Sungmin Kim

Caractère

Ses yeux se ferment une seconde. Aucun pli n’est visible sur son visage — pourtant il s’impatiente. Seulement il ne le montre pas. Par politesse. Disons. Parce que ce n’est qu’une question de temps avant qu’il n’ouvre la bouche et qu’elle explose, cette réplique acide qui mettra fin à cette conversation interminable. Parce qu’il n’y aura rien de respectueux dans sa manière de prononcer chaque mot — les syllabes roulent sur sa langue avec tout le dédain qu’il éprouve pour ces gens inférieurs.

Car Sungmin est un prince dans son monde ; Sungmin a le pouvoir de faire ce qui lui plait ; Sungmin est l’insolence même ; Sungmin essaie de croire à Sungmin.



Seul dans son bureau, la tête lourde. Le silence l’accable. Les quatre murs l’angoissent. Les meubles de bois massif le dégoûtent, déjà.

Il change la décoration à chaque mois — pourtant une impression d’imposture l’envahit.

Dans chaque coin de la pièce, il voit l’ombre de son père. Et malgré tout l’amour qu’il lui porte, penser à ce fantôme lui donne envie de vomir.

Car Sungmin est trop jeune ; Sungmin n’est pas responsable ; Sungmin n’est pas adéquat ; Sungmin ne sait pas ce que Sungmin veut.

Mais pas ça.



Fraîche la bière entre ses mains, chauds les corps qui s’entassent dans la boîte. Il devrait pas être ici, il le sait très bien — mais tant qu’à se sentir malade, autant que ce soit pour une bonne raison.

Il danse, il boit, il danse, il boit, il danse…

Qui devinerait dans ce corps ramolli, ces yeux rougis, ces mains caressantes, le distingué Sungmin Kim ?

Âge: 25 ans
Naissance: 12/06/1992
Départ: Natif
Présence en ville: -
Nationalité: Coréen
Métier: Héritier - À la tête de l'entreprise familiale - Nouvellement directeur du Triumph
Statut civil: Célibataire

Groupe: Opportunistes
Section: Assemblée
Rang: Simple membre
Nom de code: -

Taille: 1.77
Corpulence: Élancé.
Cheveux: Naturellement noirs, il les teint parfois
Yeux: Noirs
Autres: Il adore prendre soin de lui et de son apparence. Fashion addict.

Histoire

Love. Pt.. 1

12-06-2016 ; 23h34

« Vingt-cinq ans ! T’es un quart de vieillard, mais t’as encore de la classe Sungmin ! »

Les mots criés par-dessus la musique lui arrache un rire. Il trinque, remercie, et avale le vodka-quelque-chose qu’il a en main depuis trop peu de temps.

Il se sent bien, tellement bien. Il voit tous ces gens rassemblés pour lui et il a envie de les embrasser. Tous. Même la peste qui lui a donné des maux de tête au primaire (à propos de quoi déjà ? ah oui, un jour elle avait prétendu que ses parents rachèteraient les immeubles des siens et il serait alors son employé. qu’elle aille se pendre)

Que d’amour il a pour ces individus qui, come lui, n’ont jamais connu la misère.
(les déchus ? jamais vus)

Rien ne peut les atteindre au sommet de ces tours vitrées.

Des géants qui prétendre ne pas connaître l’argile.


Gifle.

La première et dernière gifle qu’il a reçu de son père, il s’en souvient comme si c’était hier. Il avait quinze ans et il était con.

Un soir, l’air appelait à l’errance. Alors il a erré. Au centre-ville, il a croisé un groupe d’adolescents mal fringués qui fumaient derrière un bar. Et l’air était tellement bon ; il les a rejoint.

Bien sûr, il savait qu’il ne devrait pas, mais qu’est-ce qu’il en avait à foutre ? Il avait quinze ans et une envie de fumer. Quel mal y a-t-il à ça ?

Sauf qu’on l’a vu.
Sauf que lorsqu’il est rentré à la maison, père l’attendait, les poings sur les hanches.

La main a volé.

Son père est retourné dans son bureau.

Le lendemain, il lui a fait goûté un cigare.


Le bon goût c’est le dégoût des autres.


Love. Pt. 2

13-06-2016 ; 03 : 21

Douces les lèvres contre sa bouche.
La peau contre sa peau.
Les couvertes qui enveloppent leur corps malgré la chaleur de juin.

Oui, Sungmin se sent bien.


Le silence est d’or.

Souvent, pour s’endormir, petit Sungmin réclamait une histoire à sa mère. Mais ça ennuyait Mme Kim parce qu’il n’arrêtait pas de poser des questions sur sa vie et celle de son époux avant Pallatine. Ça l’embarrassait beaucoup, alors un jour elle lui a raconté une histoire.

« Il y avait une petite fille très jolie qui s’appelait Dora. Dora était curieuse et posait toujours des questions. Parce qu’elle était belle et gentille, tout le monde répondait.

« Un jour, Dora rencontra un étranger qui se baladait avec une boîte. Dora lui demanda ce qu’il y avait à l’intérieur. Le monsieur ne répondit qu’il ne pouvait rien dire. ‘Pourquoi ?’ dit Dora. ‘Je ne peux pas le dire non plus’ dit le monsieur.

« Plus tard, l’étranger oublia sa boîte sur un banc. Dora, qui l’avait suivi partout, la vit et, curieuse comme elle était, décida de l’ouvrir. Quand elle souleva le couvercle, des centaines d’insectes lui ont sauté dessus et ont mangé son visage.

« Depuis, Dora ne voit plus rien. Elle n’arrête pas de poser des questions pour demander où elle est, mais personne ne lui répond parce qu’elle est devenue trop effrayante. Ceux qui parviennent à la reconnaître, c’est pire : ils savent que c’est de sa faute si d’autres personnes dans le village ont souffert en se faisant manger le visage. »

À partir de ce soir, Sungmin a cessé de poser des questions.
En parallèle, il a développé une phobie des insectes volants.


Hangover Pt. 1

13-06-2016 ; 6h54

La sonnerie du téléphone le tire de son sommeil. Vite (trop vite — sa tête tourne) il se retrouve assis dans son lit. Ses yeux lui font mal. La mélodie est une drille dans ses oreilles.

Doucement, il se lève et récupère l’appareil maudit échoué au sol. Au même moment, la sonnerie cesse. Bien fait. Il n’aura qu’à fermer le son et retourner dormir.

Sauf que sur l’écran s’affiche pas un mais six appels manqués
dix-huit textos
et un motif :

« Sungmin rappelle moi »

Les mots s’impriment sur sa rétine.

Sungmin sait.


Héritage Pt. 1

La première fois qu’on lui a parlé du Triumph, son cœur n’a fait qu’un bond.

Une salle. Administrée par lui et que par lui. La chance de prouver sa valeur.

Son père n’était pas encore à l’hôpital. Il était assis à son bureau et lui montrait les plans. Une salle interdisciplinaire pour accueillir la crème de la crème des artistes de Pallatine.

Et Sungmin, son nom, associé à cette entreprise.

Il ne croyait pas que les choses se compliqueraient si vite et à ce point.


Hangover Pt. 2

13-06-2016 ; 6h56

Comme un vertige. Une envie de vomir. Il se retient.

Il n’arrive pas à recomposer le numéro. C’est ce qu’il doit faire, il le sait, mais non : ses doigts sont engourdis.

La mélodie reprend, il sursaute. L’icône verte scintille.

Comme un automate, il répond.

« Sungmin, ton père… » Son interlocuteur hésite. « Toutes mes sympathies. Je suis déso- »

Comme un automate, il appuie sur le bouton rouge et dépose son téléphone sur la table de nuit.

La chaleur lui monte à la tête tout à coup. Il a chaud et il a froid. Il ne sent plus le sol sous ses pieds.

Son estomac se tord. Il court à la salle de bain et il dégueule.


Héritage Pt. 2

On dit qu’il est le portrait craché de ses parents, mais avec quelque chose de plus. Un plus dans son aisance à bouger dans le monde, un plus dans sa manière de communiquer, un plus dans ses yeux, cette confiance arrogante, feinte, mais naturelle.

Un plus sans doute hérité de la vie confortable qu’on lui a offerte. Un plus par rapport à la misère que ses parents ont du endurer mais qu’il ignore (bien sûr, il ne devrait pas se faire une mauvaise idée d’eux).

Ça lui permettra d’aller plus loin dans la vie, à ce qu’il parait. Comme s’il était plus adapté qu’eux pour évoluer dans ce monde.

Mais Sungmin a hérité d’une maladie qui, dans cet univers cruel, s’appelle le doute.