Histoire

Il y a quelque chose de magique.
Il y a quelque chose de cruel.
Et il y eu quelque chose d’impardonnable.

Elle est belle Jia Li.
Il y a quelque chose d’innocent chez ses yeux beaucoup trop grands, beaucoup trop clairs. Et ses cheveux beaucoup trop longs, beaucoup trop sombres.
Mais la réalité n’a rien de beau, rien d’innocent.
La réalité n’a rien de réel.
Elle jouait un jeu.
Dès petite elle a appris à jouer.
Parce que Maman ne voulait pas d’elle. Parce que le monde ne voulait pas d’elle. Parce que le club en voulait trop d'elle.  
Elle aurait aimé avoir une vie normale. Une vie comme à la télé, pleine de rire et d’amour.
Mais elle a vite appris à n’en avoir rien à faire de l’amour et de la joie.
De la vie aussi d’ailleurs.
Elle aurait aussi bien pu mourir ça n’aurait rien changé.

Pourquoi je vous racontes ça moi?
Parce que Ji est intéressante. Je pourrais écrire un livre sur son histoire. Vous raconter tous les drames d’avoir une mère prostituée dans la mafia chinoise.
Je pourrais vous raconter ce que c’est de vivre dans une ville où toutes les époques se mélanges.
Mais Ji elle aime pas raconter sa vie, et certainement pas à moi.
Elle vous dira qu’elle vient de loin, alors qu’elle est née dans les bas-fond de cette ville.
Elle vous dira qu’elle est fille de sultan. Qu’elle possède une île, là-bas, sur terre.
Mais c’est quoi la terre?
Jia n’est jamais sortie de cette ville, perdue dans le temps
On lui dit que le temps file à toute allure.
On lui dit que la terre c’est grand et qu’il existe des centaines de pays.
Mais c’est quoi un pays?
Et c’est quoi un continent?
Ji a tout appris à l’école, mais elle n'y connait rien au monde.
Tout n’est que fiction, et c’est très bien ainsi.

La vie ne vaut pas le coup d’être vécus.
Ji pensa cela pendant très longtemps.
Et puis elle s’est mise à jouer.
Puisque le monde ne voulais pas la reprendre.

Il y a un boom et il y a du sang, beaucoup de sang.
Il y a cette lumière aussi, d’un blanc éclatant et, pendant un instant, Ji se demande si ce n’est pas la terre qui l’appelle.
Mais elle se réveille et tout redevient normal.
Ji échappe à la mort. On lui dit qu’elle eu de la chance.
Mais Putain qu’est-ce que les autres y connaissait à sa vie.

Il y a un mort.
Il n’y a que peu de sang, peu de pleures, juste des cendres, du noir.
Il y a beaucoup de questions.

— Ca va?
— Oui pourquoi?
— Ta mère vient de mourir, tu peux pleurer tu sais.
— Je ne pleure pas.
— Tu pense pouvoir trouver un endroit ou rester?
— Mon père viendra me chercher
— Tu n’as pas de père Jia
— Si
— Quel père?
— Celui qui va venir me chercher.
— Et il arrive quand?
— Qui ça?
— Ton père?
— Quel père?
— Celui qui va venir te chercher.
— Je n’ai pas de père.
— Mais tu viens de dire…
—Quel horrible personne dirait à une orpheline qu’elle a un père.
— Euh… Pardon?
— Horrible.
— Tu veux rester dormir dans le club.
— Oui. Merci.

Un jeu.
Tout n’est qu’un jeu.
Quelques mensonges placés par-ci par-là.
Quelques mensonges qui t’invente une vie bien plus belle que la tienne.
Quelques mensonges qui donnèrent vie à Harlequin.

Les morts s’arrêtent. Mais la misère est toujours là.
Il y a des moments de doute.
Il y a de la violence.
Des hommes sur toi. Des hommes sous toi. Quelques fois des femmes.

Ji s’inventât un nouveau jeu en grandissant.
Ji capte l’attention des hommes. Des femmes aussi.
Des hommes sous elle, des hommes sur elle. Peu importe la position, elle les fait se sentir aimé, admiré et c’est tout ce qu’ils demandent.
Au fil des ans elle gagna en popularité.
Ji peut être qui vous voulez. Ji peut s’inventer, se réinventer, vous changer.
Ji était comme un papillon, elle sortait de son cocon pour vous satisfaire.
Mais elle ne l’était jamais. Satisfaite.
Elle rêve de plus. Elle observe, voit tout.  
Elle sait pour la drogue. Elle sait pour la guerre. Elle sait tout des secrets du lotus rouge. Mais jamais elle n’en dit un mot. Peut-être parce qu’elle voulait vivre. Peut-être parce qu’elle savait le prix d'un secret. D'un mystère.

Il y a un mort.
Elle ne pleure toujours pas. Elle ne l’aime pas vraiment.
Il y a un mort. Et il y a un cadeau. Une sortie à toute cette misère, une nouvelle vie.
À sa mort, le propriétaire du club de prostitution légat son établissement à Ji.
Elle ne su jamais pourquoi.
Elle ne se le demanda pas. Intérieurement elle remercia l’homme dont elle se rappelait vaguement le visage mais si bien la voix.

Il y a une nuit.
Il y a Harlequin.
Et Ji changent du tout au tout.
Si on ne la connaissait que par sa profession. On l’oublia vite. Et Ji devint une autre personne.
Elle changeât le club du tout au tout, offrant à ses employée des cours pour leur apprendre à mentir, espionner et satisfaire.
Elle engageât à DJ, un serveur, des danseurs.
Elle offrit de nouveaux services au clan du Lotus rouge. En plus de leur offrir des putes, elle leur offrit des renseignements.
En plus que de diriger un club de prostitution, Ji de haut de ses vingt-cinq ans, dirigeât un club d’espionnage pour le Lotus rouge.
Si tout était toujours sombre, noir et remplit de sang, la vie valait petit à petit le coup d’être vécus.

Personne ne connait Ji.
Tout le monde connait Harlequin.
Harlequin c’est la gamine native. La femme qui s’invente des centaines de vies.
Harlequin c’est celle qui est pleine de mystères.
Harlequin c’est celle dont tout le monde connait une histoire. Mais personne ne connait la vraie.
Fait-elle partie du Lotus rouge? Bien sûre que nous, ce n’est qu’une prostituée.

Harlequin est Harlequin.
Et ça tout le monde le sait.
Jia est Harlequin.
Et ça personne ne le sait.