vincent van gogh
Caractère
c'est la lettre que je t'ai écrite avant de mourir,
espèce de podenco décharné, pauvre chien, galgo à poils ras qui se noie dans du vin tiède en espérant échapper au naufrage ; quel crétin d'arles tu nous fais en espérant échapper à la vie
elle est belle la gueule de ton assassinat, tu as rempli ton ventre comme tu le voulais, tu as rempli tes murs de polyptyques ignobles ? on m'y reprendra plus
la nuit fait un bruit fracassant en tombant sur ma tête mais le silence est tellement lourd que tu ne te rends pas compte, je trouve tout ce que je peux dans le bout de mon pinceau chauve pour déplacer le néant et lui donner une vibration supérieure à la puissance du vide, tout ce que je peux pour surpasser la surface du fantôme incroyablement géant laissée par ta faiblesse
dans la jungle des villes qui disparaissent sous ton ombre, j'erre par sérendipité et j'attends un phénomène, un phénomène qui viendrait me chercher dans mon établis sous les combles, là où l'huile est un monstre, là où la peinture est du sang
le sang s'est refroidi sur le chambranle, le sang attend comme j'attend le danger sur les docks, comme je cherche un évènement à travers les sabords, comme je cherche la merde dans le regard des gens, et crois-moi je la trouve, crois-moi elle m'éclabousse ; elle est plus vive encore que mes toiles
dans le bordel en détail que tu m'as laissé, dans le bordel de peau par dessus mes tendons, j'ai renoncé à tout ce qui fait la vie, à toutes les formes de paix, à sucer les os de mon art. pauvre van gogh qui se demande toujours, que va t-il advenir de moi ? dans quel suc vont tremper mes rachis ? dans quelle eau vénérienne ira macérer ma colonne ? dans quel élixir fondra ma charogne avant de s'écrouler depuis le haut de ton regard ? pauvre van gogh qui ignore que l'amour, tout comme les muscles, s'atrophie
pauvre pauvre van gogh perdu, perdu et navré. pauvre vincent qui cherche la lumière dans le tréfonds d'un lobe. j'ai le cuir troué par l'absence, l'absence d'une raison de poursuivre cette existence inepte, d'abord parce que ma peau je n'y tiens pas beaucoup ; je n'y tiens pas parce que c'est l'organe le moins intime, le plus ridicule, celui qu'on présente en premier à la face du monde, une membrane d'acétate qui se déchire comme un hymen
on a pas idée de foutre pareille mousson dans tous ses organes. pas idée d'attraper ses artères et d'en faire des noeuds. mais mes idées sont noires comme une lumière voilée, noires jusqu'à m'assombrir la sclérotique. pourtant même sans mes yeux je peux tout voir, je peux voir la panique tremblée d'une tristesse qui se devine, je peux voir ta lâcheté et ton incompétence, l'inanité de tes sentiments, la bêtise de tes insultes et la température de ton talent en dessous de zéro
puisque la colère dépasse de façon humiliante la tristesse, comme une bande de terre à l'orée de la raison, je continuerai cette vie qui ne me semble plus qu'une vue minable de l'esprit, une vue minime de l'enfer à travers une meurtrière
l'enfer je le tiens dans ma main, le vide je peux m'y noyer, tu vois, je peux y marcher, je peux lui donner un poids, et une âme, je peux lui donner un nom, et les ombres ne sont plus une vision mais un avis, j'ai l'opinion des ténèbres. elles me portent conseil, leurs laideurs ont nagé dans ma cervelle
des noirceurs plus hautes que toutes tes nuits, plus hautes de plafond, je les connais, j'y ai respiré, je les ai faites entrer dans mes bronches pour qu'elles y sèment les spectres, le soulèvement de la poussière, celle de ma vieille vie menteuse, aux vieilles certitudes, aux maigreurs du ventre, à l'inconcevable idée qu'il faut peindre quand même. à l'abri d'une main qui n'a pas plus de vertu qu'un pied je guette les prochaines lames qui vont trancher mon existence
dans mon existence il n'y a plus rien avec de la valeur. il y a des os, un ossuaire, il y a un gisement de peine, un éternel hurlement, un cri sclérosé dans ma gorge, dans ce canyon qu'est mon cou
va falloir que tu grimpes
(lettre de vincent à lui même, écrite peu avant d'être transféré)
Âge: 35 ans
Naissance: 30/03/1853
Arrivée: 23/12/1888
Présence en ville: un mois
Nationalité: néerlandais
Métier: artiste peintre en guerre intestine contre lui-même
Statut civil: célibataire
Groupe: indépendants
Taille: 1.75
Corpulence: 80 kgs
Cheveux: roux furieux
Yeux: bleus, profonds, tristes
Autres: son oreille droite est tranchée
Histoire
comment sont mort les tournesols ? je vais me tuer à le raconter comme je me suis tué à le vivre, c'est gravé sur ma langue
je suis le genre de personne qui se met en colère contre les meubles lorsqu'elle se cogne le petit doigt sur leurs coins et qui écrit en minuscules pour une meilleure uniformité typographique. et comme je n'ai jamais vraiment eu de pseudo fixe vous pouvez m'appeler vince !