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C'était là une situation bien étrange qui se déroulait sous tes yeux, conscients des choses, mais incapacité à les comprendre et encore moins, à les assimiler. Trop d'informations d'un coup, trop de trucs qui se bousculent, mais tu n'oublies pas ton but premier, celui de t'occuper d'la tête de Gabriel, un peu trop en vrac pour qu'il s'en occupe lui-même. T'avais bien fait de lui coller Moriarty entre les doigts, grâce à ça, tu pouvais voir apparaître sur le visage de ton acolyte un sourire radieux, un sourire que tu l'avais jamais vu arborer auparavant et c'était peut-être pour toi, le plus beau cadeau d'ta journée. Moriarty, gentil chaton tout gris, au ronronnement aussi fort qu'une motocross à l'arrêt, au coup de boule encore plus foudroyant que ceux de Zidane ; aux grands yeux bleus, à la bouille si fragile ; beaucoup trop mignon pour ne pas succomber, c'est bien pour ça que tu l'avais attrapé de ce carton « adopté-moi » ; parce que personne ne semblait enclin à l'faire à part toi. C'est ton premier enfant, ton petit bébé et lui qui d'habitude se montre un peu méfiant avec les inconnus, avec Gabriel, c'était carrément autre chose... Ton sourire enjoué devient plus doux, tes yeux se font rieur en contemplant cette scène, t'avais raison du début jusqu'à la fin, t'en es persuadé maintenant Akira ; Gabriel devait être un chat dans une autre vie.
De ses doigts qu'il fait virevolter dans les airs, le photographe te donne, comme qui dirait, l'ordre d'arrêter de lui infliger un tel supplice. Tu venais seulement de remarquer que le froid sur son crâne le perturbait beaucoup plus que tu ne le pensais. Il en vient à te rendre ton portable, mais il le rattrapa aussitôt et tu ne pus t'empêcher d'arquer un sourcil de surprise ; il vaquait d'une occupation à une autre Gabriel et c'était un poil déroutant. Une girouette en somme.
« C'est trop froid. » … Merci capitaine Obvious... Non sérieusement et si on applaudissait tous Gab' pour cette fameuse découverte ; la glace, c'est froid. Tu ne peux t'empêcher de pousser un soupir face à ça ; il voulait continuer d'se taper une bosse du Tiers-monde ? Ok, qu'il fasse comme il veuille ; c'est ce que t'aimerais te dire Akira et c'est ce que tu te répètes intérieurement, mais au moment ou tu allais recommencer à lui plaquer la glace contre son crâne, il s’avança vers la table basse pour y déposer Moriarty, te laissant te vautrer à moitié sur le canapé... Tu sers le poing de rage, mais t'as même pas le temps de l'ouvrir qu'il se lève et tes yeux restent figés sur lui de surprise ; pourquoi il se lève au juste... ?
« Serait-ce grâce à tes actes illégaux que t'arrives à te payer une demeure de bon riche ? Ou bien parce que tu sais avoir un jeu d'acteur perfetto pour avoir ce que tu veux ? » Aie. La franchise de Gabriel, une belle balle courbe qui met le batteur, out. Tu n'aimes pas ça Akira, t'aimes pas la tournure que prennent les événements ; parce que tu ne sais même pas s'il demande ça pour rire, s'il y met une pointe d'ironie... C'est ça qu'il y a de terrible, sans l'intonation d'une voix, tu ne peux pas interpréter, tu ne peux pas forcément lire entre les lignes et ça t'agace, ça t'angoisse à mort. Pas le temps de cogiter à une réponse, qu'il efface déjà ce qu'il a écrit Gabriel, repartant de plus belle sur autre chose.
« Aller, j'espère que t'as quand même passé un bon anniversaire en ma compagnie parce que t'as pas choisi la meilleure personne pour ça haha. » Tu n'trouves rien à répondre, t'es un peu sur le cul même si ça ne se voit clairement pas sur ton visage, tu te contentes juste de sourire ; un sourire un peu faux, un peu mélancolique. Tu vis bien Akira, tu as une situation enviable alors que tu sèmes le mal, alors que tu vends la mort en balle, le cancer en barre. Une demeure de bon riche en créant la mort autour de toi, il n'a pas tort Gabriel, sur le fond, sur la forme ; mais tu n'as pas besoin des autres pour capter que t'es qu'une ordure d'la pire espèce. Il te rend enfin ton portable, que tu débloques de ses fonctionnalités, plusieurs nouveaux messages que tu ne lirais pas, que tu te contenteraient d'effacer ; parce que tu ne comptais pas vadrouiller ce soir pour vendre tes merdes. Le jour de ton anniversaire, c'est un peu mardi gras, c'est un peu un jour férié, c'est le début de vacances un peu prolongé ; parce que c'est une période de ta vie que t'aimes pas, que t'aimerais bien oublier. Quand tu reprends enfin tes esprits après tes pensées sombres, tu te rends compte que Gabriel tente un exercice périlleux, peut-être trop complexe pour quelqu'un dans son état, mais t'as même pas le temps d'lui dire de faire gaffe qu'il venait d'te tomber littéralement dessus, vos fronts se percutant, te clouant de nouveau dans ton canapé moelleux. Mal ? Non, pas vraiment, t'avais l'habitude des coups de boule, t'était rôdé ; mais tu te masses quand même un peu le front en te redressant... Mais voilà. Une nouvelle faille dans l'espace-temps, une faille qui fait s'arrêter un peu le temps alors que tes prunelles se retrouvent happer dans celles de Gabriel ; son souffle pouvait se mélanger au tien, tu pouvais le sentir effleurer ton visage avec délicatesse et tu ne sais plus quoi penser Akira, parce que tu n'es plus dans la capacité de réfléchir ou même de penser à quoi que ce soit. Tes yeux décrivent son visage avec parcimonie, tu le fixes et tu captes vite que le rouge vient s'emparer de ses joues.
La gorge est nouée, respirer devient problématique, tout semble compliqué et tu ne sais pas pourquoi. T'aimerais rejeter ça sur le facteur de l'alcool Akira, mais tu ne peux pas, tu n'y arrives pas. Seulement, tu as des règles, des principes et surtout, bordel, non, pas Gabriel. Tes mains viennent se poser sur ses épaules que t'avait l'impression de pouvoir briser par la force de ta poigne si tu n'y allais pas en douceur et tu le fis pivoter, reculer avant de te relever en attrapant le portable de ton acolyte du soir et tu lâches avec un rapidité dont tu ne te rends même pas compte.
« Je vais le mettre à charger, toi, tu ne devrais pas bouger, tu n'sais même plus... Utiliser tes jambes. » T'as l'impression que ton cœur veut s'échapper, qu'il va lâcher et le pire dans tout ça, c'est que tu ne sais même pas pourquoi. Tu branches le téléphone avec rapidité, t'étais de nouveau totalement maître de tes faits et gestes et c'était tant mieux, t'aimais pas être possédé par tes émotions, tu détestais avoir l'impression de n'avoir aucun contrôle... Malheureusement, c'était le cas avec Gabriel, avec lui, tu ne comprends pas tout, avec lui, t'as l'impression que tout t'échappe, que tu contrôles quedal et ça te perturbe, ça t'agace, ça t'angoisse encore une fois. T'as une main posée sur ta poitrine, tu cherches à calmer ton cœur d'une certaine façon, en prenant de longues respirations, mais rien n'y fait, t'arrives pas à effacer le visage de ta mémoire, un visage que tes iris ont décrypté de mille et unes façon en une fraction de secondes et c'est dans ce genre de moments que tu détestes ta putain de mémoire photographique, ta mémoire eidétique. Tu pourrais te tirer une balle dans la tête que tu te rappellerais quand même de ça, de cette sensation... Tu serres ta poitrine, t'as l'impression que quelqu'un te l'arrache, mais cette personne, c'est juste ; toi.
« Bon ! On a un peu de temps à tuer. Je peux te faire visiter la maison et te conduire à la salle de bains si tu veux ; non parce que tu t'es vautré et t'es crade à mort. » Une main sur ta nuque que tu masses délicatement, le rouge avait enfin quitté tes joues, t'avais moins chaud, t'étais déjà plus détendu, un peu moins angoissé, mais un peu trop sur tes gardes quand même. Tu n'es pas une bête sauvage, tu es un être humain et tu respectes les gens... C'est en secouant la tête pour effacer les pensées étranges qui prenaient d'assaut ta tête que tu t'accroupis face à lui en lui tendant la main.
« Tu me suis ? » Un sourire en coin, les yeux un peu rieurs, et voilà que Moriarty bondit encore une fois dans sa tignasse, comme à son habitude. Tu ne laisses même pas le temps à Gab' d'attraper son téléphone que tu lui tends le tien après avoir de nouveau bloqué certaines fonctionnalités avant de lui choper le bras et en lui offrant le tien comme soutien.
« Je sais que t'aimes pas quand on te touche, tout ça, mais c'est pour éviter que tu te fracasses sur le carrelage ou le parquet à l'étage, alors subis en silence. » Tu tires la langue, tranquillement avant de passer une de tes mains dans ses cheveux pour les lui ébouriffer un peu, avec douceur ; Moriarty se laissant aller dans les tiens. Et voilà que la visite commence, il venait déjà de voir le salon relié à la cuisine, avec la terrasse et le jardin ; tu lui indiques les toilettes du bas, endroit où vous alliez sans doute passer le plus de temps, puis tu entâmes la visite de l'étage.
Les longs couloirs pouvaient paraître un petit peu interminables, mais les photographies et les peintures qui ornaient les surfaces aidaient à apaiser la lourdeur du trajet.
« J'fais de la photo moi aussi, quand j'ai un peu de temps ; et de la peinture. » Certaines fresques murales n'étaient pas finies, pas le temps de les continuer, mais les couleurs un peu vives correspondaient vraiment à tes humeurs, à ta façon de vivre ; être heureux même dans le malheur, être heureux en toutes circonstances. Un trompe l’œil se trouvait sur chaque porte, se mariant très bien avec le reste de la décoration, pas trop sobre, pas trop surchargé non plus. Tu lui montres ta salle « passion » comme tu l'appelles, avec certains instruments, un semblant de chambre noire, tes nombreuses toiles, mais tu refermes l'antre de tous tes plaisirs aussitôt, continuant ton chemin vers la salle de bains que tu ouvres en faisant glisser les portes, comme au Japon.
« Voilà, la pièce que j'ai le plus galéré à retaper et dans laquelle j'passe beaucoup de temps ; la salle de bains ! » T'étais fier de toi Akira, parce que ouais, cette maison, t'avais galérer à la retaper de tes mains, t'étais parti d'un rien ou presque et t'en avais fait un paradis, le tiens.
« J'te laisse l'honneur de prendre un bain dans ma putain de baignoire, soit content. J'vais te filer des fringues, vu que les tiens sont... Dans un état que je ne qualifierais pas. J'vais les mettre à laver comme ça aucun problème... ET ME DIT PAS NON OU QUOI, t'as pas le choix. » Tu le fais quitter ton bras avant de t'approcher de la baignoire dont tu fais couler l'eau et tu quittes rapidement la pièce vers ta chambre, te dirigeant vers le dressing un peu en bordel, t'en sors une vague de fringues sans faire vraiment gaffe à ce qu'il y avait dedans, de toute façon, ce serait forcément trop grand pour Gabriel vu vos gabarits si différents. Tu poses ça sur le rebord d'un évier, tu sors une serviette d'un placard et tu lâches sur un ton enjoué et plein d'entrain.
« Bref décompresse et fais toi plaisir ! J'pense que ça va te dégriser un peu, je serais soit dans ma chambre, soit dans la cuisine ; avec mon téléphone si tu restes appuyé sur la touche étoile ça appelle mon autre téléphone ; donc n'hésite pas si t'as besoin d'un truc. » Fonctionnalité que tu utilisais parce que tu savais jamais où se trouvait ton téléphone, l'un comme l'autre. Moriarty glisse sur ton dos, se posant sur ton épaule et deux trois coups de boule plus tard, tu comprends l'appelle. Il fallait aller lui remettre à becter à ton félin.
« Aller, à toute ! »Et tu refermes la porte coulissante de la salle de bains avant de courir à travers tes couloirs. Espérons que Gabriel ne s'assomme pas en glissant dans la baignoire ou sur le carrelage.
fluffy // with gabouille // jpp d'eux je vais mourir de feels // ♥