Milo Ghyozo
Caractère
Aujourd’hui, on penserait presque retrouver des bribes de chaleur et de pureté sur le visage de Milo, comme des restes de sa vie passée que le temps n’aurait pas encore fini de dévorer. Car, il est vrai, c’était son air joyeux qui frappait au premier abord ; son large sourire, ses yeux plissés ; et, quand on la connaissait peu, de loin, on se faisait un avis favorable d’elle dès la première impression. C’était d’ailleurs le cas de la plupart des habitants de Pallatine, Milo possédait une image globalement positive, tant qu’on n’avait pas affaire à elle trop directement.
Pourtant, en y regardant de plus près, son regard insistant, bien qu’apparemment rieur, était un peu dérangeant.
« Que vous avez de grands yeux ! »
Se moquait-elle de vous ? Ils paraissaient soudainement moqueurs, ses yeux, et son regard avait maintenant l’air ouvertement cruel.
Et puis son sourire ; il y avait quelque chose d’inquiétant dans son sourire, presque menaçant.
« Que vous avez de grandes dents ! »
Allait-elle vous dévorer tout cru ? Soudainement, ses dents semblaient exagérément blanches, longues et puis pointues, sa bouche incroyablement large.
Il lui arrivait (plus souvent qu’on ne le pense) qu’elle se fasse traiter de charlatane ; Milo réglait souvent ses problèmes par ce sourire étrangement menaçant, tellement particulier, qui gardait en respect les personnes qui y faisaient face. En l’étudiant bien, de près, on voyait ses traits joviaux se transformer en rictus effrayants. Milo était un véritable requin. Elle était impitoyable et déterminée ; elle cultivait son image fragile de douceur mais sa force de caractère était débordante et oppressante. Ce n’était pas un monstre, néanmoins, elle n’était pas vraiment douce, elle n’était plus que forte et occasionnellement, certes, cruelle.
Il s’agissait évidemment également d’une redoutable misanthrope, elle se gaussait un peu de tout le monde ; aussi, elle n’était pas très bien vue par tout le monde au sein des gangsters car, là, tout le monde connaissait assez bien Milo Ghyozo, indépendante, un peu impulsive : dangereuse.
Elle détestait précisément les personnes qui étaient foncièrement comme elle était superficiellement : bonnes. Au contraire, elle appréciait particulièrement les gens qui disposaient d’un orgueil au moins aussi gros que le sien…
Âge: 30 ans
Naissance: 1985
Départ: 1995
Présence en ville: depuis 20 ans
Nationalité: Sud-africaine
Métier: spiritiste / voyante
Statut civil: célibataire
Groupe: Gangsters
Section: aucun
Rang: membre simple
Nom de code: aucun
Taille: 1.81
Corpulence: mince
Cheveux: noirs afros
Yeux: marrons ternes
Autres: ///
Histoire
« Que ton sourire est beau ! »
C’était l’histoire de Milo. Cette phrase sonnait comme un mantra à ses oreilles. Durant son enfance, elle s’était habituée à recevoir ce compliment de la part d’absolument tout le monde, mais même au bout d’une énième fois, ses dents du bonheur apparaissaient encore subrepticement à l’ouïe d’une telle phrase, découvertes par le voile rosé de ses lèvres pleines.
Milo avait été une gamine aimée. Son enfance avait été heureuse alors même qu’elle avait vécu ces plus jeunes années au sein d’une Afrique du Sud en crise, dans une famille modeste ; son sourire était beau, c’était un fait unanime, son futur était brillant, ou du moins s’annonçait-il ainsi.
Aujourd’hui encore, on penserait presque retrouver des bribes de chaleur et de pureté sur le visage de Milo, comme des restes de sa vie passée que le temps n’aurait pas encore fini de dévorer.
La jeune femme avait été transférée à Pallatine alors qu’elle n’était qu’une fillette de 10 ans ; une erreur.
C’était l’histoire d’un couple qui cherchait à revoir venir leur fille, âgée de dix ans elle aussi, dans une ville intemporelle. C’était, ainsi, l’histoire d’une enfant arrachée de la terre, de sa terre, par mégarde et rejetée par les fautifs, trop déçus de voir leurs espoirs tomber à l’eau. Mais tout cela était trop lointain, Milo ne s’en souvenait déjà plus très bien…
Milo avait été recueillie et élevée par les gangsters, baignée dans la magouille, elle s’en était même inspirée pour créer son propre salon de spiritisme qui puait le charlatanisme même si, après tout, qui savait vraiment si elle y croyait, ou non, elle-même ?
La vie à Pallatine avait rapidement changé tout son être, jusqu’à son sourire ; son futur n’était plus très brillant ; comme aurait-il pu l’être, dans une ville où le temps dysfonctionnait ?
Aujourd’hui, pour être très pragmatique, l’innocence, dans la chronologie de son existence, ne représentait plus qu’un tiers de sa vie. On croirait, pourtant, bel et bien revoir la petite Milo de dix ans encore maintenant, quand elle déambulait avec cette aura terriblement exaltante.
Ce n’était, évidemment, plus qu’une impression.
je suis de retour ! (Elliot océan)