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.Clair-obscur. [Seungjoo]

Mer 3 Juil 2019 - 11:33
L'atmosphère ici n'a plus le même arôme qu'autrefois. Ce n'est pourtant pas une question de temps, un constat axiologique sur l'inévitable déchéance des hommes, mais plutôt le sentiment d'une nature altérée, pareil à ces réminiscences odorantes qui soudain s'insinuent dans l'encéphale pour y laisser la trace jadis inconséquente d'une scène, d'un matin d'automne à 5 h 46, d'un corridor de poussière d'où s'échappent des soupirs veloutés, d'un rayon d'or transperçant des ciselures de chlorophylle. L'atmosphère à Shireibu n'est plus la même – depuis que le traître s'est parjuré, que le paulownia en silence s'est effondré, que le serpent sur le trône s'est érigé. Yuuta, Abe-san, Issei. Profane trinité. Parfois, Temudjin est soulagé d'avoir perdu la vue ; ainsi a-t-il l'excuse de ne pas regarder le wakagashira, de laisser sa vision le transpercer, porter plus loin que sa dissuasive silhouette lorsqu'elle perfore son espace et de la sorte feindre un intérêt dont la fausseté n'occulte cependant pas son respect, hiérarchie oblige. Toute hostilité écartée, 死線 lui est désormais supérieur sur tous les plans, et s'il ne possédait pas en guise d'épaisse couverture une aura de mythe sénile nourrie par les nouvelles générations, Sansar aurait dû s'abaisser à bien des courbettes pour ne pas perdre la tête en même temps que l'on couronnait celle de son antagoniste. Et à présent que ce dernier règne en maître sur ce territoire tant convoité, lové dans ses anneaux à guetter la chute du dragon pour en absorber la puissance, il n'y a plus ni amour ni joie sous les arches laquées de Shireibu.  
 
Néanmoins, il persiste des relents d'affection à qui saurait naviguer entre les fils tendus d'un qui-vive permanent. Quelque part à l'écart du venin des reptiles, loin de ce nid de couleuvres que l'on tente de faire avaler aux têtes-brûlées, dans les appartements d'ordinaire réservés aux femmes, subsiste une douceur presque irréelle derrière les fusuma peints. Ici ne parviennent pas les échos des complots ou des claquements des pièces de shōgi. Ici le nom de Tsunemi Iwasaki n'est pas synonyme de victime ni de bastion à défendre. Ici, juste, vivent au rythme de leur cœur humain des individus que l'oubli a déposé sur le sable. Et qui trouvent dans les fumerolles d'un bol de thé, assis sur un tatami au vert crémeux, un instant de sérénité.
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