Vadim Radzianko
Caractère
Quand tu ris, tu tapes toujours des mains. Tu sais que le son de ta voix ne sera jamais entendu, mais ça, cette joie, tu veux que les autres la remarque, que l'on tourne la tête et qu'on t'entende, pour une fois. Parce que tu es quelqu'un de sincèrement bon, quelqu'un de sincèrement doux, mais que ton seul modèle a été la violence, tu veux qu'au travers de la peur que tu inspires règne toujours ce sentiment de confiance. Pourtant, tu ne seras jamais un saint. Trop influencé par ton milieu, tu portes en toi une colère qui n'es pas tienne – tu ingurgites la rage d'un peuple et d'une génération de garçons perdus. Est-ce donc vraiment surprenant que, dans cette marée noire qui souvent te noie, tu tentes de relever la tête, de t'extirper des flots pour ne pas remplir tes poumons de cette eau croupie ? Non, tu as tout les droits, et surtout celui d'être heureux. Malgré l'ennui, malgré la laideur, il y a toujours quelque chose de beau et de bon dans ce microcosme illégal. Comme disait Baudelaire, la boue peut toujours se transformer en or, et c'est un peu ce que tu fais, de façon maladroite – certes – mais toujours juste.
Tu es un paradoxe, en sommes. Un héros qui n'a pas réussis à suivre le bon chemin, transformé par le destin en cette chose de sombrement attentionnée. Ou alors, tu n'es qu'un inconnu dans la foule, un Monsieur Tout Le Monde dont les erreurs sont toujours contre-balancées par ses bonnes actions ? Tu n'en sais rien, mais quoiqu'il arrive, tu ne comptes pas changer : tu ne croiras pas en l'existence d'un Bien et d'un Mal prédominant. Pour toi, la vie n'est qu'une nuance de gris sans véritable contraste, en tout cas pour les gens qui ne marqueront jamais l'Histoire. Acceptant volontiers la banalité, ouvert à toutes ces facettes qui forment ta petite personne, tu sais qu'il faut mille et une chose pour créer un homme – et certaines ne sont pas toujours bonnes à prendre ( mais on finit par se tacher les mains un jour ou l'autre, alors pourquoi pas ? ).
Prenons par exemple ces filles que tu gardes : tu es leur protecteur, veillant à ce qu'aucun mal ne leur soit fait. Mais pourquoi fais-tu cela ? Parce que tu les aimes bien, oui, mais surtout pour le business. Parce qu'on te l'a demandé. Tu peux être doux et aimable avec elle, tu peux l'être autant que tu veux, mais cela n’empêche pas le fait que dès qu'une d'entre elle tentera de se faire la malle, tu la traîneras par le col s'il le faut pour la ramener au bercail. Ça ne changera pas non plus le fait que tu ne condamnes pas l'horreur qu'elle vive, que tu acceptes à bras ouvert la souffrance d'autrui, tant qu'elle te permet de rester en vie. Alors oui, tu peux sourire et voir la beauté du monde partout où tu poses tes yeux, mais tu sais que dans la moindre de tes actions se cache quelque chose de répugnant.
Dieu merci, tu ne te voiles pas la face - et tu n'essayes pas non plus de la cacher. Tu es entier, il faut dire : quelque chose en toi a embrassé la Franchise et ne l'a plus jamais lâché. Certains, pour cela, te penseront idiot - voir simple - et ils auraient tort de ne pas le faire. Dans le fond, tous ceux qui ne cachent pas leur jeu jouent bêtement ( une règle simple du Poker ).
Alors, tout simplement, disons que si la vie était une partie de carte, tu ne serais pas souvent gagnant. Mais heureusement, tu es bon perdant.
Âge: 32 ans
Naissance: 13/04/1915
Départ: 1945
Présence en ville: 2 ans
Nationalité: juifs ashkénaze ( Russie )
Métier: Homme à tout faire ; surveille et protège les p'tites dames de joie
Statut civil: Célibataire
Groupe: Gangsters
Section: L'Hirondelle
Rang: Simple membre
Nom de code: Morse
Taille: 1.86
Corpulence: Grand et large d'épaule, un corps sculpté par le travail et une silhouette taillée comme une ( imposante )armoire.
Cheveux: Châtains, ondulés, mi longs et en bataille.
Yeux: Couleur noisette, en amande, comme son père.
Autres: Des mains de pianiste usées, pratique pour parler dans la langue des signes.
Histoire
Tu te souviens de ta tête qui heurte le bitume – un bruit sourd et désagréable. Puis, comme la logique le veut dans ce genre d'histoire, plus rien, le néant, le noir totale. Tu as 8 ans quand ta vie bascule – une maudite lésion cérébrale, diront les médecins, un choc tout bête qui entraîne des conséquences lourdes – Tu plonges dans une mer de silence, tes cordes vocales paralysées pour de bon ( ton père te dira qu'il valait mieux ça que ne jamais se réveiller ). En un sens, il a raison, et dans ton malheur, tu récoltes le peu de chance que le monde te doit bien après ça : Pauvre petit gars de Manhattan, issu de ce peuple d'immigrants venus des terres froides, toi ce qu'on te demande, c'est pas de parler ni d'utiliser ta tête – on veut tes bras, ta force, ta violence à l'état brut. Et tu le sais, un jour, ce silence te revaudra bien toutes ces années passées à être incapable de chanter les airs que tu entendais à la radio.
Mais ta mère, elle, elle n'oublie pas. Il y a quelque chose d'amer qui remplit son cœur – pas envers toi, mais ton frère ( celui qui avait les bras tendus et qui t'avais juré qu'il te rattraperait. Celui qui t'a laissé tombé sur le sol froid des docks ). C'est une colère dont elle t'a déchargé, il faut croire, car tu ne lui en a jamais voulu, ni à lui, ni au monde. De toute façon, tu n'as jamais été un enfant rempli de haine, au contraire. Toujours dans la lune, hésitant et sensible. Un bon garçon, tout ce que n'a jamais été ton aîné. C'est sûrement pour ça qu'elle l'envoie loin de toi, travailler dans un autre quartier pour une usine qui fabrique des pièces de voitures – ' pour lui apprendre la vie' disait ton père, familiarisé avec ces journées inhumaines de travail. Mais ton frère n'a jamais été du genre à retenir ses leçons.
La seule chose dont tu te rappellera de cette période, c'est le foulard dans les cheveux des femmes qui priaient, et à quel point il te manquait.
Les années passent, tu grandis – et surtout, oui, surtout, tu deviens bête. Pourtant tu t'es plié à toutes les règles de société et, bien que tu n’aies pu poursuivre ta scolarité comme un enfant normal, tu as toujours eu soif de connaissance. Mais voilà, tu as envie d'autre chose, un changement qui pourrait foutre un bon coup de pied dans toute cette fourmilière – parce que pour une fois, en dix-sept ans de vie, tu veux que quelqu'un paie. Tu veux que quelqu'un passe à la caisse pour une rage que tu n'as jamais nourris durant toutes ces années et qui, comme tes premiers amours, est née subitement. Mais dans le fond, tu sais d'où viennent de telles inspirations : Ishmaël, ce frère absent de tes journées, Ishamël, se frère qui, tu dois le sentir, revient bientôt.
Pas de fête quand il débarque à la maison, c'est la douche froide – ton père sort quand même l'eau de vie, histoire de marquer le coup. Mais toute la nuit, il n'y a que vous deux, en tête à tête dans cette petite cuisine de banlieue. Et il te parle du passé, mais surtout du futur, et ça, ça allume une étrange lumière dans tes yeux : il a entre les doigts l'allumette qui va mettre le feu au poudre. Parce qu'il dit qu'il connaît ce type qui refourgue de l'alcool aux Speakeasies, tu t'embarques avec lui dans une aventure qui va vous coûter gros.
Du temps, il en faut pour qu'ils te fassent confiance, mais ton silence rassure les plus inquiets : jamais tu ne balanceras un secret de vive voix, ça, c'est sûr. Alors, au début, on te confie quelques petites tâches, de la surveillance notamment. Tu te tiens comme une sentinelle là où les caisses d'alcool arrivent, silencieux. Toujours silencieux.
Ils mettent en place un code avec toi – tu ne peux pas hurler si les condés arrivent, n'importe quel cri vite étouffé dans les limbes de ta gorge – du Morse. Tu tapes trois coups. Tout le monde détale. C'est tout bête, juste trois coup, mais rien que ça, ça rend ton frère fière ( et ça fait pleurer ta mère ).
Et les années passent, rapidement, parce que le temps à Manathan, d'après certains, ne s'écoulent pas de la même façon : ici, les gamins deviennent des hommes si vite, les bons garçons, des gangsters ; Et un beau jour, on les appelle Al Capone, Siegel ou Masseria. Mais jamais ton nom ne servira jamais à donner ses lettres d'or aux petits malfrats d'Amérique : toi, tu travailles dans l'ombre. Et en un sens, ça te plaît. Tu n'aspires pas aux grandes choses de ce monde, pas comme Ishmaël. Tu veux le suivre, c'est tout, et peut-être vivre un quotidien moins tracé que celui qui t'était destiné. Alors, même si tu vois le mal, toutes ces choses que la bienséances condamne, toutes ces choses qu'on t'a dit de ne jamais nourrir – comme un feu sur lequel tu jetterais toujours plus de gazole pour admirer sa lumière - tu acceptes. Et acceptes. Et acceptes. Et acceptes, encore, et inlassablement, ce contrat dans lequel tu te perds. Et au bout du tunnel, il n'y a plus de haine, plus de vide à remplir : les choses sont comme elles sont. Que tu sois d'un côté ou de l'autre de la justice, ça ne change rien, parce que flics comme bandits, vous courrez tous après un idéal de justice déformé.
Des fois tu te demandes s'il y a autre chose, quelque chose qui va plus loin que ça. Appuyé contre ces portes froides de hagard, à attendre que le crime se fasse, à parfois te battre avec ceux qui essayent de vous concurrencer, tu te demandes si tu changerais quelque chose à ta vie si on t'en donnait la chance. Il y a d’ailleurs quelques jours, une des mules qui transporte le whisky t'as posé cette question simple, mais qui pourtant résonne encore en toi comme une mélodie usée : es-tu vraiment heureux ? Une interrogation si saute, sous couvert d'une innocence infantile, sortie de nul part, comme une balle qu'on t'aurait tiré dans le dos. Tu n'as rien répondu, alors depuis, chaque nuit, tu rejoue la scène, te privant de sommeil comme si cela t'aiderais à être toucher par la grâce.
Voilà ta faute : la maladie de la lune, comme tu aimes la surnommer dans tes pensées. Tu passes tes sommeils debout, à regarder cette sphère au milieu des étoiles et tu rejoues la scène de ta première stupeur. Tu rejoues tes amours vieux de trois ans mais fanés depuis bien longtemps, tu rejoues toute l'histoire de ta vie en cherchant pourquoi, ou et comment se forme le regret. Pourtant, tu es sûr de n'en avoir aucun, la joie marquant chacun de tes jours . Et si c'était autre chose ? De la curiosité.
Aujourd'hui, tu t'es endormi contre les portes de fer. Une courte sieste qui s'est terminée au poste de police ( ce n'est plus de l'alcool que tu fais passer jusque dans les verres, ce sont des âmes que tu achemines jusque dans les rues ). Seul, toi et tes menottes aux poignets, un frère perdu qui a sûrement dû courir plus vite que les autres, tu écoutes en silence les questions des officiers. Un crayon dans la main, un petit bout de papier sur le bureau, tu ne remplis aucune ligne. Fraternité et fidélité jusque dans la mort, tel est votre devoir.
Tu es donc, comme tu t'y attendais, jugé, un avocat commis d'office s'occupant pitoyablement de ta défense. Bien sûr, tu n'es ni acquitté, ni relâché – mais tu n'écoutes pas pour autant ta sentence ( à quoi bon ). Derrière les barreaux, tu préfères ne pas penser à ta liberté, ça te ferait trop mal, alors tu imagines une autre vie. Tu te fait à la prison, ses gardes et ses âmes qui pullulent ( perdues, comme la tienne ). Dans le fond, ce n'est qu'un quotidien comme un autre, un que tu t'efforces d'apprécier.
Tu aimerais être ailleurs ? C'est cette voix, la même qu'il y a quelque mois, semble parler. Le visage d'un agent de sécurité, bien trop familier pour que ce ne soit qu'une coïncidence te regarde avec la pitié d'une père. Tu souris calmement, et acquiesce.
Un bruit sourd et désagréable. Puis, comme la logique le veut dans ce genre d'histoire, plus rien, le néant, le noir totale.
Une pièce, de la lumière blanche. Tu as peur, mais tu ne dis rien. Tout vas très vite. Maintenant tu sais. Ils te parlent, t'éduquent. Encore une pièce et de la lumière blanche. Des test. Un autre, et des questions qui reviennent encore et toujours. Puis un examen, et un choix : veux-tu d'une nouvelle vie ? Tu pourrais être tout ce que tu veux, tout ce que tu n'as jamais été. Tu pourrais changer de destin, faire de ta vie une oeuvre. Tout ce que tu veux. Mais est-ce vraiment possible ? Tu hésites, presque apeuré par le changement ( il est si soudain ). Et puis, que sais-tu vraiment faire, à part tout ce que tu as été créé pour ?
Fraternité et fidélité jusque dans la mort, tel est votre devoir. La curiosité ne l'emportera jamais sur les liens du sang et de l'esprit. Gangster tu étais, gangster tu resteras.
aIIIIGHHHT; Moi c'est Justine, dit Ramdame, mais vous pouvez m'appeler comme vous voulez. j'ai ( très très bientôt ) 22 années au compteur et je suis passionnée d'écriture et de dessin. Je reprends un peu le rp français après avoir sillonné les communautés anglaises, donc me voici me voilà. Sinon, encore bravo aux fondos, admins, modos, etc... Pour ce fo parce qu'il est sublime est tellement complet ♥ Love love sur vous.