Lun 22 Aoû 2016 - 21:07
Tom lui ne s'en préoccupait pas, il avait vécu avec toute sa vie. Il avait eu, au cours de longues séances de tortures émotionnelles ou d'euphories aussi puissantes qu'éphémères, le temps de normalisé sont goût pour l'obscurité. Rien n'est plus rassurant que les ténèbres, quand nulle âme planante dans l’atmosphère,, ne peut remarquer sa présence. Il faudrait avoir peur de mourir ou bien mal connaître la solitude pour ne pas se sentir porter par la douceur rassurante et berçante née des ombres entrelacées de la nuit. Mais ceci n'est qu'un détail, un sentiment banal dont l'esprit aime se délecter. Ce qui fascinait réellement Tom c'était cette magnificence, cette poésie envoutante qui se dégage de ce qu'on peut percevoir sans pour autant pouvoir comprendre. Comme si le vent venait lui chuchoter une promesse secrète, d'ores et déjà évanouie dans la brume. L'interdit, et ce qu'il y a après, après le jours, après toutes choses. Cette délicate et envahissante émotion inspirait un étrange sentiment de familiarité chez le jeune artiste. Si toute le charme d'une scène sombre réside dans la simple suggestion, subtile et poétique. La beauté se dégage à l'aide l'instinct du photographe, avant de se volatiliser, revenir, puis disparaître à travers le tourment. Le souvenir onirique trop réel d'un spectre, d'une mise en scène invisible qu'il ne pourra jamais comprendre ni réellement saisir. L'hymne nocturne sur laquelle dansent les démons est une mélopée si fragile qu'à trop s'en approcher on risquerai de se briser.
Tom avait osé espérer percevoir ce genre de pensées, de point de vue en franchissant la lourde porte en fer du bâtiment grisâtre.
« Les eaux troubles et contrastées que constituent les œuvres de la mort, dont l'auteur à compris l'essence constitue l'âme de l'exposition » Tu parles ! C'est juste du noir, avec du blanc, assemblée de manière tristement peu élégante. Pas étonnant, je savais à quoi m'attendre pour cette exposition : un caprice de riche qui se prend pour un mécène. Et les prémices hésitants d'un artiste raté tentant de se rebeller sans savoir contre quoi, car c'est ce que font les autres artiste non ?
Le jeune homme se tenait debout, face à « la pièce maîtresse » de l'exposition, occupant l'espace de manière presque prétentieuse. Elle représentait "la noirceur de l'esprit humain lors de ses réflexions métaphysiques"... Ou alors une marre de pétrole se déversant sur un lac noir, la nuit. Et quand Tom avait demandé la signification, on lui avait répondu d'un ton hautain qu'il fallait soit même plonger dans l’œuvre pour en comprendre le sens, évidement.
Sous-entendu que je suis trop insensible ou trop con pour comprendre... Un discours un peu facile. Avant de nous demander de plonger dans sa cuve à mazout, il devrait plutôt apprendre à apprécier la délicatesse du blanc, quand elle perce à travers la suprématie du noir. Plutôt que copier en dénaturant le travail d'autres, et de manière médiocre qui plus est.
« Même un mensonge possède quelque chose de beaux, d'infiniment moins vide que ça... » Pensa Tom tout haut.
Toujours debout, essayant en vain depuis trop longtemps d'accrocher son regard à la réalisation. Il regarda l'heure, et se demanda s'il serait utile de poursuivre la visite ou bien s'il devrait simplement rentrer chez lui. Et pourquoi pas passer par les quais, y apprécier le silence lointain du soleil fondant à travers les langueurs océanes, en écoutant « la ville s'endormait » de Jacques Brel.