Mer 6 Juil 2016 - 14:56
Le vent caresse les quelques brins d'herbes assez fins, sec et seuls pour pouvoir pousser ici. Les roches craquent sous ses chaussure et déjà à l'horizon, l'aube semble se lever. La lumière est pale, aux couleurs aquarelles et le temps est magnifique. L'air frais s'engouffre profondément dans les poumons de Tom, il aime senteur des quelques fleurs qui logent sur ce sol trop aride et trop froid.
Il est partit très tôt, durant la nuit pour arriver ici. Il le fallait, c'était devenue nécessaire. Depuis son enfance, avec son frère et ses beaux-parents, le jeune homme n'était jamais revenu en montagne. Pourtant il les connaissaient toutes, toutes uniques, et si semblable en certains point. Belles et dangereuses, froides et rassurantes.
Tom s'assoit au beau milieu des perles de rosée matinale. Puis il sort son trépied, son appareil photo, choisit son objectif il y fixe un filtre polarisant. Il est prêt à accueillir le levé du soleil, à sentir la chaleur des rayons dilater sa peau, la sécher de toute l'humidité de la nuit. Par dessus tout, il est prêt à capter cet instant unique, du haut de son col. La naissance du jour filtrant à travers les montagnes est toujours un moment unique, magique même. Dans ces moments, ce que Tom apprécie par dessus tout c'est le silence, l'attente, le solitude. Tout se met en pause, se tait, en attendant la venue du chef qui orchestrera la journée.
Les grillons se taisent, seul un cours d'eau en contre-bas ose briser le silence, ruisselant calmement le long des galets froids.
Soudain, Il apparait, illumine les flans de montagnes du haut vers la bas. Pour Tom le temps s'est arrêté, il ne cesse de prendre des photos, en changeant les paramètres, testant de nouveau réglages. Il change la composition de sa photo, intègre un 1er plan plus large à ses photographies.
Tout cela lui rappelle son enfance, quand la montagne était son seul compagnon de silence, sa complice. Le temps passe et l'atmosphère se réchauffe, bientôt il devra redescendre, retourner à la ville. Là-bas où l'air est moins pur, où l'on se sent enfermé. A Pallatine, l'horizon n’existe pas, ou pire, il se fond dans l'air épais et pollué de la ville.
A présent, cela fait longtemps qu'il descend, il commence à avoir mal aux genoux, aux pieds. Mais il est heureux de cette expédition, elle l'a ressourcé d'une manière étrangement efficace. Le soleil commence à taper, Tom s'assoit donc à l'ombre d'un arbre afin de boire un coup. Il connait la montagne mieux que quiconque, il est au courant de ses dangers, ses caprices. Il le sent, il ne doit pas trop tarder, il aurait aimé passé la journée en montagne, mais dans la journée un orage viendra briser la montagne, se déchainer. Tom le sent, et il le sait, rien de plus dangereux ou terrifiant qu'un orage en montagne. Il veut à tout pris éviter cela.
Au moment de repartir, il aperçut une silhouette au loin, un mirage peut être? Pour en avoir le cœur net il sortit ses jumelles. Effectivement, c'est bien personne.
Mais qu'est ce qu'elle fait là ? Il n'y a rien là-bas, elle est loin de tout comment elle a pu se retrouver là bas ?
Elle est peut être perdu. Je devrais aller voir ça de plus prêt, elle est peut être blessée.
Il changea donc de cap et partit dans sa direction. Il accélérera, il ne fallait pas trainer. Il lui faudrait au moins deux ou trois heures pour aller là-bas, car il ne pouvait pas passer tout droit, trop escarpé. Il espérait que la silhouette ne bougera pas trop. Le temps lui était compté, les premiers nuages arrivaient et peut être l'orage aurait bien lieu, le temps en montagne est totalement imprévisible.
Après être redescendu, avoir contournée le pan trop raide de la montagne et avoir commencé à monter, Tom se rendit compte que la personne avait bougé. Il sortit de nouveau ses jumelles pour scruter l'horizon, elle ne devait pas être bien loin. Il ne vit rien pourtant.
Que faire, rebrousser chemin ? Le temps menace.. Il menace aussi peut être cette personne, essayons de se rapprocher encore un peu.
Plus tard il l'aperçut, elle était là-bas, vers les rochets, loin de tout. Elle ne s'était pas dirigé dans la bonne direction, elle s'éloignait encore plus de la ville. Tom s'approcha encore afin d'être visible et lui fit signe de loin. L'orage se faisait sentir. Une partie du ciel était encore bleue mais c'était sûr, son instinct ne le trompait pas, l'orage s'invitait petit à petit dans le décors.
Espérons qu'elle est juste perdu et qu'elle n'est pas blessée.