Histoire

"Une histoire, qui n'aime pas ça ? Probablement tout ceux qui ne la liront pas, après tout.Passons ces épisodes de ma naissance nous savons tous comment concevoir un enfant, et cette partie là ainsi que les premiers mois n'ont aucune importance.Dès lors que je fut capable de tenir sur mes jambes, ma vie commençait vraiment. Je touchais, sentais, mordais, examinais ce vaste monde qui m'entourait, tout ce qui était à portée de ma main était ma possession, mes jouets, mes loisirs, les torchons, les livres, les cubes de bois, la robe de ma mère, les chaussures de mon père, toutes ces choses que je découvrais, j'apprenais bien vite à leurs donner un nom, et à m'en servir de la "bonne" manière, c'est ainsi que lorsque mes pas devenaient stable, on mit entre mes mains ma première arme, un sabre de bois.Mes parents, tout deux natifs du pays du soleil levant, s'étaient installé en Angleterre et dirigeaient ensemble une auberge au thème de leurs pays natal, sources chaudes, Onsen, portes coulissante et thé vert à profusion.

Je suis né garçon, élevé fille au travers d'un art normalement réservé aux garçons, par une fille et son mari. Ma mère se vantait souvent de son ancêtre qui aurait trahit les apparences pour devenir Samurai, et elle voulait que son fils suive le chemin et la voie de la lame pour porter l'héritage de la famille que représentait cette auberge.

L'honneur, la fierté, le code, toutes ces choses dont on me parlait, je ne les comprenais pas, de mon jeune âge, je ne désirais réellement que m'amuser. Ma mère avait aussi pour obsession de m'habiller en fille. Et chaque fois que je protestais, elle se renfermait. Ce ne fut que plus tard que je pu comprendre son obsession à me travestir, elle voulait tout simplement retrouver son ancêtre en moi, et c'est aussi pour cela que je reçu des années durant un entraînement rigoureux sur la maîtrise du sabre.
C'est en poursuivant mon enfance de cette manière qu'à l'âge de mes 15 ans, on m'offrait mon premier vrai sabre.

Habillé pour l'occasion, vêtu d'un kimono vert de mes ancêtres, d'un serre tête pour coiffer ma chevelure blanche et d'un maquillage discret pour souligner les courbes enfantines et pures de mon visage. Je m'inclinais face à mon père, fils de forgeron, qui m'offrait la lame qu'avait brandit autrefois un samurai mort au combat. Cette lame se nommait "Yoma no Shi", la Mort de L'impureté. Cette même lame qui se brisait le jour où trois hommes armés de sabre ont tentés de cambrioler l'auberge de mes parents.

Ils délaissèrent alors tout honneur qu'ils m'avaient inculqués et m'envoyaient les affronter, pourquoi ? Comment ? Très bonne question, un gamin d'à peine 16 ans contre des hommes, adultes, armés eux aussi de sabre, ils n'étaient pas nombreux, mais à me tenir seul contre plusieurs de ces brutes, mes jambes tremblaient. en guise de spectateur, ma mère, mon père, les clients, je ne pouvais renoncer, c'est ainsi que je me jetais dans la mêlée. Pourquoi ? Ne demandez pas à un adolescent de contrôler l'adrénaline qui monte en lui, je n'avais jamais versé le sang, mais mon corps agissait seul, par surprise, j'aurais pu accumuler les victimes, mais nul n'est immortel, nul n'est intouchable, aussi fort et entraîné étais-je, le nombre et la force eurent raison de moi, de ma lame, ainsi que de mon bras gauche, tranché dans la foulé, je me retrouvais privé d'une partie de moi pendant que le sang s'écoulait de ce qui était bien plus grave qu'une plaie béante. Puis après ? Le coma.

Un an plus tard, les signes de vie se faisaient de plus en plus puissants, commençant un mois avant par de petits gémissements, des tics lorsque l'on parlait près de moi, ce genre de choses laissant penser qu'il restait de l'espoir. Comme sortant d'un mauvais rêve, mon corps reprit brusquement son activité, me réveillant en pleine nuit dans une salle d'hôpital. Un mauvais rêve ? Alors qui étais-je ? Où suis-je ? Je portais mes mains à mon visage pour me rappeler de la sensation de mes paumes sur mon front ... sensation que je ne retrouvais qu'à moitié, non pas par défaut de nerfs, mais par défaut de présence. J'étais bel et bien amputé de mon bras gauche. Je poussais alors un cri d’effroi à en réveiller les morts, les infirmiers de services accouraient.

Mon corps avait perdu tout ses muscles, mes cheveux en un an avaient atteint le bas de mes omoplates bien que mon visage restait celui d'un enfant, imberbe, et sans imperfection apparente. Je me sentais également vaseux les premiers jours.Je suivit une rééducation pour habituer mon corps aux efforts classiques, et reprit ensuite l'entraînement ... à une main. Mes parents vivaient à présent dans la honte, ne pouvant se résoudre à se faire seppuku pour avoir envoyer leurs fils contre des "Yakuzas" et risquer de la perdre. Je ne pouvais désormais plus les rejoindre. J'ai donc décidé de vagabonder, je n'avais qu'une chose en tête alors, quitter ce monde. Non pas comme quelqu'un qui veut mettre fin à sa vie, mais plutôt comme quelqu'un qui ne se sent pas à sa place dans un monde comme celui-ci. C'est tout ce dont je me rappelle, et c'est ainsi que je suis arrivé ici."

"Des Yakuzas ?"

"Notre auberge se situait en Angleterre, une auberge à thème, mais ils n'avaient pas l'air européens, vu qu'ils utilisaient aussi des sabres, c'est la première comparaison qui m'est venu. "

"Comment peut-on croire une telle histoire fiston ?" Demanda le jeune homme qui venait de me recueillir pour la nuit.

Je levais tout simplement ma cape du même vert que le kimono le jour de ma cérémonie, dévoilant un morceau de chair et d'os rompu sous plusieurs couches de bandages qui se rejoignaient autour de mes épaules et sur mes omoplates pour les tenir en place, la cicatrice vive et seul souvenir conservé de ma vie passée.

"Voyez par vous même."