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Those Faint Lights - Anja

Dim 5 Nov 2017 - 2:16
Sungmin monte les escaliers quatre à quatre, une seule pensée rythmant ses pas.  « Imbécile qu'est-ce que tu as encore fait ». Parfois ces mots sont adressés à lui-même, parfois à celle qui l'a appelé quelques minutes plus tôt en détresse. Là où il en est, ça n'a plus d'importance envers qui sa rage se tourne. Tant qu'elle le fait avancer. Tant qu'elle recouvre l'inquiétude profonde qui le hante, l'a hanté pendant ces deux semaines de silence insupportables. Toujours le même schéma, partagé entre la peur et la crainte, incapable de se décider s'il devrait se mettre à la détester ou mettre de l'eau dans son vin et accepter la part de malheur qu'elle lui cause (c'est pas de sa faute, elle est comme ça, Anja, elle un monstre dans sa tête et des fantômes dans l'estomac). À un moment, il a commencé à croire qu'il ne voulait plus jamais entendre parler d'elle (mais n'a jamais supprimé son numéro de téléphone). C'est tellement facile de tomber dans le dédain, de lui en vouloir pour tout et pour rien. Ce l'est moins d'oublier leur complicité, leurs rires et les instants de lumière qu'elle lui offrait par sa simple présence. Où, dans la séparation ou le pardon, se situe le moindre des maux  ? Visiblement, la réponse est venue d'elle-même quand, enfin, elle a brisé le silence qui les séparait.

La porte de l'appartement 14 n'est pas verrouillée, c'est de la chance (ou ça prévoit le pire : Anja ne lui a pas dit ce qui n'allait pas. Il a entendu sa voix, tremblante, incertaine, des mots confus (à moins que ce soit lui qui n'ait pas été en mesure de l'écouté) et il lui a dit immédiatement qu'il arrivait. Y avait-il quelqu'un d'autre dans l'appartement ? Était-elle à moitié morte sur les tuiles froides de la salle de bain ? Il le saura en entrant.). Un pied à l'intérieur et il l'appelle : « Anja ! C'est moi ! » Une fraction de seconde, il tique. Cette voix ne peut pas être la sienne, si grave, sérieuse et pressée. Comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort (dieu sait que ce l'est peut-être). Il a vieilli, sûrement. Ces derniers jours n'ont pas été les plus faciles, mais il n'en témoignera jamais.

Personne dans le salon. À pas rapides, il se dirige vers le fond de l'appartement, jette un coup d'œil à la salle de bain, vide elle aussi, et s'arrête enfin devant la porte de la chambre d'Anja. Et il reste immobile, hésitant, la main suspendue entre la poignée et le bois, prête à ouvrir ou à cogner. Mais ce n'est pas ce qui le retient. C'est une boule au creux de son ventre et qui lui serre la gorge. Qu'est-ce qui l'attend de l'autre côté ? Anja, logiquement, mais dans quel état ? Souhaite-t-il réellement rompre la distance qui s'est établie entre eux ? Il y songe et il s'en veut immédiatement. À n'importe qui d'autre il pourrait faire le coup du « je suis là pour toi » et lui tourner le dos. Mais pas à Anja. Elle ne mérite pas ça. Elle est trop importante pour ça. Alors il appuie sa main sur la porte et répète plus doucement : « Anja, c'est moi. Je peux entrer ? » Sa voix tamisée par une serrement dans sa gorge.
Dim 5 Nov 2017 - 23:39
those faint lights
Il y a cinq jours que tu n'as pas vu la lumière du soleil.
Tu es sortie de ta chambre d'hôpital après ta rencontre avec Locke Melborn, et tu t'es lentement traînée jusqu'ici, les pieds traînant, te demandant après chaque pas si tu allais réellement réussir à te rendre chez toi. Et finalement, pas après pas, tu es arrivée devant la porte de ton appartement. Tu es entrée, a fermé la porte derrière toi, et tu as cherché ta chambre comme une aveugle, écroulée contre les murs jusqu'à rencontrer la porte. Tu l'as ouverte, tu l'as refermée une fois entrée, et tu t'es couchée là sur le sol, tu t'es roulé en boule et tu as pleuré.
Tu as pleuré jusqu'à perdre connaissance; jusqu'à t'endormir. Tu t'es réveillée avec l'impression que tu venais de courir un marathon, les rayons du soleil t'aveuglant de leur lumière trop chaude pour la peur froide qui vit dans tes os. Alors lentement, tu t'es levée, et tu as fermé les volets, puis tu es allée t'enterrer sous la couette dans le noir. Pour que tu ne puisses pas te voir. Pour que personne ne puisse te voir. Et tu as pleuré, encore, de peur, de mal. Tu as pleuré parce que ton ventre criait famine et parce que des hauts de cœur se fracassaient contre tes côtes, et parce que tu avais l'impression que tu arrivais mal à respirer et parce que ton cœur battait douloureusement dans tes tempes. Tu as flotté juste à la limite d'une crise aussi forte que celle que tu avais vécue la veille - à une pensée de trop de basculer. Pour t'empêcher de sombrer, tu as fixé la petite lumière rouge sur ton ordinateur. Et tu l'as regardé pendant des heures durant, en pleurant silencieusement, ta respiration sifflante; tu n'as pensé à rien, à rien du tout à part cette petite lumière rouge, et tu as survécu. Tu l'as imaginé comme un soleil dans l'immensité de l'univers qu'était la noirceur de ta chambre; tu l'as imaginé comme les âmes des damnés au purgatoire, brûlant silencieusement sans que personne n'entende jamais leurs cris; tu l'as imaginé comme le dernier fil de ta vie, entre le réconfort qu'elle ne se soit pas éteinte et l'angoisse qu'elle le fasse; tu l'as regardée en espérant à chacune de tes respirations rauques qu'elle resterait là pour annoncer la prochaine. Et elle est venue, à chaque fois, aussi douloureuse soit-elle.

Ta gorge s'est asséchée et s'est ajoutée à ton palmarès grandissant de douleurs. C'est la peur de mourir déshydratée qui t'as finalement fait sortir de ta chambre pour la première fois. Alors tu as attendu la nuit pour te lever, t'aventurer hors de ta noirceur, et aveuglement aller te chercher une bouteille pour la remplir d'eau. Puis, lentement, silencieusement, tu es retournée dans ton nid, tu as refermé la porte, tu as bu quelques gorgées d'eau, et tu t'es enfouie de nouveau sous la couette. Quand la peur est revenue, plus grande, tu as fixé la lumière rouge jusqu'à ce que finalement le sommeil t'emporte. Après ça, tu as perdu la notion du temps. Tu as peut-être passé des années cachée ici; peut-être seulement quelques secondes. Mais tu as plutôt l'impression que c'est l'éternité.
Tu vas mourir.
Tu vas mourir.
Tu vas mourir.
Tu vas mourir, si tu ne fais rien.
Et tu ne fais rien.
Tu vas mourir.
Tu ne veux pas mourir.
Alors tu pleures, tu pleures et tu bois de l'eau, juste un peu, juste quelques gouttes, pour te garder en vie. Parce que la mort, ce serait bien ce serait tranquille, ce serait calme, et tu ne souffrirais plus. Mais tu ne veux pas mourir. Tu ne veux pas que s'éteigne ton esprit, que s'éteigne ton âme; tu ne veux pas traverser du côté où il y a l'éternité. Tu as peur et c'est viscéral, tu aimerais savoir dire pourquoi, alors que la mort règlerait tous tes problèmes, et pourtant tu es terrifiée à l'idée qu'elle t’agrippe enfin. Tu ne sais pas pourquoi. Peut-être que c'est ton instinct humain. Peut-être que c'est toutes les autres toi, celles qui sont mortes, celles qui se sont éteintes, qui s'accrochent à ta peau pour que tu sois différente. C'est peut-être cet appel au delà de la tombe, de toutes celles qui n'ont pas réussi à être sauvées et qui voient en toi le dernier espoir d'être sauvée du purgatoire. Peut-être que tu es la dernière. Peut-être que tu es la dernière Anja qui n'a pas été tuée par ses démons.

Tu as peur. Tu ne veux pas être la dernière. Et tu es seule, tu ne veux pas être seule. Tu ne veux pas mourir toute seule dans ta chambre ici, tu ne veux pas t'éteindre sans quelqu'un, tu ne veux pas mourir sans avoir vu Sungmin une dernière fois. Parce que tu ne le mérites pas il ne devrait pas t'aimer mais tu ne peux pas mourir parce qu'il est là que tu as besoin de lui peut-être qu'il a besoin de toi, tu ne peux pas mourir même si tes côtes se resserrent sur tes poumons même si ta respiration est sifflante même si ton cœur te fais si mal même si tu as l'impression qu'il va exploser - tu ne peux pas mourir parce que tu ne veux pas mourir et que l'univers doit se plier à tes caprices.
Tu pleures tu trembles et pourtant tu agrippes ton téléphone et tu composes le numéro de Sungmin et de ta voix que tu n'as pas entendue depuis toute l'éternité, rauque, sifflante, presque silencieuse; là où ton cœur qui explose envoie la panique dans tes cordes vocales, tu lui dis que tu ne veux pas mourir, tu ne peux pas mourir, tu as besoin de lui et tu ne veux pas être toute seule tu ne veux pas être toute seule tu en as assez tu vas mourir et tu as besoin de lui.

Et il te dit qu'il arrive. Et tu ne raccroches pas le téléphone, parce que c'est peut-être le dernier espoir qui te permets de ne pas mourir.
Tu l'entends quand il ouvre la porte, et tu entends ses pas qui s'en viennent et tu as peur il ne peut pas te voir comme ça mais il attend devant la porte il ne l'ouvre pas tu pourrais lui dire de s'en aller qu'il ne te voit jamais comme ça mais

tu te lèves.
Tu marches jusqu'à la porte de ta chambre.
Et tu laisses finalement filtrer les rayons du soleil jusque sur ta peau.

Tu le regardes, tu ne dis rien. Tes jambes tremblent. Les larmes roulent sur tes joues, sans que tu saches d'où elles peuvent bien sortir alors qu'il n'y a plus rien sous ta peau. Tu as peur tu as honte, tu veux te cacher. Mais tu te tiens là. Tu le regardes, Sungmin, parce qu'il est venu. Que tu n'es pas toute seule. Pas tout de suite. Pas maintenant.
Tu le regardes, Sungmin, mais tu évites son regard.
Dim 31 Déc 2017 - 20:27
Elle ouvre sa porte et le monde arrête de tourner.

C'est comme si Sungmin ne la voyait pas - non, ne la reconnaissait pas. Ça ne peut pas être Anja, cet oisillon tremblant, affamé et gris. Ça ne peut pas être cette même fille avec qui il regardait le monde de haut, avec qui il partageait ses joies et ses rires, avec qui il croyait que tout était encore possible dans cette ville misérable. Pourtant, il connaissait déjà cette facette d'elle-même, savait qu'elle n'allait pas bien, savait qu'elle risquait de craquer à tout moment, savait qu'un jour comme celui-là arriverait et qu'il ne parviendrait pas à la reconnaître. Oui, il connaissait sa maladie - mais ne l'a jamais nommée, parce que la pointer du doigt, c'est lui conférer le pouvoir de manipuler leur vie.

Non, pas manipuler.
Éclairer.

Et c'est bien parce qu'il ne voulait pas voir la vérité, qu'il préférait se bercer dans ses illusions de bonheur qu'il n'a jamais dit « anorexie ».

« Anja, je… »

Les mots se bloquent dans sa gorge. Il a envie de pleurer lui aussi, même s'il ne sait pas trop pourquoi. Est-ce cela, la culpabilité ? Il voudrait s'excuser, lui dire qu'il regrette ; il n'aurait pas du la laisser, aurait du briser le silence plus tôt entre eux, mais aussi intervenir plus tôt, cesser de participer à son jeu de bonheur malsain et lui demander, avec plus d'insistance, de prendre soin d'elle - de vraiment prendre soin d'elle. Mais encore une fois, il aurait esquivé le véritable problème, toujours en refusant de prononcer de mot maudit.

Lui est-il d'une quelconque utilité, au fond ?
(peut-il vraiment la sauver ? )
(ça aussi, il veut encore y croire)

Alors il fait la seule chose qui lui semble en son pouvoir : il la prend dans ses bras et caresse ses cheveux.

« Je ne te laisserai pas. On va s'en sortir, j'te le jure. »

Belles promesses.

Mais les mots sont parfois les meilleurs armes qui soient.
Lun 15 Jan 2018 - 4:00
those faint lights


Tu as toujours dis que tu ferais n'importe quoi pour tes amis. Que ceux qui réussissent à gagner ta faveur se font ainsi un allié de taille, qui ne les laisseras jamais, et qui écrasera quiconque se posera dans leur chemin. Comme tu es la reine, tu leur feras une place dans ta cour, et ainsi vous régnerez sur le monde comme il se doit.
Tu n'es plus la reine de quoi que ce soit.
Reine de rien, pas même de ton univers, pas même de ton esprit, pas même de ton corps. Tu t'écroules et tu ne règnes sur rien, comme tu as toujours été destinée à le faire. Et tu as mal, et tu as peur, et tu l'évites, le regard de Sungmin, parce que tu as honte, et tu n'es pas la reine que tu as toujours voulu que tu sois. Il n'y a pas de cour, il n'y a pas de château, il n'y a pas de royaume ni de peuple sur qui porter votre regard hautain; il n'y a même pas toi, même pas toi, juste rien avec ta couronne d'épines sans poids, et tu te refuses à ce qu'il soit roi. Puisque être roi de rien, sans majuscule, roi du néant dans ton estomac, ce n'est pas se donner mais se prendre; ce n'est pas un titre mais une malédiction. Tu es maudite avec tes démons, Anja, reine de rien et esclave de Rien, et tu ne veux pas qu'il en souffre. Parce que Sungmin c'est le soleil, plus haut que tout, avec sa chaleur et sa clarté - et il éblouit avec sa couronne d'étoile, parce qu'il doit régner sur tout, sur Tout, surtout sur toi. Toi, grain de poussière sans substance, toi, la plus basse des choses, dans le fond de l'enfer. Tu n'es rien face à sa magnificence. Même la plus petite ombre que tu peux former sur sa lumière par ton existence doit être effacée.

Il doit te juger, te crier dessus, te frapper, te mépriser, te détester, t'ignorer, te laisser, fuir, fuir ton ombre et ta malédiction. Il doit te porter une haine sans nom, toi qui oses lui être une douleur quelconque, toi qui oses l'aimer - et pourtant, il ne fait rien de cela.

Ton nom fais écho dans tes oreilles.
Et soudainement, tu enfouis ton visage dans le creux de son cou, et tu l'entoure de tes bras et tu le serres, fort, comme s'il était la dernière chose qui te gardais en vie. Comme s'il était l'air dans tes poumons, le sang dans tes veines, les battements de ton cœur qui, sans se calmer, ne s'emportent pas jusqu'à s'arrêter - tant que tu le tiens.
Et tu t'écroules, comme ça, comme tu t'es écroulé sans arrêt ces derniers jours, mais cette fois tu t'écrases et tu t'effondres à partir de tes fondations - ton gratte ciel tremble et s'effrite et tombe, jusqu'à ce qu'il n'en reste que des ruines, que des décombres. La poussière se soulève en nuage, et tu ne vois plus rien.
Il ne te laissera pas. Et tu n'as plus la force de lui dire de partir, de fuir pour sauver sa peau, de te laisser pour s'épargner lui-même, et qu'il sera sans doute bien mieux sans toi. Tu n'as plus la force de le refuser, tu n'as plus la force d'être forte et de l'épargner, celui que tu aimes, que tu aimes probablement plus que tu n'as jamais aimé, comme une tempête comme la mer toute entière comme le ciel et comme l'entièreté de l'univers à ses pieds, plus que l'univers, plus que tout ce qui existe dans l'infinité, jusqu'au fin fond des enfers et du paradis, plus que quelconque divinité - plus que toute la douleur qui s'agite toujours dans le fond de tes tripes.
Et comme ça, tu n'as plus la force de l'aimer. Tu as juste la force d'être aimée.
‟Je ne veux pas mourir.” Tu ne sais pas vouloir arrêter ta souffrance sans équivoque. ‟Aide-moi.” La poussière retombe à travers tes décombres.

Il ne reste plus qu'à te reconstruire.
Dim 4 Mar 2018 - 21:54
Un soupir tremblotant s'échappe de la bouche de Sungmin. Il est bouleversé. Il lui semble qu'en une seconde, son univers entier s'est retourné ; ça lui donne le vertige. Alors ses bras se resserrent autour d'Anja, comme s'il se rattachait à une ancre. En même temps, il y a la crainte qu'elle s'évapore s'il venait à la lâcher - il ne supporterait pas sa disparition. Elle est comme un château de sable asséché qu'il tente tant bien que mal de protéger du vent. Que lui importe si tout ce qu'il reste sont les débris : il jure qu'il ne perdra pas une poussière, car il a besoin d'elle, entière.

Et s'il le faut, il replacerait un a un chaque grain perdu pour lui permettre de se tenir droite à nouveau.

« Je ne te laisserai pas mourir, Anja, » dit-il doucement. Sa main continue à caresser ses cheveux tandis que l'autre frotte contre son dos. La sensation de ses vertèbres sous ses doigts pince son coeur. « Je te l'interdis. »

La vérité, c'est qu'il n'est pas assez fort, Sungmin, pour supporter deux deuils en même temps. Son père, déjà plus dans la tombe que la vie, lui cause plus de soucis qu'il ne veut le dire - alors l'idée même de possiblement perdre Anja le détruit. Il a besoin de croire qu'elle peut s'en sortir, il a besoin de croire qu'il peut réellement faire quelque chose pour la sauver.

Car à quoi bon être un roi si on est condamné à l'impuissance face à ce qui compte le plus au monde ?  

Quand il parvient à étouffer ses peurs, il se détache d'elle pour mieux prendre ses mains dans les siennes. Il inspire longuement et cherche son regard.

« Je vais t'aider Anja », affirme-t-il, « mais va falloir t'amener à l'hôpital. Tu ne peux pas rester comme ça, tu dois reprendre des forces. »
Dim 8 Avr 2018 - 3:26
those faint lights
Est-il ici, ton seul point d'ancrage?
Tu accroches le fil de ton être autour de son cou et tu ne t'effiloches pas entre ses doigts. Tu trembles et tu souffres et tu pleures et tout t'es insupportable, mais de tous tes fils pas un seul ne s'égare contre sa poitrine. Sungmin ton Roi, il te sauvera.
Il ne te laissera pas mourir.
Ce qui te déchires les entrailles tu n’appellerais pas ça de l'espoir, parce que ta trachée te semble encore si fermée et que tu es à deux doigts de mourir (encore). Mais c'est plus que ce que tu as eu de toute ta vie, peut-être. Tu es si fatiguée que tu ne te bats pas lorsque Sungmin se sépare de toi, même si tu as l'impression qu'on t'arraches le cœur. Tu ne vois à travers les larmes et tes yeux éblouis qui ne sont plus habitués à la lumière - tu ne vois que les contours de son être et tu ne ressens que ses mains qui descendent prendre les tiennes et tu les serres, fort, si fort pour ne pas t'écrouler.
Tu ne veux pas mourir. Tu ne veux pas mourir, tu ne veux plus souffrir, tu ne veux pas le laisser derrière parce que Sungmin t'aime et tu n'as plus la force de le repousser. Tu es petite faible et tu souffres, Anja, tes jambes tremblent, tout ton être frémis - tu es une brindille qu'il suffirait d'un toucher de trop pour casser. Et tu as peur, tu as si peur ça ne s'échappe jamais de ton esprit, ça ne coule pas le long de tes larmes ça t'étouffe et ça te compresse et tu as l'impression que chaque seconde sera la dernière, toujours, toujours, tu ne veux pas mourir tu as mal tu as peur même si tu n'es plus seule. Si Sungmin pose son regard sur autre chose que toi, tu vas tomber et te faner.

Tu hoquettes et tu as l'impression que tes côtes se fracassent. Tu ne veux pas retourner à l'hôpital, tu ne veux pas que quiconque d'autre te vois comme ça, tu ne veux pas sortir affronter le soleil et les gens et la ville, tu ne veux pas affronter la réalité tu veux rester ici dans ton petit univers de toute manière tes jambes ne pourront jamais te porter. Tu serres les mains de Sungmin parce que si tu le lâches tu mourras. Que tu ne peux pas le suivre n'importe où et surtout pas là bas parce que tu n'as pas la force d'être tout pour lui comme il l'est pour toi. Et tu n'as pas la force de te détester pour ça. Alors tu hoquettes et tu gémis de douleur pendant que tes entrailles se dévorent entre elles et tu enterres tes pupilles sur le plancher parce que tu n'as pas la force de te tenir la tête haute. ‟Pas l'hôpital,” tu hoquettes, tu paniques ‟s'il te plaît je t'en supplie” Tu veux juste rester ici - tu t'écroules de nouveau contre lui, tu enfouis ton visage dans son cou sans jamais lâcher ses mains (si tu le lâches tu mourras) et tu taches sa peau de tes larmes - tu veux juste l'avoir avec toi, il t'empêchera de mourir. Tu es en sécurité même si tu es totalement en train de te détruire de l'intérieur et que tes côtes te déchirent et que tu as l'impression que ton coeur va éclater et - oh tu vas mourir tu vas mourir tu vas mourir là maintenant tu le sais tu vas mourir - tu enfonces tes ongles dans la peau de Sungmin parce que tu vas mourir maintenant là tout de suite tu ne VEUX PAS MOURIR tu t'accroches à la sensation de sa peau contre la tienne tu te concentres sur son odeur et tu vas mourir mais peut-être pas maintenant. Tu as mal. Ta respiration est sifflante tes entrailles brûlent. C'est insupportable.

Être en vie t'es insupportable. Mais tu ne veux pas mourir. Sungmin ta lumière ton roi il te réparera  
Mar 22 Mai 2018 - 4:11
Elle s’accroche, saisit tout ce qui pourra l’empêcher de chavirer, de tomber, de sombrer. Pendant une frêle seconde, Sungmin a l’impression — non, la conviction — que ce sont ses bras qui empêchera la vie de se dérober sous ses pieds.

Et ça lui fait peur.

Sungmin, tétanisé, se laisse griffer. Encore ce sentiment d’irréel. Un rêve. Ça ne peut être qu’un rêve. Faites en sorte que ce soit un rêve parce que putain Anja t’as pas le droit de me faire ça !

Tu ne peux pas te laisser mourir
Je ne peux pas être la cure

Mais comment la convaincre ? Comment lui dire que c’est pour son bien ? Comment, oui, rejeter la responsabilité qu’elle lui incombe sans lui faire mal ?

Je ne peux pas être ton sauveur, je ne peux pas
Pardonne moi.

Ses sens lui reviennent tout à coup. Elle lui fait mal. Elle lui fait véritablement mal. Ses ongles écorchent sa peau — des blessures minuscules mais vives, des coupures de papier qui se manifesteront toujours au moment où il s’y attend le moins. (c’est un peu ça, Anja. le baume et le poison qui apparaît derrière ses yeux clos sans qu’il ne sache à quoi il aura affaire. douleur et bonheur dont il n’arrive pas à se séparer, qu’il refuse de perdre parce que sait-on jamais )

Mais à ce moment-là, il ne supporte plus les griffes qu’elle lui inflige.

« Anja ! »

Le ton est sec, dévasté. Il se dégage de ses bras et enferme ses mains entre les siennes — les serre, fort.

« Anja écoute moi. »

Plus doux ses mots. L’air sort de sa bouche en bouffées courtes. Quand sa poitrine s’est-elle autant comprimée ? Il cherche son regard (un appui).

« J’ai compris. Pas d’hôpital. »

Pour l’instant du moins. C’est qu’il ne croit pas pouvoir supporter de la voir souffrir encore. C’est qu’il faut la calmer, avant tout.

« Mais tu peux pas rester dans cet état… Tu as bu de l’eau au moins ? » Il hésite. « Quand as-tu mangé pour la dernière fois ? »
Ven 25 Mai 2018 - 6:56
those faint lights
Il vous sépare et tu as l'impression que tu vas t'écrouler à ses pieds, mais tu t'accroches à ses mains plutôt et tu te gardes droite. Tu as les épaules qui sautent sous tes sanglots et tout ton corps qui tremble et tu n'es pas sûre que tes jambes pourront te supporter encore longtemps mais il est là Sungmin est là et quand il répète ton nom tu ne peux pas t'empêcher de le regarder dans les yeux même si tu ne vois que les contours de son être trop brillant pour que tu le regardes en face. Tu hoches la tête et tu renifles comme une enfant, tu vas t'étouffer dans tes larmes dans ton mucus tu as l'impression et si tu l'avales ça te fera grossir? Si tu te souviens bien non tu avais vérifié une fois. Mais de toute façon tu ne penses pas à ça, il t'a dit de l'écouter Sungmin alors toute ton attention est sur lui et non sur ta poitrine qui va exploser ou tes jambes qui vont lâcher (juste avant que tu meures)
Tu hoches la tête et tes cheveux tombent dans ton visage et tu veux les écarter mais jamais tu ne vas lâcher les mains de ton roi parce que sinon tu vas mourir ici et maintenant. Oui, tu as bu de l'eau. ‟je ne sais pas” tu n'as aucun idée de combien de temps tu as passé enfermée. Une heure, deux mois, toute l'éternité? Tu ne sais pas. Tu as mal. Ton cœur manque un battement et ça fait comme si quelqu'un avait fracassé un vase entre tes côtes, tu gémis et tu arrêtes de respirer, tes jambes flanchent mais tu te tiens toujours debout mais peut-être que tu vas mourir maintenant

Tu as les bouts de verre qui explosent partout dans tes poumons tes côtes se resserrent et ta respiration se fait plus laborieuse, tu pleures et ton cœur manque un battement encore et toute ta poitrine hurle de douleur mais toi tu ne fais que gémir tu as mal tu as mal tu as mal tes jambes ne te tiennent plus tu t'écroules aux pieds de Sungmin et tu le lâches d'une main parce que tu portes tes griffes à ta poitrine ça fait mal ça fait mal ça fait mal çafaitmalçafaitmalçafaitmalçafaitmal toutes tes pensées se taisent parce que ça fait mal ça fait mal ça fait mal tu ne penses même pas que tu vas mourir comme ça parce que ça fait trop mal si la mort venait elle ne ferait pas si mal que ça tu crois ça fait mal c'est trop ça fait mal tu pleures tu pleures ça fait mal tu ne saurais même pas le décrire ça fait mal ça fait si mal tu te recroquevilles un peu tu te griffes la poitrine ça fait mal ça fait mal peut-être que tu as tort peut-être que tu vas mourir ça fait mal est-ce que tu as le cœur qui bats tellement vite que tu ne le sens même plus s'agiter
Sam 9 Juin 2018 - 4:37
Ça ne va pas. Il le sent dès que les mots quittent sa bouche. « Quand as-tu mangé pour la dernière fois ? » N’est-elle pas évidente la réponse ? Le silence les dénonce. Voilà trop longtemps ; trop de temps perdu à croire qu’elle pourrait s’en sortir seule, à éviter le problème, à faire semblant d’être des étoiles alors que, vraiment, nous ne sommes rien de plus que des mouches à feu, pas vrai Anja ? Et nous ne partirons même pas dans un éclat de couleurs, non, nous mourrons anonymes, petits, misérables, et nos carcasses écrasées sous les pieds des enfants n’émouvront personne.

Ça ne va pas, ça n’a jamais été. Fini le temps des couleur, le temps des douceurs. Voici la vérité dans toute son horreur.

Anja va mourir. Anja va mourir et n’est-ce pas un peu de sa faute ? Il connait le mal invisible qui la ronge ; et il a fermé les yeux. Chaque fois.

Et maintenant regardez-le, lui qui vient de promettre de ne pas l’amener à l’hôpital. Regardez-le trembler quand elle s’effondre à ses genoux. Regardez-le se pencher sur elle, l’appeler, la secouer comme s’il chasserait la mort.

« Anja, Anja, qu’est-ce que tu as Anja, merde Anja réponds moi… »

Sungmin a peur. Il ne veut pas croire à ce qu’il voit. Ne veut pas croire que le danger est immédiat. Qu’en une fraction de seconde, peut-être, Anja serait effacée de l’existence. De la sienne.

Sungmin a peur de perdre Anja.

Ce serait enlever au ciel toutes ses étoiles ; et peut-être que ce ne sont pas des étoiles, peut-être que ce sont des lampadaires ou les néons des bureaux aux dizaines d’étages, mais il a besoin de ces lumières pour le guider dans le noir.

Ça ne va pas. Ça n’a jamais été. Et certainement il est temps que cela prennent un nouveau tournant parce qu’il n’en peut plus, c’est trop pour lui, il n’a jamais été un pilier, jamais un guerrier, c’est trop, c’est trop, c’est trop.

« Pardon… »

Il attrape son téléphone, compose ces trois chiffres qu’il n’aurait jamais osé toucher auparavant. En appuyant sur le bouton vert, il a le temps de souffler :

« Ça va aller, Anja, ça va aller. »
Ven 22 Juin 2018 - 7:15
those faint lights
tu as mal tu as mal tu as mal ça explose dans ta poitrine ça serre ça s'enfonce ça s'épanche tes côtes s'écroulent tes poumons explosent parce que tu ne sais plus les remplir d'air parce que tu as mal tu as mal tu as maltuasmal il y a toi, la toi qui aurait dû survivre qui essaie de sortir d'entre tes entrailles de ta poitrine en creusant avec ses griffes elle essaie de sortir pour ne pas avoir à subir le même sort que toi tu as mal tu as mal ça explose ça te bloque la respiration tu gémis tu as mal tu vas mourir tu ne sais pas tu as mal il n'y a rien qui pourra arrêter ça tu vas mourir tu vas mourir tu n'as jamais vérifié comment les anorexiques mourraient mais tu le sais maintenant avec les larmes qui coulent le long de tes joues et ta main qui te griffe la poitrine et les gémissements qui s'échappe d'entre tes lèvres c'est comme ça, c'est comme ça qu'ils meurent les anorexiques pendant que leur poitrine explose se déchire parce qu'il y a tous leurs fantômes assis sur leur myocarde et il n'y a plus rien qui s'agite en toi tu as mal tu as mal tu as mal tu n'as jamais eu si mal tu as mal tu as mal tu vas mourir tu vas mourir tu meurs tu meurs tu meurs tumeurstumeurstumeurstumeurs
tu l'entends comme un écho lointain ton roi et sa voix qui explose dans tes neurones il s'excuse il te réconforte tu ne sais pas ce qui se passe tu as mal tu as mal tu as mal tu vas mourir c'est ici c'est maintenant tu ne veux pas mourir tu ne veUX PAS QU'IL TE VOIE MOURIR



Ton cerveau a cette tendance protectrice, de te faire oublier ce que tu ne supporterais pas.
Il te fait oublier d'autres choses, aussi, un peu n'importe quoi. Et il n'est pas infaillible; il te rappelle souvent des moments que tu aurais préféré oublier. C'est sûr, tu n'es pas une machine parfaite, et tu ne l'as jamais été. Mais au moins, quand tu ouvres les yeux, de retour dans une chambre d'hôpital après si peu de temps, tu ne te souviens pas exactement comment tu t'es rendue ici.
Tu te souviens bien de la douleur aveuglante, quand tu t'es écroulée, mais tu ne te souviens pas ce qui s'est passé après. Sungmin a dû appeler une ambulance.
Tu as les larmes qui coulent le long de tes joues. Tu ne sais pas exactement pourquoi - c'est un grand trou noir dans ta poitrine, comme un poids, mais pas la douleur que tu as vécue plus tôt - non, c'est à l'intérieur, pas dans ton corps, comme si c'était ton âme qui appuyait sur ton sternum. C'est un trou de désespoir, une angoisse profonde, c'est juste le malheur qui se pose là, la tristesse comme tu ne la ressens plus depuis longtemps. La détresse, tu connais, mais là tu ne pleures pas de panique. C'est le chagrin qui t'étreint, la douleur sans que tu ne te détestes.
Tu as tellement perdu de temps. Tu as tellement perdu de gens à chasser un idéal qui n'existait pas dès le départ. Tu t'es fais mal, Anja, tu t'es gâchée et maintenant tu as tellement de pots cassés à réparer. Tu as fais souffrir les gens autour de toi, tout le monde qui t'aime; tu t'es détruite sous leurs yeux sans même qu'ils ne puissent faire quoi que ce soit. Ils ne méritent pas ça. Tu ne méritais pas ça, petite fille tout juste sortie d'une relation de rêve tourné au cauchemar. Tu ne méritais pas ça, et maintenant tu t'es gâchée et il ne reste que quelques morceaux de toi.
Tu pleures parce que tu observes, à l'intérieur de toi, avec ta ligne de perfusion dans le poignet, tout ce que tu as brisé. Laissée à toi même, l'esprit empoisonné de perfidie et de trahison, tu as vu tout ce que tu étais et tu as tout fracassé. Dans le fond de ton crâne, il y avait une toute petite toi armée d'une batte de baseball et qui, fragile, en colère, brisait tout autour d'elle. Tu t'es brisée sans même une arrière pensée, pour faire de la place à un idéal de toi si profondément ancré dans tes os par la mauvaise personne. Tu croyais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas chez toi. On t'avais fait croire que c'était le cas.

Tu t'es brisée, et pourquoi? Pour Thomas?
Tu aurais dû écouter la petite, toute petite voix dans ta tête, qui te disais que tu valais mieux que ça. Celle que tu as si vite éteint.
Au final, la personne à qui tu dois le plus d'excuses c'est toi.
Alors tu pleures à chaudes larmes, profondément, la mort de tout ce que tu aurais pu être si tu t'étais aimée. Tu pleures cette fille avec des rêves - celle qui croyait qu'elle en valait la peine, qui souriait, qui riait. Qui mangeait. Celle qui, sans le savoir, était heureuse. Tu la pleures parce que tu l'as détruite, elle et ses rêves, ses ambitions, ses amours, et elle ne verra plus jamais la lumière du jour.
Est-ce que tu sauras la reconstruire, différente, mais réelle, un jour?

À travers les larmes, tu finis par remarquer Sungmin écroulé sur une chaise à tes côtés. Tu l'as tellement fait souffrir. Tu n'as jamais voulu lui faire du mal, mais à force de te détruire il fallait t'attendre à ce que quelques morceaux de verre cassés finissent par se loger quelque part dans le pli de ses côtes.
Tu veux qu'il soit heureux. Tu veux être heureuse.

Du bout des doigts, tu cueilles ses jointures. ‟Pardonne-moi.” tu chuchotes. ‟Je ne sais pas comment me réparer.”
Lun 25 Juin 2018 - 6:56
Sa tête est lourde, si lourde .

Derrière ses yeux clos, les images se superposent, se fondent et se troublent.

Il y a les murs blancs. Blanc hôpital. Le rose de ses cheveux sur le blanc de la civière. Le blanc de l’ambulance. Son corps tremblant. Son corps maigri. Son corps mourant. Ses mains dans les siennes. Rouge, le sang qui palpite dans ses veines, qui prouve que son cœur bat, encore, toujours. Les phares, rouges. Le cri assourdissant de la sirène. Les battement de son cœur, sur le moniteur. Blanc chambre d’hôpital. Blanc son visage entre la vie et la mort. Blanc, il déteste le blanc. Le blanc tâché par le sang rouge d’Anja, lorsqu’elle s’est ouvert la tête dans la salle d’essayage. Toutes ces portes blanches qui se ressemblent. Toutes ces vies accrochées à un fil.

Ça va aller, qu’on lui a dit. Ça va aller, elle s’en est échappée.
Mais lui ?

Noir, il apprend à apprécier le noir. Sous ses paupières, le blanc-mort n’existe plus. Le noir est ce bras qui l’accueille, l’enserre, le rassure. Le seul à lui dire « il n’y a rien, tu n’as pas à t’en faire ».

Mais Noir, ce beau menteur, se dévoile et laisse place au chaos. Blanc hôpital. Le rose de ses cheveux sur le blanc de la civière…

C’est un cauchemars qui ne prend jamais fin. Les mêmes minutes angoissées roulent en boucle depuis des heures, des jours, il ne sait plus.

Sauf que ce n’est pas un mauvais rêve.

Lumière soudaine lorsqu’il ouvre ses yeux. Les néons lui font mal. Il bouge ses doigts, s’apprêtant à lever sa main pour protéger ses pupilles, mais sent sa peau. Tiède. Vivante.

Trop vite, il se redresse. Trop fort, il serre sa main.

« Tu es… »

Les mots s’étranglent dans sa gorge. Rêve-t-il ? Non. Ce serait trop cruel. Elle est là, elle respire, elle pleure, elle est  v i v a n t e.

Et c’est trop. Trop fort ce poids sur sa poitrine, cette brûlure dans son ventre. Trop, ce nœud dans son œsophage qui l’empêche de respirer proprement. Ses yeux débordent, déversent ce trop-plein de tout, absolument tout.

Il s’assoit sur le bord du lit et la prend dans ses bras. La serre tout contre lui. Il a besoin de sentir son cœur qui bat, contre le sien, qui s’accroche encore à la vie. Il ne dit rien. N’arrive pas à prononcer un seul mot. Ne peut même pas réfléchir correctement. Ce n’est qu’après de longues secondes de silence qu’il parvient à bafouiller d’une voix étranglée :

« J’ai tellement eu peur… Je ne veux pas… te perde. »
Lun 25 Juin 2018 - 7:32
those faint lights
Tu entends presque tes doigts craquer quand Sungmin les serre, si fort, et tu hoquettes - de surprise, de tristesse, d'un trop plein qui te fait verser plus de larmes. Il se lève, vient te rejoindre, et un instant, un seul, tu oublies tout alors qu'il te prend dans ses bras. Il s'accroche à toi, c'est son tour d'être hystérique, et tu pleures plus fort, plus profondément - tu as l'impression que tes côtes s'épanchent pour laisser la place au désespoir qui te prends, qui t'écrase et pourtant qui t'envole. Tu es tellement malheureuse, Anja, même avec les bras de ton roi tout autour de toi, parce que ses larmes s'écrasent sur le dessus de ta tête et ça te rappelle, à chaque goûte, que si tu t'étais seulement écoutée vous n'en seriez pas ici. Tu t'es cassée, et maintenant c'est lui qui doit tenir les morceaux dans ses mains juste pour te savoir près de lui. Tu aimerais pouvoir lui donner des gants. Ou même juste te réparer, qu'il n'aie plus à se couper.
Plutôt, tu poses ta tête sur son épaule et tu sanglotes, profondément. La ligne de perfusion dans ton poignet t'empêche de tout à fait compléter l'étreinte, mais tu mets quand même tout ton maigre poids sur lui, autant que tu peux, juste qu'il puisse savoir que tu es toute à lui, présentement. Que tu te perdrais dans les plis de son t-shirt, que tu irais en pèlerinage au creux de son cou, juste pour trouver tes réponses. Juste pour qu'il ne souffre plus - pour que tu ne souffres plus. Tu ne peux pas le laisser derrière. Il y a une toi, celle que tu as tuée, qui meurt d'envie de le rencontrer, et tu voudrais tant les réconcilier. Qu'il connaisse la toi qui n'a pas tout détruit. Celle qui s'aimait encore. Celle qui, sans aucun doute, saura mieux l'aimer.

Tu pleures parce qu'il a peur, et tu pleures parce que tu as peur aussi. Peur de ne pas être à la hauteur, peur de le laisser derrière, peur de lui infliger ce qu'il supplie ne jamais vivre. Tu ne sais pas comment réparer ça. Tu ne sais pas par où commencer, ni où te tourner - tu dois courir un marathon mais tu ne sais même pas encore marcher. Tu ne sais pas si tu as le courage de faire face à tes démons, si tu as le courage d'aller demander de l'aide, de la vraie, des professionnels; mais tu sais aussi que tu n'as pas le choix. C'est ça, ou mourir. Ça, ou faire vivre à Sungmin ce qui lui fait verser des rivières de larmes contre toi.
Tu sais que, dans un autre univers, tu es morte dans deux ans. Mais de la même manière, tu sais que tu ne peux pas laisser ça se reproduire. Que tu te dois ça à toi, à cette petite fille que tu as massacrée, et à Sungmin. Qui reste à tes côtés, qui te tiens là, maintenant, comme une ancre à la vie même si tu flottes dans une tempête - tu sais qu'il ne pourra pas tout te donner sur un plateau d'argent. Tu sais qu'il le voudrait, mais qu'il ne peut pas. C'est à toi de faire le premier pas. Même si tu ne sais que ramper.

‟Tout va bien se passer.” Ta voix tremble, ta poitrine s'ouvre et parler te fais plus pleurer encore. Mais il y a quelque chose en toi, même si tes mots ne sont pas tout à fait convaincants, qui a la certitude que tu dis la vérité. Tu essaies d'y croire toi-même, tu t'y accroches comme le plus brillant des espoirs. Tu ne sais pas comment, mais tu dois t'en sortir. Tu dois arrêter de te détester si viscéralement, tu dois arrêter de te retrouver dans un lit d'hôpital à tout bout de champ, arrêter de t'écrouler pour un rien, arrêter d'oublier, arrêter de compter les calories et de regarder les numéros sur la balance comme si c'était la réponse à ta vie. ‟Je ne vais pas mourir.” Ça goûte le mensonge, mais tu t'efforces quand même d'y croire.
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