Mer 25 Juil 2018 - 16:24
La salle qui s'étendait sous le club était plus vaste que ce qu'il avait imaginé : un véritable entrepôt où pouvaient tenir plusieurs rings, des bancs rembourrés et un discret bar dans le coin. Pourtant, ce qui le frappa de prime abord, fut le calme du lieu. Les coups portés au corps étaient discrets, amortis par le sable plutôt que par la chair, les clameurs réduites à de discrets ahanements, les commentaires silencieux. Il n'eut aucun mal à entendre la question de Sara dans ce silence, et il en oublia d'être heureux.
« Non, jamais. Je... »
Il manquait ce bourdonnement de ruche dans lequel les clubs baignaient, entrecoupé de chocs claquants ponctuant un rythme irrégulier. Il manquait cette odeur de sueur et de sang qui parfumait jusqu'au sol plastique où les pieds rebondissaient. Il y manquait surtout cette vie agitée, tumultueuse comme une tempête, qui expulsait l'air des bronches en cri, et qui parait les crochets d'un grognement essoufflé.
« Ça y ressemble, mais ce n'est pas tout à fait ça, nota Naga d'un air concentré. Je veux dire, par rapport aux rings que j'ai connus sur Terre. »
Peut-être n'avait-il jamais non plus mis les pieds dans ces clubs de gentlemen, où le sport tenait lieu d'excuse plus que d'activités. Naga ne savait plus s'ils avaient vraiment quitté le bar, ou s'ils étaient vraiment entrés dans le vif du sujet. Peu importe. Le sous-sol était pratiquement vide, et il y avait fort à parier que les personnes présentes avaient été triées sur le volet.
Rassasié de leur surprise, le gangster se décida à intervenir, pour mieux s'effacer :
« Si cela vous convient, je vais vous laisser visiter notre arène par vous-mêmes. À cette heure de la journée, peu de nos gladiateurs viennent s'entraîner, car le gros des combats se déroule pendant la nuit. Vous aurez donc tout le loisir d'admirer nos équipements. Vous pouvez aussi parler à nos sportifs, si vous le désirez, mais ne perturbez pas trop leur entraînement, ils sont parfois très occupés. Pour ma part, je vous attendrai au bar, j'ai des coups de fil à passer »
Difficile de savoir si l'assistant les y encourageait ou tentait de les en dissuader : la menace était loin d'être évidente. Naga le remercia rapidement, se limitant à ce que la politesse lui imposait, et pour inciter Sara à s'éloigner de ce dangereux sbire, annonça à voix haute :
« J'aimerais bien voir cet équipement dont il n'arrête pas de se vanter. Il y a quelques sacs de frappe, là-bas, et d'autres instruments qui doivent servir à d'autres arts martiaux que je ne connais pas. Je vais y aller. »
Il n'osait pas demander directement à Sara de l'accompagner, mais il la regardait droit dans les yeux, et il espérait bien que l'invitation passerait. Son colosse surveillait avec attention les alentours, comme s'il craignait un danger immédiat, mais Naga était pour sa part plutôt soulagé - c'était calme, très calme, ce qui signifiait moins de personnes à provoquer.
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