C’est d’un pas tranquille que tu marches dans les rues de Pallatine, désertes en ce dimanche matin. Pour une fois la ville est calme, silencieuse. Il n’est pas si tôt pourtant, neuf heures et demi à peu près. Tu croises quelques passants par-ci par-là, mais on est très loin de l’agitation habituelle de la ville. Changement qui te sied à ravir. Enfin - enfin, tu peux avoir un moment de détente. Juste;.profiter de ta marche, sentir le mouvement des muscles et des articulations, l’air..presque frais (il ne fallait pas rêver non plus, tu es en centre-ville).. Tu es loin de Sharsfort, c’est vrai, mais il faut ce qu’il faut ; tu as besoin de ta promenade quotidienne dans le parc d’Ivale. Dés que tu as découvert le parc, la première année où tu as vécu ici, tu as rapidement pris le parti de te rendre régulièrement dans ce petit joyau de verdure au coeur de la grisaille quotidienne de Pallatine, petite pause bienvenue. Mais depuis peu, tu n’es plus seul quand tu t’y rends. Tu es, en effet, accompagné d’un très puissant et impressionnant...chiot shiba inu.

Meiyo trottine devant toi, tendant régulièrement sa laisse. Il a rapidement compris que l’heure de la sortie était synonyme de verdure, de grands espaces où il peut courir, jouer, sociabiliser avec d’autres chiens..et  son impatience est perceptible..et compréhensible. Tu ne peux t’empêcher de sourire en le voyant. Qui aurait cru que toi, Hijikata Toshizō, tu te retrouverais à fondre devant cette petite boule de poils ? A cette idée, tu esquisses un sourire en coin, un sourire attendri.  Le temps passant, tu avais commencé à te sentir un peu seul dans ton appartement, malgré la présence d’Unity..à ressentir le besoin d’avoir un animal. Pas un chat, néanmoins. Tu n’aimes pas leur caractère indépendant..et imprévisible. En revanche, tu aimes énormément les chiens. Tu t’es donc mis à la recherche d’un élevage un tant soit peu sérieux...pour finalement craquer sur Meiyo. Petit Shiba inu, noir et feu, avec un regard malicieux..et une bouille qui t’a fait fondre en un instant. A peine l’as-tu vu que  tu as senti que quelque chose se passait ; que c’était ce chiot qu’il te fallait. C’était il y a quelques mois. Et le voilà maintenant dans ta vie, pour votre plus grand bonheur à tous les deux. Dés qu’il te voit rentrer du travail, il te fait la fête, se pâme sous tes caresses ; et à chaque fois, cela te fait, tellement, tellement chaud au coeur.

En revanche, tu ne pensais pas que tu allais en devenir aussi gaga.  Si tes collègues de l’Institut te voyaient, nul doute que tu en entendrais parler jusqu’à la fin de tes jours. Tu as tout prévu. Sacs, eau, petite gamelle au cas où il aurait soif.. Il faut ce qu’il faut, tentes-tu de relativiser. En attendant, toi, tu essayes de passer un peu plus incognito. Vêtements sobres ; pantalon gris sombre et droit, pull noir,manteau de mi-saison tout aussi sombre.  Cheveux attachés en queue-de-cheval, mais plus basse et lâche qu’à l’ordinaire, et ramenée sur le côté.  Tu ne veux pas qu’on t’associe à l’énergique et braillard chef de brigade que l’on voit en intervention. Cela marche..presque. Paranoïa ou pas, tu as l’impression de  croiser toujours les mêmes personnes au parc..et pourtant, d’en voir de plus en plus depuis que tu y amènes aussi Meiyo. C’est encore le cas aujourdh’ui.

Le chiot couine doucement, et tu comprends que la fatigue est là. Fort heureusement, votre banc habituel est libre, et tu t’y installes. Content, Meiyo s’étend de tout son long.. et pendant ce temps, tu lui verses un peu d’eau, avant de sortir ta propre thermos de thé et de t’en servir une tasse, que tu dégustes lentement, les yeux dans le vague. Tu as toujours aimé l’automne, après tout..