la mort des tournesols

Lun 4 Juil 2016 - 16:24
vincent

vincent van gogh

feat ichigo kurosaki | bleach

Caractère

vincent

Histoire

comment sont mort les tournesols ? je vais me tuer à le raconter comme je me suis tué à le vivre, c'est gravé sur ma langue.


***

assis à son pupitre, vincent était attentif à la leçon. sa soeur était plus dissipée et ne suivait pas toujours la séance. son frère se déconcentrait aussi facilement. il s'efforçait d'être constant et rigoureux comme ses parents l'exigeaient de lui. maman était constante. papa était rigoureux. toute sa vie il observerait cette constance et cette rigueur qui tapissaient les murs de la maison comme un revêtement, il en était persuadé.

mais un jour il découvrit le dessin.


***

eugénie l'éconduit avec toute la douceur qu'il lui connaissait. il était difficile de lui en vouloir tant elle était gentille. vincent ne répondit pas et préféra partir, gardant en souvenir d'eugénie la gentillesse avec laquelle elle lui avait brisé le coeur.

désormais les choses ne devaient plus être les mêmes. pourtant vincent réussissait tout ce qu'il entreprenait. londres florissait et ses choix étaient heureux. son emploi de marchand de tableaux lui faisait gagner de l'argent. mais vincent découvrit que l'argent n'avait que la valeur qu'on voulait bien lui donner. pour vincent l'argent n'était que des coupures de papier mises ensemble. il ne pouvait rien être de plus.

le papier ne valait pas l'art. il n'était que le support de son existence. la maison goupil ne pouvait comprendre son éthique et le renvoya, parce qu'il ne pouvait vendre ce qui n'était pas un produit.

l'art avait une âme. lui aussi. vincent tenta de sauver l'une sans savoir que l'autre disparaîtrait dans un abîme.


***

cuesme était un endroit rempli de souffrance qui n'arrivait pas à se changer en espoir. la foi acharnée de vincent lui faisait penser qu'il changerait cela, mais tout le monde était si pauvre et la houille des mines était si noire. il regardait les mains des hommes qui travaillent jusqu'à se tuer et ne pouvait plus rien regarder d'autre.

il était descendu dans les entrailles de la terre pour voir si le charbon était aussi noir que les mains des ouvriers, aussi noir que l'eau qui tombait de leurs yeux puis dans leur barbe puis dans leur bol de potage très clair. mais le charbon était encore plus noir que ça. un jour il sauva un homme qui faillit mourir écrasé par un échafaudage dans la mine. mais plein d'autres hommes, le même jour, dans d'autres mines, mourraient. il en mourrait d'autres encore demain.

cette ville le rendait malade parce qu'il ne pouvait pas la sauver. on lui disait qu'il devait renoncer au pastorat s'il voulait rester travailleur. on lui disait qu'il fallait choisir et se ranger. il fut répudié par les évangélistes et blessé dans sa foi, sa foi pugnace et naïve à laquelle il s'était accroché par besoin terrible d'avoir quelque chose à aimer.

vincent avait aimé et on ne voulait pas de cet amour. pourtant ce n'était pas un amour compatissant ou un amour de circonstance. c'était un vrai amour, un triste amour. il comprit alors que l'homme se construisait dans le malheur. sa foi devint sa folie.


***

sien avait le regard triste. ce n'était pas la tristesse de ceux qui s'épanchent longuement. c'était la tristesse transparente qui fait qu'on ne bouge plus de sa chaise, assis dans sa maison, et que l'on attend ce qui ne viendra plus.

à l'intérieur de ce regard, vincent comprenait clairement la vaste inanité des choses. il comprenait le désespoir de sa réalité. calmement, avec sérénité, sans chercher à combattre. ses prières pour les défunts semblaient êtres prononcées pour lui-même.

sien lui disait qu'elle aimait ses enfants mais il ne la voyait jamais les prendre dans ses bras. ses enfants aussi avaient le regard triste, mais d'une tristesse qui s'ignorait, une tristesse encore dupée par l'illusion de la chaleur. cependant à la haye il faisait froid et leur coeur aurait tôt fait de se glacer.

vincent n'avait pas perdu sa foi. il l'avait seulement écrasée au fond de son ventre. à ce moment de sa vie il s'abreuvait de littérature française. les romans appuyaient toutes les certitudes qu'il avait sur le monde : un endroit plein de gens et de vide, et de distance entre chacun de ces gens qui ne veulent ni se rapprocher parce qu'ils craignent de se blesser ni s'éloigner parce qu'ils craignent d'être seuls. ces gens étaient soit pauvres, soit riches. c'était là ce qui les définissait.

sien aimait le travail de vincent parce qu'elle n'y comprenait rien. vincent faisait des études au fusain mais aucune ne le satisfaisait. il n'arrivait pas à dessiner la tristesse de sien telle qu'elle la lui montrait chaque jour, la tristesse nue. incapable de la représenter, il s'en imprégna plutôt. il la fit sienne et sombra dans un profond mal-être que sa famille et ses amis ne comprirent pas. il attrapa aussi sa maladie.

lorsque sien le quitta, il brûla ses dessins.


***

à assen vincent connut la détresse. la détresse n’avait rien à voir avec la tristesse. c’était le sentiment profond qu’il n’était pas fait pour vivre. comme il n’était pas prêt pour mourir non plus, il se contenta d’exister.

les paysages drenthois étaient lents et froids. il mangeait des fayots qui n'avaient pas de goût, ou bien seulement le goût qu'il voulait leur donner. lent et froid. il pouvait attendre devant son chevalet pendant une heure et passer toute sa vie dans cette heure. son sang et sa peinture étaient lents et froids.

vincent découvrit qu’il n’y avait que deux choses irréversibles, le sang et la peinture. une fois que la peinture était fixée à la toile il n'y avait plus rien à faire pour elle. définitive comme une pluie longue qui rince les toits néerlandais, elle était le mouvement du silence. parfois il ressentait du doute ou de la mélancolie. mais la peinture n'exprimait jamais le doute. la mélancolie, un peu.

vincent souhaita plusieurs fois disparaître dans l’un de ses paysages, derrière le dos courbé d’un paysan ou dans l’ombre d’un arbre. mais la douleur le rattachait à la vie aussi bien qu'elle l'en éloignait. il finit par l'accepter.


***

ses convictions tombaient.

vincent découvrait à peine le mouvement tellurique qui déplaçait les formes ; celui du trait qui tombait sur la toile, celui de sa propre personne qui entrait en résonance avec le reste du monde. le monde entier. le monde entier avait quelque chose à lui dire. l’agitation de paris dynamitait sa pensée et il trouvait dans la violence de l’impressionnisme la poursuite de son rêve.

malheureusement le rêve pourrissait et devenait un cauchemar terrifiant. vincent n’avait jamais été heureux mais il eut au moins l’occasion de devenir fou.

sucrée, collante, parfois elle se mettait d'un coup à brûler sa vision. vicieuse, tépide, sa présence était celle d'un ami. tous les amis mentent. tous les amis s'en vont. satisfait par la promesse de l'absinthe, vincent ne se montrait plus dans les galeries montmartroises. il s’écrasait au sol comme une goutte de son sang.

la promesse de l'absinthe, comme la plupart des promesses, était un mensonge. son cerveau fondait comme le sucre entre les trous de la cuillère. il n'en avait cure parce qu'il était heureux : d'une joie répugnante et rapide, qui se versait dans un verre. une joie que l'on craint d'éprouver parce qu'on sait qu'elle va nous être retirée trop vite.


***

à arles vint la frénésie de la série. c'était une pratique désuette dont ses amis parisiens auraient ri. mais vincent avait besoin du nombre et de la multitude. il avait besoin de l'abondance dans son atelier de la maison jaune. il avait besoin du débordement de l'art pour contrer celui de la terreur.

il devait produire pour se préserver du malheur : ses triptyques et ses fresques s'amoncelaient pour former une échelle avec laquelle il sortirait de l'abysse. les couleurs remontaient peu à peu, comme la mer, dans ses paysages.

mais l'abysse devait le rattraper car il se creusait aussi irrémédiablement que le désert avançait.

paul vint habiter chez lui.


***

paul et vincent se disputèrent.
cette fois-ci il n'y avait rien à dire. certaines choses se cassent et ne se réparent pas. certaines choses se cassent et ont plus de sens lorsqu'elles sont cassées.

vincent voulut tuer paul.
il ne sut jamais pourquoi, ou plutôt il le sut toujours, avec exactitude, mais c'était si épouvantable qu'il préféra l'oublier. après tout cela faisait longtemps qu'il était fou.

quelque chose empêcha vincent de tuer paul. peut-être était-ce la profonde affection qui les liait l'un à l'autre. peut-être était-ce la tristesse et la fièvre.

il n'avait qu'une seule certitude : les ténèbres devaient le trouver bientôt. il porta le rasoir à son oreille comme on porte sa main au visage de quelqu'un que l'on aime. il est toujours question de vitesse. avec peu de vitesse cette main peut caresser doucement. avec beaucoup de vitesse cette main peut frapper d'une violence inouïe.

vincent tomba au sol avec une violence inouïe. il s’effondra.
il s’effondra si brutalement que ni dieu, ni un ami, ni personne ne pouvait plus le relever.

il perdit sa lumière. il resta inerte pendant une heure ou deux. il gisait étrangement, tordu de manière à ce que son coude touche son nez.

on ne savait s’il était mort ou vivant. mais ça n'avait pas d'importance.


***

quand il se réveilla, les choses n'étaient plus les mêmes. les choses n'étaient plus. il le sentit aussitôt qu'il ouvrit les yeux et avant même qu'ils ne voient. il fut d'abord frappé de stupeur, puis d'incompréhension, et enfin de nausée. soudain un rire violent le pris. il lui agita tout le corps, spasmodiquement.

- écoutez, monsieur. je vous ai fait venir pour que vous m'expliquiez.

la chaleur de son rire l'avait enivré. ou bien était-ce le vin qu'il s'était promis de ne pas boire ? il ne savait pas. il n'écoutait rien. l'homme qui se tenait devant lui et essayait de lui parler n'avait pas de visage. il n'avait pas d'odeur et pas de consistance.

- que signifient-ils, les tournesols ?

vincent rit tellement et s'ébroua tellement qu'il se fêla une côte. il roula au sol pendant longtemps sans rien ressentir. ni joie, ni peine, ni douleur. chacun de ses sens se fondirent en un seul, qui n'avait pas de nom.

son rire fendit son propre crâne. il s'évanouit de nouveau.


***

ils m'appellent hélianthe alors qu'ils ont tué les tournesols.

si je ne comprend pas, c'est peut-être qu'il n'y a rien à comprendre. ici il n'y a plus ni theo ni le docteur gachet ni jo ni wil ni personne. cette ville de pallatine me fait vomir la peinture et mon bras s'abat sur le châssis sans plus de souplesse. c'est comme si je ne savais plus peindre. je l'ai désappris. pourtant la souffrance qu'il m'a fallu endurer pour y parvenir est toujours là. la souffrance est une compagnie immuable.

van gogh est célèbre. mais van gogh ce n'est pas moi. où est passé le syphilitique d'arles qui n'a jamais fini les alyscamps ? où est celui dont on se moquait volontiers à l'exposition annuelle de la société des artistes indépendants. van gogh est célèbre mais vincent ne veut pas de cette reconnaissance. il n'en veut pas parce qu'elle est laide, méphitique, débile comme le tremblement profond de ma peau devenue plus pâle que le frac bleu dans ce portrait dont il y a en ville une reproduction.

lorsque je l'ai vue j'ai eu un accès d'épilepsie qui a failli briser la vitrine.

ils ne comprennent pas. et je ne peux rien expliquer. van gogh est célèbre, mais vincent est malade. vincent est fou.

je suis le genre de personne qui se met en colère contre les meubles lorsqu'elle se cogne le petit doigt sur leurs coins et qui écrit en minuscules pour une meilleure uniformité typographique. et comme je n'ai jamais vraiment eu de pseudo fixe vous pouvez m'appeler vince !

Lun 4 Juil 2016 - 17:35
se cogner l'orteil contre un meuble c'est une HORREUR je compatis bcp bcp

bienvenuuuue (même si sur le plan technique t'es arrivé avant moi well) j'adore comment le caractère est écrit, j'my attendais pas j'avoue Malicieux
Lun 4 Juil 2016 - 18:03
Comme la première fois, j'adore toujours autant ce titre ♥
C'est un plaisir de te revoir parmi nous eheh, je te dis rebienvenue avant d'aller lire cette histoire qui va sûrement rivaliser avec les souvenirs qu'on avait de toi uwu
Lun 4 Juil 2016 - 20:34
Rebienvenue parmi nous, ô grand génie. Brille
Mon dieu, mais c'est vrai que tu écris super bien en plus, je l'avais presque oublié ça. Tombe Maintenant j'ai trop hâte de pouvoir enfin lire la fiche complète. Youpi
Lun 4 Juil 2016 - 21:22
Rebienvenue. I love you
Effectivement, c'est un véritable plaisir que de retrouver ta jolie plume, j'approuve totalement Sara pour le coup. Bon courage pour la suite de ta fiche en tout cas. Cœur
Lun 4 Juil 2016 - 21:40
content de te revoir ici vince t'as trop la classe bordel
en plus t'as pris le + bg rouquin de l'univers respect
j'avais déjà lu un peu mais j'me réserve pour quand la fiche sera complète Malicieux
allez courage pour finir le reste on attend tout ça avec impatience
kiss <3
Mar 5 Juil 2016 - 10:49
merci, vous êtes beaux et bons avec le revenant que je suis. vos compliments réchauffent mon coeur froid et par conséquent je vous donne tout le love. tout.

comme je suis un homme de parole, j'ai fini ma fiche. j'espère qu'elle vous plaira !!
Mar 5 Juil 2016 - 11:54
(ignore mon message privé, il n'a aucun sens)
rebienvenue ici vinceeeeeeeee
j'avoue que ; van gogh, les héliantes & la description du caractère-
comment ne pas t'aimer
je suis totalement amoureuse de ton style
tu es définitivement ma fiche préférée  Brille

& il a l'air de pourir le van gogh
& je trouve ça tellement beau
bon courage pour la suite❤️
Mar 5 Juil 2016 - 12:32
Quel personnage. Tombe Bienvenue et bonne chance pour ta fiche, les rouquins seront au pouvoir, un jour. la mort des tournesols 2038183076 Cœur
Mar 5 Juil 2016 - 15:01
Cette fiche, c'est du lourd, vraiment.
Tu as vraiment su montrer le côté torturé de Van Gogh, la lettre à lui-même m'a beaucoup plu, cette référence discrète à la façon dont il est mort est tout à fait approprié. Ce serait intéressant de voir ce que la version de lui restée sur sa place a pensé de cette lettre.
L'histoire est très dense, on voit bien que tu as bien intégré la vie de ton personnage, et le fait de choisir des passages courts et importants est vraiment la meilleure des solutions. On sent une véritable tension dramatique, et la raison du transfert, tout comme la façon dont Vincent le vit, est vraiment magistral.
Franchement, bravo, c'est rare de voir une fiche de cette qualité.
(et puis je ne peux qu'approuver ce choix de groupe, merci I love you )

   

Vincent Van Gogh

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Mer 6 Juil 2016 - 3:16
bordel, ta fiche j'ai Tombe
magnifique quoi, dommage que tu sois pas rouge, je kiffe van a fond quoi
viens me voir pour un lien winky wink Cœur
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