Jonilee Eike Choi

Caractère

Jonilee (yo-ni-li) résonne la délicatesse d'une discrétion appréciée.
Choi s'évanouit dans les murmures, le silence qui s'installe, patronyme articulé dans l'indifférence qui ne rebute pas.
Elle n’était personne ; spectatrice de sa propre vie, fragment d’une société dans laquelle elle était semblable à des milliers de personnes, c’était une fille comme une autre. Et, d’aussi loin qu’elle se souvienne, elle avait toujours été habitée par ce sentiment innommable, cette impression dévorante de n’être qu’insignifiance et banalité. Ce n’était pas qu’une simple sensation ; c’était un croque-mitaine informe qui sommeillait dans les méandres de son esprit, un monstre assoiffé de remontrances, une bête avide de remarques acerbes. Et enfant Joni ne comprenait pas ; pourquoi personne ne s’occupait de lui, pourquoi ses parents le nourrissaient à coups de pressions et d’exigences.
Elle n’était personne si ce n’est une enfant apeuré par son propre reflet. Elle était celle qui vivait au travers du regard des autres ; la fille qui remuait ciel et terre pour un lambeau d’attention, celle-là même qui pour des félicitations sèchement crachés pouvait se mettre à genoux. Elle n’était rien.
Elle était faible, et dans son infâme réalité elle n’était personne.

Rédemption, expiation.
Il l’avait métamorphosé, lui promettant monts et merveilles et n’avait laissé qu’à ses pieds les miettes qui l’entrainerait vers une damnation assurée.
Il avait patiemment travaillé le marbre qui l’entourait ; il avait terrassé le monstre qui sommeillait en elle, balayé les attitudes de circonstances, les personnages qu’elle s’était créée afin de plaire aux miroirs animés qui gravitaient à ses cotés. Et à lui elle s’était entièrement donnée ; elle s’était dévouée à en crever.
A ses yeux elle n’était qu’une poupée inanimé à laquelle il se devait d’insuffler la vie.

Jonilee n’était personne hier, aujourd’hui elle existe ; complexe, réfléchie, impartiale, voluptueuse, misanthrope, frêle, immuable.