Sam 26 Aoû 2017 - 1:26
GILDED WHALEBONES
Inconsciemment, elle porte le dos de son pouce au ras de ses cils, tentant de se débarrasser d’une poussière, en vain ; peau rêche contre sclère asséchée. Agacée, ses sourcils se froncent, son œil irrité toujours foutument incapable de verser une larme salvatrice. Elle grimace, fusille du regard la pièce traîtresse qu’elle a passé une bonne partie de sa fin d’après-midi à polir à la perfection, la spécificité de la tâche la poussant à préférer se réserver cette étape de la fabrication. (Il va sans dire qu’en tout autre cas, elle aurait été largement satisfaite de laisser un autre s’en occuper.) Coulant un coup d’œil toujours vaguement rougi vers le panneau d’horlogerie jouxtant la porte, elle en passe le pas, rejoins ses employés dans les espaces plus ouverts où ils s’affairent toujours, les balaie du regard afin de jauger leurs avancements respectifs ; les hèle.
« On finit trente minutes plus tôt, vous pouvez ranger dès maintenant ! »
Annonce faite, elle s’avance parmi les stations de travail, considère l’ouvrage de chacun, apporte parfois une remarque, sous forme de questions pour ceux qu’elle sait être les plus susceptibles. Prend le temps d’examiner de plus près le travail de la dernière engagée, revient avec elle sur la nouvelle tâche qu’elle s’est d’abord vue confier sous tutelle d’un artisan plus ancien, avant de s’y atteler seule, lui expose d’avance la suite des opérations, avant de finalement commenter plus avant ses efforts (complimenter, puisqu’il y a lieu). Son tour fait, tous les employés ayant quitté les lieux après avoir pris congé, elle retourne à son propre poste, s’empresse de nettoyer son espace de travail ; la journée n’est pas encore tout à fait finie.
Non, une fois les lieux remis en état, et chaque chose à sa place, lui reste encore à attendre, pour, ah, une dizaine de minutes, lui indique son portable, une fois sorti de sa poche — elle exige de tout un chacun la même ponctualité que celle à laquelle elle se tient, et si l’heure convenue n’est pour elle pas idéale, elle ne s’en pique cependant pas. Tous ont des horaires à respecter, elle comprise — et si l’impatience la tenaille, c’est parce que l’entretien téléphonique précédant l’entrevue n’a fait mention du projet que dans de vagues détails : une pièce de mobilier particulière, et apparemment, pas en fabrication à Pallatine, du moins, nulle part où son client daignerait passer commande. On verrait.
« On finit trente minutes plus tôt, vous pouvez ranger dès maintenant ! »
Annonce faite, elle s’avance parmi les stations de travail, considère l’ouvrage de chacun, apporte parfois une remarque, sous forme de questions pour ceux qu’elle sait être les plus susceptibles. Prend le temps d’examiner de plus près le travail de la dernière engagée, revient avec elle sur la nouvelle tâche qu’elle s’est d’abord vue confier sous tutelle d’un artisan plus ancien, avant de s’y atteler seule, lui expose d’avance la suite des opérations, avant de finalement commenter plus avant ses efforts (complimenter, puisqu’il y a lieu). Son tour fait, tous les employés ayant quitté les lieux après avoir pris congé, elle retourne à son propre poste, s’empresse de nettoyer son espace de travail ; la journée n’est pas encore tout à fait finie.
Non, une fois les lieux remis en état, et chaque chose à sa place, lui reste encore à attendre, pour, ah, une dizaine de minutes, lui indique son portable, une fois sorti de sa poche — elle exige de tout un chacun la même ponctualité que celle à laquelle elle se tient, et si l’heure convenue n’est pour elle pas idéale, elle ne s’en pique cependant pas. Tous ont des horaires à respecter, elle comprise — et si l’impatience la tenaille, c’est parce que l’entretien téléphonique précédant l’entrevue n’a fait mention du projet que dans de vagues détails : une pièce de mobilier particulière, et apparemment, pas en fabrication à Pallatine, du moins, nulle part où son client daignerait passer commande. On verrait.