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we don't believe what's on tv ❀ naga

Mer 25 Juil 2018 - 16:24
La rapidité du trajet fut aspirée par les commentaires futiles de l'assistant ; on en oubliait presque qu'il n'y avait qu'un étage ou deux à descendre, à moins que ce ne fut l'anxiété, conjuguée à la densité de paroles qu'un homme pouvait faire tenir en une seule seconde, qui lui donna l'impression que le temps se ralentissait. Les miroirs lui renvoyaient les reflets démultipliés de leurs personnes, brouillant les traits de leurs visages sous des angles acérés, renforçant l'impression qu'il était seul. Naga accueillit l'ouverture de la porte avec un soulagement silencieux, et malgré son inquiétude, se précipita à l'extérieur dès qu'il le put.
La salle qui s'étendait sous le club était plus vaste que ce qu'il avait imaginé : un véritable entrepôt où pouvaient tenir plusieurs rings, des bancs rembourrés et un discret bar dans le coin. Pourtant, ce qui le frappa de prime abord, fut le calme du lieu. Les coups portés au corps étaient discrets, amortis par le sable plutôt que par la chair, les clameurs réduites à de discrets ahanements, les commentaires silencieux. Il n'eut aucun mal à entendre la question de Sara dans ce silence, et il en oublia d'être heureux.

« Non, jamais. Je... »

Il manquait ce bourdonnement de ruche dans lequel les clubs baignaient, entrecoupé de chocs claquants ponctuant un rythme irrégulier. Il manquait cette odeur de sueur et de sang qui parfumait jusqu'au sol plastique où les pieds rebondissaient. Il y manquait surtout cette vie agitée, tumultueuse comme une tempête, qui expulsait l'air des bronches en cri, et qui parait les crochets d'un grognement essoufflé.

« Ça y ressemble, mais ce n'est pas tout à fait ça, nota Naga d'un air concentré. Je veux dire, par rapport aux rings que j'ai connus sur Terre. »

Peut-être n'avait-il jamais non plus mis les pieds dans ces clubs de gentlemen, où le sport tenait lieu d'excuse plus que d'activités. Naga ne savait plus s'ils avaient vraiment quitté le bar, ou s'ils étaient vraiment entrés dans le vif du sujet. Peu importe. Le sous-sol était pratiquement vide, et il y avait fort à parier que les personnes présentes avaient été triées sur le volet.
Rassasié de leur surprise, le gangster se décida à intervenir, pour mieux s'effacer :

« Si cela vous convient, je vais vous laisser visiter notre arène par vous-mêmes. À cette heure de la journée, peu de nos gladiateurs viennent s'entraîner, car le gros des combats se déroule pendant la nuit. Vous aurez donc tout le loisir d'admirer nos équipements. Vous pouvez aussi parler à nos sportifs, si vous le désirez, mais ne perturbez pas trop leur entraînement, ils sont parfois très occupés. Pour ma part, je vous attendrai au bar, j'ai des coups de fil à passer »

Difficile de savoir si l'assistant les y encourageait ou tentait de les en dissuader : la menace était loin d'être évidente. Naga le remercia rapidement, se limitant à ce que la politesse lui imposait, et pour inciter Sara à s'éloigner de ce dangereux sbire, annonça à voix haute :

« J'aimerais bien voir cet équipement dont il n'arrête pas de se vanter. Il y a quelques sacs de frappe, là-bas, et d'autres instruments qui doivent servir à d'autres arts martiaux que je ne connais pas. Je vais y aller. »

Il n'osait pas demander directement à Sara de l'accompagner, mais il la regardait droit dans les yeux, et il espérait bien que l'invitation passerait. Son colosse surveillait avec attention les alentours, comme s'il craignait un danger immédiat, mais Naga était pour sa part plutôt soulagé - c'était calme, très calme, ce qui signifiait moins de personnes à provoquer.

+3
Lun 20 Aoû 2018 - 12:59
night drive on the boulevard of broken dreams
+ naga
elle se concentrait sur une chose à la fois : les arabesques de l’ascenseur. les reflets des miroirs. le tintement de la lampe en cristal. le bruissement des portes. la vibration du moteur du fauteuil. les centimètres avalés par les roues.
chaque unité semblait si lente, si importante, et pourtant tout s'enchaînait si vite. ils y étaient déjà.
enfin, pour être exact, elle y était. elle s'était rendue compte, lors de son avancée vers cet autel aux alliances de fer, qu'elle n'avait plus le droit de penser pour deux. encore moins de parler.
mais elle avait osé. elle l'avait dit, et elle voulait éloigner la vérité d'elle, et elle voulait qu'on la protège comme on l'a toujours fait alors même qu'elle cherchait à s'en défaire. quand elle sortira d'ici, elle ira sûrement pleurer. elle sent un peu de vide, de ceux qu'on rempli par des larmes qui n'ont pas de flacon où couler, qui n'ont pas de nom mais juste une fonction qu'on n'appelle pas.
elle ira pleurer, et elle s'en voudra comme si elle avait tout lâchement abandonné alors qu'elle n'a fait que résister -pas assez, si vous le lui demandez.
elle voit des choses qui n'existent pas quand il s'arrête de parler : des souvenirs qui remontent jusqu'à faire briller des yeux, jusqu'à faire saigner des hémorragies lâchement pansées, à peine oubliées, jusqu'à raconter des histoires qu'on dirait d'horreur mais qui sont bien de notre heure.
sara était un paradoxe : elle abhorrait ces violences honnêtes et se ruait vers celles qu'on ne sentait pas de suite.
elle le sait, pourtant. son esprit est une agérate. couleur ecchymoses.
elle regarde le sol d'un oeil morne. elle se souvient soudainement qu'il faut qu'elle soit intriguée. impressionnée. engagée. curieuse. passionnée. alors elle relève la tête, regarde le haut plafond contre lequel les cris doivent résonner, observe les murs qui ont encore résisté, décortique la profondeur de cette salle si grande. (et si vide)
(et si vide)
(et si vide)
((c'est l'écho contre son crâne))
merci énormément pour votre visite, monsieur. toutes vos anecdotes rendent cet endroit encore plus vivant. j'espère que nous auront l'occasion d'en reparler, un jour. elle a un sourire charmant. beau. chaud. c'est un soleil. un petit -de ceux qui ne vont jamais nous brûler.
le majordome s'en va.
et sara elle, elle aimerait soulager ses yeux à l'instant -mais ce n'est pas fini. ce n'est jamais fini.
elle s'arrête, sara.
elle regarde autour.
elle ne voit que ça : des hommes, du sport, du sable.
de la violence organisée.
peut-elle les blâmer ?
(non)
il s'en va comme un bateau qui quitte le rivage pour d'autres aventures. il s'en va comme un oisillon qui sait qu'il peut voler. il s'en va comme un avion de papier destiné à voler pour l'éternité.
et elle n'est qu'une sœur sur le rivage, qu'une mère dans un nid, qu'un enfant encore assis.
elle regarde autour.
elle ne voit que ça (partout (partout (partout)))
ils ont beau se regarder, sara n'est pas là, et elle voit mais n'assimile pas, et elle entend mais n'écoute pas, et elle comprend. c'est là tout le nœud du problème.
elle avance sans y penser. ses yeux sont vides. ils n'ont pas bougés, comme si naga marchait à la même allure que son fauteuil en gardant les pupilles braquées sur elle. elle fait un signe à son garde du corps. repos.
elle le traite comme un chien.
elle se déteste.
faisons comme si cela m'intéressait. sa voix et son visage s'échangent : l'un devient vivant, l'autre semble mourir à chaque mot. si vous pouviez me rendre la tâche facile, je vous en serais reconnaissante. elle a envie de
(vomir)
(s'enfuir)
(partir)
sourire
(jusqu'à encore trop en souffrir)


+1
Dim 26 Aoû 2018 - 14:55
Il n'y avait rien de rassurant dans ces lieux feutrés, emmurés d'une peau de velours impregnée de bruits et d'odeurs. Les regards curieux, déplacés, que leur lançaient les combattants choisis sur le volet lui renvoyaient l'image de sa propre étrangeté. Pas plus que la princesse, traitée avec courtoisie parce qu'il fallait bien la préserver, Naga n'appartenait à ce lieu. Les regrets du temps perdu de sa jeunesse, la nostalgie de l'insouciante énergie déployée dans une parade de coups bien calibrés s'étouffaient sous l'impact de ce mur de distance que les autres avaient dressé. Ces derniers souvenirs, traités d'une bienveillance irritée, s'asséchaient de l'idéalisme dans lequel ils avaient baignés, laissant Naga seul avec sa culpabilité.
Le roulement léger du fauteuil dans son dos ne pouvait pas apaiser le sentiment de solitude qui l'oppressait. La conscience de Naga frétillait avec indignation du traitement qu'il avait subi plus tôt. Seul avec elle, son inquiétude se calmait, mais il ne se trouvait pas à l'aise pour autant. Il se sentait rugueux comme les cals précoces de ses mains, qu'il caressait nerveusement du bout des doigts, pour se rappeler d'où il venait, et ce qu'il avait fait. Au moins Naga savait-il à présent à quoi s'attendre avec elle, et pourtant, il ne parvenait pas à lui en vouloir complètement.
Après tout, l'ignorance était sienne, elle lui allait comme un gant.

« Merci. » glissa-t-il, révélant sa gratitude blessée.

Mais Naga sentait que ses mots n'atteignaient pas Sara, repliée sur elle-même dans ce qu'il croyait être une attitude lasse et craintive, plutôt que du dégoût. Les efforts qu'il aurait pu faire pour combler le fossé qui s'était creusé entre eux étaient déjà hors de sa portée. Naga se serait menti en prétendant qu'il ne ressentait qu'une confortable indifférence - la vérité était que tout cela le préoccupait bien plus que prévu, et l'absorbait du mondeoù on aurait eu besoin de lui.

« Je crois qu'il faudrait demander à notre charmant ami l'usage de certains de ces instruments, commenta Naga d'un ton guindé. J'ai beau venir de la fin du XIXe siècle, nos sacs de boxe étaient plus simples. Je crois qu'ils avaient conservé un aspect primitif, justement parce qu'il n'y a rien d'évolué à se taper dessus comme des singes. »

Sa main, qui avait effleuré un sac de frappe marqué par les nombreux poings qui s'y étaient encastrés, retomba mollement sur le côté. Il ne savait pas s'il ressentait de la tristesse face à ces carcasses de son passé, ou si ces instruments coupaient définitivement le cordon avec la douce époque de son insouciance.

« Je crois que j'aimerais bien me remettre à la boxe. » avoua-t-il sur le ton de la confidence.

Ce désir secret, inassouvi, aux motivations si obscures, lui paraissait à présent si sincère, que Naga était prêt à oublier où il se trouvait, et pourquoi il était dégoûté.
Un regard au colosse à l'œil égratigné qui s'avançait vers eux lui remit promptement les idées en place.

« Vous avez l'air intéressés, annonça le gars dont la diction se trouvait étrangement claire et limpide. Une petite démo, ça vous dirait ? »

Ses lèvres se retroussèrent sur un sourire où pas une dent ne manquait. Cette vision contredisait l'image de pirate dont Naga s'était instantanément fait de lui. Cet homme d'âge incertain aurait certainement eu la force de lui broyer les os avec la même nonchalence que Naga dévorant son petit-déjeuner, mais quelque chose, dans la retenue dont il faisait preuve, conservant une distance prudente et respectueuse, dans l'élocution claire et forcée, indiquait les instructions très précises qui avaient dû lui être données.

« Si la demoiselle veut bien. » répondit délicatement Naga en s'effaçant.

La curiosité cédait le pas à la nécessité de préserver au mieux son restant de dignité.
Sam 29 Sep 2018 - 9:56
can you tell if i'm cold ? if i'm out of daydreams?
+ naga
peut-être était-ce pire, de ne rien voir. ou plutôt : de pouvoir contempler le contexte, et d'imaginer ce que des Hommes feraient de tout ça. du sol de sable. des murs anti-bruits. des sacs de boxe. des ronds dessinés sur le sol. des fauteuils disposés tout autour. de l'absence de traces. de l'absence d'âme. C'était un endroit aseptisé, joliment décoré pour qu'on veuille bien croire qu'il était l'hôte d'une vie bouillante, mais la vérité c'est qu'il ne l'accueillait qu'en phase terminale. Elle repartait ensuite.
Et Sara, elle aurait voulu admirer une forêt, où les feuilles se dressent quand elles sortent enfin du sol pour embrasser le soleil, elle aurait même aimé se sentir étrangère, pas à sa place, dans ces endroits de pure beauté, aux sens qui ne peuvent qu'échapper aux gens.
A la place, elle se trouvait dans un sous-sol à l'odeur de javel, joliment déguisé comme une femme battue recouvre ses bleus, le sourire fier qui porte son amour à ce qui la déchire morceau par morceau. Elle aurait aimé que Naga la conforte. Qu'il lui parle d'autre chose, qu'il lui raconte de nouveau l'océan, et la fin du monde, et les poissons qui changent de couleur. C'était une peur poétique, au moins. Introspective. Ici, elle ne ressentait que de la crainte et son instinct de survie (il lui disait tu vas mourir tu vas mourir tu vas mourir au fur et à mesure que la normalité s'insérait dans son cerveau : accepter était une défaite finale).
Et sa mélancolie arracha un regard de pure terreur dans les yeux de Sara. Elle n'a pas pu s'en empêcher, n'a pas pu le masquer, alors elle le porte assorti de son joli sourire, et on dirait une poupée mal assemblée, issue de deux carcasses abandonnées. Sara savait qu'il y avait beaucoup qu'elle ne comprenait pas. Elle avait saisi que l'Homme était un animal de compétition, et qu'il créait des choses juste pour pouvoir crier l'avoir gagné. Le sport n'était qu'une autre excuse. Qu'une autre fierté. Elle se souvient de son père, quand il croyait qu'elle dormait, et qu'il pleurait sur le lit dans les bras de sa femme. Il disait on court depuis la nuit des temps. Sara voulait ajouter : alors à quoi bon être le plus rapide ? Au final, peut-être que tout le respect qu'on leur donnait devrait aller à ceux qui repoussent vraiment les limites de la nature. Ceux à qui ils manquent des jambes, mais qui avancent quand même.
Elle avait du mal à voir l'exploit dans le fait de battre quelqu'un sans besoin de survie. Mais voilà : Sara n'était pas quelqu'un qui connaissaient les envies animales. Elle n'a toujours été que frêlement humaine, et si on devait faire une analogie, on l'attribuerait sûrement au papillon.
Un papillon se cache quand il a peur. Quand on lui effleure les ailes, on brise son camouflage trop délicat, papier transparent, écailles infinitésimale ; s'il ne peut plus tromper, il va sûrement décéder.
Elle a l'impression que cette montagne lui racle sa poussière jusqu'à la cellule. Elle voudrait se fondre dans les murs, dans le sol, s'étouffer dans le sable pour avoir une excuse et sortir d'ici mais elle s'y attendait. Elle avait été dans le déni, avait refusé d'y penser, mais c'était évident. Ce qui la poignardait au cœur, ce qui venait empoisonner ses idées, c'était que Naga prenne part au massacre.
Elle ne pouvait pas dire non. Elle ne pouvait pas laisser entendre que l'Institut se cachait les yeux derrière pour ne pas voir les films d'horreur que ses citoyens jouaient dans les rues de Pallatine, surtout pas maintenant. Elle avait toujours son sourire. Ce foutu sourire qu'elle arrivait à détester un peu plus chaque jour. N'avez-vous pas dit à l'instant que c'était votre souhait ? Elle était incapable de mentir en parlant d'elle, de dire allez-y, de formuler une quelconque confirmation : elle avait l'impression que ça lui couperait la langue, de trop feindre, de trop se martyriser. Alors elle fait comme souvent : elle ment à demi-mot.
Et elle pense c'est de ma faute. Le retour à la violence de son ami -oh, elle ne sait pas si elle peut employer ce mot.


Spoiler:

+1
Sam 13 Oct 2018 - 12:05
Telle une plume qui ignore que la brise qui la portait se nourrissait de la force d'un ouragan, Naga ne comprit qu'au dernier moment jusqu'où cette conversation l'amenait.

« Ce... ce n'est pas la même chose. » s'empressa de corriger Naga.

Cet enthousiasme envieux se calma d'un coup lorsqu'il se rendit compte que Sara semblait étroitement associer la tendresse qu'il portait à une discipline qu'il avait déjà abandonnée, et la tentation de voir deux corps faits de violence s'entrechoquer sous ses yeux.
La présence du colosse aux dents carnassières freinait l'expression honnête de sa pensée. Non seulement il aurait été offensant d'avouer que cette atmosphère de bestialité raffinée le mettait à l'aise, en soulignant l'écart qui existait entre cette arène sanguinaire et l'expérience qu'il avait pu connaître dans son propre club de quartier, mais cette fierté souvent mal placée lui inculquait assez de prudence pour le dissuader de s'attaquer aussi peu entraîné l'un de ces bouchers. La douleur qu'il anticipait n'en valait pas la peine.
C'était dans ses souvenirs que se nourrissait son désir, d'autant plus fort que la nostalgie se manifestait éclatante par les absences qu'il constatait autour de lui. Les coups claquants malgré les protections n'étaient pas ce qui tirait de lui cette envie de se remettre à la boxe, mais ce néant de camaraderie qu'il constatait chez tous ces adversaires. Les sentiments amicaux qu'ils pouvaient se porter l'un l'autre étaient de fait étouffés par cet instinct animal qui les portait à la victoire ou les noyait dans la défaite.
Était-il si bête ? Ce n'était pas cela que Naga voulait montrer à Sara concernant son ancienne activité.
Le boxeur l'avait d'ores et déjà rangé dans la catégorie des couards et portait un regard déçu sur lui.

« Bah, si ça vous intéresse pas... Eh, Jax ! Toi, tu ne vas pas dire non à un combat, non ? »

Ledit Jax, qui finissait son échauffement, répondit un grognement que le colosse interpréta comme un acquiescement. Il se tourna vers les invités en faisant preuve d'une courtoisie qui ne collait pas à son regard de prédateur.

« Si vous changez d'avis et que vous voulez voir, on est juste à côté. Vous n'avez qu'à me faire signe, ok ? »

Naga le trouvait étrangement amical, mais il ignorait si ses a priori sur les personnes qui fréquentaient ce genre de club étaient partiellement infondés, ou si cet homme, en plus de savoir jouer des muscles, était aussi un excellent acteur. Il lui donnait en tout cas la chair de poule.
Se penchant vers la princesse, qui parmi cet océan de testostérone apparaissait comme le dernier îlot de tranquillité, il lui souffla à l'oreille :

« Allons-nous en d'ici. On en a déjà assez vus, c'est assez pour aujourd'hui. »
Lun 12 Nov 2018 - 12:18
can you tell if i'm cold ? if i'm out of daydreams?
+ naga
Sara trouvait toujours de quoi se culpabiliser dans les distances qu'elle mettait entre ce qu'il se passait et ce qu'elle pensait.
Avant, ce n'était pas un problème : elle riait quand il y avait matière à rire, elle pleurait quand il n'y avait rien d'autre à faire, elle réfléchissait quand on le lui demandait. Elle a toujours eu cette spontanéité rafraîchissante qui brisait ce quatrième mur qu'on pouvait sentir face à ces gens célèbres, presque d'un autre monde.
Elle l'avait toujours -rien ne pourra sûrement lui enlever. Elle avait juste un peu changée, au cours des années. Surtout la dernière.
Les polémiques ne l'avaient pas épargnée, bien sûr que non. Mais au-delà de ces joutes entre diaspora, au-delà de ces piques aux opportunistes, au-delà du réveil d'une violence lascive, terriblement tentatrice, Sara pensait pouvoir s'en sortir indemne.
Maintenant que les choses se sont calmées, elle se sent terriblement vide -de réponses, mais aussi de questions.
Alors voilà : la jeune Sara, si optimiste et si plein d'espoir, avait maintenant peur du savoir.
C'est exactement tout le conflit de ce moment présent. Elle comprenait, supposait ce qu'il se passait ici, mais elle ne voulait pas savoir. Elle ne voulait pas qu'on lui dise c'est vrai ou pire, qu'on nie pour rendre tout plus joli : elle était certaine qu'elle déciderait que c'était un mensonge, et qu'elle n'en imaginerait que de pires choses. C'est ce qu'il se passait avec Naga. Après tout, ce n'était que logique. Le pêcheur semblait si mélancolique d'un passé perdu, gaspillé peut-être, qu'elle ne pouvait s'empêcher de croire qu'il refusait soudainement pour des soucis sociétaux plutôt que personnels. Peut-être aussi avait-il peur, également. Mais Sara n'imaginait pas un instant que sa réponse soit uniquement basée sur sa non-envie de participer.
Ce que Naga lui dit par la suite la fit rire.
Un rire fort, clair, qui contrastait avec son expressivité sourde d'auparavant ; un rire soudain, non maîtrisé, qui n'existait que par la nervosité qu'elle ressentait mais qui paraissait si fin, si bon vivant qu'il en était indiscernable des autres. On aurait pu croire qu'on lui avait raconté une blague, ou qu'on lui avait dit un non-sens sans pareil. C'était un rire bref, mais un rire cristallin -qui venait poignarder ce qu'il restait de sain. Vous ne comprenez pas, Naga. Le choix ne m'appartient pas. Elle aurait pu dire nous, mais elle se dissociait de plus en plus de lui à chacun de ses choix. Elle pensait qu'il se douterait à quoi s'attendre. Elle devait avoir tord -ou peut-être estimait-il être trop bien pour mentir comme elle, ou peut-être imaginait-il autre chose pour la si chétive, la si jolie, la si innocente Princesse Améthyste. Ah, comme il devait tomber de haut. Mais partez donc, si c'est ce que vous désirez. Elle continuait de chuchoter juste assez pour qu'il l'entende. Pour qu'il comprenne : elle est honnête en évitant de dire les vérités qu'il ne faut pas savoir.
Elle n'attend pas plus -elle trouvera une excuse, si jamais il décide réellement de s'en aller. De s'enfuir. De l'abandonner. Parce que c'est ça qu'on voit, dans ses mots froids, désillusionnés, dans ses mains qui s'accrochent à ses accoudoirs, dans le mouvement hâtif de son fauteuil. Elle rattrape les combattants, les accompagne comme un espèce d'arbitre, un genre d'entité supérieure, un ange peut-être. Messieurs, peut-être pourriez-vous me montrer un peu de sport ?
Ah. Quelle comédie.
Dim 25 Nov 2018 - 16:28
Il ne savait plus s'il était vraiment aussi ridicule que ce rire spontané l'indiquait, ou si elle était tellement enfermée dans son rôle de princesse qu'elle ne comprenait plus qu'elle avait le choix. Il lui fallait supporter cette première vexation, ce rouge aux joues qui lui montait comme à chaque qu'il se sentait pris en défaut par autrui, mais c'était loin d'être la première, aujourd'hui, Naga commençait à saturer. Il comprenait petit à petit qu'il était le fou aux habits bariolés, que les gens se fiaient à ce costume pour se laisser aller à leur hilarité, mais en retirant cette chemise, retrouverait-il vraiment sa dignité ? Ou n'était-il ce fou qui jusque dans la nudité ne parvenait plus à se débarrasser de son grand sourire maquillé ?
Mais alors la même chose valait pour Sara, qui ne portait pas de volumineuses robes de princesses mais dont la taille était serrée par un corset invisible qui l'empêchait en partie de respirer. Elle avait encore le choix de la liberté, même si elle ne s'en rendait pas compte, et il ne tenait qu'à Naga de le lui faire remarquer - quitte à provoquer l'un de ces nouveaux rires innocents qui le blessaient tellement.

Mais non.
Il ne le ferait pas.
Elle faisait tellement d'efforts pour endurer, au mépris total de sa propre santé, qu'il fallait respecter le sacrifice auquel elle consentait, pour que toute la souffrance qu'elle s'infligeait pût en fin de compte devenir sensée.
Peut-être était-elle forte, et lui faible, et peut-être s'essoufflait-elle, et lui se préservait - mais alors, un choix valait-il mieux qu'un autre, n'y avait-il vraiment qu'un seul choix valant pour tous, ou chacun pouvait-il prendre ses responsabilités de se nuire s'il le voulait ou d'être lâche s'il le fallait ?

Pourquoi souriait-il encore comme un benêt ?

« Non, répondit-il dans un souffle. Il ne fallait pas m'entraîner. »

Et en même temps, Naga se dégoûtait un peu, de se préserver de tout choix de la sorte. Il ne parvenait pas à s'assumer tout à fait, ni à se nier, et il donnait franchement l'impression de rejeter toute responsabilité. Il ne s'avancerait pas vers les deux hommes pour les rencontrer, ces deux brutes aux muscles luisants qui semblaient étrangement perturbés par la douceur directe dont Sara faisait preuve avec eux. Il ne s'enfuirait pas non plus par les escaliers, même s'il sentait qu'il fallait accélérer le départ au plus tôt. Naga ne savait tout simplement pas ce qu'il ferait. Son aide était inutile, voire gênante, et il attendait une occasion de briller, dont sa raison lui criait pourtant l'impossibilité. Ses reproches étaient agonisants, comme son cœur dans sa poitrine - mais peut-être pourrait-il enfin avancer s'il ne ressentait plus rien.
Il n'y avait plus que lui, ou plutôt son corps, qui observait les deux combattants prendre place sur leur ring et lancer des coups trop mesurés, par peur probablement d'une effusion de sang qu'on leur avait déconseillée, qui constatait la présence si lointaine de Sara à ses côtés, et cette lassitude qui le gagnait, comme une fatigue engourdissante, à laquelle il se soumettait en se doutant bien que tout cela finirait par passer.
Ven 4 Jan 2019 - 15:27
i don't know how but they found me
+ naga
Sara était un faux martyr qui ne se montrait qu'à ceux qui pouvait bien éprouver de la pitié. Elle savait qu'elle pourrait être libre. La vérité, c'est que presque tout le monde pouvait être libre, à Pallatine. Mais voilà : est-ce que ça en valait le prix ? Est-ce que, vraiment, partir maintenant valait la peine de ne plus jamais marcher ? de devenir une poupée sans identité ? de retomber dans ces sentiments d'inutilité ?
Quand elle y pensait, peut-être que Naga ne pouvait pas comprendre. C'était cliché, que de dire cela, mais elle ne parlait pas d'être ambassadeur, de porter une cause sur ses épaules, de se débattre sans oxygène la tête mise sous l'eau par les autres diaspora. Non. Elle parlait d'un fauteuil un peu grinçant, d'une roue qui se coince dans une fissure, d'escaliers qui paraissent plus loin que la fin du monde, des regards des enfants, des non-regards des adultes.
Elle s'attendait à une autre révolution de la part de Naga. Après tout -c'est ce pourquoi les Altermondialistes sont connus, non ? Ne jamais être d'accord avec personne. Changer le monde, même ce qui semble bien aller.
A vrai dire, elle s'attendait à plus de flammes. A plus de férocité. Mais Naga continuait de doucement se plier à ses critiques, à ses mots de vipère. Était-ce de la pitié ? de l'affection ? n'est-ce que pas un peu pareil, de toutes manières ?
Le revoilà, comme un chiot qui ramène le bout de bâton qu'on lui a lancé dix secondes auparavant. Elle continuait de faire ces comparaisons dévalorisantes et elle se détestait pour ça. Continuellement. C'était au moins une constante dans sa vie.
Et elle attendait.
Il y avait le bruit de peaux qui s'entrechoquaient, qui glissaient, qui s'attrapaient, qui se tapaient ; des faux gémissements peut-être parfois véritables mais alors cachés derrière l'inattention que Sara portait à la scène. Elle souriait, applaudissait parfois -certainement aux mauvais moments. Ce n'était pas grave. Elle avait l'habitude.
Et elle attendait.
Peut-être que la torture arriverait à sa fin.
Merci.
Elle le dit soudainement -des minutes après que le combat ait commencé, après que son fidèle chevalier ait repris sa place à ses côtés. Elle a une voix chaude, comme des rayons de miel. Merci, Naga.

Spoiler:
Dim 20 Jan 2019 - 23:18
Le problème avec les pensées noires, c'est qu'elles finissent par devenir si épaisses qu'elles vous coupent aussi efficacement du monde qu'un rideau de velours jeté sur vos sensations.
De ces hommes qui se battaient, Naga n'en voyait plus que des formes sombres et claires menant une danse frénétique, à la manière saccadée des impressionnistes, sur une toile de fonds aux couleurs sanguines. De Sara, il n'en sentait plus que la présence effacée d'une poupée abandonnée, jetée au coin d'une pièce, dont la sage posture ne lançait guère plus qu'une ombre translucide à l'angle de son champ de vision.
Et lui, au centre de son monde, si peu conscient de ce corps protecteur, si douloureusement plongé dans dans ce dilemme de plier ou d'agir.

Le merci tomba comme un pavé dans la mare, assourdissant plongeon troublant les eaux stagnantes dans lesquelles Naga étaient engluées. Il se rappela où il était - cela ne l'enchantait guère. Il se rappela tous les mots durs de Sara, et toutes ces vérités qu'il n'avait pas le courage de lui dire, par peur de la blesser, de la voir s'effondrer - et dont il doutait encore un peu, indécis qu'il était.
Mais une chose était sûre, Naga ne pensait pas que ce merci lui était adressé.

Il se contenta d'applaudir proprement, ses deux mains claquant lourdement dans le dénuement sonore de la salle d'entraînement à moitié vide. Très beau combat. lâcha-t-il aux gladiateurs soulagés. Il ne s'attarda pas sur leur réaction.
Déjà, l'employé qui les avait guidés jusqu'ici revenait, sourire carnassier collé aux lèvres, satisfait comme s'il portait déjà une couronne de lauriers.

« Eh bien, ce spectacle vous a-t-il plu ? Désirez-vous voir autre chose ?
- C'était très bien, répondit Naga avec une sincérité feinte. Vous avez bien entraîné vos hommes, c'est remarquable. Quelle violence mesurée. »

L'homme ne sut pas vraiment réagir à cette remarque qui ne pouvait pour sarcastique, mais qui était loin d'être honnête. Mais à coup sûr, il y trouverait une bonne raison de la mépriser.
Lun 28 Jan 2019 - 11:45
celui qui est, celui qui cherche
+ naga
Peut-on choisir qui l'on est ?
Est-ce que, quelque part, dans un univers parallèle, la volonté suffisait à changer des os cassés, des cervelles éclatées, des avenirs balayés ? Est-ce que juste vouloir pouvait révolutionner des identités, changer des rêves en réalité, s'inspirer de ses envies pour construire une utopie ?
Sara -elle aurait voulu être danseuse.
Elle ne l'a jamais dit à personne.
On l'a complimente sur sa grâce. Sur sa jolie peau blanche. Sur ses yeux de joyaux. Sur sa prestance presque royale. Sur son port de tête. Sur ses jolies robes de perles et de satin. Sur sa finesse. Sur sa manière de bouger.
On lui a dit, un jour, qu'elle était sûrement un cygne.
Elle a rit. Il n'y avait rien de plus vrai, et elle aurait été une artiste docilement sauvage -elle aurait mélangé les choses, et elle aurait amené sa douce bestialité rangée sur des morceaux de Chopin, de Mozart, de Vivaldi.
De Camille Saint-Saëns. Elle s'imagine, parfois, comment elle aurait réagit en l'écoutant -dans cet autre univers, dans cet autre temps, là où il n'était pas encore ni connu ni très intéressant.
Il y a des choses qu'elles comprend : le challenge, le dépassement, les combats envers soi-même. Peut-être que les boxeurs ne sont que des cygnes noirs.
Et peut-être qu'elle voulait devenir danseuse parce qu'elle savait que c'était impossible -n'est-ce pas réconfortant, de savoir que l'on ne pourra jamais être déçu de son rêve ?
C'était pour le moins instructif ! Vous vous l'imaginez, je n'ai pas l'habitude de ce genre de spectacles. Elle a le sourire qui lui ferme les yeux -peut-être qu'elle essaie d'imaginer que Naga n'a rien dit, et qu'il ne s'était rien passé depuis les trente dernières minutes, et que cet endroit sentait la javel parce que le gérant était à cheval sur la propreté. Néanmoins, nous ne voudrions pas abuser de votre hospitalité. Nous avons déjà dépassé notre temps de visite, me semble-t-il ! Ah, comme les minutes filent. Pour sûr -aussi vite qu'elle s'enfuirait vers la sortie. Merci énormément pour ce moment. L'Institut s'en souviendra.
Et la voilà : l'ombre dans son dos.
Lun 4 Fév 2019 - 0:02
Ses yeux se refermèrent un bref instant - à peine plus long qu'un clignement - comme pour mieux dissimuler le soulagement qui s'emparait de Naga. Enfin, la délivrance était arrivée. La satisfaction de leur hôte faisait écho à la retraite humble que proposait Sara - comme si les visiteurs étaient ceux dont la présence s'imposait comme la plus dérangeante, comme si les membres du Leviathan avaient besoin de prendre une pause. L'enthousiasme de la jeune princesse masquait parfaitement l'impatience (éventuelle) de sortir de ce club mal famé.
Et l'hôte jouait le jeu, persuadé d'avoir réussi son petit tour de passe-passe, et de leur en avoir mis plein les yeux. Il avait oublié Naga, ses vexations, son revers, pour se concentrer sur l'ambassadrice qu'il pensait avoir pleinement charmée. Et lui serrant les mains avec insistance, il annonçait :

« M. Kovac sera ravi de savoir que cette visite vous a plu ! Vous êtes bien entendu la bienvenue, si vous souhaitez revenir nous rendre visite, vous et votre délégation. » Même Naga eut droit à un sourire de courtoisie ; sensation étrange de constater que toute hostilité semblait avoir mystérieusement disparu entre eux. « Je vais vous accompagner jusqu'à la sortie, si vous le voulez bien. »

Voyage qui fut effectué en silence : l'hôte n'avait plus grand chose à leur dire, une fois son rôle rempli, et se plaça sobrement sur le côté, comme s'il était possible de s'effacer complètement dans cette cage d'acier. Peut-être espérait-il glaner les conversations de ses visiteurs, rendus miraculeusement prolixes par l'espace qu'il leur offrait.
Mais son regard détaché sur la nuque de Naga ne lui apparaissait que trop scrutateur ; sans même le voir, cet homme s'était fait obstacle à sa liberté d'expression. Plus méfiant que confiant, l'Inuit se positionna à côté de Sara, sans la voir, sans laisser transparaître l'excitation que la perspective d'un retour à l'air libre provoquait en lui. Il n'était plus là pour la protéger - si tant est qu'il eut tenu ce rôle un seul instant, il n'était plus là par amitié, il n'y avait plus que lui, et son reflet doré déformé, et cette asphyxie défaisant petit à petit son emprise sur ses poumons.
Libre, enfin.

hrp:
Sam 16 Fév 2019 - 12:55
they wishin' and wishin' and wishin' and wishin' on me
+ naga
Sara parfois oubliait ses talents d'actrice -c'était sûrement parce qu'elle ne mentait jamais vraiment. C'était sa technique, sa botte secrète ; c'était comment elle rendait tout si réel : elle se demandait dans quelle situation elle réagirait comme elle voudrait réagir à l'instant présent et elle ne faisait que décalquer ses sentiments sur d'autre mots. Ce n'était même pas compliqué, en réalité, mais ça rendait doucement les choses insipides à force de les déconnecter de leurs véritables identités.
De toutes manières, si elle ne devait donner qu'un seul mot pour se décrire, Sara dirait certainement "déconnectée" et toute la froideur qui l'accompagne.
Elle n'écoutait plus rien, souriait et rigolait doucement à la fin des phrases de leur hôte -l'ascenseur sentait toujours le métal derrière les jolies parures de bois et de tissus, la mélodie venait marteler les derniers neurones qui fonctionnaient encore sans mimétisme et les numéros défilaient si doucement qu'ils donnaient l'impression d'être bloqués. Le temps était un accordéon, ou alors cette boîte de métal était une autre de ces machines dans le temps, ou alors la temporalité avait décidé d'éternuer pendant qu'ils se trouvaient ici, leurs coeurs prêts à faire sonner des électrocardiographes.
Elle avale difficilement sa salive goût de plomb jusqu'à attendre la délivrance : elle a déjà patienté bien plus longtemps (coincée dans un lit qu'elle ne pensait ne jamais quitter).
Elle lâche les derniers mots rituels avant d'enfin, enfin, enfin prendre une grande bouchée d'air frais -elle pourrait le manger, presque, décider de transformer des nuages en barbe à papa et déguster la liberté jusqu'à en vomir pour en redemander encore. Le ciel était d'un bleu tranquille, si calme ; le rouge de ces sombres caves l'avaient rendue folle comme un taureau dans une arène sans qu'elle ne puisse rien en dire.
Elle invita son ami à s'avancer avec elle plus loin -loin des regards, et loin de cet endroit, et loin de ces souvenirs. Elle sait déjà qu'elle y pensera souvent, qu'elle se demandera ce qu'il se passe réellement sous terre. Elle ne veut pas savoir, mais l'humain a une drôle de manière de toujours s'intéresser à ce qui veut le tuer. Voilà une chose de faîte. Elle se refusait à l'expression populaire. Ce qu'ils venaient de finir était loin d'être une bonne chose. Elle tourne la tête vers les autres -tous, Naga comme son garde du corps qui suivait comme un fantôme. Elle a un sourire qui traduit sa joie d'être sortie, pas d'avoir terminé la fameuse chose. Merci de m'avoir accompagné, Naga. Désolée de vous avoir embarqué là-dedans sans y réfléchir. J'aurais dû y aller seule. Et elle voulait plutôt chuchoter désolée de vous avoir dit toutes ces monstruosité mais elle avait déjà trop souffert pour une journée.
Sam 16 Fév 2019 - 21:29
Le départ du Leviathan fut plus rapide qu'à l'arrivée : conscient d'avoir rempli son rôle, leur hôte ne les retient pas indécemment, mais les encouragea à revenir si l'envie leur en prenait, ils seraient toujours bien reçus.
La seule chose qui intéressait Naga, c'était le soleil brûlant ses yeux à travers ses paupières, dont la force éclipsait les derniers reliquats de lumière artificielle assurant une ambiance tamisée à ce club faussement bcbg. Puis très vite, l'envie de s'éloigner au plus vite de l'enfer. Il n'eut aucun mal à suivre les recommandations de Sara de se poser plus loin.
En véritable princesse, elle le remercia de sa venue, en s'excusant de l'avoir embarqué dans l'aventure. Si elle pensait qu'il s'agissait d'une erreur, ce sentiment était très largement partagé par Naga. Mais la laisser se rendre seule dans l'antre du monstre n'aurait guère été un choix acceptable. Elle aurait pu s'en sortir, et sans doute mieux que lui. C'était lui ne l'aurait pas supporté, il en avait conscience.
Maladroit, Naga retenait l'envie très peu élégante de fourrer ses mains dans les poches, elles lui paraissaient si désœuvrées lorsqu'elles pendaient le long de ses cuisses. Il désirait conserver un semblant de dignité face à une jeune personne qui restait bien droite dans son fauteuil et dont la nuque ne devait jamais plier.

« C'était... instructif. » fut tout ce que trouva à dire Naga.

Une flopée d'adjectifs divers, tumultueux comme les flots de la mer à l'annonce d'une tempête, se bousculaient dans son cerveau pour décrire cette découverte inattendue - glaçant, impressionnant, violent, sanguinaire, dégoûtant, fascinant, effrayant, enrichissant. Mais c'était le mot instructif qui lui était venu de lui-même.
Et pas uniquement parce qu'il avait visité un nouveau lieu de la ville. Il s'était complètement foiré, il le reconnaissait bien volontiers en privé. Il avait prouvé qu'il n'était pas quelqu'un de fiable et de raffiné, un détail qui le perturbait au plus haut point puisqu'il faisait de gros efforts pour polir sa gestuelle et son parler. Il s'était montré incapable, et partant, se connaissait mieux, mais il avait aussi découvert un aspect de la personnalité de Sara qui lui déplaisait - une ambition, peut-être, en tout cas, la certitude que son devoir pouvait amener à le sacrifier.

« J'aimerais... j'aimerais autant qu'on n'en parle plus, d'accord ? Et ne plus revenir en ce lieu. »

Naga ne souhaitait pas vraiment oublier, juste laisser de côté ce souvenir dérangeant et ne garder que les enseignements utiles pour son avenir.
Et il était tant de faire le premier pas en avant.

« Ne m'appelez pas à l'avenir si vous avez besoin d'aide, d'accord ? » conseilla-t-il en s'efforçant de cacher toute la difficulté qu'il avait à prononcer ces mots.

Et pour ne pas craquer, il tourna les talons, pour s'élancer loin, loin d'ici.
Dim 10 Mar 2019 - 9:23
sometimes I feel like I wanna go back
to a time before my mind turned black
+ naga
Sara aurait préféré qu'il crie -ça lui aurait prouvé qu'il y avait encore des choses à en tirer.
Mais non. Il n'a que des mots sans identité sur la langue, des choses froides qui glissent dans les oreilles comme des serpents -ceux de Méduse, qu'on entend juste avant d'être figé. Glacé. Soit il avait assez de haine pour se retenir, soit il ne voulait que partir et ne plus jamais entendre parler de cet endroit. De cette histoire. De cette Sara.
Dans les deux cas, ça lui brisait les os, d'une nouvelle manière qu'elle ne pouvait pas s'infliger à elle-même.
Elle essayait, pourtant, Sara, d'être douce, mais on aurait dit qu'elle n'était capable que de prendre les mauvaises décisions. Parfois elle avait l'impression d'avoir vendu son âme au diable.
Peut-être un peu.
Est-ce un choix pour quelqu'un de si jeune ?
Elle oubliait souvent qu'elle était encore une enfant.
Mais le voilà qui confirme ses pensées; ses craintes, aussi, sûrement. Le vouvoiement lui casse le coeur, comme une brindille tombée à l'automne, glacée par l'hiver, prête à redevenir morceaux pour essayer, au final, de redevenir arbre.
Ce n'est pas avec une brindille qu'on construit un arbre.
Elle a des larmes aux bouts des cils. Elle ne pleure pas. Ça viendra plus tard. Pour le moment, elle essaie de mettre de l'ordre dans ses pensées. Elles se débattent si fort qu'elles cognent contre ses yeux; c'est le stress, la pression qui s'expriment.
Et quand il s'en va, elle ne peut pas se retenir.
Je ne vous ai pas appelé, Naga.
Et elle sait que c'est terriblement bas, mais aussi terriblement vrai : elle n'a pas décidé à sa place, ce n'est pas sa faute s'il a voulu jouer les héros, elle n'a fait qu'accepter une main tendue qui s'offrait sans conditions.
Ce n'est pas grave. Elle se souviendra.
Sur le papier, ce n'est pas elle que ça désavantagera. N'est-ce pas ?

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