tout était prêt. Il pouvait commencer.

Mais pas sans lui jeter un regard. Toujours fugitif, à travers ses cils, entre deux battement de paupière, avant de tourner la tête vers son matériel. Issei, compagnon de médecine, compatriote d'Iwasaki. Ami ? Peut-être, si on considère que le fait que les personnes avec qui Junji se sentait confortable étaient rares. Il faisait partie de ces quelques personnes pour qui il avait du respect. Il l'appréciait.

Peut-être trop.

Il se surprenait parfois à le fixer, à détailler sa silhouette du coin de l'œil. Il s'accrochait à de petits détails, comme ses mains - il les voyait toujours lorsqu'ils opéraient ensemble et Junji devait se faire violence pour ne pas perdre sa concentration. Quand il était près de lui, il avait des frissons. Quand ils parlaient ensemble, il se sentait bien, il riait, il l'écoutait... Oh, il n'était pas ignorant, il savait bien ce que cela signifiait. Mais il refusait de se l'admettre. Il ne devait pas céder.

« Je vais ouvrir. »

Il prit le scalpel et pratiqua l'incision tout en long sur l'abdomen. La peau encore souple s'ouvrit. Junji devait faire une scissure avec ses sentiments. Séparation entre le corps et l'esprit, ses mains expertes et ses idées affolées. Généralement, cela fonctionnait - jusqu'à ce que son cœur s'en mêle, battant plus fort, plus vite et venant inévitablement déranger ses mains. S'il n'était pas prudent, il commettrait une erreur.

Voilà pourquoi il essayait de se ternir à une juste distance avec Issei. S'il devait se rapprocher trop, il finirait blessé. Encore, il connaissait bien la chanson. Mais il échouait lamentablement. Il ne voulait pas sacrifier ce qu'il avait déjà, cette proximité, ce confort. Et il se consolait en se disant que, à la  longue, ça finirait bien par lui passer.

« Tu veux commencer par quoi ? Le cœur ou les yeux ? »

Enfin, il espérait que ça ne durerait pas.

Il leva la tête, croisa son regard. En attente de sa réponse, il le soutint une seconde, deux, et l'abaissa aussi pour se figer à nouveau sur le corps.

Le regarder en face était toujours risqué. Il se prenait à rêver, à fabuler... Et il ne voulait pas ça.

La chute ne serait que plus brutale.
Lun 27 Fév 2017 - 8:26
heartbeat
ft. Junji
大野 潤二. Ohno Junji.
Chirurgien de talent aux mains habiles. Perfectionniste, appliqué, ses erreurs sont rares - voire inexistantes. Un parcours au sein de la diaspora qui n'est taché d'aucune bavure - du moins aucune dont Issei soit conscient. Et gardant toujours un œil appuyé sur le réseau de trafic d'organe de l'Iwasaki-rengō, s'il y avait eu bévue assez conséquente, elle ne resterait pas inconnue à son esprit. Ainsi, un parcours parfait, poussé d'un talent indéniable, d'habiletés qui rivalisent sans doute celles d'Issei - et sans qu'il ne s'en targue; dénué d'arrogance. Silencieux, ne parlant jamais pour ne rien dire - c'est-à-dire, ne dérangeant jamais Issei lorsqu'il opère, ne laissant filtrer entre ses lèvres jamais que le strict nécessaire. Expérimenté sans être trop confiant; obéissant sans être docile; calme sans être inattentif - parfait.

Si Junji connaissait le mépris qui danse derrière le masque d'Issei, il saurait être parmi les quelques hommes qui ne se le méritent pas. Pourrait se targuer, sous les yeux de tous, de cet égard qu'il lui porte - pas tout à fait un respect posé, mais ses bases, construites bien plus haut que les abîmes de l'enfer où sont placés les hommes qui ne peuvent rien lui offrir. Un intérêt, profond, ayant gravé à travers les flammes au fond de l'estomac d'Issei ce désir viscéral de l'avoir, toujours, à quelques espaces; de pouvoir tendre la main et l'effleurer de ses doigts. Son bras droit - le seul qui en est digne, sans doute - faisant partie des rares heureux qu'Issei ne laisserait pas au pied du palace lorsqu'il grimpera jusqu'à son sommet.

Mais Junji a une faiblesse: la peur - qui saura être facilement contrée, qu'Issei arrachera de sa colonne, d'entre ses vertèbres, de ses propres mains s'il le doit; qu'il fera taire à coup d'une bienveillance pointue, discrète. Comme un secret, que Junji gardera au creux de sa poitrine, chérira - d'être l'exception à la règle. Celui qui brisera le cœur de pierre de cet homme au regard mort, froid, indifférent; celui qui réveillera en lui les flammes brûlantes d'une passion. Il a remarqué ces regards en coin, cette nervosité, les deux pas de distance qu'il impose constamment entre eux - ce mouvement, inconscient, flottant jusqu'à chercher à fermer cette distance. Qu'il ne laisse jamais prendre ses os, qu'il refoule sans doute au fond de son crâne, têtu, secret. Qu'il n'accepte peut-être pas.

Et Issei s'en servira pour arriver à ses fins. Car il doit avoir Junji au bout de ses doigts - peu importe le prix.

Il entre dans la salle d'opération - un regard appuyé à son collègue, qui se pose, qui lorgne et qui y reste, longtemps; sans doute trop longtemps. Il adopte le rôle de la confiance farouche, de celui qui fera le premier pas - feint l'ignorance, de tâter le terrain avant de se lancer. Une présence imposante. Il n'a pas encore clairement posé ses termes - pas encore proposé à Junji de travailler directement sous lui, mais l'a mentionné, nonchalamment, entre deux opérations; sans pousser, sans confronter Junji face à des réponses évasives. Issei a choisi aujourd'hui, à cet instant, alors qu'il  ne peut fuir, pour exiger quelque chose de plus concret - pour recevoir le refus auquel il s'attend, ne pouvant souffrir que l'appartenance de Junji soit un secret.

Prépare ses outils - lève les yeux vers son collègue après son annonce.
« Hm. » comme seule affirmation - simple mais clair, presque dur. Il observe avec intérêt la chair qui se sépare, l'intérieur de cet homme qui s'ouvre pour révéler ses secrets.
« Les yeux. » Décision plus ou moins aléatoire - il préfère commencer en haut et descendre. Ils se mettent au travail; Issei manie le scalpel en jetant quelques regards à son collègue, intérêt à moitié faux. Laisse passer, en silence, les moments les plus délicat - puis s'exprime à nouveau, d'une voix qui prend un fond, presque imperceptible, d'une douceur suave.
« Tu sais déjà que je te veux » (une pause légère, une fraction de seconde trop longue, posée là avec intention) « directement sous mes ordres, mais tu ne m'as jamais donné de réponse claire jusqu'à maintenant. »
« Je désire t'avoir comme bras droit. Dois-je le répéter cent fois? » Un regard intentionné, lourd, intense; jouant au coin de ses pupilles cette étincelle de non-dit.
Mar 28 Fév 2017 - 2:32
Concentre-toi, Junji, concentre-toi...

Plus facile à dire qu'à faire. Il y a quelque chose dans l'air qui l'en empêche, ou plutôt qui rend la tâche plus ardue. Une lourdeur. Une anticipation. Un poids sur sa poitrine, l'émergence d'une idée au fond de sa tête, mais qu'il n'est jamais capable de saisir complètement.

C'est épuisant.

En temps normal, il est en mesure d'opérer avec Issei sans trop de problème (quelques respirations profondes et une effort de concentration et hop! le tour est joué, c'est presque comme s'il oubliait sa présence, presque), mais cette fois-ci, il est beaucoup trop conscient de son environnement, de sa présence. Le Japonais peut bien garder sa tête basse, ses yeux vissés sur les organes qu'il doit prélever, mais il sent toujours le regarde de l'autre peser sur lui (ou se fait-il seulement des idées ? Une autre fabulation ? Ce n'est pas le moment, Junji...).  

Que veut-il ? Pourquoi rend-t-il son travail plus difficile ? Il le sait bien, pourtant, que Junji n'aime pas avoir l'attention sur lui, tout particulièrement lorsqu'il opérait. Il se sentait observé, jugé et sa nervosité grandissait. Ses mains... ne tremblent toujours pas. Il n'a pas encore atteint ce stade de stress.

Mais ça ne tardera pas, il le sent.

Il essaie d'oublier, de chasser ces idées et ces scénarios qui l'induisent en erreur à tout les coups. Il doit rester attentif, couper au bon endroit pour préserver l'organe dans le meilleur état possible, faciliter la transplantation future...

Et Issei se met à lui parler. Le début de sa phrase suffit à arrêter Junji dans tous ses mouvements. Le scalpel immobilisé à quelques centimètres d'un point délicat. C'est dans ces moments qu'il doit alors cesser de penser à ses mains - lorsqu'il leur exige ce rôle de statue, elles se mentent à trembler. Une règle immuable. Alors il dévie le regard, et ses yeux ne trouvent que le bas sur torse de son collègue pour s'accrocher (avec la tête baissée, le champ des possibles est plutôt limité, disons-le).

Il l'écoute, il ne manque pas un mot qui passe entre ses lèvres. On pourrait presque dire qu'il boit ses paroles, mais ce serait exagérer (un peu). Et alors, il comprend ce drôle de sentiment qui le hantait depuis l'arrivée d'Issei dans la salle.

Ils en reviennent à ça.

Junji lâche un soupir. Ses mains se remettent à travailler, comme s'il n'a rien entendu. Mais ce n'est qu'une feinte lui servant à mieux digérer l'information. À oublier ce regard qui transperce sa poitrine. À ne pas en faire tout un tas. Il se donne le temps, aussi, de peser ses mots. Il marche sur des œufs. Il ne veut pas le blesser. Il ne veut pas lui déplaire.

« C'est que tu ne m'as jamais dit ce que tu attends exactement de moi. »

Les mots coulent étrangement bien. C'est qu'il rétablit cette distance : séparation entre corps et esprit, sa bouche et ses pensées. Vulgaire mécanisme de défense. Mais il lui permet de continuer, de lui parler sans se mettre à balbutier (il le connait depuis assez longtemps pour avoir passé par-dessus cette gêne première). Il s'en sort bien.

Mais il aurait du en rester là.

« Je n'ai pas les mêmes libertés que toi, croit-il bon d'ajouter. Sans Iwasaki, je n'aurais pas survécu jusque là. Je leur dois ma vie. Je ne peux pas prendre une telle décision à la légère. »

Il s'arrête. Il en a fini avec le cœur. Il le sort de la cage thoracique, le met dans un sac bien scellé et le range dans une boîte de glace sèche.

Il relève la tête, croise brièvement son regard, et s'empresse de retourner son attention vers le corps.

Son propre cœur bat rapidement. Après l'anticipation qui le hantait, vient une autre angoisse.

A-t-il donné la bonne réponse ?
Jeu 2 Mar 2017 - 7:28
heartbeat
ft. Junji
Il observe les mains de Junji alors qu'il se remet au travail - s'éloigne de lui, se concentre. Apprécie la précision de ces mains, observe ce travail qu'il veut pouvoir posséder; pouvoir guider du bout des lèvres, contrôler, diriger où ces mains se posent lorsqu'il en a le pouvoir. Bien sûr, son contrôle sur Junji ne sera jamais absolu - mais pourtant, pourtant, il veut l'avoir au bout de ses doigts. L'avoir à sa disposition, toujours, sans jamais se soucier d'une toute autre occupation - pouvoir l'appeler peu importe l'heure, peu importe le temps et s'attendre à ce qu'il vienne à lui. L'on croirait à un désir de contrôle - ce n'est pas tout à fait ça - avoir Junji à ses côtés lui semble un avantage de taille pour faire grandir son empire. Ce qu'il ne pourrait faire lui même, il le laisserait dans les mains de quelqu'un qu'il sait compétent; luxe qu'il ne s'est jamais accordé.

Lève les yeux, cherchant ceux de son collègue alors qu'il parle.
« Toujours t'avoir au bout de mes doigts. » Une pause, d'une lourdeur intentionnée. Il laisse flotter ce moment comme une incertitude, une invitation.
« Pouvoir t'appeler lorsque j'en ai besoin, recevoir ton aide en cas d'urgence sans avoir à me soucier de tes occupations. Avoir quelqu'un de confiance pour me seconder en toute tâche. Quelqu'un qui puisse superviser les choses lorsque je ne le peux pas. » Son regard glisse, lentement, se perdant dans les ombres sur son corps - le long de Junji, pour se reposer sur le cadavre devant lui. Se remet au travail, manie le scalpel avec une nonchalance que l'on croirait irresponsable - simplement habituée.
« Ce ne serait pas constant; il y a bien huit ans déjà que je dirige ce réseau sans aide. Et pourtant je te veux sous mes ordres. » Se répète. Mets l'emphase, toujours, placée soigneusement là où sa voix descendra doucement. Presque imperceptible - appui sur les points qu'il connaît, qu'il sait sensibles.

Il tranche la chair de la même pression; habituée, précise, assurée. Écoute, d'une oreille, la voix de son collègue se répercuter dans la salle; n'y répond que du silence. Laisse couler d'interminables secondes ainsi, grains de sable s'écoulant si lentement, un par un. Lentement - son visage de pierre, au fond de ses yeux cette froideur terne, contraste brûlant des lueurs qui y jouaient il y a quelques secondes à peine. Récupère, de gestes posés et pourtant durs, un œil, puis deux; en dispose. Étire le silence - le plus longtemps possible. Feint le retour de cette indifférence lui étant si caractéristique, cette contrariété que Junji a posé en lui (qui n'est en réalité que la lueur amusée d'un jeu qu'il aime, de cette certitude qu'il tire son collègue du bout du nez; le laisse se languir).

Relève finalement le regard; pose ses pupilles de nouveau sur Junji, insistant, et pourtant si conciliant.
« Mais je suis Iwasaki. » Laisse miroiter sur ses lèvres l'ombre, fugace, d'un sourire.
« Être mon bras droit t'offrirais une certaine protection. Ceux qui en auront contre toi devront s'en référer à moi - tu serais sous ma juridiction, pas la leur. » Et, cette fois, il prend le temps de déposer son scalpel; d'être grand de toute sa stature, imposant, son corps orienté totalement vers Junji, posture intense, presque agressive.
« Et mes hommes sont protégés - tant qu'ils le méritent. »
Et il se laisse retomber, une fraction de seconde plus tard, comme si de rien n'était; reprend le scalpel entre ses doigts. Se déplace le long du corps devant eux - laisse flotter au dessus des entrailles la lame brillante de son outil.
« Je m'occupe des reins. Occupe-toi du foie. »
Comme si de rien n'était.
Mar 7 Mar 2017 - 3:20
Faire comme si de rien n'était, c'est ce que Junji tente avec mal. Pas facile, quand il a l'impression qu'il est en train de devenir fou. Pourquoi donc ne parvient-il pas à ignorer ce regard, ses yeux qui, il le sent, s'attardent inutilement sur lui ? Il va se faire de idées, il se fait déjà des idées, mais il sait qu'il a tort. Sur toute la ligne. C'est impossible. Issei ne peut pas le voir de cette façon, ce n'est que son imagination. Pour preuve, voilà qu'il retourne à son travail, comme si rien n'était, alors que lui doit encore assimiler ses paroles, les avaler et, surtout, supprimer ses conclusions hâtives... Il est incertain. Il ne sait pas comment il doit prendre ces commentaires, ces mots...  'Je te veux sous mes ordres'. Seulement à y penser, il frisson parcourt son échine, à la fois dérangé par ces mots si directs, mais aussi charmé qu'ils soient dirigés vers lui. Espèce de masochiste. Ça ne peut pas sous-entendre ce qu'il veut réellement entendre.

Et il le sait. Mais il veut y croire. Mais sa tête lui répète que non.

Il soupire, ferme brièvement les yeux, suspendant ses mouvements. Ce n'est pas facile d'interpréter ces paroles (ces promesses) et opérer en même temps. C'est l'un ou l'autre Junji, choisis... se dit-il en pinçant les lèvres. Il prend le parti du travail, il essaie de faire le vide, de ne plus penser à cette conversation, seulement à ce qu'il fait, au foie, à l'incision... mais ça ne marche pas. Il abandonne. Il dépose son scalpel sur la table.

Il y a un instant de silence. Il est perdu, il ne sait plus où il en est. Non, pas tout à fait. Il est irrité, ça, il le sait, il le sent très bien. Il en a mare de ne pas comprendre où son collègue veut en venir réellement. Mais surtout, surtout, Issei parle comme si c'était une décision simple, qu'il pouvait prendre en claquant des doigts. Ce n'est pas le cas. Et il veut le lui faire comprendre. Voilà par où il doit commencer.

« Je ne suis pas un chien. » lance-t-il avec une sécheresse bien sentie. Mots qui dépassent sa pensée, qui sont sortis de sa bouche impulsivement. Il pince les lèvres, s'empêche de dire encore une connerie. Mais voilà, il ressent le besoin de s'expliquer (car c'est tout de même une vérité qu'il vient d'énoncer, et qu'est-ce que ça lui a fait du bien). C'est avec un peu moins de verve et de naturel qu'on continue :

« Si je suis sous les ordres d'Iwasaki, c'est que je le veux bien, pas parce qu'on m'a domestiqué. Et j'ai tout de même une certaine liberté... limitée, certes, mais... voilà. »

Hm, peu satisfaisant comme conclusion. Il pourrait faire mieux. Il en sent la nécessité. Son coeur bat plus rapidement. Il ne veut pas blesser Issei, non, ce n'est pas son intention, mais comment clarifier ses idées... ?

« Je n'ai pas l'ambition de vouloir occuper une place aussi importante dans les rangs d'Iwasaki ... ajoute-t-il en bégayant légèrement. Si j'ai rejoins le clan, c'était pour obtenir ses services et me protéger, rien de plus. Ce que je fais (il indiqua d'un coup de tête le corps étendu sur la table) je ne le fais pas par loyauté, mais parce que fait partie d'un contrat, d'une entente... Rien de plus... Je... Je ne suis pas fait pour superviser quoi que ce soit. »

Il termine sur un rire, amer, mal à l'aise. Autodénigrement et cynisme ; ce sont ses mécanismes de défenses favoris qui prennent le dessus.

C'est qu'il sait qu'il ne pourra pas s'en sortir aussi facilement.
Mar 14 Mar 2017 - 3:31
heartbeat
ft. Junji
Des mots crachés d'une sécheresse abrasive. Un tic du sourcil, un froncement, un pli sur son front échappent à son contrôle (sont créés de toutes pièces), froissent son visage dans un air mi-colérique, mi-blessé. Agacé, rabroué, ses gestes, son opération se fait en gestes plus secs - il se renfrogne. Puis, il relève les yeux vers Junji, vers son scalpel déposé sur la table, et plante son regard dans le sien - tant qu'il le peut. Et son visage s'adoucit - comme une compréhension, une compassion qui s'immisce dans ses traits durs. Il ajuste son poids - sa position.
« Loin de moi l'idée d'impliquer cela. J'ai beaucoup de respect pour toi, tu le sais. Tout du moins tu devrais le savoir. » (Il adopte un ton plus formel, plus poli - subtilité offerte par leur japonais natif; celui dans lequel ils communiquent.)

Issei pose son scalpel également. Il ajuste, d'un regard, son attitude; adopte une douceur qui lui est normalement totalement inconnue, descend l'intensité de son regard - et laisse échapper à son contrôle, comme une pulsion, un désir qu'il ne peut s'empêcher d'assouvir; ses pupilles glissent le long de son collègue, s'accrochent à quelques détails - remontent jusqu'à son visage rapidement.
« Liberté qui pourrait être étendue. Il y a beaucoup de choses que je pourrais t'offrir. »
Il laisse passer l'ombre d'un sourire, fugace, presque invisible, comme un éclair, un flash de lumière qui ne laisse que le tonnerre - que le pli au coin de ses lèvres - pour prouver qu'il a existé. Comme une arrière pensée, une intention derrière cette phrase; un non-dit qui flotte au bout de ses lèvres, qui est si proche, si proche de ne plus l'être. Si proche des mots, qui pourraient s'échapper comme une cascade d'une minute à l'autre.

Issei a encore un tour dans sa poche; il attend son opportunité. Ne le sortira que lorsque rien d'autre ne fera l'affaire - il sait, est assez certain qu'il devra y avoir recours, et pourtant le garde au fond de sa manche. Patient. Ici et partout ailleurs - il ne risquera pas de dévoiler ses cartes (un secret de carton, une illusion qu'il fait miroiter entre deux mots, entre les lignes, qu'il pose là, dans lequel il se délecte - de savoir que Junji doit se torturer à le connaître. À croire l'imaginer; et pourtant.).
« Je crois que tu te sous-estimes. » Une pause; il reprend le scalpel. Mais ne se remet pas au travail - pas tout de suite. « Tu es beaucoup plus compétent que tu sembles le penser. »

Un regard. Animé d'une confiance posée, d'un élan étrange de respect, régurgité du fond de son estomac, une pointe, un coin de vérité.
« Je ne te demanderais pas ceci si je ne croyais pas que tu étais à la hauteur. Je n'accorde pas mon respect, ni ma confiance, si facilement. » (Tu es spécial, qu'il ne dit pas directement, qu'il éclaire à coup de mots doux, de ce ton d'une honnêteté (fausse) tranchante. Sincérité posée.)
Puis, cet élan se meurt sur les rochers d'une déception qui brille au fond de ses pupilles - de la concession que l'on ne veut pas faire, mais que l'on est près à offrir, par respect, par affection.
« Mais, d'une façon ou d'une autre, le choix te reviens. Je ne peux pas te forcer - et je ne le veux pas, non plus. »
Une pause. Il hésite. Son regard se fait plus intense - et pourtant moins sûr de lui.
« Mais tu sais... » (il se rapproche, doucement, lentement, si peu et pourtant - son visage s'approche de Junji, il pose ses mains sur la table; resserre la bulle entre eux deux, la rends plus exiguë, plus ambiguë sans pourtant réellement, totalement se déplacer) « Il y a aussi une autre raison... »

Pop fait la bulle qui éclate alors qu'il se retire, comme une vague; qu'il se redresse - se recompose. Change d'idée - l'air de l'homme qui vient tout juste d'éviter le désastre; et qui pourtant se tient toujours à quelques centimètres du vide - qui veut s'y jeter.
« Oh, non, excuse moi. Je suis désolé, je ne peux pas dire cela, je regrette; ce n'est pas très professionnel de ma part. »
Il se répand en excuses; pose ses pupilles à nouveau sur le corps devant lui - se remet au travail. Reprend son aplomb.
« Excuse moi - ce serait très déplacé de ma part d'essayer de te convaincre avec des raisons personnelles. Oublie ce que j'ai dis. »
Intérieurement - satisfait.
Mar 28 Mar 2017 - 3:01
Idiot.

Qu'est-ce qui lui a pris de s'exprimer de la sorte ? Évidemment qu'il n'est pas un chien ! Et jamais Issei ne lui a donné l'impression de le traiter ainsi. Non, en fait, Issei est probablement une des dernières personnes à qui il a l'impression de devoir « obéir ». Ils sont sur un véritable pied d'égalité, n'est-ce qu'en considérant leur profession. Cependant, à côté de lui, Junji marche en permanence sur des œufs, mais ça n'a rien à voir avec une question d'autorité. Ce sont ses sentiments qui ne veulent pas collaborer et qui le rendent, sans aucun doute, parano.

Quoi faire pour qu'il se sorte de cet enfer ?

Quoi faire.

La réplique de son compagnon est à la fois un baume et une flammèche. Quelque part, le médecin est rassuré. Ah, non, ce n'est donc pas ce que pense Issei, je ne suis pas qu'une pauvre bête à ses pieds. Mais oh ? Qu'entend-il ? Ne sont-ce pas des compliments qui lui sont adressés, de biais ? Qu'est-ce que ce beau discours ? Entend-il vraiment ce qu'il entend ? Ou est-il pris dans un nouveau fantasme ? La terre, Junji, reste sur terre...

Quoi faire. Respirer. Inspirer lentement, expirer encore plus lentement. Ne pas laisser son cœur s'affoler plus qu'il ne le faut. Ce ne sont que des mots, après tout, et des mots, c'est vague. Il y a tant de sens possibles que l'auditeur comme l'émetteur peuvent être trompés. À quoi donc servent les mots si c'est pour mieux s'enfarger les pieds ?

Mais sa tête refuse de coopérer. Ses certitudes s'ébranlent. Et si ce n'est pas lui qui se fait des idées ? Et si l'homme devant lui souhaitait réellement lui faire entendre un sous-texte qui lui donnerait le feu vert, qui le consolerait dans ses illusions ?

Oh, quoi faire sinon sombrer ?

C'est alors que l'improbable se produit. Sans que Junji ne s'y attende, sans qui l'ait même imaginé, dans ses délires côtoyant la réalité, sans qu'il ne croit une telle situation vraisemblable. La distance entre eux, réduite, assez pour qu'il puisse sentir la chaleur de son souffle, de sa peau, mais pas assez pour qu'il ait le courage de tenter quoi que ce soit. Ces mots. Ces mots, il ne les imagine pas, il en a la certitude. ''Il y a une autre raison.'' Laquelle ! Voilà ce qu'il a envie de crier, mais il retient son souffle inconsciemment.

Et voilà que le charme se brise, aussi rapidement qu'il est arrivé. Junji est comme étourdi. On l'a jeté dans le vide, on a tiré un tapi sous ses pieds. Et encore ces mots, qui lui donne le vertige. ''Je ne peux pas'' ''Raisons personnelles'' ''Oublie''.

Comment oublier ?

Quoi faire sinon se noyer un peu plus dans ses rêves ?

Derrière son masque, un bref sourire, amer, pincé. Il baisse le regard. Il se sent rougir jusqu'aux oreilles et il espère sincèrement qu'Issei ne remarquera pas. Il ne veut pas s'expliquer, ne veut pas avouer ce qu'il craint de ressentir (car il ne se l'est jamais avoué lui-même complètement, honnêtement. L'admettre serait céder. Céder serait souffrir plus que nécessaire au bout du compte car non c'est impossible).

« Pas de problème, marmonne-t-il. J'oublierai. »

Vraiment ?

Se concentrer sur autre chose, leur tâche, oui, c'est une bonne idée. Il saisit le scalpel et ‒ sa main, merde. Il la regarde. Confirmation : elle tremble. Trop à son goût. Il ne pourra pas opérer, pas dans ces conditions, même s'il n'est pas question de la vie ou de la mort du patient. Cet échange l'a bouleversé. Il doit se calmer.

« Excuse moi... »

Junji tourne dos à son partenaire, retire rapidement les gants en latex couverts de sang et les jette dans un poubelle. Il enlève son masque au passage. Ah, il respire mieux tout à coup. Il n'a pas réalisé qu'il manquait d'air. Il rend à un évier situé un peu plus loin dans la pièce ouverte. Pas moyen de se cacher. Qu'importe. Son addiction n'est pas un secret pour Issei. Qu'il voit donc qu'il n'est pas aussi fort qu'il le pense ! Demander à quelqu'un avec des problèmes d'angoisse tel que lui de devenir son bras droit ! Quelle idée !

Il ouvre les robinets, laisse couler l'eau qui n'a pas du circuler depuis des mois (et qui, par miracle, n'a pas été coupée), lave ses mains et sort un cachet d'une de ses poches. Il en traînait toujours quelques-uns comme ça, au cas où. Il songe un instant qu'il s'agirait d'une double dose, que ça ne fait pas assez longtemps qu'il a pris le premier cachet, mais s'en moque et avale le comprimé. Il boit ‒ l'eau est dégoûtante ‒ puis ferme les robinets. Se regard se dirige vers le miroir. Il fait pitié à voir avec ses joues creuses et ses cernes. Peut-on réellement voir un autre potentiel en lui que celui d'un chirurgien ?

Il soupire, encore. Ce n'est pas le moment d'avoir une crise existentielle. Il a encore du boulot sur la planche. Il doit encore affronter Issei.

Quoi faire sinon se résigner ?
Sam 1 Avr 2017 - 23:47
heartbeat
ft. Junji
Oh - il y est peut-être allé un peu trop fort. Les mains de Junji se mettent à trembler, sa respiration s'alourdit; il panique. Légèrement. Doucement. Et Issei sait que son poison se répand tranquillement dans ses veines, l'infectant, l'intoxiquant. Il n'oubliera pas - Issei en sera certain. Il lui rappellera de chaque toucher du bout de ses doigts. De chaque instant de cette tendresse qui sculpte son masque, comme une erreur, quelque chose qui s'échappe; un bris dans le miroir, une fissure d'où s'échappe sa douceur secrète, qu'il enferme au creux de son cœur de pierre. Le serpent s'enroule doucement autour du cou de sa victime.

Issei porte l'expression de l'inquiétude quand Junji se dirige vers l'évier, dans un coin de la salle. L'observe en silence, neutralité posée d'où brille ce coin d'empathie. Lentement, assez pour que Junji l'entende, il dépose son scalpel, ses outils; se défait de ses gants et de son masque à son tour. Il fait le tour de la table, laisse le cadavre ouvert derrière lui. Marche à pas larges, et pourtant avec une délicatesse étrange, comme flottant - juste assez pour que l'on l'entende, vaguement. Qu'il ne surprenne pas Junji - pas trop, pas assez pour aggraver son état. Oh, il serait si facile de déjà se délecter de sa victoire; pourtant Issei sait que rien n'est gagné. Pas encore.

Il s'arrête derrière Junji - à quelques pas, quelques espaces, assez près pour qu'il le ressente sans le toucher - pas tout de suite. Referme, ramène cette bulle, cet instant créé plus tôt; cette ambigüité qu'il travaille, sculpte de ses doigts avec une légèreté que l'on ne croirait jamais venir de ses mains. La dépendance de Junji n'est pas un problème; elle est un atout. Lui permet de travailler dans toutes situations. Le rends plus insécure, plus malléable. Et n'empêche en rien sa compétence, ne le rend pas plus faillible lors d'opérations puisqu'elle lui impose des limites qu'il connaît.

Cette dépendance n'a jamais empêché ce respect - aux limites de l'estime, aux limites de la bienséance - de naître chez Issei. Et elle n'empêchera rien maintenant.

Il tend la main; pose sa paume sur l'épaule de Junji. Et, doucement, d'une pression calculée, il le retourne vers lui - l'approche. S'approche. Rend leur présence, leur position, leur interaction plus exigüe. Approche leurs visages; de sa droiture Issei n'aurait qu'à plier les genoux - légèrement - pour cueillir Junji au creux de ses doigts.
« Excuse moi. » Et pourtant son ton n'est jamais celui de l'excuse - porte une confiance, un contrôle posé et complet.
« Tu n'as pas à te mettre dans cet état. » Le tranchant de sa voix d'un réconfort, d'un calme - comme s'il essayait de le communiquer.
« Je ne te forcerai jamais à faire quelque chose que tu ne voudrais pas. »
Et il s'approche; quelques centimètres de distance gagnée sur l'air qui les sépare. Il sent son souffle sur sa peau; leur chaleur qui se mélange. Ses pupilles descendent - se font un chemin depuis les yeux de Junji jusqu'à ses lèvres. Remontent, lentement, trop lentement, pour retourner à son regard.

Un battement de cœur. Le sien qui s'agite autant que celui au creux du cadavre ouvert sur la table, quelques mètres derrière lui.

Intérieurement - il sourit.
Jeu 27 Avr 2017 - 20:48
Toujours face au miroir, Junji demeure immobile. Ses bras appuyés contre l'évier, sa tête baissée, il n'ose plus affronter son reflet. Il ne veut pas bouger, pas retourner là-bas, pas tout de suite, pas face à lui qui le déstabilise tant. Mais semblerait-il qu'il prend trop de temps. Il l'entend, distinctement, par-dessus les battements de son cœur qu'il essaie de calmer. Les bêtabloquants ne font visiblement pas encore effet. Pourtant, il sent ses jambes faiblir. Un engourdissement se propage dans tout son corps, comme un manque de sommeil, mais ce n'est pas ça. C'est l'épuisement d'une pauvre créature qui en a assez de se battre, assez d'être traqué.

Ressaisis-toi, Junji. Ce n'est pas le moment de craquer. Pourquoi s'est-il mis dans un état pareil ? Pourquoi, toujours, faut-il que son cœur s'emballe, que cette angoisse le prenne aux trippes aux pires moments ? Tu n'as aucune bonne raison. Tu n'as pas à te sentir comme ça. Respire. De l'air. Il a besoin d'air. Issei le laisserait-il sortir quelques minutes ? Il fronce un peu plus les sourcils. Mais à quoi pense-t-il ? Pourquoi est-ce à Issei qu'il pense ? Pourquoi cela le dérangerait-il ? S'il a besoin de prendre l'air, il n'y a qu'à y aller et au Diable Issei !

Une main sur son épaule. Il n'est pas surpris, mais il se crispe. Les contacts physiques, ce n'est pas sa force. Pourtant, il ne le repousse pas, pas comme les autres. Il se laisse retourner, s'approcher, comme un pantin. Or, sa tête, elle reste résolument baissée, ses yeux fixant un point quelconque sur le sol, plus loin, loin de cette bulle qui les entoure.

Sa voix... Sa voix l'enveloppe. Elle est chaude, douce. Elle le rassure. Mais c'est artificiel. Il n'arrive pas à se convaincre de sa sincérité, pas complètement. Il veut y croire, vraiment, mais il n'y parvient pas. Un léger plissement des lèvres, entre un sourire et une moue, aigre-et-doux. Il voudrait rire, se plaindre, il ne le sait plus. Il est tombé dans ce non-lieu émotionnel, sa dernière ligne de défense, celle qu'il connait le mieux.

Il se rapproche, encore, il le sent. Il sent sa chaleur, il sent son souffle. La bulle se resserre. Sa main est encore sur son épaule. Il étouffe.  Il se sent envahi - non, pas tout à fait. Il n'a pas le réflexe de le repousser, n'en a pas envie. Cela fait si longtemps qu'il n'a pas laissé quelqu'un s'approcher de lui de la sorte... Mais il ignore ce qu'Issei veut au juste - et il est convaincu que ce n'est certainement pas lui. Pas de la même manière dont il l'envisage.

« Et comment peux-tu savoir ce que je veux vraiment ? »

C'est un souffle, à peine audible, mais correspondant à la distance qui les sépare. Sa voix a quelque chose de tranchant, un ton qu'il n'utilise qu'en de rares occasions. Mi-acerbe, mi-ascète, il parle comme si tout ceci lui était indifférent, mais son affection n'est que plus évidente. Son visage tourne enfin dans sa direction, réduisant involontairement encore un peu la distance qui ses sépare. Il scrute ses yeux, une seconde, deux secondes... Sa main se pose lentement sur celle d'Issei qui repose sur son épaule. Elle l'enserre, brièvement, et la retire finalement de son épaule, s'attarde sur ses doigts, malgré soi, avant de la relâcher. Junji recule d'un demi-pas, l'évier juste dans son dos.

« Ça va » dit-il en levant son bras droit jusqu'à ce que son poignet soit à la hauteur de son visage. Il ne tremble plus.

« On a encore du boulot à faire. »

Mais il se sent aussi fragile qu'une feuille.
Sam 29 Avr 2017 - 9:04
heartbeat
ft. Junji
Leur contact se fait si proche. Pourtant Junji garde ses pupilles ancrées dans le sol, têtu, évasif. Il est mécontent, il semble - ses lèvres se plient, son expression se froisse et sa voix se fait froide, neutre - s'y force. Un ton tranchant, sans tremblement; sans doute les calmants commencent-ils à faire effet. Issei y voit plutôt un abandon; Junji est brisé, pour l'instant, repoussé dans les tréfonds de sa psyché, peut-être. D'où cet endroit où il se réfugie; son addiction. Ou plutôt, ce qui la provoque - ce qui l'a provoquée. Pourtant Issei ne bouge pas d'un pouce; il ne sera pas celui qui renoncera.
« Je ne le sais pas. » Et pourtant son ton indique le contraire; une assurance subtile qui vibre au fond de sa gorge, un timbre presque fauve sans jamais traverser jusqu'à quelconque agression. « Je te dis simplement que je ne te forcerai pas. »

Il ne va jamais contre Junji alors qu'il retire sa main, marie son mouvement avec la façon dont ses doigts s'attardent sur les siens, contact certainement plus long qu'il aurait pu l'être - pas langoureux, plutôt simplement d'une douceur étrange, jamais totalement innocente. C'est une tension, l'appréhension de la foule, l'estomac qui descends jusqu'à ses talons et le cœur qui monte jusqu'à la gorge. Qui s'envole en papillonnant - ce sentiment qui s'apparente si bien à l'anxiété et qui pourtant porte ce tranchant délicieux manquant à l'alternative. L'attente - ces non-dits suspendus dans l'air que l'un tente d'oublier, que l'autre tente d'imposer; électrisants.

La distance entre eux grandit alors que Junji fait un pas en arrière - dos au mur. Piégé entre l'évier et l'homme, sans nulle part où reculer. Issei sait ce que cela signifie - ce que les hommes font lorsqu'ils sont dans leurs dernières tranchées. Il y fait sa vie, après tout; a appris à l'apprécier dans tout son mépris, à voir les gens s'écrouler jusqu'à la noirceur pour un désir des plus nobles. C'est une sorte de mort, d'une façon ou d'une autre - la mort de l'innocence, de la bonté, de la blancheur, de la pureté. Désormais tachés de sang. Oh, Junji n'est aucunes de ces choses, pièce posée au milieu d'un échiquier dans lequel il n'aurait jamais cru se trouver (peut-être le regrette-t-il), les mains (qui ne tremblent plus) tachées de sang - le péché au bout de sa lame.

Oh il est beau de cette façon, dans son innocence qui ne se reflète plus au fond de ses pupilles, dans son état de martyr qui consente du creux de ses vices à baigner dans la noirceur qui l'enveloppe. D'une faiblesse (palliée et créée par la drogue qui se creuse un chemin dans son œsophage) touchante - par le fait qu'il ne devrait pas être ici, homme respectable qu'il aurait dû devenir. (Oh, pas qu'Issei connaisse son passé, et pourtant il sait - de par la nature si réticente de son appartenance à leur diaspora - que tout aurait dû se passer autrement.) Et il voit dans cette corruption, dans la gangrène de l'addiction, une beauté exaltante. Cet état constant de désespoir - toujours dans ses dernières tranchées, toujours corrompu, toujours celui qui effectue acte après acte de violence pour sauver sa propre vie - pour le plaisir de sentir l'air remplir ses poumons! pour que son estomac se dénoue et que ses mains soient stables! pour que son existence soit plus que la limite de son incompétence - de sa faiblesse!

Il ne trouve pas le salut en plantant la chair des innocents entre ses os mais en s'empoisonnant d'atenolol - en étant celui qui distribue les viscères de ceux qui ne méritent pas toujours de mourir à ceux qui ne méritent pas toujours de vivre. Nécrose continuelle - tragédie sempiternelle de l'éternel insatisfait; du dépendant. Comme s'il mourrait à tout instant; comme si la mort l'enveloppait de sa noirceur quand il la distribue, comme si la mort se renouvelait au creux de ses pupilles en cycles d'une beauté fatale. Meurtrier et assassiné; victime et coupable.
Oh, il est beau ainsi qu'il incarne la mort - celle dont Issei est épris et ainsi se meut d'une passion brusque et ferme et délicieuse; il referme ses doigts autour du poignet de Junji pour le dégager de son chemin et y plonge. Plaque ses lèvres contre les siennes sans sauvagerie et sans véhémence, d'un mouvement calculé mais fougueux -

et l'étau se resserre.





Spoiler:
Sam 6 Mai 2017 - 5:04
Noir.
Ses yeux. Le vide.
Sa noyade.

l'obscurité qui l'enserre.
un frisson, glacial
l'homme à qui il s'abandonne

la chute, l'envol
c'est une asphyxie

(libération)


Blanc
lorsqu'il lâche prise

derrière ses yeux fermés
tout est clair

il ne tombe pas
il vole


Sa main logée derrière son cou se glisse sur son épaule. Apprécie sa largeur. Ses lèvres se meuvent une dernière fois avant de se détacher, lentement. Son nez, lui, reste collé au sien. Il refuse de lâcher totalement prise. Ses doigts sur son omoplate le soulignent. Les yeux toujours fermés, il ne bouge pas. Respire, lentement.

Que s'est-il passé ?

La question ne parvient pas à prendre une forme dans son esprit. Elle est là, pourtant, au creux de son cerveau, mais refoulée par tant d'autres choses - son envie de taire le fil de ses pensées. Pour une fois, il ne rationnalise pas, il ne trouve pas d'explications - il ne veut pas les chercher. Seul le désir égoïste de profiter de ce qui lui a été offert est là.

Et c'est ce qu'il fait.

Sa main remonte contre sa joue, le bout de ses doigts caressant la naissance de ses cheveux. Il étire encore un peu le cou, retrouvant la douceur de ses lèvres contre les siennes. Et il sourit. Doucement. Noue enfin son dernier bras derrière sa tête.

Une étreinte qui ne doit pas prendre fin.

(il ne reconnait pas
       la mort
         q u i l e n l a c e)

Mais la réalité le rattrape. Elle finit toujours par le rattraper, c'est bien ça son problème. À quelque part, au milieu de ce baiser, le corps qui git à quelques mètres d'eux lui revient en tête. Peut-être était-ce une odeur, peut-être n'était-ce que le retour drastique de son esprit scientifique. Il met fin au baiser et se réapproprie ses bras. Mord sa lèvre (lui semble goûter celles d'Issei), baisse la tête.

« Je... »

Après un tel moment, qu'est-il approprié de dire ? Il ne sait pas. Probablement n'y a-t-il rien à dire. Dans les films, c'est un fondu en noir. Dans la réalité, c'est beaucoup moins romantique. Il faut continuer à vivre, passer à autre chose (ou s'y accrocher).

« Le corps, parvient-il à articuler. On ne peut pas le laisser... comme ça. »

Foutue conscience professionnelle.

Pourquoi a-t-il décidé de devenir chirurgien déjà ?
Mer 10 Mai 2017 - 9:17
heartbeat
ft. Junji
Le baiser comme un poison qui s'ajoute à la liste de ce qui court dans les veines de Junji - le contact s'allonge et s'étend, et Issei sourit. Ses doigts toujours enroulés autour de son poignet comme des chaînes, sa main contre son dos qui le rapproche - l'emprisonne. Et Junji se rend, se livre à lui sans équivoque et sans réelle hésitation - s'envole à ses côtés, explore le ciel qui s'ouvre soudainement à lui, hoquette de son cœur qui bat et se débat sous ses côtes qu'il libère en les fracassant sans remords. Oh, et Issei voit déjà son corps sous le sien, à sa merci, comme il l'est déjà, comme il l'est maintenant alors qu'il s'accroche à lui alors qu'il apprécie le baiser alors qu'il se perd au creux de l'instant. Une tempête de chaleur qui se déchaîne au fond de sa poitrine, le goudron plaisant qui remonte le long de sa gorge pour aller se répandre dans leur contact qui s'étend et se brise - se rattache.

Issei pourrait décrocher les chaînes et déverrouiller les cadenas que Junji s'emprisonnerait lui-même à ses pieds. Comme il reprend le baiser à la façon de l'affamé - celui qui accède finalement à ce qu'il ne pouvait que dévorer des yeux. Posant sa langue sur le nectar sucré de la fontaine de jouvence de la pierre philosophale (une deuxième dépendance qui se forme au creux de ses os) et oubliant (un instant, un de plus) le monde qui les entoure. L'étau se resserre et enserre ses viscères et Issei s'en exalte du creux de sa conscience - s'exalte de le tenir entre ses doigts et du même coup de côtoyer cette mort constante qui joue dans la beauté de ses pupilles. De la sentir courir sous ses doigts sans jamais pouvoir la toucher - élusive est ce qui la rend belle.

Ils se séparent et cette fois Junji se recompose malgré qu'il balbutie et baisse les yeux. Issei croise les bras sur sa poitrine et observe son œuvre de l'autre côté d'un sourire narquois - satisfait, invitant, aguicheur, arrogant - qui danse sur ses lèvres silencieuses et découvre le bout de ses incisives. Comme s'il allait le mordre.
« Tu as raison. »
Comme si de rien n'était il se retourne pour retrouver la mort accomplie allongée sur la table. Pour reprendre entre ses doigts le scalpel qu'il avait déposé et pour relever les yeux vers Junji et appuyer de son regard sur son être - comme un grondement au fond de sa gorge, comme un fauve.
« Nous reprendrons où nous sommes arrêtés une fois le travail accompli. » Un souffle, une promesse, une invitation - le chant de la sirène soumets-toi à ces mains que je poserai sur toi.
Ven 12 Mai 2017 - 2:23
Pourquoi a-t-il décidé de devenir chirurgien, s'est demandé Junji il y a quelques secondes. La question s'efface aussi vite qu'elle est apparue, laissant plutôt place à la réflexion suivante : « s'il ne l'était pas, il n'aurait jamais pu goûter à ce bonheur ». Comme hypnotisé par le sourire d'Issei, il n'arrive plus à penser à rien d'autre. Il n'y a que le battement de son cœur qu'il entend - qu'il accepte. Pour une fois, il ne déteste pas cette sensation qui traverse son corps, de sa poitrine à ses mains - il ne se soucie même plus à savoir si elles tremblent. Évidemment, le rythme est plus lent qu'il ne devrait l'être vu la situation - blâmez les bêtabloquants qu'il vient d'ingérer - mais il se sent bien. Mieux que bien, même s'il a mis fin à l'étreinte qu'il regrette déjà.

Et alors qu'Issei retourne à la tâche quelques parviennent à ses oreilles, une promesse, presque une caresse. Le chirurgien frissonne. Il baisse la tête et sourit - sourit comme il ne l'a pas fait depuis longtemps. Le rire est au bord de ses lèvres, mais il se retient. C'est quelque chose de si près de la folie, ça ne peut être que malsain, mais il s'en moque. Il a l'impression d'avoir gagné le ciel, d'avoir retrouvé une forme de paradis qu'il croyait lui être interdit. Enfin, il touche au bonheur - et il ne le laissera pas filer aussi facilement.

« J'y compte bien. » répond-il doucement, presque pour lui-même.

Mais il ignore encore tout ce qui l'attend. Et si, pour le moment, ce qui se passe entre Issei et lui paraît limpide, il découvrira (trop tard) que ce ciel qui brille au-dessus de sa tête est parsemé de plusieurs nuages. Il ne prévoit pas l'orage qui finira par éclater (ne veut pas le voir).

Il retourne auprès de son compagnon, enfilant au passage une nouvelle paire de gants et un masque. Se remet au travail, face à Issei, ne craignant plus la proximité entre eux maintenant qu'il sait qu'il la désire autant que lui. Sourit sous le masque qui recouvre sa bouche, son regard cherchant encore discrètement à se joindre au sien.

Tellement sincère, c'est à pleurer.
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