ft. Aleksei
ft. Locke
「Lucky Locke tire plus vite que l'Ombre 」
L'homme avait l'air de s'amuser, et de continuer à se moquer de moi. Soit, si c'était ce qu'il voulait, il n'avait qu'à continuer. J'avais ignoré sa remarque, lorsque j'avais pris le plateau avant de me diriger vers une table.
Après m'être assis, l'homme fit de même, et posa son propre sac. Il prit l'un des burgers que j'avais commandé pour lui, et commença à le déguster, tout en m'observant. Il me jauge du regard. Je fronce les sourcils, méfiant. Peut-être était-ce une ancienne victime qui, maintenant, se souvenait de mon visage ? Pourtant, sa tête ne me disait rien. Je ne devais pas l'avoir croisé avant. Peut-être essayait-il alors de se souvenir de mon visage traits pour traits, pour pouvoir ensuite me trahir ? Je ne pouvais omettre aucune possibilité.
Il me dit soudainement que ce repas manquait de boissons, et me demanda si je n'avais pas d'argent en plus stocké quelque part. Je le regardai, surpris, les yeux ronds. Il n'allait tout de même pas me ruiner ? Enfin, j'avais tenter de le voler alors c'était compréhensible. Mais il devait bien avoir plus d'argent, alors que moi, ça faisait partie de mes économies...
Je le regardais donc, comme s'il venait de sonner ma sentence de mort. L'homme rit et fit comprendre qu'il n'était pas sérieux, ce qui me fit lâcher un soupir de soulagement. Décidément, je n'arrêtais pas de soupirer, aujourd'hui...
L'homme poussa le plateau vers moi, me conseillant de prendre l'un des burgers. Je regardais le plat comme si je redoutais qu'il s'empoisonne de lui-même pour me piéger. L'homme déclara que je devrais être calme, car j'aurais pu tomber sur pire que lui, des gens qui n'auraient pas hésité à me tabasser pour ça. Bien que ses mots ne m'enlevaient pas ma méfiance, je ne pu m'empêcher un mince sourire.
Des gens comme ça, tu en connais. Ce sont les premiers que tu as connus, même. Tu te souviens encore de tes côtes cassées, de tes anciennes blessures, qui semblent te chatouiller comme pour te rappeler qu'elles ont existé. Tu sais qu'il a raison su ce point, mais tu ne peux pas t'empêcher de te méfier – peut-être qu'il cherche à te piéger. Mais tu es soulagé qu'il ne semble pas vouloir te blesser. Pour l'instant.
L'homme commente mes actions, tout en mangeant. Il a l'air plutôt impressionné, et semble presque m'encourager. Je suis assez surpris. Je pensais qu'il déblatérerait l'habituel discours sur « Le vol, c'est mal », mais ce ne fut pas le cas. J'étais doué, selon lui, et sans son piège, il ne m'aurait pas vu. Tout le problème était là. Je m'étais fait piégé, justement.
Il me dit cependant que je n'aurais pas dû resté planté à rien faire, et me demanda si je pensais compter sur autre chose que mes jambes comme plan de secours. Il continuait de parler et de commenter mes manœuvres, alors que je haussais les épaules, attrapant le burger qui m'était destiné, le reniflant comme si je pensais y déceler une odeur de poison.
Lorsqu'il eut terminé, je pris la parole, tout en le regardant.
« J'étais surpris. Je ne trouve pas ce genre de choses tous les jours. »
Je fais une petite pause, histoire de goûter mon repas. Pas mauvais, à savoir si c'était assez nourrissant pour que je n'ai pas faim l'heure d'après.
« En général, je ne me fais pas forcément attraper. Les gens du coin sont plutôt aveugles. Ou sinon ils se rendent compte de leur perte bien trop tard. Mais le peu de fois où ils me remarquent, ils le font savoir, alors je cours. »
Je regarde l'homme. Peut-être qu'il cherche juste à obtenir quelques unes de mes manières d'opérer. Ce n'est pas pour autant qu'il réussira à m'attraper. Mais je reste quand même méfiant. Il a quelque chose de différent des autres.
« T'as raison, au fait. Moi aussi, j'en connais certains qui m'auraient cassé la gueule. Ça m'est déjà arrivé, pas qu'une fois. D'me faire poursuivre et de courir ou d'me faire tabasser, mais c'est pas pour autant que j’arrête. Par contre, quelqu'un comme toi, c'est la première fois que j'en voie, et j'avoue que je sais vraiment pas ce que tu me veux. »
Je plante mon regard dans le sien. S'il tente de me piéger, je le découvrirais. Mais pour l'instant, je devais suivre son petit jeu.