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pizza my heart ♡ siobhàn

Lun 18 Avr 2016 - 0:00
((i'm a little bit lost without you))
Parfois je marche sans m'arrêter j'avale les kilomètres et même si je m'étais promis d'arrêter de compter je n'arrive pas à
cesser
J'ai pris l'habitude de claquer des canines sur les pas pairs et de relever la tête sur les impairs quand j'étais dans une certaine boîte blanche mais ici -j'ai le nez en l'air mais
j'ai toujours mes dents qui se touchent au rythme de mes pas et je ne sais pas si c'est problématique
Alors je marche
je marche
je préfère nager mais -il n'y a pas d'eau, ici
A vrai dire il n'y a pas grand chose -du sable, du sable et des morceaux des déchets et je n'ai pas la notion de sale ou de pollution juste un certain sentiment de malaise quand je vois ces cadavres qui n'ont pas lieu d'être.
Je crois que je vois du morbide partout.
((Oh -tant que ce n'est pas en moi))
Et je m'extasie quand même du vide qu'il y a dans des endroits si occupés, des retours de la nature même quand il n'y a que du sable et du vent et des grillages -enfermons-là, pour ce qu'il en reste. Pour ce qui peut être encore sauvage.
((sauvagement barricadé))
((si je rentre, suis-je tout aussi conservé ?))
((espèce en danger -petit requin au cheveux qui ont l'air teint
mais qui ne peuvent juste pas se ranger du côté du mondain))
Qu'importe -j'avance dans ces terrains vagues et je m'assoies dans le sable ; il y a un criquet qui me rend visite et j'essaie de le remercier mais je ne sais pas
comment dire ça
Est-ce stupide ? Je ne sais pas.
Je crois qu'il y a bien des choses que je ne sais pas, malgré ces longs mois à l'Institut -passés à apprendre apprendre apprendre absorber et s'incliner. J'ai bien aimé, je crois, ça avait quelque chose de rassurant, mais maintenant.
Il était temps pour d'autres types de printemps.
De ceux qui laissent des grains collés aux lèvres qui font ressentir la soif les phalanges du vent l'envie des conquérants et les pièges des vivants -je crois que c'est sensé être une saison douce, mais rien n'est vraiment trop conciliant ici, il me semble, et les fleurs sont de ces soldats qu'on n'apprécie que trop peu. On ne se méfie pas des pluies des orages abrités à l'ombre de toits de tôle mais on oublie que ce qui se construit peut retourner à l'état de morceaux et oh -peut-être que c'est ce qui s'est passé ici. Il n'y a plus qu'un désert et
un journal
Vieux, sûrement.
Je le prends entre mes doigts -il est un peu rugueux et, oh
Une publicité. Un numéro. Et des pizzas.
Je n'ai jamais mangé de pizza -on m'a dit que c'était trop gras mais je vais en commander.
Et je ne savais pas que c'était si compliqué, alors j'ai juste demandé les six premières du menu et je crois que ce n'était pas une bonne idée
mais je suis là pour découvrir
alors j'expérimente et j'attends et je leur ai dis que j'étais au terrain vague dans Serrbelt, que j'avais des cheveux rouges et que le criquet ne voulait pas s'en aller
Je crois qu'ils ne m'ont pas pris très au sérieux -qu'importe
Et en attendant, je trace dans le sable des lettres et des coeurs ; pizza my heart
Mar 19 Avr 2016 - 18:18
ft. hiraeth ♡
On lui avait demandé d'aller au fin fond de la ville, de s'y perdre pour livrer six pizzas — un terrain vague, avec un type suffisamment riche pour commander un paquet de bouffe mais peut-être pas assez pour rentrer chez lui. Un SDF de luxe, qu'ils ont dit en lui fourrant les boîtes dans les mains ; silencieux, il prend son mal en patience et enfourche le vieux scooter de service pour accomplir sa tâche, le casque sur la gueule et l'envie pressante de faire demi-tour pour passer la porte rassurante de son appartement.

Et, par miracle, il parvient à ne pas se perdre ; peut-être guidé par l'instinct, par le GPS ou par cette petite voix dans sa tête qui lui susurre qu'il faut qu'il voie ce sans abris aux cheveux rouges. Parce que ça l'a jamais quitté, ses souvenirs continuent de le hanter et tu sais plus il y pense plus ça le démange et tu sais Hiraeth le sourire pleins de crocs te rendait merveilleusement beau. Mais il n'y croit ni ne s'y fie.

Tu es sur la jolie planète qu'est la Terre, dans un paradis inaccessible — dans une cage de verre à défaut d'être tenaillé par du fer. Son engin se gare et le grillage lui fait face, l'appréhension dévore sa gorge et le reste de son frêle corps et il sent presque le sourire qui cherche à lui déchirer les lèvres, il se pare d'une expression aussi neutre que la Suisse elle-même et c'est armé d'une demi-douzaine de boîtes tièdes qu'il s'engouffre dans cette zone désaffectée, cherchant des yeux une touffe rougeoyante, un inconnu peut-être ignare, probablement perdu et sans aucun doute affamé.

Et te voilà du haut de tes cent et quatre-vingt centimètres et pourtant accroupi et te voilà avec tes mèches ardentes qui lui brûlent les yeux ta présence qui l'étouffe et sa surprise qui lui fait louper un — deux — peut-être trois battements de coeur ; juste assez pour que le noir remplace le rouge une infime seconde, pour qu'il se ressaisisse et reprenne la route. Casquette enfoncée sur le crâne, le faciès bouillant de revoir quelque chose, quelqu'un qui lui prouve enfin qu'il n'a pas rêvé cette vie d'autrefois. Qu'il ne s'est pas simplement réveillé d'un cauchemar de presque deux décennies de calvaire.

Il en aurait ouvert la bouche par pur réflexe aurait cherché à souffler ton nom pour attirer ton attention
il en aurait fouillé les moindres recoins de son esprit pour savoir quoi dire pour trouver des excuses dignes de ce nom — il se sent traître d'avoir abandonné le seul qui lui ait jamais souriant — il se sent malsain d'arriver comme une simple fleur, la démarche légère et le sourire craquelé aux lèvres déjà violettes d'oublier de respirer
il en aurait plongé la main au fond de sa propre gorge pour réparer ce mal qui l'empêche de parler et il se rappelle avoir laissé son calepin dans le sac accroché au scooter il se rappelle s'être perdu entre toi et l'univers entier

Discret, s'approchant en soulevant chaque pan de son cerveau meurtri pour justifier sa présence il effleure du bout de ses doigts tremblants la surface de ton dos courbé ; le caresse en regrettant déjà qu'une telle idiotie soit le premier contact qui vous lie et il décide de l'oublier en reculant de quelques pas de le rayer de sa mémoire en déposant les pizzas à tes pieds et à peine a-t-il pris la peine de ne pas les abîmer que ses doigts bougent tout seuls et qu'il tente la communication en les tordant dans sa langue silencieuse.

Un vieux proverbe coréen raconte que les relations durables ne sont que le fruit du hasard.

Et c'est horrible et il s'en sent honteux à l'instant-même où ses mains cessent de s'agiter pour simplement retirer le couvre-chef de son visage — et il retient un sourire pour se contenter d'observer les dessins dans le sable, il garde les yeux rivés sur le sol et s'accroupit à son tour, les genoux collés contre son torse.

672 mots | ily



Sam 30 Avr 2016 - 13:28
((I am sorry for the trouble, I suppose))
Et je me rends compte que je n'ai pas la notion du temps, que je ne l'ai jamais eu -et je me demande si ça a un quelconque intérêt ici-bas. Elles sont détraquées, les secondes, secouées et inondées par des souvenirs d'autres jours et je ne sais même pas pourquoi j'y pense
s'il n'existe plus ici
Je ne sais pas s'il on est plus libre sans lui.
C'est bien quand on s'en moquait qu'on se sentait les plus affranchis mais peut-on l'ignorer quand il ne subsiste déjà plus et oh
qu'importe
((je n'ai jamais su me sentir libéré
je n'ai jamais su me sentir prisonnier))
Mais j'attends.
Il y a le soleil sur ma nuque ; je brûle mais c'est encore une sensation à apprendre alors je
reste là
peut-être voulais-je souffrir comme ces pétales éthérés lactescents opalescents -j'en ai la peau, il paraît, et j'aime à penser que ces plaques liliales ne sont que preuves que je ne suis pas seul dans mon corps.
Est-ce étrange de vouloir contenir des galaxies ?
((des comètes qui tombent pendant mes chronaxies
des planètes qui s'échauffent au gré de mes ataxies
des univers à part entière // anoxie))
((je ne peux pas respirer pour deux))
Et il y a le vent qui souffle mais ce n'est pas sa caresse dans mon dos parce que le vent est sauvage et qu'il n'arriverait pas à être si doux alors je me retourne et je
et je
et je
et je regarde ces cheveux délavés
et je regarde ces noirceurs qui reviennent à la base de son cerveau
et je regarde ces yeux de fantôme
qui n'ont pas changés
et je crois que je ne retiens pas mon sourire -lui aussi est sauvage
mais différemment du vent
et je ne sais plus quoi penser je crois qu'il m'empêche de réfléchir de me ressaisir de réagir
mais l'absence -l'absence n'est-elle pas la plus belle des conséquences
quand on est tellement pris // démuni, quand le souffle coupé rend le tout désoxygéné oh quand j'oublie que j'ai une langue et que tout n'est pas un rêve quand j'ai l'impression de retourner à d'autres temps où je souriais parce que j'en avais envie -est-ce que tu comprends ?
((est-ce que
tu fuis ?))
Est-ce que tu vas rester ou juste les déposer est-ce que c'est bien toi ou juste un espoir -mais pourtant je suis sûr et je
ne pense pas que je puisse me tromper
par sur toi
pas sur tes pupilles
pas sur ta moue désabusée
et je regarde tes signes dans l'air, je ne suis pas sûr de les comprendre -tu sais, moi aussi, je ne parlais pas, avant. Je ne sais pas que nos rôles sont inversés ; que l'un a progressé que l'autre a régressé -mais qui, nous ne saurons jamais.
J'avais appris il y a longtemps, mais je suis rouillé et je crois que je n'ai pas tout compris et je suis désolé si tu savais, et je ne
sais pas vraiment par où commencer, je crois
alors j'esquisse un bonjour qui tremble dans l'air et je ne sais pas comment te dire que je n'ai pas compris si ce n'est que tu parles d'hasard et d'amis -peut-être de chance, alors, mais je sais que ma logique n'est pas celle des autres alors je m'embrouille quand je cherche d'autres sens
et je
souris
je crois que je n'ai pas tout compris. mais dis-moi que ce n'est pas grave et que tu répétera toute ta vie s'il le faudra
mais dis-moi qu'il n'y a plus de vitre et plus de filtre
mais dis-moi que cette fois on a le temps, qu'on a plus que cet instant
Ven 6 Mai 2016 - 16:21
ft. hiraeth ♡
La poitrine compressée par la nostalgie et le sourire flottant sur ses lèvres crispées ; il a l'impression d'être au bord d'une crise de panique injustifiée, submergé et en proie à des souvenirs tous plus troublants les uns que les autres. Et si jamais ton visage n'avait été oublié, l'existence du monde en lui-même s'était effacée de son plein gré de la mémoire fracassée de l'enfant, comme pour l'autoriser à s'assoupir les soirs, à vivre sans plus craindre les poings, les ceintures et autres traumatismes.

Et te voir ainsi, devant quelques dessins de sable ; t'effleurer le dos alors qu'il avait rêvé par cent fois du premier contact ; ça lui coupe la respiration, l'étouffe au sens littéral du terme. Et s'il était mort sur le champ, il n'aurait même pas eu l'idée de protester – dans son élément en dehors de son appartement, pour la première fois depuis son arrivée.

je crois que je n'ai pas tout compris. et son sourire ose s'élargir en savourant l'intervention, les yeux fixés sur tes doigts peut-être abîmés par le temps, ces doigts qu'il n'a jamais pu toucher et c'est instinctif impulsif guidé par la plus simple de ses pensée il referme l'une de ses mains sur la tienne – ou peut-être est-ce l'inverse, ses minuscules phalanges se perdent au creux de ta paume et son sourire, son sourire qui grandit encore si tant est que c'est possible.

Les lèvres bougent silencieusement, articulant un ce n'est rien d'une douceur maternelle ; troublé par les vagues de votre passé commun, il se sent soulagé d'être muet, conscient que même sans son handicap il serait incapable de glisser la moindre syllabe tout contre ton hélix. Il ravale péniblement sa salive, écarte ses mains des tiennes par pur réflexe – la notion des contacts prolongés l'effraie, l'idée d'être blessé perdure avec la ténacité d'un coup de pied sec dans les fleurs à peine écloses de sa confiance.
Précarité.

sais-tu ce qu'est le destin ?

Dessinant dans sa langue muette il illustre ses propos de ses lèvres asséchées et espère que tu comprendras, que tu n'interpréteras pas mal – et lui-même ne saurait dire ce qu'il éprouve à revoir tes délicates mèches rouges, ton rictus pleins de crocs et la perdition éclate dans son regard lorsqu'il essaye d'accrocher le tien, quelques fines secondes avant que son visage ne coule promptement vers le sol scarifié d'inscriptions abstraites.
Il se sent ridicule, lorsque ses griffes fendent de nouveau le vide.

dis-moi pourquoi

Il ne finit même pas sa phrase, te jette un regard curieux ; pourquoi es-tu là ; pourquoi ces pizzas ; pourquoi à cet endroit – et tant de questions encore qui se bousculent dans sa tête, écorchant ses parois et l'empêchant de réfléchir correctement.

dis-moi pourquoi. pourquoi ici

461 mots | ily



Mar 10 Mai 2016 - 17:45
((and those fingertips will never run through your skin))
parfois je me demande si je fais tout comme il faut
je sais que non -c'est évident // dévidant // intimidant
je crois que ce n'est pas si grave, que j'ai encore à apprendre que j'ai encore le temps de comprendre ; je m'inquiète plus parce que je ne suis pas sûr d'avoir cette patience de tout reprendre -j'ai des réflexes qui n'en sont pas pour d'autres, j'ai mes coudes qui n'ont plus de bleus des prises de sang et parfois je regarde sans comprendre parfois les miroirs renvoient mon reflet mais je vois à travers
dîtes-moi
que ça vous arrive aussi
d'être vous mais d'avoir la sensation de passer à côté
d'oublier des parties parce qu'on distille trop, parce qu'on est trop intense autrement
dîtes-moi
que tout le monde a des angoisses que ce n'est pas si grave que peu importe les époques on s'entrechoque entre hommes mais que tout revient au même
dîtes-moi
que je suis universel et
et que cette manière de se toucher du bout des doigts comme on caresse un reflet un éclat trop beau pour nous ; tu sais je ne veux pas rayer ta peau dorée alors je te laisse libre mais je crois que pourtant je voudrais te serrer, te serrer tellement fort -mais j'ai peur
((d'étouffer))((ou de t'étouffer))
((je crois que je ne veux pas m'attacher))((pas comme ça))
mais je ne peux pas dévier mon regard ; c'est comme une expérience religieuse, je crois, mais je ne prie pas et je n'ai aucune dévotion alors que puis-je en dire
tu vois, je doute encore
tu vois, j'ai presque l'impression que ce n'est pas réel
et peut-être pour la première fois que je suis ici j'ai l'impression que c'est un vrai rêve et pas de ceux qui vous bénissent en vous tombant dessus mais je ne veux pas je ne veux pas -est-ce que tu comprends ce que c'est pour moi
c'est triste à dire, mais ta présence me fait presque mal
autant qu'elle me rassure, au moins, autant qu'elle est douce autant qu'elle glisse entre mes côtes pour me couper le souffle et m'empêcher de respirer ; mais ne t'inquiètes pas
j'ai appris à connaître la douleur il y a bien longtemps
((ce n'est pas si grave))
et tu me pardonnes en silence ; je crois que je ne sais comment dire combien ça me rassure mais oh, tu arrives bien à m'atteindre sans mots alors j'ai la prétention de croire que je peux aussi le faire
je te laisse t'enfuir -il paraît que les hirondelles sont plus belles quand elles volent
mais non, je ne sais pas
je veux dire -je connais sa définition, mais pas son essence // son véritable sens
je veux dire -je pourrais trouver des métaphores, mais pas d'exemples // ça m'étrangle
((mais est-ce que nous comptons comme arabesques du destin ; je ne sais pas
aurait-on la prétention
d'imposer ces assertions))
mais je n'ai pas assez d'ego pour te répondre parce que je ne suis pas neutre face à moi-même et je crois qu'il existe un mot pour ça ; mais j'oublie et c'est mélangé au fond de mon cerveau, ça se bouscule et peut-être que ça se renverse par terre je ne sais pas vraiment décrire ça et
et je n'aime pas quand tu ne me regardes plus
je sais que je suis possessif mais ce n'est qu'un regard, un regard tout noir -comment puis-je savoir
ce qui est admissible de ce qui est trop déjà trop -j'ai du mal à percevoir
parfois j'ai l'impression de ne pas (a)voir de nuances, alors que tout le monde est basé dessus ; est-ce que tu comprends toi et tes grands yeux n o i r s
parce que moi
je ne sais pas pourquoi
toi plutôt -pourquoi tu me demandes ça alors que j'ai vécu à l'intérieur d'une boîte
peut-être crois-tu que je sais des choses que j'ai un esprit qui voyage jusqu'aux étoiles et oh, j'aimerais bien mais je crois que je suis un rêveur terre-à-terre et que mes explications ne sont pas assez belles pour être dîtes poétiques // noétiques // cosmiques // chaotiques
alors j'aimerais te dire pourquoi, vraiment, mais je crois que c'est au-dessus de ce que je peux faire
peut-être au-dessus de ce qui peut être dit // au-dessus de mes rhapsodies des mes paradis de la pythie
je ne sais pas et j'ai la voix qui craque je le sens entre mes monosyllabes déversées bien trop lentement entre mes dents entre mes instincts de douceur et de perdition
mais tu sais, peut-être que c'est bien plus simple
peut-être que c'est un "pourquoi pas"
et peut-être que je ne comprends pas tout maintenant, mais ici c'est tellement différent que je suis sûr qu'on a le temps alors pas besoin de se presser de craquer nos phalanges les unes contre les autres de casser la sécurité tout autour ; je relève le regard en cherchant le tien
pour te dire que peu importe
que peu importe le destin
que peu importe les lendemains
((tant que
tant que nous restons prométhéens))
Sam 14 Mai 2016 - 17:29
ft. hiraeth ♡
je ne sais pas il entend ta voix perçoit le moindre de ses craquements et l'envie n'est pas là la jalousie ne lui mord pas la gorge – lui qui ne sait plus comment on parle lui qui s'est perdu dans le silence à force de craindre le pouvoir des mots. Il savoure, en fermerait les yeux s'il était seul ; mais, pour l'heure, ses prunelles ont l'audace de se noyer dans les tiennes.

peut-être que c'est un ''pourquoi pas'' les secondes s'écoulent lentement tes mots semblent s'éteindre dans le vide et il n'ose plus ni tendre la main ni même bouger à proprement parler se contente d'un léger sourire, court mais bien présent. Sa gorge brûle d'être raclée et il hoche la tête dans un geste lent patient – il se sent presque à l'aise, comme si son handicap s'était envolé comme si ta présence l'autorisait à ne plus fuir le moindre contact social. peut-être

pourtant te voir ici entre tous les lieux possibles lui fait l'effet d'un coup du destin ; comme si quelqu'un essayait de lui faire passer un message, de lui dire que l'Homme n'est pas tout seul – et il en sauterait sur des conclusions hâtives il y trouverait une foi insoupçonnée par ta simple présence et tes cheveux rouges. Indécis sur l'attitude à adopter, il repose la casquette sur son crâne et ses doigts s'agrippent aux boîtes de pizzas, il les tire vers lui et les dépose devant vous, ravalant quelques tremblements compulsifs.

elles vont refroidir articule-t-il sans oser replonger dans l'étrange lueur vermeille qui semble briller dans ton regard – il ouvre une boîte comme pour occuper ses doigts fébriles et la fumée qui s'en échappe l'écoeurerait presque, comme un serveur de fastfood il commence à se lasser du fumet des pizzas. j'ai envie de demander ''pourquoi tant de pizzas'' mais j'ai peur que ta réponse se résume à un nouveau ''pourquoi pas'' et cette fois c'est tracé dans le sable, de l'écriture qu'il a longtemps dû utiliser – de l'écriture qu'il a cessé de travailler depuis des années, qu'il n'a repris que depuis son arrivée. Les lettres maladroites et les espaces approximatifs, il regrette la rapidité de ses « gadgets » d'antan, ces objets appartenant à son passé et au futur de son présent ; il regrette tout, même d'être venu.

un léger silence s'installe et il passe un coup de langue sur ses lèvres sèches, joue instinctivement avec le bout de ses ongles – l'impatience taraude son esprit et le somme d'assener ses questions. d'un geste vague il efface la précédente phrase du sable, pour en écrire une nouvelle. m'en veux-tu d'être parti ? les genoux ramenés contre sa poitrine le coeur battant à l'intérieur et les yeux baissés vers le sol, il maudit son aphasie et tout ce qui a bien pu lui arriver il maudit son incapacité à te parler et à s'excuser.

mais ça ne lui suffit pas rien ne lui suffit jamais ; il a besoin de plus d'en savoir plus d'être plus sûr et même si c'est un peu même si c'est oui même si c'est je ne sais pas il veut que tu lui dises il veut comprendre ; comprendre pourquoi tu sembles si serein alors que la culpabilité lui casse le palpitant et lui broie les entrailles.
et une ultime question salit le sol, juste à côté.

serais-tu parti, si j'étais resté ?
m'aurais-tu abandonné comme je l'ai fait.

569 mots | ily



Dim 15 Mai 2016 - 16:16
are all people like that ? so much bigger on the inside ?
et si je sais une chose c'est que je ne sais rien
c'est déjà beaucoup, cela dit, et je sais que j'essaie
c'est déjà beaucoup, ça aussi
alors non, je n'ai pas répondu, pas vraiment, mais qu'est-ce que ça vaut, de toutes manières -tu sais, je ne connais même pas ton nom mais ça prouve qu'elles ne riment à rien, ces lettres enfilées comme sur un collier ((une laisse, peut-être))
je ne connais pas ton prénom, je ne connais pas non plus tes ambitions mais oh -tes expressions
ta manière de bouger tes doigts comme si tu voulais toujours parler mais que tu avais peur qu'on t'entende -tu sais, j'avais déjà vu à travers les vitres de ma boîte, j'avais déjà vu tes ongles rongés et ta patience et ton besoin de toujours toujours toujours avoir quelque chose entre les mains
est-ce que tu as peur que tout s'en aille ?
((et c'est moi qui dit ça, hiraeth, le souvenir de choses qui n'existent pas))
et oh oui sûrement qu'elles vont refroidir, mais tu sais d'un coup il y a des choses bien plus intéressantes que ces pizzas ; ça semble si dérisoire
ma gorge me gratte quand je lis ce que tu écris -je crois que ça s'appelle un rire et je le laisse s'imposer ; je crois que je n'ai jamais su bien expliquer les choses, de toutes manières, que je n'ai jamais compris que ce n'est pas parce que je ne sais pas que les autres aussi, que ce n'est pas parce que je crois comprendre que les autres ne peuvent se méprendre
dommage, j'aurais pu te répondre que c'était parce que je n'en avais jamais mangé alors je regarde ; c'est rond c'est chaud, il y a de la pâte et du fromage et je ne sais pas comment manger ça -alors j'attends, et les fumées se fondent dans l'air
peut-être que je n'aurais pas du attendre
parce qu'il y a des questions dont je connais les réponses
mais auxquelles je ne veux pas
m'abandonner // parce que je sais que je vais te faire couler, parce que j'ai pu continuer à flotter -comme un corps déjà mort, absorbé par les étoiles par le vide, par tout ce qui était déjà parti
répondre // qu'est-ce que ça peut faire à part du mal, qu'est-ce que ça peut faire à part des griffes de platine et des barbelés entrelacés à nos liliacées
me confronter // à quoi bon
mais tu demandes, toi et tes yeux de fantôme, alors il faut bien que je réponde
oui parce que je n'avais plus rien à attendre parce que c'était comme si tout avait le goût de cendre ; il y avait agathe et yuj mais qu'est-ce qu'ils y comprennent -ils n'étaient qu'un poisson et un adulte, incapable de me faire parler
j'ai presque envie de te dire qu'avant je ne disais mot, mais qu'est-ce que ça changerait, de prouver qu'on est réversibles // inversibles
qu'est-ce que ça changerait, de prouver qu'on se comprend alors qu'on ne se connait pas
c'est bizarre, tu ne trouves pas
que je t'en veuille, que tu demandes
je crois que je n'ai pas compris pourquoi cette question, mais si je l'avais entendue, je t'aurais dit que je ne suis pas en colère parce que c'est fait et oh, parce qu'il y a bien d'autres choses ici -tu vois, je n'ai pas de temps à perdre
pas quand le compteur monte déjà à vingt-deux ans
oui parce que si je restais -je crois que je mourrais, tu sais
((il y avait les toux de sang comme des tempêtes de sable // des trous de mémoires // la peau qui s'immolait // le cerveau qui se retournait // et mes dents mes dents mes dents // les jambes qui tremblaient // les genoux qui s'affaissaient // le poids qui baissait // et mes yeux mes yeux mes yeux))
((je suis rouge))
alors oui, je t'aurais abandonné
mais pas comme tu peux l'imaginer
((je suis trop jeune pour parler de ma propre euthanasie // leucoplasie qui soutient mes amnésies))
est-ce que tu aurais voulu que je répondre "nous", avant ?
parce que maintenant, je ne sais pas
si l'on tient du destin ou du malin
Ven 20 Mai 2016 - 20:52
ft. hiraeth ♡
dommage, j'aurais pu te répondre que c'était parce que je n'en avais jamais mangé il se sent coupable mais n'en montre pas la moindre parcelle, accroupi devant les pizzas et étalant toute sa peine. Il aurait pu s'excuser mille fois, se brûler les doigts à force d'écrire sur le sable chaud – il aurait pu faire un million de choses et pourtant il ne bouge pas, il se contente d'observer et d'écouter les milliers de reproches qu'il s'attend à recevoir. La haine qu'il pense mériter et les représailles de sa retraite précipitée.

oui un oui qui lui fait l'effet d'une épée de Damoclès, un oui qui fait flamber sa gorge et brouille son esprit, un oui qui lui fait plus mal que tous les coups qu'il a pu recevoir – et c'est comme si toutes ses plaies se rouvraient pourtant il n'en ressent qu'un vague picotement, fermé à tout ça il aurait dû s'abstenir il aurait dû rester loin de toi rester dans sa chambre sans fenêtre loin loin loin de tout ce que tu as osé lui apporter par ta simple existence.

est-ce que tu aurais voulu que je réponde ''nous'', avant ? il ne répond pas, se contente de séparer les parts de pizzas avec les gestes mécaniques d'un habitué forcené il rêve de tant de choses toutes aussi inaccessibles ;
toucher pour oublier
caresser pour soulager
tu es comme une blessure hiraeth le genre qui propage un venin dans son corps dans son âme jusque dans ses os et ses pensées ;
une blessure et un souvenir, un morceau de honte qu'il a enterré six pieds sous ses chaussures, dans le sol que tu sembles fouler tous les jours depuis Dieu sait combien de temps ;
un souvenir et une piqûre
une piqûre et une blessure.

il reste désespérément bloqué et une fois la première pizza séparée en quelques parties il prend une profonde inspiration comme pour s'insuffler du courage à travers la fumée des plats comme si ça le distrayait de feindre le désintérêt. oui mille fois oui et ses lettres lui semblent brouillées mal tracées comme cassées par le sable lui-même – comme si la terre refusait qu'il acquiesce et il rêve sûrement encore perdu dans ses déblatérations internes incapable de se décrocher de la scène qu'il avait cent fois imaginées & il s'égare dans les nombres pharamineux les calculs insensés
50 % de chances que l'odeur lui donne envie de vomir
78 % qu'il perde pied sur la réalité si vos peaux ont le malheur de se toucher
et 100 % qu'il recherche le pardon

comment c'était, là-bas ? ses phalanges plongent dans le gravier s'écorchent sur la question et ses mèches à moitié déteintes tombent sur son visage comme pour cacher son expression honteuse. non, ne dis rien, je ne veux rien savoir il refuse de se rappeler de tout ce qui lui est arrivé, de tout ce qui ne te concerne pas. peut-êtrepeut-être qu'on était destinés à s'en aller lèvre inférieure mordue. & à se retrouver la manche de son gilet glisse sur ses doigts, les cachent et il les enterre dedans, le temps d'un délicat instant.

deux perdus nés dans le mauvais monde, l'un par hasard l'autre à cause de l'avancement des temps. & votre passé – leur futur – votre présent – leur passé – tout lui semble si complexe et pourtant si simple ; il a besoin d'une accroche, de quelque chose qui lui rappelle qu'il n'est pas simplement dans un rêve et qu'il ne se réveillera pas dans son lit blanc, le corps meurtri et les cordes vocales à peine bloquées.

je suis désolé

601 mots | ily



Dim 22 Mai 2016 - 23:42
I don’t know where I am going but I hope that you’ll meet me there.
et je te regarde -est-ce que mes pupilles brûlent tes vêtements, tu crois ?
Enfin -non, évidemment que non ; je veux dire
est-ce que tu les sens comme parfois j'ai le regard des autres qui morde ma nuque, est-ce que tu les évite est-ce que tu les accuse en baissant la tête -j'ai peur de ceux qui sont trop insistants, qui ont des flammes dans les joues comme s'ils étaient des dragons de chair et
je crois que ce monde est trop fort pour moi, tu sais
((il y a tellement de choses nouvelles et puis après
il y a toi -mais finalement, peut-être que ce n'est qu'une autre inconnue))
et tu me réponds oui -mais je ne connais pas le destin, pas quand il n'y avait pas de hasard dans ma vie pas quand tout était déjà tracé et tu vois, fantôme, il me faut du temps pour tout comprendre pour tout apprendre ; tu aurais dû me dire est-ce que tu sais ce qu'est le destin et je t'aurais répondu non et tu m'aurais dit c'est nous
mais je crois que si je le dis ça paraîtrait être un reproche alors que ce n'en est pas ; c'est si compliqué de se faire comprendre -comment est-ce que vous faîtes tous ça si facilement ?
et tu sais, là-bas -là-bas c'était facile, il n'y avait rien à faire à part attendre attendre attendre
et encore attendre
sans savoir pourquoi -mais j'attendais
et je souriais et je faisais peur alors j'arrêtais
et je lis ce que tu écris, alors je ne réponds pas -si c'est bien ce que tu veux, mais je ne suis plus sûr de rien et je m'embrouille et
peut-être
mais encore
je ne connais pas le destin
((mais si tu y crois, alors moi aussi))
il y a ta manière de cacher tes doigts c'est comme si tu hésitais avant de parler avant une phrase comme si tu parlais vite pour peut-être avoir l'espoir que l'autre ne comprenne pas tout en l'ayant dit et oh je me suis compris mais je crois que je me suis
embrouillé
et je ne sais pas quoi dire -j'ai des sentiments mais pas les mots
mais je sais que tu n'as pas à être désolé
ce n'était pas si mal ça sort de nul part mais j'avais envie de te le dire, tu sais. euh, avant. dans mon bocal. tout était toujours blanc et propre et lumineux ; je pouvais regarder les étoiles depuis mon lit et quand je n'arrivais plus à marcher on me l'a déplacé à côté de la fenêtre et je souris, je souris tellement fort que mes dents s'emboîtent parfaitement -on ne voit plus que l'émail blanche. mais c'est mieux ici, je crois bien. de toutes façons, je te l'ai dit, je serais parti. je serai parti de toutes manières
et j'hésite à continuer, parce que je n'aime pas les monologues -je sais que je peux parler pendant des heures parce que j'ai de ces esprits qui dérivent, mais je ne veux pas
t'asphyxier
je ne connais pas le destin et je t'avoue enfin mes ignorances j'ai toujours été guidé, jusqu'à maintenant, tu sais. il n'y avait rien de surprenant, à part les quelques étoiles filantes que j'ai pu voir. alors je ne peux rien te dire -ou peut-être que je sens bien ce destin au fond de mon sternum mais que je n'arrive pas à le traduire ; est-ce si dur à imaginer ? mais si tu dis que c'est là, le destin, je me noterai dans un coin de ma tête que c'est l'impression que tout est bien
et je crois que je sais que je me trompe, mais c'est ce qu'il y a au-dessus de mon cœur -j'ai la poitrine légère et j'espère
j'espère que tu m'as compris
tu sais, on a peut-être eu des promesses silencieuses, mais à la fin, regarde. on les a tenues. puisque tu es là et moi aussi
puisque je respires et que tu écris
puisque -puisque c'est nous, tout ce qu'il y a ici
((pas nos démons nos désillusions))
Lun 27 Juin 2016 - 10:34
ft. hiraeth ♡
il sent ton regard comme le dur poids de centaines d'années comme l'acier froid d'une épée aux bords acérés et ça lui fait peut-être plus mal que son existence sur ce qu'ils appellent la terre ça le terrifie avec plus d'efficacité qu'un poing à travers le mur qui sépare le salon de la cuisine mais il n'en fait pas mention il l'endure parce qu'il pense le mériter – parce qu'il sait le mériter.

mais c'est mieux ici, je crois bien. de toutes façons, je te l'ai dit, je serais parti. il hoche la tête dans son silence muté sans qu'un ongle ne vienne gratter le sable, qu'un signe déchire l'air ou même que la moindre parcelle de sa silhouette ne remue inutilement. je ne connais pas le destin il aurait pu te dire, te confier que le destin c'est ce fil qui vous lie – dans certaines croyances il est rouge, rouge comme tes yeux tes cheveux ton sang – il aurait pu clamer tout ce qu'il a eu l'occasion de lire mais ça lui semble fortuit et on trie souvent ce qu'on dit lorsqu'on ne peut plus parler, parce que c'est plus long quand on essaye de communiquer. mais si tu dis que c'est là, le destin, je me noterai dans un coin de ma tête que c'est l'impression que tout est bien

peut-être que ça l'aurait rassuré que tu lui en veuilles, que tu t'en ailles comme une personne normale. peut-être que ça l'aurait aidé dans son égoïste culpabilité, que ça aurait apaisé un mal plus profond que celui soigné par des je suis désolé – le mal d'être pardonné avant même de l'avoir demandé, avant d'y avoir ne serait-ce que penser. & c'est paradoxal de te vouloir humain, de chercher l'homme derrière ces iris d'hémoglobine et ces mèches trop douces pour être rougies ; paradoxal lorsqu'on hait l'Homme lorsqu'on le méprise et qu'on le craint.
alors peut-être qu'il ment, qu'il ment à sa propre personne et peut-être qu'il a faux sur toute la ligne mais il s'en fiche, il s'en fiche maintenant que tu es là.

tu sais, on a peut-être eu des promesses silencieuses, mais à la fin, regarde. on les a tenues. – sa respiration se bloque ses poumons se contractent comme lorsqu'il avait peur et qu'il entendait les pas lourds dans les escaliers et en même temps c'est l'inverse, ils semblent tordus à l'envers. et quand il lève la main sans savoir quoi en faire, quand il la fait briser le vide juste à côté de ton oreille, pas assez près pour un contact concret mais juste assez pour qu'il ait l'impression d'être presque normal, c'est un fantôme de sourire qui ose se dessiner sur ses lèvres.

& la scène lui semble illusoire quand il a enfin l'audace nécessaire de dévorer tes yeux quelques secondes ; il s'y voit comme dans un miroir et il y voit ses anciennes années, celles qu'il a quitté il y a peu mais ça lui semble loin, loin si loin – des mois changés en millénaires, des secondes qui durent des jours et le temps déformé à jamais. mais derrière ta présence c'est la leur qu'il sent, les phalanges froides autour de sa gorge et les durs retours à la réalité comme pour lui rappeler qu'ils sont toujours là, quelque part.
pas si inaccessible, pas autant qu'il l'aurait souhaité.

est-ce que papa va bien

il l'a tracé dans le vide sans vraiment réfléchir, il t'aurait presque pris pour un membre de sa famille cassée en deux pour une poignée de secondes & il se reprend vite, secoue la tête. non non ne réponds pas. pause, le temps d'un battement de cils. vont-ils venir

il prie pour que non il se sent comme l'enfant terrifié comme celui qu'il a été et sera peut-être à tout jamais ; parce qu'une seule autre personne qui vient signifie que n'importe lequel d'entre eux pourra perturber son nouvel environnement. que celui qu'il n'a jamais appelé « beau-papa » bousculera l'équilibre que siobhan peine à maintenir.
inspiration. oublie, oublie
le destin, c'est ça. quelque chose qui nous poursuit – certains le prennent pour un loup, d'autres pour un chien. on y croit comme on n'y croit pas mais, quelque part, il sera toujours là pour la première catégorie.

il dérive sur le sable et ses mots s'emmêlent ses doigts se cassent contre le sol.
le destin ils disent que c'est comme l'ombre
comme un fil qui lie deux choses
un fil qui m'a lié
à d'autres
et surtout à toi.


il aurait préféré ta définition ; il aurait aimé chérir le destin – mais si le destin c'est ça, qu'est-ce qui le protège de ses démons ?

775 mots | ily



Dim 3 Juil 2016 - 18:04
Maybe the stars know us by our wishes
je n'ai jamais voulu étouffer les autres
mais je les vois suffoquer, parfois
et je me demande est-ce que c'est moi
est-ce que c'est moi
est-ce que c'est moi ou mes inquiétudes ou mes non-dits ou mes comportements ou mes résultats ou mes questions ou mes silences ou mes cheveux rouges ou mes dents qui font mal ou mes
yeux
mes deux grands yeux -on m'a dit qu'ils faisaient peur, parce qu'ils avait une iris transparente et qu'on y voyait tout le sang le sang le sang
on m'a dit que le rouge, ce n'était pas une bonne couleur et je leur avais fait savoir que j'avais l'intention de changer ça
et puis j'ai appris qu'elle était déjà noble et chatoyante et pleine d'amour
je crois que c'est là que j'ai compris qu'on ne pense pas tous pareil et que c'est un droit
mais que c'est un devoir
que d'être d'accord avec soi

alors je t'en veux sans t'en vouloir ; je me dis qu'est-ce que ça aurait changé parce que je restais dans une boîte et toi dans un univers qui te déshydrate // parce que nos mondes étaient des droites // soldés par la même fin plate
tu vois, petit fantôme, peut-être n'étions nous pas fait pour d'autres morts que celle qui vient plus tard
est-ce que tu y as déjà pensé, que quelqu'un voulait te voir là ? n'est-ce pas ce qu'il faut ce dire, après tout
parce que sinon, que nous reste-t-il
que nous reste-t-il -et tes yeux sont toujours aussi noirs
parfois je me demande bien ce que tu as du voir
pour espérer ne plus jamais croiser le soir
en le capturant dans tes miroirs
mais je ne sais pas
je ne sais pas et pour une fois je ne veux pas plus savoir que ça -tu as bien des mystères qui pendent à ton cou, petit fantôme, qui brisent ton cou qui accélèrent ton pouls qui résonnent comme des coups (à quel coût)(à quel prix)(à quels sacrifices)
je ne réponds pas
je t'obéis en m'obéissant à moi-même ; je ne sais pas et je
j'ai dit que je ne voulais pas savoir mais finalement, je crois que je préférerais qu'ils ne viennent pas
tu sais, tout à changé -rien n'est plus pareil et ils n'ont plus leurs places dans nos univers recomposés, mais s'ils viennent, je crois que je les fuirais
même si je les aime
surtout parce que je les aime
je n'espère pas et je ne dis rien de plus parce qu'y a-t-il à rajouter, parce que je suis bavard mais pas sur ce que je ne connais pas, pas quand même ta scléra devient plus noire quand tes pensées s'assombrissent et que je ne sais quoi faire pour chasser les nuages plein de foudre
tu sais, j'avais peur des orages, avant
et puis j'ai senti la pluie sur mon visage -et peut-être que j'ai compris ce que c'était, que de tomber amoureux (ça sentait l'évidence et je crois qu'elle chantait, pleine de confidences) et je crois que j'ai aussi compris que ce n'était pas pour moi
peut-être que ça aussi, c'était le destin
mais quand tu parles -on dirait que c'est amer et que c'est lourd, que c'est des milliers de graviers qu'on déverse sur nos dos et qui se glissent entre les plais au fond de la chaire pour qu'on se coule de nous-même
et les loups les chiens -j'ai toujours eu peur des aboiements
mais qui sait, peut-être que ça sera comme pour l'orage
c'est un joli concept j'essaie d'oublier les lupins qui hurlent // je les remplace par les fleurs et je fais crier leurs couleurs mais on ne porte pas notre ombre alors pourquoi est-ce que j'ai l'impression que pour toi c'est un fardeau et les fils peuvent se casser se casser s'effiler et même s'emmêler
et je réfléchis
je me dis que peut-être, je n'ai pas compris ce que tu as voulu me dire, mais j'ai répondu le cœur ouvert et les mots domptés
et ta dernière réplique
laisse un goût de violette sur le bout de la langue
si le destin nous relie, c'est que je n'ai pas entièrement tord et j'ai appris des choses en venant ici, des leçons qu'il n'y a pas dans les livres ni entièrement raison est-ce que ça t'aide, petit fantôme
peut-être qu'il est moins fort ici et que personne ne nous suivra je crois que ça s'appelle de l'espoir et non plus le destin
Dim 10 Juil 2016 - 12:50
ft. hiraeth ♡
Nerveux.
Nerveux de revoir, ressentir, réapprendre à communiquer avec la petite chose que tu étais, la belle et grande chose que tu es devenu. Nerveux de se remémorer des événements qu'il s'était tué à oublier, à mettre de côté pour ne plus revivre, encore, les colères d'un inconnu, les excès d'une génitrice en mal d'amour, souffrante dans sa solitude profonde.
Nerveux d'être incapable de faire sonner la moindre syllabe dans sa bouche, ne serait-ce que pour prouver son évolution, pour vivre dans le mensonge constant – pour se dire « j'ai réussi, j'ai oublié, ils n'existent plus ». Nerveux de te voir, toi, grand et libre, si libre qu'il a l'impression que les rôles se sont inversés. Si toi tu es perdu dans cette nouvelle réalité, lui est emprisonné dans ses souvenirs, coincé dans les fêlures de son crâne comme les fragments de terre sous ses ongles.

je n'espère pas & lui non plus n'espère pas, lui aussi prie pour que jamais -jamais ils n'aient l'audace d'envahir sa prison renouvelée, espace qu'il ose qualifier de maison sans savoir s'il y a sa place.
Pas besoin de se sentir bien, dans une cellule noire, blanche ou colorée. Pas besoin d'être à sa place, et encore moins de savoir parler ; il suffit de respirer, d'exister -vivre est secondaire, profiter facultatif. & s'amuser est un luxe qu'il ne pourrait peut-être pas s'offrir, à présent. c'est un joli concept non mais on ne porte pas notre ombre et les fils peuvent se casser et même s'emmêler oui mais il ne voit pas, ne comprend pas où tu veux en venir -insinues-tu qu'il s'est trompé que c'est le hasard qui vous lie, le hasard qui l'a poussé dans le vide le hasard qui fait de lui ce qu'il est aujourd'hui ? & lui qui aime croire lui qui se convainc qu'il n'est pas là simplement parce qu'on lui a dit, mais parce que, quelque part, quelque chose veille sur lui ; quelque chose qu'on ne voit pas, qu'on n'entend pas -quelque chose qui lui ressemble sans être lui.
Pas un dieu, il ne croit pas en dieu. peut-être qu'il est moins fort ici et que personne ne nous suivra ses lèvres s'étirent et un sourire frôle la surface de son visage lorsqu'il laisse ses mèches claires le couvrir -un sourire toujours plus triste toujours plus fugace, mais pas celui qui cache un profond désespoir, plus celui qui caractérise Siobhan. petit, vide et discret ; il expire lentement et pousse la boîte de pizza vers toi, sans te regarder. toujours sans te regarder. ici, c'est différent. ici tu es libre et lui se sent emprisonné, ici vous êtes presque normaux et ici, ici surtout il y a moins de nuits violentes, moins de -moins de papa.

si le destin est moins fort ici, qu'est-ce qui nous a fait venir et pourquoi maintenant, pourquoi aujourd'hui et pas demain ; il pose un million de questions mais n'attend pas de réponse, parle de tout et surtout de rien, comme si le silence l'effrayait -douce ironie, pour un muet. si le destin était un fil aussi fragile, il y a longtemps que les miens se sont déchirés défaitiste. mais peut-être qu'il n'existe pas et peut-être qu'il n'a jamais existé, c'est une question de croyance trop de choses immatérielles semblent exister mais je ne sais pas comment savoir ? en quoi est-ce que tu crois, Hiraeth ?
il aurait voulu, l'espace d'un instant, pouvoir sentir ses cordes vocales vibrer sur ton nom.

///



Mar 12 Juil 2016 - 16:50
((you matter))
le soleil tape toujours autant
il tape comme tambourine mon myocarde, de façon sourde et nécessaire, avec des coups puissants qui écrasent le reste, comme s'il voulait montrer à tous qu'il est vivant et qu'il en est heureux
peut-être pour te montrer, petit fantôme, qu'il faut parfois ne pas penser et juste tout laisser aller -il ne fait que ce qui le regarde, le cœur, il a ses propres moteurs ses propres nœuds et il ne fait qu'avaler pour mieux pulser pour mieux donner ; et parfois il écoute ce qu'on lui dit et les barorécepteurs doivent être de bonne compagnie pour qu'il leur obéisse si facilement. oh, il a plein d'autres amis, le cœur, et il les écoute parce qu'il sait qu'ils ne lui veulent que du bien
je te crois quand tu dis qu'ici c'est différent ((il suffit de regarder dans nos vies dans nos souvenirs dorés jusqu'à s'être desquamés))
mais je ne sais pas -je ne sais rien de toi
juste des yeux un peu trop noirs pour un gamin de notre âge
je te crois quand tu dis qu'ici c'est différent ((il suffit de regarder dans les rues dans les artères qui saignent d'autres aventures))
mais il y a des choses inévitables -ce n'est pas de destin que je parle
juste du commun
(et tu respires et je respire, et tu saignes et je saigne, et tu parles et je parle et)
(et beaucoup d'autres choses)
tu sais je ne vois plus ces pizzas ; qu'est-ce que c'est, dans ce qui nous arrive
(enfin, peut-être devrais-je leur dire merci)
s'il est plus faible mais qu'il est quand même là pour nous, c'est qu'il est suffisamment fort pour balancer sa faiblesse c'est une réponse évidente je trouve et je ne sais pas bien m'expliquer je n'ai jamais bien su m'expliquer si ce n'est avec des mots compliqués et mal employés que personne ne connaît et tu sais, parfois on se sent seul même quand on sait parler
et je ne comprends pas ; une fois tu en fais l'éloge pour ensuite le craindre, une fois tu dis y croire et enfin tu laisses tomber -aide-moi
mais quand
tu dis mon prénom
((ou mon nom ou mon appellation ou mon appartenance ma personnification))
je remonte la tête et je te regarde de mes yeux de feu et je
ne savais pas que
tu connaissais ses lettres
et je n'ai pas fait attention à sa manière de le dire -si le début est doux et si le r continue le calme malgré son agressivité, si tu prononces toutes les lettres si tu fais sonner ce -t comme un serpent à sonnettes comme un goût d'amer en arrière-gorge ((c'est ce à quoi je ressemblais))
est-ce que tu le souhaites, qu'ils se déchirent ? et j'ai l'air naïf, d'un enfant qui demande de manière innocente en craignant la tempête qu'il peut déclencher et tu sais je
je crois que toi aussi, tu as remué des choses dont je ne voulais pas me rappeler
(c'était un endroit noir, tout noir
(mais j'étais bien))
je crois- c'est une question difficile, tu sais. je crois que je ne connais pas ton prénom et je crois qu'au final je n'en ai peut-être pas besoin c'est ma manière de te dire tu peux être n'importe qui et je crois en moi, aussi même si je n'ai pas vraiment de confiance mais j'essaie je le promets, et je crois en la science et je crois en partie aux croyances des autres s'ils me les présentent comme il le faut je crois aussi que je ne m'explique pas bien ; je ne crois pas tant que ça mais disons que je me refuse à dire non alors que je n'en sais rien
on me disait souvent :
l'absence de preuves n'est pas la preuve de l'absence
et je crois bien qu'il y a des choses qu'on on ne pourra jamais déclarer impossibles ((incroyables))
comme le destin
mais je crois aussi que j'ai envie de croire au nôtre
Sam 29 Oct 2016 - 14:03
ft. hiraeth ♡
s'il est plus faible mais qu'il est quand même là pour nous, c'est qu'il est suffisamment fort pour balancer sa faiblesse un sourire, fugace, se dessine sur les lèvres du muet, coup de pinceau timide d'un peintre amateur. Il hoche silencieusement la tête, sans que ses doigts ne s'enfoncent dans le sable pour y glisser de nouveaux mots – que dire face à l'évidence presque innocente d'un garçon qui découvre la vie à chaque nouvelle inspiration.

Il avait su ton nom par pure coïncidence, sans réellement se rappeler comment ; peut-être qu'il avait toujours été là, collé à sa langue et à son esprit. Incapable de faire rouler le r sur la première, il s'était résigné à en dessiner les lettres sur le sable, comme il l'avait fait autrefois sur quelques pages de ses cahiers. est-ce que tu le souhaites, qu'ils se déchirent ? son souffle se coupe l'espace d'un instant, inutile pour lui de réfléchir. non, plus maintenant il l'avait souhaité cent fois par jour pendant vingt ans, comme il avait souhaité les trancher eux-mêmes, les voir s'effriter au fur et à mesure que sa respiration faiblissait, qu'il lui semblait mourir à chaque coup.

je crois que je ne connais pas ton prénom et je crois qu'au final je n'en ai peut-être pas besoin il hoche la tête, soutenant ton avis – inutile, inutile de savoir qui il est. Il est comme un fantôme, à la gorge serrée et aux doigts crispés. je crois en moi, aussi. Je crois en la science et je crois en partie aux croyances des autres s'ils me les présentent comme il le faut et la logique éclate une nouvelle fois à travers tes mots ; c'est si clair, précis qu'il pourrait en être estomaqué, qu'il a l'impression de découvrir un parfait inconnu.
Si la question était dure, la réponse est belle.

c'est une belle.. philosophie, si c'en est une l'hésitation tord ses lettres, ses dents mordent ses lèvres quand j'étais petit, ma mère me disait des histoires il prend une légère inspiration, sent l'air se bousculer dans ses minuscules poumons. il y en avait une, sur un petit garçon, et une étoile filante. Elle était tombée par terre, devant lui, et avait changé un petit bout de sa vie le sable se brouille sous ses yeux mais il pourrait tracer de mémoire et il était plus heureux, ils étaient devenus amis. Mais personne, personne ses yeux glissent vers toi lorsqu'il achève son récit, court ne sait si l'étoile n'a pas souffert de sa chute

et quand il posait la question à sa mère, les yeux pleins d'astres et la voix bien vive, claire – quand il lui demandait si ça faisait plus mal que lorsqu'il tombait et qu'il s'écorchait les genoux, elle disait que ça n'était pas la chute qui était douloureuse, mais l'atterrissage un sourire timide se faufile sur son visage, mourant presque instantanément sur ses lèvres.je crois que je ne comprenais pas, à l'époque, mais j'ai l'impression parfois, d'être ce petit garçon il ramène ses genoux contre sa poitrine et trace une dernière phrase, maladroit. j'ai envie d'y croire, et je crois aussi que tu es une étoile
il efface petit à petit le récit.

///



Sam 5 Nov 2016 - 18:45
((you matter you matter you matter))
plus maintenant
c'est comme dire qu'il y avait quelque chose mais que le vent l'a érodé qu'à force d'attendre tout est repartit à la poussière qu'il n'en reste que des grains qu'on ne peut plus coller ensemble -un résidu, presque rien, ridicule
mais tout de même là
je sais que tout reste toujours, même quand on ne veut plus parce que tu sais, je suis bien ici, promis
et pourtant je reste hiraeth, autant de nom que de cœur -c'est triste, tout de même
je crois qu'il ne faut pas avoir honte de ses haines. elles ne disparaissent jamais -après tout, rien ne se perd. tout se transforme, et parfois l'estime est le fruit d'une longue estive
tu sais, petit fantôme, la question n'était pas dure
elle était douce, peut-être même un peu rêveuse, et belle
tu as de jolis mots au bout des doigts -peut-être que ceux au fond de ta gorge étaient trop beaux pour le monde
((le monde ne mérite pas toujours le meilleur))
et je ne suis pas philosophe, pas vraiment ; peut-être penseur des chiffres et théoricien des sciences mais moi, je ne m'intéresse pas vraiment aux humains
je regarde leurs cellules, comment elles parlent entre elles et comment elles réagissent toutes ensemble -je suis nous, tu es vous
je crois que c'est une des plus belles choses que l'on a pu nous offrir
((et je crois je crois je crois, tellement fort, sans même y faire attention))
j'écoute
et je crois aussi que ce n'est pas la chute qui fait mal
c'est comment on atterrit
c'est ce qu'on sacrifie, c'est ce que les autres donnent c'est si les ailes se consument ou si la cire coule et c'est aussi la préparation et
je crois que le gaz ne peut pas se faire mal c'est pour te rassurer, petit fantôme et c'est pour te comprendre, petit fantôme qu'importe pause le petit garçon ne savait rien de la chute
comment pouvait-il savoir
ou de l’atterrissage
comment pouvait-il prévoir
comment peut-il s'en vouloir

et moi, je crois que je ne comprends pas je-
ne suis pas une étoile je ne brille pas assez pour être une étoile je n'émets pas de rayons il n'y a pas de fusions dans mon corps autres que cellulaire et oh il n'y en a jamais eu et je ne comprends pas trop les métaphores parfois il faut m'expliquer tout poser et je crois aussi que je ne suis pas né dans le ciel
et
je me stoppe
je fronce les sourcils et je me demande
suis-je seulement né un jour ?
je ne me rappelle plus bien -pourtant je sais que je savais
que j'ai senti et que c'était
que c'était
__________ je ne sais plus
je crois seulement qu'il faisait noir
et que j'étais bien ; et puis j'avais mal
alors peut-être ai-je chuté aussi, petit fantôme, peut-être as-tu raison ; mais d'où est-ce que je viendrais, d'après toi ? et je veux savoir mais je sais que ce n'est pas possible
et je veux y retourner, y aller encore encore encore encore
mais jamais assez
pour tout inverser
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