Dim 10 Sep 2017 - 22:36
Un soupir profond résonna sous la voûte du musée de Saint-Juré. Tobias avait posé une main sur le torse laissant ses poumons expirer l'air contenu, son corps exprimer son soulagement aussi gigantesque que palpable. L'expression de l'Autrichien était presque théâtrale tant elle semblait exagérée alors qu'il n'en était rien. Il était véritablement, et profondément, soulagé par les propos de la conservatrice. Tobias se retint même en posant une main sur un mur pour ne pas flancher. Il avait l'impression que ses jambes allaient se briser sous l'émotion.
« Danke... » dit Tobias, l'allemand reprenant le dessus tant il était plongé dans l'émotion de l'instant. « Merci, merci à vous. J'avais peur que... » Tobias s'humecta les lèvres, la gorge sèche. « Que vous me jetiez à la porte pour tout vous dire. Peu de gens apprécient les Indépendants. Je crois même que pratiquement tout Pallatine nous hait. »
Et quelque chose lui disait que ça n'allait pas continuer en s'arrangeant. C'était là le risque de vivre hors des règles qui régissaient Pallatine, de nager à contre-courant. Peu importait à l'Autrichien : il était prêt à payer le prix de son obstination. Il était de ceux à vouloir mourir debout plutôt qu'à genoux.
« Vous avez raison. Chacun a le droit de vivre comme il l'entend. Je n'accepte juste pas que certains, ou certaines, veuillent imposer leur point de vue comme s'ils détendaient le savoir. Si chacun acceptait d'être plus tolérant, Pallatine serait une cité bien plus douce où il ferait bon exister. »
C'était une chimère – comme tant d'autres – et comme leurs semblables Tobias tentait d'y croire, ne serait-ce qu'un peu. Revenant auprès du banc où ils avaient pris place pour observer ce tableau au sein du calme du musée, Tobias reprit son carnet. Sa main déchira consciencieusement le feuillet pour le détacher proprement du carnet et le tendit à Jade.
« Je vous l'avais promis. Il vous revient. »
L'homme jeta un œil à sa montre, fronça un sourcil à la vue des aiguilles indiquant une heure aussi tardive. Habituellement il se trouvait déjà chez lui. Il lui faudrait cheminer à pied jusqu'à son logis. Il fallait espérer qu'il ne croiserait aucune âme dotée de mauvais penchants au cours de son chemin. Refermant son carnet Tobias le glissa dans sa sacoche.
« Je devrais y aller. Le temps s'avance, la nuit s'annonce... Et vous devez être fourbue. »
Après une courte hésitation Tobias tendit sa main en direction de Jade, lui laissant la possibilité d'y répondre – ou non.