Arthur Rimbaud
Caractère
Histoire
Je ne t'ai pas oublié, c'est plutôt toi qui m'a répudié. Cesse donc d'être d'humeur, je suis l'unique malade ici. Nous nous dégoûtons. Je le comprends bien. Mais tu demeurais satisfait de tes états paresseux, ne faisant que bambocher ! Cesse d'être en grève ! Aah, sérieusement ! Tu sais que moi, je n'en puis plus ? Je le dis et le redis, j'ai eu raison de tous mes dédains jusqu'à là. Je ne sais pas si tu comprends. Tu devrais, sans que je te dise tout. Est-ce étonnant ? Eh bien, non. Je suis sûr que tu as déjà tout appris et que je ne te sers plus à rien. Donc, j'éviterai de parler de mes tourments ici. Je n'ai pas le temps, ni la conviction d'ailleurs. Je suis rompu. De tout, de moi surtout. De mes mépris aussi.
Mais toi, comment ça va ?
Ici, rien de rien.
On m'a foutu dans un vieux trou.
Dehors, il soleille et gèle. C'est tannant. Les gens restent comme d'antan : une nichée de chiens barbons. Bien rigolos l'été mais suffocants l'hiver. Je ne te parle même pas des borgnesses que je croise. Et puis, pas un seul sou pour me réfugier dans ces saletés de fées vertes ! Quelle horreur cette campagne française - sans ma chère à mes côtés. Toutes les filles que je ravie paraissent ternes face à elle ; nature, fleurs, tout y passe. Vraiment tout. Elle me manque. Je suis amoureux de rien, je ne change pas, je ressemble à des rêves tristes. J'ai une fièvre qui n'apparait que la nuit. Des cavités crevantes dans mon crâne. Du burlesque qui me crapote et scinde les bronchites. Mais ne suis-je pas indépendant ? Je vais finir par croire que non. Je dois être encore sonné par tant de vertige. Oui, juste un peu confus. Dans trois mois ou trois ans, seul dieu le sait, je retrouverai ma cervelle. Je sortirai des sentiers, de la Cimmétrie, et goûterai aussitôt aux baisers consolateurs de l'Orient ; je suis dévoué et je m'écouterai.
Pour l'instant, ignorons cet idéal.
Tu vois, aujourd'hui j'aime à penser que les moutons sont plus passionnants que n'importe quel autre porc que j'ai aimé (pardon pour cette métaphore ; je me fais de la peine). N'oublie pas de joindre ce que je t'ai demandé la dernière fois. Tu me passeras aussi les traduc' de cet auteur dont tu m'as parlé quand t'avais moins d'aigreur. Sache que malgré mes plaisanteries - douteuses - je tiens quand même à tes écrits. Horriblement fadasses. Mais bon, je m'ennuie. Et comme tu le sais, l'ennui pour moi n'est plus un amour.
Je calanche.
A toute. A. Rimbaud.
Partagez ma joie - ou ma peine, mon bel ami ; je suis aimé ; j'ai triomphé de ce cœur trop immense. C'est en vain qu'il dissimule encore, car grâces à mes soins actifs, je sais tout ce qui m'intéresse. J'ai demandé à voir sa réponse ; elle m'a fait pitié. Mais maintenant je la détiens, cette chère vérité ! Quelle était tenace, loin de moi. Et qu'elle est minable, là tout près, choyé à mes côtés ! Elle est si Céladon que j'en rirais dans d'autres circonstances. Mais suffit, il est très tard, et je voulais vous faire part d'autre chose. [...]
C'est une crapule. C'est satirique. Pas assez tragique pour me terrasser. Mais ça ne veut pas rien dire. Je ne babille guère. Alors, ne m'oubliez pas. Il faut absolument me répondre - d'accord ?. C'est joint à ma lettre. Ne me refusez pas vos secours, pas vous. Trouvez-lui du sens. Vous êtes génie, vous comprendrez. Je vous fais assez confiance pour cela.
A bientôt, je l'espère. Venez au plus tôt jouir de votre empire sur moi, en recevoir l'hommage et m'en payer le prix.
A. Rimbaud.
Au diable les proses, vous avez bien raison. Je veux bien croire à vos railleries. J'aurais pu vous le confier autrement, mais voyez-vous, j'ai peur qu'on sache pour la chique des pioupesques.
Vous voulez savoir plus en détail, dites-vous ? Sachez qu'il n'y a plus rien à savoir, en vrai. On en a bien rigolé, même si j'ai contesté. C'est tout. Je suis faible mais je me trouve incroyablement brave. Même si cela fait des jours que je ne cesse de pleurer ; ne riez pas, je le fais déjà assez à cause de mes débauches sans que vous n'ajoutiez les vôtres.
Toutes vos choses m'ont fait devenir comme une vieille fille ; car je commence à manquer de courage d'aimer la mort.
Mais quelle âme est sans défaut ?
J'ai laissé des plages armoricaines me poursuivent, tarauder mes ennuis, mes désastres. J'ai rendu les armes. Laissé mes fardeaux. Où allons-nous ? En Europe ? Sans gîte, sans habits ? Chez ces caporaux ? Je suis faible ! Ne m'obligez pas !
Voilà en gros ce que je cris dans mes rêves.
A des phantasmes que je ne vois même pas.
Au matin, j'ai alors toujours des sueurs domestiques. Des heurs bipolaires. Et je n'arrive plus à penser. C'est horrible. Sauvez-moi. Où dois-je me rendre ?
La vie que je mène ici est réellement fatigante, par l'excès de son repos et son insipide uniformité. La lumière m'est sévère. Elle m'affuble de vives trahisons. Je préférerais être juger dans des pays chauds. Alors, je m'imagine dès maintenant sous ces dernières timidités, le poing desséché, la volonté arrangée... Cela fait rêver.
Hélas, je crève. Je chiale sans cesse.
Je ne fais aucun progrès mais je réfléchis à ma poésie.
C'est tout simple ; je vais vous expliquer.
[...]
P.s. : Je suis pauvre, pardon ; je ne vous écrirais pas avant des semaines. J'ai déjà dépensé assez dans d'autres correspondances et j'ai peur de me retrouver sans franc quand il faudra vous joindre mes psaumes.
Je vous tends une oreille complaisante.
Au revoir. A. Rimbaud.
Je suis au plus profond de mon cul. Je ne sais plus prier. On appelle ça verdamnt in Ewigkeit. Verlaine me fait chier. Mais ne parlons plus de ce porc. J'ai tant sacrifié pour lui ! Relis donc mon renoncement, en juillet 73 ; tu trouveras, tout comme moi, que ça fait pitié. Qu'on le bannisse. Il n'y a que toi que j'aime. Apprend-moi à vivre où tu n'es pas et plus jamais je ne t'importunerai. Ce que je dis n'est pas forcément faux. J'ai de plus en plus faim de ta bonté !
Un jour, je me suis ennuyé.
Et je me suis imaginé t'embrasser.
Je blague.
Restons aimables comme de simples amis.
Que fais-tu donc ? Cela fait un mois que tu ne m'écrivais plus à propos de tes activités et je suis obligé de les deviner. J'ai donc appris que tu avais rejoins l’Égypte, que ça doit être beau ! Mais ne t'amuse pas trop, ou tu risques de me faire beaucoup de peine.
Durant l'été, durant l'hiver, je suis toujours coincé. Du coup, j'étudie quelques langues ; notamment l'arabe. J'aime beaucoup ; le coran m’exalte. Je trouve ça drôlement chrétien.
Allez, je pense te rejoindre dans plusieurs mois...
Qu'en dis-tu ?
Mais d'abord, je visiterai Rome.
Tout à toi, R.
Je m'ennuie. Les affaires vont mal ; est-ce que cette foutue compagnie va faire faillite ? Ça me tue, rien que d'y songer. Je vais devoir brader les prix et prévoir des dettes. C'est ennuyant. Plus rien n'a envie de sourdre. Que c'est affligeant. Vraiment vraiment. J'abhorre ce pays. On me dit insociable. Trop exigeant, trop méthodique. On me traite de prince.
Qu'ils sont débiles, ces gens-là.
Des amas putrifiés de phallus.
Des complexes d'enfant à qui l'on a toujours calomnier.
Sans bâpteme pour témoigner. Éternels bâtards.
Des faquins oubliables.
Personne n'a ton intelligence.
Tout le monde me fait chier.
C'est ahurissant.
Du coup, je commence à regretter. J'ai soif. J'ai froid. Que d'extrême chaleur. C'est insupportable. Mais pis encore, je sens le roussi, c'est certain.
Qu'on ne m'approche pas.
Sinon,
J'ai encore d'innombrables hallucinations.
Je suis sûr qu'apprendre cela te fera très plaisir.
Mais je trouve ça méprisable plus qu'autre chose.
Parce que je n'en ai plus besoin.
Vraiment. Je n'en veux plus.
Je n'ai plus foi en ces calembredaines.
Moi, visionnaire ?
Esclave d'un tel époux ??
Je suis Rimbaud, mais je ne suis pas aussi dément.
Qu'on m'oublie. Je suis mille fois moins regrettable que vous le pensez. J'ai besoin de quelques bons enfers ; pour quelques autres desseins inimaginables. Mais je n'ai rien. Je réclame juste.
J'apprends à prier.
Adieu, vraiment.
A. R.
paindore, passionnée par Rimbaud & les fleurs ; quand on m'a prévenue qu'il était en prédéfini, j'ai lâché un cri fébrile de fangirl & me voilà donc (oui je fais tiep)
On va dire que je suis une artiste, parallèlement étudiante, & que j'utilise fréquemment kya & starfoullah. J'aime pas un tas de choses dont louane la tepu (qu'elle b r û l e)(les fans de rimbaud comprendront la haine) mais J'ADORE GINTAMA (si vous captez l'humour alors jpense qu'on peut devenir poto-) & aussi connaître des nouveaux gens même si c'est pas toujours réciproque
sinon je considère ce smiley ^^^^ comme le mépris ultime
d'ailleurs j'en utilise pleins
donc soyez pas choqués si je lance des x'3 kya sugoi >///w///< senpai ://
parce qu'à la base c'était de l'ironie puis c'est parti en couilles
(pour les images dla fiche merci à laurent & pour les avatars natu + shu)