Pourquoi les gens bons souffrent-ils?
Je n'irais pas jusqu'à dire que je suis parfait. Mais j'ai toujours essayé d'être juste et généreux, de donner tout ce que je pouvais de moi-même, de prendre sur mes épaules tout le malheur que je pouvais supporter.
Alors pourquoi je suis ici?
Pourquoi j'étais ici le premier janvier à minuit? Parce que j'avais promis à quelqu'un qu'elle ne serait pas toute seule pour le jour de l'an.
Je ne crois pas que je suis assez important pour faire une différence pour tout le monde. Je ne suis pas arrogant. Alors quand je me suis écroulé en découvrant que j'étais coincé ici, c'était un mensonge que de croire que c'était parce que je ne pouvais pas supporter de ne plus pouvoir aider qui que ce soit.
Depuis, j'ai déconstruit beaucoup de mensonges que j'ai construit pour moi-même. Je croyais que j'étais honnête. Je croyais que je pourrais continuer jusqu'à ce que mes os s'écroulent.
Je croyais que, d'une façon ou d'une autre, je pourrais vaincre l'injustice et faire du monde un endroit meilleur. J'avais besoin de le croire.
C'est moi qui souffre. Je souffre de l'injustice de l'univers, de la douleur des autres, de ces attentes impossibles que j'essaie toujours d'atteindre. Je souffre qu'il y aie des obstacles dans mon chemin au nom de valeurs que je partage, pourtant. Lentement, j'ai souffert pendant que mes os s'effritaient et que mes muscles se déchiraient de l'intérieur, en attendant patiemment le jour où j'aurais assez réparé les autres pour ne plus souffrir pour moi-même.

C'est pour moi-même que je cherchais à remplir une mission qui était vouée à l'échec au départ.
Est-ce que ça fait de moi quelqu'un d'égoïste? Ou juste naïf? Je n'ai pas encore décidé. De toute façon, ça fait de moi quelqu'un avec quelque chose de poisseux dans le fond de mon estomac. Je ne dirais pas que ça brûle, ou que ça fait mal. Juste que j'en ai marre.
Je ne peux pas me détester, parce que je ne sais pas qui je suis. Qu'est-ce qui se cache vraiment entre mes côtes?
Qu'est-ce qu'il reste de moi quand je n'ai pas pris le poids du monde sur mes épaules?
Je ne sais pas. Je crois que j'ai toujours porté ce poids-là pour me distraire du fait que moi je n'ai rien à montrer. Si j'ai les autres entre mes côtes, alors je ne vois pas le vide que j'y porte.
J'en ai assez de souffrir en silence. Et pourtant, je n'ai aucune idée comment libérer la tempête dans ma poitrine. Ça écorche tout sur son passage, emprisonné dans mes os. Je crois que je devrais les briser pour tout libérer.
J'ai des chaines aux poignets, parce que je ne veux rien casser en échange de ma liberté. Est-ce que ça fait de moi un couard ou un héro? Je ne sais plus trop reconnaître la différence entre moi et les autres.
Est-ce que j'ai tout donné? Est-ce qu'il ne me reste rien? Je ne sais pas avec quoi j'ai commencé, alors comment est-ce que je peux savoir ce que j'ai perdu?

De toute façon, je crois que j'ai l'éternité pour y penser.