Reika Miyano
Caractère
Histoire
14/02/2163 :
J'ai trouvé ce journal dans la rue. Quelqu'un l'avait visiblement jeté,alors que seules les premières pages étaient utilisées. Quelqu'un qui..pouvait se le permettre, je suppose.Quoiqu'il en soit, je l'ai pris, et je compte bien le garder.
Commençons. Je m'appelle Reika Miyano. Oui, je porte un nom de fille alors que je suis un garçon. Peut-être que ma mère espérait une fille plutôt que moi..Peut-être qu'elle voulait absolument utiliser ce prénom et ne savait pas si elle aurait le temps d'avoir une fille... Je ne sais pas. Je ne pourrais jamais lui poser la question, ou même demander à mon père ce que lui en pensait. On s'est déjà moqués de moi à cause de ce prénom, naturellement. On pourrait croire qu'au district quinze, on aurait autre chose à faire, mais non. Comme pour compenser, quelques jeunes du district avec qui je m'entends plus ou moins m'appellent Rei. C'est un peu plus neutre (moins féminin en tout cas), ça passe mieux, et au moins je ne sens pas de mépris quand ils me parlent. Ça change.
Bref. Le district quinze. C'est un ghetto qui regroupe les populations "asiatiques" : chinois, japonais comme moi, mongols, coréens, etc, etc. Du coup, on est souvent polyglottes. En plus des langues que j'ai évoquées, on parle aussi fatalement l'anglais, mais aussi le mojnchan, un dialecte qui mixe un peu toutes les langues asiatiques. C'est assez pratique, en fait, on a une langue de base pour se comprendre entre nous.
J'ai toujours vécu ici. Ce n'est pas la meilleure vie que je puisse espérer, mais c'est la seule que je connaisse. Il paraît qu'au dehors, c'est effrayant. Vu qu'il y a "l'ennemi", je suppose que oui. Au moins on est plus ou moins en sécurité entre les murs du district. Même s'il y a une certaine forme d'insécurité et que certaines parties du district sont définitivement mal famées, et qu'on prétend ne pas pouvoir revenir entier de ces lieux. Moi, je préfère ne pas y aller en tout cas. Je préfère éviter les problèmes.
27/02/2163 :
Demain, c'est mon anniversaire. Certains diraient que c'est l'occasion de me réjouir ; mais pas moi. La raison est simple.
Je ne veux pas avoir quinze ans.
J'ai peur. Avoir quinze ans dans le district quinze, ça veut dire être mobilisé par le Front. Je ne veux pas. Le Front a déjà pris mes parents. Comme... . Je ne veux pas. J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur.
J'ai peur de ce qu'il pourrait m'arriver. Depuis qu'ils ont été mobilisés, je n'ai plus de nouvelles de mes parents. Est-ce qu'ils avaient aussi peur, avant d'être mobilisés ? Est-ce qu'ils avaient pensé aux proches qui leur restaient ? A moi ?
C'est égoïste je sais, de vouloir ma survie avant celle du district quinze.
Mais ce mot, mobilisation, me fait penser à la guerre. Et je déteste ça.
Et au fond, est-ce que je suis suffisamment attaché au district pour le regretter ?
Je ne crois pas.
15/03/2163 :
Ca fait longtemps que je n'ai pas eu le temps d'écrire, mais c'était nécessaire. Je n'ai pas beaucoup eu le temps de m'arrêter depuis un mois.
Mais je l'ai fait.
J'ai réussi à quitter le district quinze, et à échapper au Front, pour me retrouver à Libertalia. Le nom lui-même semble porteur d'espoir d'une vie nouvelle. Loin de la guerre.
Du moins, je l'espère.
20/03/2163 :
Me lever, manger, essayer de trouver un travail, manger, me trouver un endroit où dormir. Je suis épuisé, à bout de nerfs, je n'ai toujours pas de vrai logement donc je dors dans la rue, je n'ai pas toujours de quoi manger, ni de quoi me laver donc je pue. Bref c'est compliqué en ce moment.En plus, je me suis perdu aujourd'hui, en me retrouvant dans un quartier où j'ai manqué de me faire agresser. En plus de commentaires grivois sur mon "physique de fille".
Ca va être compliqué.
25/04/2163 :
J'ai trouvé un emploi presque fixe, chez un vieux qui a besoin d'aide pour garder sa maison propre. Et comme il a vu que je n'avais pas de maison non plus, il m'offre de dormir sur son canapé. L'avenir semble un peu moins incertain.Pour le moment.
17/06/2163 :
J'ai parlé trop vite.
Le vieux a fait un infarctus pendant la nuit. Je n'ai rien vu, ni entendu.Je me sens coupable, c'est horrible. Je l'aimais beaucoup, c'était quelqu'un de très gentil. C'était..presque un grand-père de substitution ?
Mes larmes mouillent mon journal, il vaut mieux que j'arrête d'écrire pour le moment.
18/06/2163 :
Les galères reprennent.
11/10/2168 :
J'alterne les phases de galères et les phases où ça va mieux. Là, c'est une phase plutôt faste. Je croise les doigts pour que ça dure encore un peu.
2164 ??
Je ne sais même plus quel jour on est, les jours passent et se ressemblent tous, j'ai renoncé à tenir le compte. Je sais juste qu'on est en hiver (ou qu'on s'en approche) parce qu'il neige.
Je crois que je regrette presque le district quinze, sauf que je n'y serais plus aujourd’hui.
C'est compliqué.
Je n'ai même plus le courage de tenir ce journal. Ca m'a aidé d'écrire dedans pourtant, mais ça ne va plus en ce moment, je me sens trop fatigué pour ça.
18/10/2165
(Je continue à compter selon mon ancien calendrier par habitude, en vrai, je ne sais même pas quel jour on est.)
Six mois que je suis arrivé à Pallatine. Maintenant, j'ai le droit d'arpenter les rues de la ville. Quelle chance ! Je commençais à devenir fou, à force d'être resté coincé dans l'enceinte de l'Institut. Je crois que je suis devenu claustrophobe, vu le nombre de crises d'angoisse que je faisais dans ma chambre...
Et pourtant, c'est sûrement mieux que Libertalia. Je n'aurais pas eu d'avenir là-bas, je le sais, à part, peut-être, de finir sous le couteau de quelqu'un...
Du moins, c'est que ces gens m'avaient promis.
25/10/2165 : (ou 2007?)
J'ai rencontré des gens de la diaspora des Altermondialistes. Leurs idées sont vraiment intéressantes, je ne pensais pas croiser de telles personnes ici.
Je crois que je vais les revoir pour discuter plus en détail. Peut-être même que je me laisserais tenter..
08/12/ 2007 : (je crois que c'est ça)
Finalement non.
Les altermondialistes ne sont pas faits pour moi, j'en ai croisé suffisamment pour me faire mon opinion et je ne les aime pas.
C'est idiot je sais, mais c'est mieux de vivre et de collaborer avec des personnes avec qui on a un bon feeling, non ?
23/01/2009 :
Après presque un an de galère à enchaîner les petits boulots, j'ai finalement trouvé un poste d'aide à domicile. Ça me va, j'aime aider les gens et la perspective d'un salaire régulier, c'est parfait. Je crois que j'ai enfin la tête hors de l'eau.
02/09/2011 :
J'ai fait une drôle de rencontre dans la rue, aujourd’ hui. Alors que je me promenais, j'ai vu un type crier en chinois contre un vendeur qui avait l'air de ne rien comprendre à ce qu'il racontait. Je n'ai pas pu m'empêcher d'intervenir pour faire l'interprète, je n'aime pas voir les gens se disputer pour rien.
Mais l'expression qu'avait le premier type en m'entendant parler chinois..Je crois que je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi heureux.
Je crois qu'il est aveugle, cependant, ça expliquerait pourquoi il m'a baratiné pendant je ne sais pas combien de temps pour que je devienne son assistant. Il ne me laissait pas partir, le bougre ! Finalement, j'ai prétexté un rendez-vous urgent et dit que je réfléchirai à son offre.
Et pourtant, j'ai bien envie d'accepter. Je n'ose même pas imaginer les difficultés qu'il doit traverser au quotidien, et ça stimule ma corde sensible.
05/09/2011
Je suis allé revoir cet homme, Sūn Long, et j'ai dit que j'acceptais son offre, et nous avons bu de l'alcool pour fêter ça. A mon futur travail, donc ?
10/09/2011
Plus le temps passe, plus je respecte Sūn Long. Il ne laisse pas son handicap le miner, non, il va de l'avant malgré les difficultés, et un tel courage force l'admiration. Ça ne l'a pas empêché de tenir un..commerce..lucratif. Pour appeler un chat un chat, il tient un bordel. Quand j'ai appris ça, j'ai hésité à démissionner, mais finalement, je me dis que ce n'est pas un métier plus bête qu'un autre. Il faut bien vivre après tout. J'ai eu un peu peur qu'il me propose de vendre mon corps, ça n'aurait pas été le premier, mais non. Il semble plus porter d'attention à mes capacités d'interprète et l'aide que je peux lui apporter au quotidien.
Me voilà, donc, promu au rang d'assistant. En plus d'être interprète, je fais la cuisine, de la gestion, de l'administratif. Bref, je maintiens le Báiyún à flots. Même si l'idée de travailler pour une maison de passe me fait toujours tiquer, c'est pour Sūn Long que je reste. Après quelques jours, je peux déjà dire que ce que je ressens pour lui est proche de ce que les samouraïs du temps jadis ressentaient pour leur maître : du respect, de l'admiration, de la dévotion même.
Même si nos caractères sont diamétralement opposés, je crois qu'il m'apprécie également. Il ne me laissera pas rester. Quand bien même il a besoin de mes talents, je crois qu'il ne se serait pas gêné pour me mettre dehors si je lui déplaisais trop.
Tout va bien, donc. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai l'impression d'être vraiment à ma place. Le plus beau sentiment qui soit.
Ceci n'est absolument pas un TC, c'est faux, je le nie farouchement.En fait si, ici Anaiya qui est terriblement faible.