Histoire

Année 1998 :

Un cri s'élève dans le couloir d'un hôpital. Suivi d'un faible pleur. Quand on ouvre la porte menant à ces pleurs, nous pouvons voir une femme faible et essoufflée, tenir contre elle un poupon. L sage-femme lui demanda le prénom de la petite. Elle répondit : "Olivia. Olivia Roxane."
O. Roxane Roux était née.

Année 1998 à 2008 :

La petite grandit de jour en jour, son caractère de même. Le fait que mon mari soit parti si tôt, l'as grandement changé à mon grand désespoir.

Aujourd'hui, âgée de cinq années, assise sur mes jambes, elle me fixait de ces yeux verts clairs saisissants. Elle me dit, de sa petite voix de fillette : "Maman, où est papa ?". Le cœur au bord des larmes, je lui répondis que papa était parti au ciel. Mais qu'il était toujours à nos côtés, dans le vent, nous transmettant son amour. Elle continuait à me fixer et me dit alors : "Alors, plus grande, je serais capable de lui parler, je te le promets maman !". Je lui souris, hochant la tête, l'embrassant sur le front. Et elle a tenu sa promesse.

Année 2008 à 2014 :

Elle est devenue une belle jeune fille, ayant gardé des longs cheveux bruns, des reflets roux de son père au soleil. Elle choisit de devenir Archère, et je l'ai laissée faire. Je pensais que ce n'était qu'un caprice de gosse, mais malgré tout, elle tint bon. Aujourd'hui, ces quinze ans presque fini, elle est devenue très bonne. Elle fait beaucoup de compétition et a un nom dans les grandes villes de France. Plusieurs personnes sont venus la voir pour la recruter à un niveau international. Elle réfléchit toujours si elle doit accepter ou non. Elle a peur que je me retrouve seule. J'eus beau lui dire une centaine de fois que cela serait bien pour son avenir, elle s'obstine à dire qu'elle ne souhaite pas que je reste seule. À se demander qui entre nous deux est la mère.
Je me rappellerais toujours de ces mots quand elle a commencé le tir à l'arc : "Ainsi, je pourrais toujours entendre Papa quand je tirerais une flèche !"

Année 2015 :

La voilà en première, avec toutes ces dents ! Elle a seize automnes et as enfin accepté de partir à Paris, dans un lycée de sport, pour les futurs grands athlètes. Heureuse, je l'ai serrée dans mes bras, tandis qu'elle essayait de retenir ces larmes avant de monter dans le train. Elle faisait ma taille, ces taches de rousseur ressortissant doucement. Je lui essuyais ces larmes naissantes et l'embrassai sur le front. Elle me téléphone tous les jours pour prendre des nouvelles et m'apprit que son lycée était fabuleux. Plusieurs salles pour s’entraîner, des cours intensifs mais peu. Plus de sports que de cours. J'hochais la tête, la laissant parler. Elle avait l'air heureuse et c'était le principal. Je fus heureuse qu'elle put partir dans ce lycée grâce à une bourse. Vivante seule avec un seul enfant, je n'avais pas tant de revenus que ça.

Année 2015, juillet :

Je n'avais plus de nouvelles depuis quelques semaines. Inquiète, j'appelais le lycée. On m'apprit que ma fille était parti à l’hôpital pour une fracture du poignet. Je ne compris pas tout de suite et finis par hurler sur la personne au téléphone. Personne n'avait appelé pour me faire part de cette nouvelle importante. Je pris un ticket et trouvai avec difficulté l’hôpital où était ma petite fille. J'entrai dans sa chambre et ... Je m'arrêtai. Elle tourna la tête vers moi, les larmes tombant de son visage pour se poser sur son lit. Ses yeux étaient vides. D'une voix enrouée, elle m'apprit la mauvaise nouvelle : "Maman, je ne pourrais plus jamais tirer."
Je m'effondrai sur le sol, muette, ne sachant pas quoi dire. Je me relevai tant bien que mal et la pris dans mes bras, pleurant avec elle.

Année 2015, décembre :

Olivia était revenue à la maison, mais ces yeux restaient vides. Elle parlait peu, souriait de moins en moins souvent et ne souhaitait plus se nourrir. Inquiète, j'appelais un psychologue qui m'assura que tout cela était normal. Je laissais donc couler, Noël arrivant bientôt. Je comptais lui offrir une flèche personnalisée pour qu'elle puisse l'accrocher dans sa chambre. J’espérais que cela allait lui plaire.

Fort heureusement, le cadeau lui plus. Elle pleura silencieusement et me remercia, touchant du bout des doigts, le nom inscrit sur la flèche. Le prénom de son père. Elle m'embrassa sur la joue et repartit dan son mutisme. Je mangeai froid ce dîner. Le dernier avec elle.

Le lendemain, je partis faire des courses, la laissant seule dans le canapé, emmitouflé dans ces couvertures. Elle me regarda fixement, me demandant d'approcher. Ce que je fis. Elle me serra fort dans ces bras, ce que je lui rendis, et me remercia pour tout. Qu'elle m'aimait. Les larmes aux yeux, je lui dis qu'elle était la perle de ma vie, le plus beau cadeau qu'on ait pu me faire.

Quand je rentrais, elle n'était plus là. J'eus beau la chercher dans la rue, criait en pleurant son prénom, elle restait introuvable. J'appelais la police, désespérée. Ma fille avait disparu.

Année 2016 :

Cela fait quelques mois que ma fille n'est plus. La police l'as juger "morte". Même si je n'arrive toujours pas à y croire, la preuve étant là. Aucun corps, aucun signe de vie. Devant son cercueil, qu'on enterre doucement, je jetai ma rose blanche. Je m’effondrai sur le sol, les larmes de mon corps coulant indéfiniment. Ma fille n'était plus.

Des hommes étaient venus me voir plusieurs fois à la maison, m'expliquant qu'il pouvait faire quelque chose pour mon accident. Septique, je leurs fermais toujours la porte au nez. Mais ils revenaient toujours, encore et encore. Lasse, je finis par les écouter. C'est donc, le lendemain de Noël, la flèche que ma mère m'avait offerte, que je m'endormis. Je me réveillais plus tard. Combien d'heures avaient passé ? De jours ? Je ne savais pas. J'errais toujours dans mon subconscient. Mais une chose avait changé. La douleur dans mon poignet avait disparu. Je le bougea frénétiquement, ne pouvant y croire. La blessure avait disparu. Des larmes de plaisir et de bonheur pur coulèrent sur mes joues. J'hurlai au monde mon plaisir de vivre. Mes yeux reprirent leurs lueurs.
La vie continuait. Dans cet autre monde, aujourd'hui devenu le mien.
La flèche de ma mère me suivait partout où j'allais. Durant des mois, on me fit passer des tests, etc. Une école, du monde. Je m'en fichais. J'étais heureuse de pouvoir tirer. On me relâcha de l'Institut et j'erre maintenant, vers l'inconnu. Je suis une Indépendante, je suis libre de pouvoir tirer où je veux. Je souris au monde. O. Roxane Roux vous attend de pied ferme.