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hart rustning // heart of gold, hands of cold

Mer 28 Fév 2018 - 0:10
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Hart Rustning

feat Allen Walker | D. Gray-Man

being blue is better than being over it

Hart n’est pas un type fréquentable, du moins pas de votre plein gré.

Loin dans ses jeunes années le fantôme d’un adolescent pacifiste et rêveur le regarde de façon incongrue, gêné de voir son futur méprisable et opportuniste traverser une terre ravagée qu’il ne léguera même pas à ses enfants. Pas qu’il soit agressif, ou juste lourd ; c’est l’expérience que personne ne souhaiterait vivre qui l’a rendu plus salé que les lacs d’ancienne Russie. De sa brève existence, on retient son calme en toutes circonstances, cette patience naturelle découlant de son éducation, de sa formation, de son aptitude à part entière. Rarement, la colère l’étreint pour dépasser de mots fleuris sa pensée, et ses remarques cinglantes fusent à l’attention de qui voudrait les provoquer sur un ton dépassant à peine celui de la conversation, même quand l’opposant mériterait quelques claques. Manier les mots, et au besoin la menace d’abord orale plutôt que de s’énerver : c’est l’apanage de l’ancien soldat qui somme l'ennemi avant de faire son devoir et tirer. Son amertume et un ton perpétuellement désabusé sont des remparts plus hauts que les murs de l'Alliance nordique autour de son cœur, et son regard ne retrouve qu'un semblant de vie quand il peut disserter sur ses recherches ou trouver un élément nouveau qui peut lui permettre d'améliorer son travail.

Loin d’être un idiot, son intelligence et une mémoire photographique bien utile en médecine pourraient faire de lui l’insupportable je-sais-tout qui lèverait les yeux au ciel à chaque bêtise prononcée par un contemporain avant de le corriger en rigolant ; il a la décence de s’arrêter au roulement d’yeux agacés avant d’expliquer patiemment et sans arrogance l’erreur pour le bien du Savoir et de la Connaissance, seule et unique début de qualité à inscrire à son pedigree. Scrupuleux, méticuleux et surtout jusqu'au-boutiste dans la moindre de ses actions, on pourrait dire qu'il apprécie le travail bien exécuté surtout quand il est de sa main. Ses sentiments n'entravent en aucun cas sa dextérité, et s'il possède une fâcheuse tendance à laisser à ses patients un souvenir gravé dans leur chair par automatisme (et surtout pour leur rappeler de le rétribuer), ceux-ci sont assurés de repartir en meilleur état.

Son cynisme n’est motivé que par un épuisement de la vie, de cette usure omniprésente dans un regard terne et dans une carcasse fichée de métaux étrangers qui ne rechigne pas pour autant à l’effort ; c’est qu’il faut continuer à vivre, à survivre. Survivre. C’est tout ce qui importe. Capable de tout pour obtenir ce qu’il veut, il sait défendre chèrement sa vie sans pour autant en faire étalage : en cas d'extrême nécessité, il n’hésitera pas une seule seconde à user de la force, tout comme ceux qui lui ont arraché un jour un pan d’existence en même temps que sa foi en l'humanité. La douleur ancrée à son épaule et qui revient parfois comme une vieille amie le tourmenter est là pour le lui rappeler.

Ayant connu les privations du champ de bataille puis de l'errance, il est d'une résistance à toute épreuve, capable de se débrouiller seul pour subvenir à ses besoins, et totalement dénué de tout scrupules ou même d'un semblant de moralité plus par habitude que par conviction profonde, et à une seule exception près: la seule limite qu'il s'impose, comme un vestige de ses classes, est qu'on l'a formé à soigner et aider son prochain avant de l'attaquer. Même aigri envers l'humanité, il ne leur en veut pas au point de s'en prendre à autrui pour aucune autre raison que la légitime défense. Ou la faim. Hart préfère essayer de se fondre dans la masse sans se lier à quiconque pour rester tranquille et ne pas trop exposer les ravages d’une paranoïa héritée de son époque militaire.

Le transfert à Pallatine ne s'étant pas réalisé de son plein gré, il n'est pas dans les meilleures conditions pour se faire des amis, et la superficialité de ses habitants vivant dans un monde riche et sans menaces a commencé par le dérouter. Avant de l’exaspérer petit à petit -presque aucun d’eux ne connaît la peur de ne pas voir le lendemain, ou de ne pas y survivre, et c’est ce qui isole Hart de n’importe quel groupe ou autre individu souvent habitué à un confort douillet. Déterminé à retrouver son temps et surtout ses proches malgré le conflit, il ré-apprend très lentement à faire des concessions pour mieux réaliser son souhait, luttant difficilement contre la désagréable sensation de n’être qu’une pièce rapportée une fois de plus dans un monde où beaucoup trop de choses –comme les loisirs- lui sont étrangères. Son respect de la hiérarchie, ou de l'autorité, quelle qu'elle puisse être, est inexistant sauf si celle-ci l'a gagnée et le mérite de par ses compétences (ce qui n'est en général pas le cas).

Non, franchement, Hart n'est pas quelqu'un de très fréquentable.
Même s'il est le seul à pouvoir vous réparer correctement.

Hart

Âge: 30 ans
Naissance: 06/10/2099
Arrivée: 22/12/2127
Présence en ville: 2 ans
Nationalité: Suédois
Métier: Médicanicien
Statut civil: Célibataire

Groupe: Indépendants
Section: //
Rang occupé: //
Nom de code: Rusty

Taille: 1.75
Corpulence: Arrivé famélique, guerre oblige, il prend lentement du poil de la bête pour être dans la moyenne, mais reste sec. C'est ça de ne pas manger à sa faim.
Cheveux: Blancs, mi-longs, en général attachés. Le devant sert à camoufler la partie la plus marquée de la cicatrice au dessus de son œil
Yeux: Gris, éteints.
Autres: Prothèse de bras gauche cybernétique, balafre sur le visage. Une autre très large sur tout le torse, dernier souvenir de guerre. Il a réappris l'anglais via la formation d'arrivée avec difficulté, et s'exprime en termes simples avec un fort accent.

this is the story of how they met

Dans un futur alternatif, la Troisième Guerre Mondiale avait eu lieu plus tôt que prévu. En 2024, sur une idée originale de la Corée du Nord ayant secrètement retourné la Russie, qui atomisa par trois fois la nation américaine. Assez de dégâts pour qu’à peine les morts pleurés l’Asie de l’est déplore un embrasement soudain par réplique atomique, avant d’ouvrir la voie à des envolées de bombardements, de puissance de feu et de débandade du monde moderne. La Terre aurait pu y passer, mais n’avait traversé qu’un hiver nucléaire comme tous les scientifiques l’avaient prévu au siècle d’avant ; la guerre s’était contentée de trois années, mais la face du monde avait changé.

le ciel s’est embrasé il s’est peuplé des traînées de feu de mort de promesses de vide
en dessous le calme avant la tempête puis
la panique
les cris
la lumière
le début de la fin ;


Le soleil avait disparu sous un manteau pollué, la chaleur extrême puis le froid du même acabit avaient purgé les landes. La famine avait suivi au galop malgré les réserves et la prévoyance du XXIe siècle. Deux décennies plus tard, la population mondiale dépassait à peine les 2 milliards d’individus, des pays avaient été rayés de la carte, submergés, atomisés, envahis. Disparus dans l’oubli, ou au profit d’alliances plus fortes.

nous avons survécu nous avons essayé nous avons voulu nous relever mais
le froid la faim est-ce la fin ?
ce ne sera pas la fin nous y survivrons le monde n’est plus
mais
ce n’est pas la fin


Les survivants, massés loin des points de chutes nucléaires, apprennent à reconstruire un monde qu’ils ont failli perdre, sortant de cités bastions pour reprendre leurs droits sur les terres. Les frontières n’existent plus. Les batailles pour des ressources, l’expansion des nouvelles nations et le règlement de vieilles querelles reprennent avant l’aube du XXIIe siècle.

le nouveau monde bientôt le nouveau siècle
nos enfants survivrons nous y veillerons il le faut il n’y a plus de feux
c’est un monde nouveau


///

Hart naît comme d’autres futurs soldats en 2099. A la fin du siècle sombre, dans un temps de conflits territoriaux et de parents déjà appelés sur les champs de bataille. Originaire de corps et surtout de cœur de ce que l’on appela longtemps la Suède, autrefois chef de file et maintenant partie forte de l’empire de Scandinavie. Un territoire fort de sa solidarité pré-guerre, aux habitants ayant surpassé le Grand Hiver et annexé beaucoup de landes alentours bien avant celui-ci –dont une large portion de la Russie, ennemi héréditaire suédois et surtout premier traître à l’origine de l’annihilation de plus des deux tiers de la population mondiale.

je me souviens de la neige je me souviens du froid
le blanc à perte de vue la terre le ciel les mers rien que du blanc
je suis la patrie je suis la vie
et j’irai pour eux

Un être ton sur ton, venu au monde difficilement dans une contrée millénaire ancrée dans les glaces pour mieux y survivre ; enfant du froid né si vite après sa sœur comme l’un de ces petits miracles qui redonnent aux terriens restants de l’espoir malgré les crises et la lutte incessante pour la survie. La natalité est terriblement en berne, l’économie effondrée à une échelle globale et les vieilles valeurs sont de retour; les anciennes générations épuisées par les privations voient en eux le sortir définitif de la guerre et le moyen d’asseoir un nouvel ordre mondial plus pacifiste. Par la guerre, par les armes, par le sang. Ses parents lui parlent suédois, enfin, de ce dialecte local qui mélange toutes leurs langues depuis des décennies: la fratrie leur répond en langue same, comme un vestige d'une époque révolue que leurs parents tiennent à leur enseigner malgré tout.

survivre ils n’ont que ce mot à la bouche nous survivrons
nous sommes la forte génération nous portons haut les couleurs nous vaincrons
le blanc au loin je veux retrouver les miens
aider au mieux leur épargner le noir
survivre, toujours
il n'y a que ce mot
et non pas
v i v r e


Une enfance à toute vitesse, remplie de privations, pour mieux les conformer et les entraîner à l’humilité dans cet empire étranger du superflu ; il n’y a plus le temps, il faut apprendre, reconstruire, approfondir et récupérer le même niveau de vie et de technologie oublié depuis des lustres. Quitte à laisser la culture, les loisirs, la musique loin dans le passé, au bénéfice d'un science extrêmement poussée et performante qui ferait pâlir d'envie le début du XIXe siècle. Grandir assez loin du centre névralgique de l’empire, loin au nord, pour d’abord y faire leurs classes militaires respectives bien trop tôt leur permet pourtant d'échapper à l'emprise directe de la nouvelle capitale et de ses valeurs vieillottes. Leurs parents sont dans des corps de l’armée et veillent à les y pousser en les encourageant depuis le front, ayant fait grandir des vocations insoupçonnées depuis l’âge tendre chez leur progéniture.
L’aînée se voit en première ligne, éclaireuse acharnée et porte-drapeau d’une nouvelle nation, fantassin aux succès terrible bien avant ses vingt ans ; le cadet brille dans ses recherches, génie et atout insoupçonné pour mieux soigner et réparer les humains en décortiquant leurs plus infimes parcelles jusqu’à en connaître chaque fibre, chaque nerf, chaque cellule jusqu'à la moindre racine. Soigner, ou faire souffrir, en cartographiant l’humain mieux que son propre empire. A peine sortis des académies militaires, ils rejoignent comme tant d’utopistes motivés de tous âges différents postes loin dans les terres anciennement allemandes ou russes, loin de tout pour mieux conquérir. Chacun loin de sa fratrie de sang, avec un lien épistolaire ténu pour seules nouvelles ou compagnie. Celles de leurs parents se font rares et mauvaises.
A peine seize ans pour Hart et déjà la réalité des combats, la mort, la maladie, et des blessés à reconstruire pour mieux les y renvoyer. Des rêves plein la tête, des runes encrées en miroir avec sa sœur, ça et là dans le corps pour le protéger de symboles anciens et surtout, surtout, des mains expertes pour rattraper solidement la vie s'échappant des plaies de ses patients. Son nom est prophétique, par erreur; Hart, le cœur. La vie.
Celle qu'il donnera pour les autres.
Celui qu'il perdra commeles autres.


nous portons la lumière nous sauvons
jamais nous ne faiblirons toujours plus loin plus loin la gloire
aide ton prochain
ton frère
ton camarade porte le vers la gloire
sans relâche sans repos
aide les à survivre et


2117, Krasnaya. Trois ans en arrière-poste, trois hivers longs et rudes dans une partie du monde qui semble retenir les glaces à jamais, même au cœur d’un pays qui avait un jour entrevu l’été ; trois automnes à sauver des vies en urgence en luttant si peu pour la sienne grâce à son unité soudée et efficace, grâce à une promotion d'âge similaire envoyée en prix de groupe pour mieux repousser l’Envahisseur, le Russe, le traître. Trois étés pour la patrie, pour la vie, pour la science. La guerre est injuste. Elle prend tout, du jeune au sage, du bien portant au tourmenté, elle traverse sans effort la lande, les mers, et jamais ne s’arrête. Injuste et cruelle, bénéficiant l’opportuniste et écrasant l’infortuné. Ils refont la guerre et n’y survivront pas, mais ont été conditionnés pour y croire aussi loin que possible.

des jours entiers nous avions lutté les avions repoussé
les blessés
par dizaine par centaines
les morts
trop de morts nous ne pouvons pas tous les sauver
tous
nous
sauver
ils sont trop nombreux trop préparés
qui nous sauvera ?


Les regards se durcissent, le moral de même, les sourires se noient dans la grisaille contre les victoires et avancées se faisant moins éclatantes. Tout est rude, tout est bientôt perdu. Les unités sont épuisées, acculées, en passe de battre en retraite pour sauver un maximum de personnes, stationnant bien trop longtemps dans des camps à l'agonie et loin de tout. La survie prime avant tout, avant eux, avant la patrie. Les mots dans leurs dialectes respectifs et pourtant si semblables se font rares, démotivés. Tous savent qu'il est vain de continuer à espérer, si ce n'est que pour rentrer. Tous savent qu'un malheur pourrait arriver avant de revenir chez eux.

le ciel était noir si loin du blanc
si loin de tout quand la mort est arrivée
sans prévenir férir sans souffrir d’un coup au cœur de tous
nous y avons cru
nous y avions cru
je me souviens du rouge du sang du rouge et du feu
quand j’ai ouvert les yeux tout était  
r o u g e


L’ennemi en décide autrement, stratégique et entraîné, surprenant et bien trop renseigné par traîtrise alliée venant de leur propre camp: en frappant directement au cœur de leur soutien le plus précieux, en coupant toutes chances de survie à tout une division. En visant les plus neutres, les moins combatifs pour mieux affaiblir la meute lors d’un mois particulièrement enneigé, sans crier gare, sans sommation ni répit. Couper la main qui se tend pour relever le blessé, achever les survivants pour ne pas panser les blessés.

quand j’ai ouvert les yeux j’étais en vie
je croyais
être en vie
la douleur.
j’ai mal je mal du sang encore du sang comme chaque jour
mal je
la douleur
je ne suis que douleur la vie
la douleur je ne peux plus
le mal la vie
elle s’échappe et
je ;


///

je vais mourir je vais mourir je vais mourir
avec eux nous aurions du survivre
je vais mourir
je ne vois plus que le blanc
mourir
le c i e l ?
retenir la vie elle hurle elle scande
je voudrais revoir le ciel une dernière fois
et non mourir
est-ce ainsi la mort
pourquoi
cette douleur
elle n'est que douleur et rancœur
oh
pourquoi tout ce sang
à qui est ce
s a n g ?


La première explosion ciblée décime une grande partie de son unité restée en position, la seconde met un terme à leur épopée en allumant un bûcher au cœur de leur unité de soins. La troisième vague, des fantassins à pied, vient achever ou mutiler définitivement ceux qui ont miraculeusement réchappé à la fournaise. Tous brassent le camp ravagé pour le purger, marquer la terre d'un sceau de sang d'innocents porteurs d'un espoir vain.
Une unité d’éclaireurs partie quelques jours plus tôt découvre le lendemain un charnier désert en lieu et place de leur camp, aux relents de morts et aux rares survivants agonisants, presque entièrement recouverts d’un épais manteau blanc nocturne, et surtout sauvé par lui pour certains. Trois d'entre eux, dont le benjamin de l’expédition. Encore en vie malgré la perte d’un bras explosé par la déflagration et d’une quantité affolante de sang. Sauvé par le froid, gelé mais sauvé par son camouflage et son héritage génétique capillaire. Si ses deux comparses ne passent pas la nuit, lui est récupéré de ce coma aux allures de chemin de croix, délirant pendant des jours, sur la vie, la mort, la douleur. Et chaque matin du rapatriement tous s’étonnent de le voir s’accrocher à la vie quand aucun médicament ne reste pour taire une douleur journalière qui arrache ses cordes vocales à chaque période éveillée. La guerre avait rythmé sa vie, et lui avait tout prit.
Sa vie était une guerre, comme chacun d'eux.

à quoi bon survivre sans être un
sans être entier
ils m’ont pris la vie contre du rouge du sang contre rien juste
la douleur et ma vie
je ne pourrais plus les aider à survivre
je ne peux plus
je ne suis plus bon à rien si ce n’est  m o u r i r
un cœur mourant
un cœur endolori
je ne sens plus mon cœur
que la douleur s'arrête que mon âmele suive
pitié
que tout s'arrête


Il échoue à Novgorod peu après l'aube de ses vingt ans. Sur deux jambes, moins un bras. Difficilement vaillant, et faute de moyens matériels ou humain d’aller plus loin alors même qu’il doit la vie à une quelconque chance insolente. Abandonné par ses pairs plus valides qui continuent leur lutte, ou leur défection vers la mère patrie ou de nouveaux horizons. Son bras gauche maladroitement amputé sous l'épaule, puis au dessus de celle-ci pour repousser la gangrène, pour ne rien laisser qu'un membre fantôme irremplaçable et un mental brisé. Un moral entaché, une âme écorchée. Une carrière de médecine promptement arrachée comme sa main dont il sent toujours palpiter les nerfs écorchés et absents la nuit, et que sa gorge est épuisée de vocaliser. Le déséquilibre, le manque, la souffrance des pertes humaines parmi ses pairs, ses frères d'arme ou de sang, tout pave sa convalescence des couleurs les plus sombres; la démobilisation et l’isolement social entament franchement sa foi en l’humain, rongeant ce qui lui reste de conscience et d'espoir de survie.

ils me l’ont pris ils me l’ont volé et je ne peux que souffrir et
le souvenir l’explosion le rouge trop de rouge ils sont partis
sans moi sans moi dans le froid m’ont-ils vraiment laissé
tout ce rouge et puis le noir
je dois
en sortir
et revoir ma patrie
l’espoir et la survie
ils me l’ont volé
contre du rouge


Les prothèses sont pour ceux qui retournent au front, surtout pour ceux qui ont les moyens de les entretenir et de se les faire poser ; ironie pour celui qui rêvait d’en percer le secret pour les améliorer jusqu'à la sensation réelle, qui pouvait décrire les plans et la pose comme un professionnel. Qui peut citer chaque nerf à relier, chaque composant à rattacher de cette mémoire sans failles pour mieux équiper soldats et fantassins. Il s'attelle à un compte-rendu inutile qui rythme sa vie, un journal de bord bancal rythmé par les rencontres et des recherches pour un ersatz de mémoire de vie qu'il poursuit pour tenir le cap et ne pas sombrer pendant trois autres années. Ou quatre, le compte n’importe plus. Ignorant de sa destination, de son âge, de son but. La Connaissance pour lutter contre la souffrance amère germée de cette graine de désertion forcée. Si les siens sont en vie, si ses pairs sont partis, plus rien n’importe si ce n’est la survie.
Trois années d'errances, de recherches, de soins ou d'aide précaire échangés contre pitance ou abri qu'il prodigue tant bien que mal malgré son bras manquant; c'est que les médecins se font rare dans les contrées reculées, même estropiés. Rien ne s'oublie. L’armée elle recule sous les assauts toujours plus sanglants de ses rivaux, la population tombe ou reflue vers la mère-patrie, raids et pillages se succèdent pour reprendre les droits sur des terres jadis conquises après le cataclysme. Ils sont nombreux comme lui sur les routes, par petits groupes ou solitaires, à fuir les anciennes cités acquises par le passé pour ne pas tomber aux mains de ceux qu’ils ont haï. Ou pour ne pas tomber sur les tribus qui sillonnent les champs de bataille abandonnés, flairant le sang, pistant les survivants pour mieux tirer profit de ces escarmouches et piller vainqueurs ou vaincus en route vers leurs foyers. Les opportunistes, les hyènes, les seigneurs de guerre. Survivre, malgré la faim, malgré le froid. Malgré tout. Et leur échapper.

plus d’espoir de survie plus rien
rien que le jour d’après
et le lendemain et pourquoi juste souffrir et
rien
la douleur et rien
quel espoir quand on n’est plus entier dans un monde un corps
meurtri
aigri
vidé
marqué
un corps un esprit vide de tout espoir
laissez moi mourir
et partir


Le Clan des Loups le récupère après un raid sur la village où il s’est terré dans une arrière-salle sans succès. Cherchant des bras esclaves supplémentaires pour grossir leurs rangs, peu importe leurs origines ou motivations ; s’il savent se rendre utiles, il peuvent bénéficier d’une protection et être un jour rendu à leurs patries sans trop de casse. Dans le cas contraire, comme celui d'Hart, dernier être famélique survivant comme un parasite particulièrement résistant au froid, ses organes sont toujours en bon état et relativement jeunes pour être utiles à d'autres: à défaut, son corps n'est pas encore trop abîmé pour servir et son handicap fait de lui une proie encore plus facile à forcer. En temps de guerre, les plus grand tabous s'envolent, les péchés sont innombrables et les bas instincts font loi au même titre que celle du plus fort. Ses plaques militaires restantes et le tatouage sur son flanc propre à son ancien bataillon trahissent son passif et sauvent sa carcasse d'un destin moins sordide. Son potentiel et ses capacités médicales sont plus largement questionnées en lieu et place d'une exécution sommaire ou d'abandon en pâture aux renégatsplus triviaux. C'est qu'il est un déserteur curieux qui, valide, vaudrait encore plus et permettrait de seconder leur propre soigneur pour mieux surpasser d’autres profiteurs de guerre. Ou d’autres pays. D’autres ennemis. En lui rendant une main secourable, il peut valoir soudainement beaucoup plus. S’il survit à l’opération, et apprend la docilité.

///

Les Loups sont plein de ressources. Au pays des aveugles, le borgne est roi ; au pays des estropiés, le ferrailleur débrouillard et bien renseigné est empereur. Les vestiges d’un continent post apocalyptique fournissent parfois des ressources inattendues pour qui sait en tirer profit, surtout aux avides et aux nécessiteux ; car c’est un puissant groupe nomade et bien organisé qui le ramasse et entreprend de le dresser, lui faisant découvrir cette réalité qu’il avait appris pendant des jours passés sous l’uniforme à honnir de tout son être et de toutes ses convictions. Un monde de chacals s’abattant comme la Mort sur les abandonnés des campagnes militaires, qui peuvent devenir d'autres pairs teintés jusqu'à la moelle de félonie et capables de tout.

il ne me reste rien
alors prenez tout
prenez ce qu’il reste et laissez moi
prenez ce que voulez
mon coeur
ma vie
(est-ce vraiment une vie ?)
mon corps
et mon être
laissez moi partir de cette terre et de ce qu’il en reste
je n’ai plus rien
alors
je ferais tout
je laisserais mon cœur mon âme mon corps
je suis prêt à tout
pour  s u r v i v r e


Un ancien médecin lui-même affublé d’une paire de jambes mécanisées le dote de ce bras manquant, de cette greffe de vie maudite, de cette douleur neuve et perpétuelle qui hante des jours et des nuits le temps de la convalescence un corps d’à peine vingt deux ans. Les vis dans ses os, le métal de carrosserie mêlé à sa chair, chaque fibre artificielle reliée aux dernières parcelles réceptives ce qui lui reste; il devient hybride, parasité par une malédiction lourde à porter et supporter, rutilante d'un éclat carmin si déplacé. Plusieurs fois, son futur mentor pense le perdre, le laissant conscient jusqu'à la dernière de ses limites pour raccorder chaque bourgeon de nerf, le laissant dériver dans un sommeil d'affliction aux portes du Styx sans plus de forces pour donner le moindre son à ses souffrances. Si la guerre lui a arraché une partie de son être dans la souffrance, ses rejetons lupins se chargent de lui raccorder dans une extension de douleur une fausse raison de ne pas céder à la Faucheuse mille fois désirée. Il s'en relève, ragaillardi, maigre et pitoyable, mais étonnamment en vie. Son regard est déjà vieilli, brûlé par ce conflit qu’il ne pense jamais voir finir, éteint sur cette existence morne et dénuée du moindre espoir. Le corps sali, l'âme consumée par une famille damnée, par un bataillon sans pitié. Recommence une convalescence difficile, pour appréhender des rouages d’alliages divers, des nerfs froids et encore si peu calibrés pour ressentir, toucher, manipuler, tenter de se défendre et accepter cette extension d’être et de vie pour tenter de saisir cette existence fataliste qui semble avoir explosé en même temps que son coude un jour clair.

qu’est-ce que l’humanité
nous ne sommes plus humains
nous avons perdu nous avons cédé
l’homme n’est qu’une machine cassée une douleur une peine un fardeau
je ne suis qu’une machine rouillée par la vie par le sort
souillé de d'âme et d'esprit
un cœur d’or pour des mains gelées
rien qu'un cœur rouillé
hybride corrodé
chimère ratée
je ne suis plus humain
je ne suis plus rien
que
cicatrices
et rouille


Le prodige refait surface. Ses gestes deviennent précis, rapide, létaux. Il apprend à sauver, il apprend à réparer. A tuer, rapidement et proprement. Réapprend une autre vie, une autre existence plus froide, plus pratique, plus chirurgicale. La marque qui tranche son visage et lui arrache presque l’œil gauche lui rappelle de rester à sa place, malgré ses capacités, malgré sa rébellion envers le chef après une fuite avortée. L’étoile gravée au fer rouge sur son front et dans sa chair lui rappelle qui l’a sorti des tranchées, et comment il y retournera sous forme de cadavre en cas de nouvelle tentative de trahison. Il est devenu propriété, il a perdu sa liberté. Les marques dans son épiderme lui rappellent ce qu’il doit, et celles qu’il commence à laisser sur chaque corps soigné par mimétisme brutal font de même. On paye toujours ses dettes, d’argent ou de sang. Les restes d’adolescence se noient pour laisser un jeune adulte calme et glacial, précis comme le scalpel ou la lame ionique qu’il sait manier au millimètre. Cедой, Vielgat ou juste Rusty : ce sont ces sobriquets qu’on lui accroche au fil du temps, grâce à sa tignasse de neige étrange, l'accent same chantant de sa voix ou à la couleur de ce bras qu’il a appris à lui-même améliorer. A serrer d'une poigne impitoyable autour de la gorge de victimes, parfaite illustration sans le savoir de la hart qui jadis étranglait les criminels au gibet. A commencer par ceux qui ont l'ont dévoyé quand il ne pouvait pas encore se défendre: ceux là sont assassinés calmement sans inquiétude de représailles, au titre d'une vengeance personnelle pour avoir usé à leur bon vouloir ce qu'il lui restait de vertu et d'intégrité. Les épargnés sont d'abord moqueurs mais surtout effrayés par ce fantôme qu'ils ont voulu abuser et qui hante leurs rangs, connaissant le moindre nerf pour les faire souffrir. Capable de soigner comme de tuer, et de se défendre malgré ce que son gabarit pourrait laisser penser. La dernière rixe l'a presque vu se faire couper en deux, de l'épaule à la hanche; son opposant n'a pas eu la même chance de survie, quand le bras métallique s'est refermé comme un garrot autour de sa gorge, serré jusqu'à entendre des os craquer une fois définitive.

///

Dans la multitude de visages qui l’entourent en sept années, celui de l’agent qui les rejoint peu avant l'ancien Noël 2127 ne lui inspire pas confiance; mais ce n'est pas à lui qu'il s'intéresse, et la discussion avec son mentor s'éternise assez pour ne plus l'intéresser. L’eut-il su plus tôt, il l’aurait lui-même exécuté, et se contente d'aller se coucher affamé comme souvent, sans penser au lendemain qu'en terme d'épreuve à surmonter.

mon cœur est rouillé
mes sentiments verrouillés
je n'en ai plus besoin
je ne suis plus humain
ils m'ont volé mon humanité
mon cœur mon bras ma vie
quand j'ai rouvert les yeux le ciel était
rouge


///

C'est la douleur qui le réveille.
Elle se fait transperçante, ricochant entre chaque nerf déconnecté comme une lame s'enfonçant sous le morceau d'os restant de son épaule sectionnée.
Son bras lui fait mal.
A moins que ce ne soit l’absence de celui-ci, le vide sur le coté gauche qui le déséquilibre quand il se relève dans un lit inconnu et manque de s’écrouler. Ou ce silence qui l’entoure, empreint d’une quiétude inhabituelle pour quelqu’un constamment sur ses gardes, habitué au danger et aux traîtres. Il se réveille dans un lieu étranger, où on lui a passé de nouveaux oripeaux aseptisés, et pansé beaucoup de coupures récentes. Sa main de chair et de sang remonte machinalement tâter l'amas restant de métal sur son épaule là où commence normalement ’inorganique, comme pour en vérifier l’absence véritable.
L’épaule lui lance parce qu’on lui a retiré son bras, certes correctement, mais sans son autorisation.
L’indignation surpasse l’incompréhension de sa situation.
Alors il tape à la porte close, de ce bras qu’il lui reste, en articulant posément.

« Ge det till mig. »
« Rendez-le moi. »


qui êtes vous que voulez vous
vous n’avez pas le droit
où suis-je où pourquoi ici pourquoi je ne comprends pas
je ne voulais pas
rendez moi mon bras expliquez moi
laissez moi
r e n d e z  l e  m o i ;


Ils finissent par le lui rendre, sans un mot, sans explications -ils ont réussi à en extraire la lame ionique derrière le coude, et l'autre plus acérée, bien camouflée le long de l'avant-bras. Une lame en os. Ses plaques militaires qu'on lui rend finalement sont la seule possession qui lui reste de son époque. Personne ne lui parle, peu le comprennent et moins lui répondent. Ce monde est trop chaud, trop nouveau, trop propre. Ce n'est pas le sien. Quelqu'un l'a demandé, lui et surtout ses aptitudes dans ce monde moins avancé mais plus pacifié, pour redonner vie à ces alliages de métaux, insuffler le mouvement et surtout des sensations à des membres artificiels par cette science extrêmement précise: ils voulaient son mentor, celui-ci leur a livré son apprenti beaucoup plus qualifié à sa place. Sans lui demander son accord.

« Jag vill lämna. »
« Je veux partir. »

Moi, c'est Ji. J'ai roulé ma bosse sur plusieurs forums et autres recoins des internets, je suis le parent fier d'une demi-douzaine de petits monstres (enfin, personnages) ainsi que d'une centaine de peluches à l'effigie de monstres à collectionner (et ça, c'est plus encombrant à ranger.)
C'est mon premier compte sur ce forum, et j'espère vous y plaire!
xoxo

(ps: ne faites pas confiance à l'eau du robinet.)

Jeu 1 Mar 2018 - 10:49
Pourquoi donc ne doit-on pas se fier à l'eau du robinet ? hart rustning // heart of gold, hands of cold 4271336880
Je suis très curieux de voir ton personnage, ce "médicanicien" a l'air bien intriguant. Officiellement la bienvenue à toi. Brille
Mar 27 Mar 2018 - 0:39
Well well well, voilà enfin ta fiche terminée Mwahaha
L'attente en aura valu le coup, ton personnage est génial et ta plume lui rend justice (et puis, poète de guerre et un monde post-apo détaillé, c'est toujours Nice M'enfin, tu as déjà reçu des éloges sur discord, ça ne t'étonnera donc pas Cœur !)

Hart Rustning

a reçu son permis de séjour à Pallatine

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Ce permis de séjour vous donne le droit de résider à Pallatine, de trouver un emploi et d'appartenir à une diaspora. Il atteste que vous êtes apte à vivre par vos propres moyens en ville. Nous vous rappelons que ce permis est obligatoire pour toutes vos démarches administratives auprès de l'Institut.

Si vous trouvez cette carte, merci de la déposer à l'Institut.

Informations à fournir dans les plus brefs délais.

- Votre adresse
- Votre nom de code
- Votre profil chronosrep.net
Facultatifs :
- Vos textes libres
- Vos recherches de rp

Sachez que :
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