Zachary Robinson
Caractère
Histoire
Pendant longtemps, l'humanité a cru que la troisième guerre mondiale n'aurait pas lieu.
Tu l'aurais lu dans les livres d'histoire, si tu en avais eu l'occasion. Tu aurais pu apprendre qu'après des décennies et des décennies de tension, l'humanité pensait s'en tirer ainsi, sans plus de dommages que quelques conflits occasionnels et expéditifs. Elle fut détrompée le jour où le ciel s'embrasa - mais tu étais trop jeune, et pour toi, le ciel a toujours eu cette teinte orangée et sale, tu as mis du temps avant de comprendre que Pallatine avait un horizon pur, réel.
Ta berceuse était ces bruits constants de tirs et d'explosion - vous étiez sur le front, et vous aviez beau vous en échapper, il vous rattrapait toujours, car la guerre était totale -, et les lueurs de l'aurore étaient honnies de toi, car elles marquaient le début d'une journée de tumultes. Tu appréciais surtout le soir, quand tout le monde se regroupait devant le feu - la vie était devenue primaire - à danser sur des musiques traditionnelles. Il n'y avait pas beaucoup de technologie, chez vous, mais vous voyagiez, et vous voyiez bien qu'elle n'était là nulle part. C'était le désastre, comme un avant-goût d'apocalypse ; seules les armes fonctionnaient encore, et on savait que l'on pouvait aisément mourir, il suffisait d'appuyer sur un bouton. Le reste avait disparu ; personne ne connaissait plus un objet aussi basique qu'un réfrigérateur.
Mais tout cela, tu es trop jeune pour t'en souvenir.
Tes souvenirs de cette période sont presque effacés.
Un jour, toi et plusieurs gamins étiez partis jouer à environ trois kilomètres de l'endroit où vous aviez posé vos caravanes. Vous n'en aviez pas le droit : avec la guerre, les risques de se prendre une balle perdue, ou de marcher sur une mine, ou n'importe quel autre risque liés, vos parents ne vous auraient jamais laissé seuls dans la nature. Ils faisaient bien trop attention à s'arrêter dans des coins qui, à défaut d'être confortables, étaient au moins à peu près sûrs ; trois kilomètres, et vous étiez presque sur le front. Quelles armées s'affrontaient sur cette bande de terre désolée, malmenée par les impacts et gorgée du sang des combattants ? Tu ne l'aurais jamais su, de toute façon ; vous n'étiez plus très loin de la frontière, et peut-être même l'aviez-vous passée. Il y avait un petit cours d'eau, presque un filet qui méritait à peine le nom de ruisseau, mais c'était un trésor inestimable dans ce monde où l'eau était devenu un enjeu primordial. Toi et les autres enfants patageaient dans le ruisseau, vous lançant des gouttes d'une pureté rare, riant comme les enfants que vous étiez. Vos éclats ne pouvaient qu'attirer l'attention de gens mal intentionnés, et tu fus le premier à les remarquer. Ils portaient des uniformes d'un vert kaki, très probablement destinés à leur permettre de se fondre dans la nature, ainsi que de lourdes armes à feu qui brillaient d'un éclat mauvais. Ils vous encerclaient, et tout espoir de fuite était perdu.
L'un des gamins refusa de coopérer et commença à courir. Il aurait pu s'enfuir. Mais alors, un des hommes lui tira dessus. C'était un de ces soldats qui exercent le métier depuis longtemps, et qui visent bien. Une fleur rouge naquit sur son dos couvert d'un simple t-shirt blanc, alors qu'il tombait à la renverse. Quelqu'un se mit à hurler. Peut-être était-ce un autre enfant, peut-être était-ce toi. Mais ce hurlement déchira l'air et bientôt, il te fut impossible de résister aux larmes.
Tu perdis la notion du temps à ce moment-là.
Tu t'es battu. Parce qu'on t'a appris à te battre. Parce que même si on était en Europe, tous les cadres s'effondraient; Les droits de l'homme étaient bafoués à longueur de journée. Alors employer des enfants soldats, cela n'effrayait personne. Même les États-Unis le faisaient - même si en vérité, il s'agissait de l'ennemi. Peu importait, dans le fond, que ce fût une régression : cela constituait une main d'œuvre bon marché, après tout.
Il y avait tes camarades, avec toi. Tu tirais toujours du réconfort à l'idée qu'au moins, lorsque le repos survenait, toi et les autres enfants ticsáns étiez ensemble. Vous vous regroupiez dans le noir, les mains jointes, et vous chantiez à voix basse ces mêmes chants dont vos parents vous berçaient quand vous étiez plus petits. Vous rêviez de liberté. Vous souhaitiez retourner à cet état antérieur où vous apparteniez à une communauté bienveillante, où vous pouviez vous comporter en enfants. Vos réunions vespérales vous rappelaient que vous étiez un groupe, que tout irait bien tant que vous seriez ensemble.
Sauf que bien sûr, vous ne pouviez pas le rester à vie.
Ils finirent par mourir tous. Un à un.
Jusqu'à ce que tu te retrouvas tout seul.
Pour la deuxième fois de ta vie, on t'enleva.
Mais comme on te prit à tes ravisseurs, tu en fus beaucoup moins bouleversé.
Tu étais un adolescent désormais, et tu commençais à désespérer, sentant ton cœur se refermer un peu plus à chaque instant. Chaque mort que tu causais, chaque camarade que tu voyais tomber alourdissait un peu plus le fardeau de ton âme. Tu étais presque mort toi-même ; tu n'attendais plus que l'obus qui viendrait te déchirer, et te faire périr à ton tour. Tu ne connaissais que la guerre, et tu ne croyais plus à la paix. Mais il y avait des gens qui, eux, y croyaient. Qui se revendiquaient pacifistes et n'hésitaient pas à intervenir pour oser demander la fin du conflit.
Des idéalistes qui n'obtiendraient jamais gain de cause.
Malgré tout, tu te pris à leurs idées.
Parce qu'on te trouvait photogénique, on te plaça devant une caméra. Ce n'était qu'une vulgaire caméra HD, le genre de modèle que l'on trouvait à la pointe de la technologie au siècle précédent. C'était tellement arcaïque que beaucoup en aurait ri ; toi, non. Tu commenças à parler à la caméra, à dire ce que tu avais sur le cœur. Tu abandonnas ton ancien nom : on t'appelait désormais Zachary, sous prétexte qu'un nom anglo-saxon était plus facile à retenir que ton propre prénom (peut-être était-ce plutôt dû au fait que la femme t'ayant attribué ce prénom était Anglaise et avait perdu un petit frère ainsi nommé). Zachary, l'ancien enfant-soldat. Zachary, le nouveau messager de la paix.
Franchement, cela te plaisait bien, et tu t'épanouisssais dans ce rôle.
On t'écoutait.
Et plus le temps passait, plus ton audience se développa.
Ce n'est pas toi qui a choisi de te rendre à Pallatine. Un jour, tu étais près du front, à clamer tes envies de paix ; le lendemain, tu te réveillais dans une cellule aseptisée sans comprendre ce qui t'arrivait. Au départ, tu pensais à une armée qui n'avait guère apprécié tes discours, et qui avait trouvé le moyen de te faire taire. Et puis tu compris.
Tu as pleuré, quand tu as compris que tu ne pourrais plus sauver ton temps - que l'on ne voulait même pas que tu le sauves.
Mais tu t'es adapté, tu as suivi les cours, et tu es sorti à l'air libre. Aucune des diasporas ne t'avaient vraiment tenté, toutefois, tu avais appris l'existence de ce site qui était apparemment l'outil majeur de communication dans cette ville. Pallatine avait quelque chose d'archaïque - et c'était bien normal vu qu'elle se trouvait environ cent cinquante ans avec ta période -, mais elle était aussi plus technologique que ton propre temps. Au moins, ici, la vie quotidienne était plus confortable. Ce qui ne te détourna nullement de ton objectif. Car tu sentais bien la guerre latente : tu savais que yakuzas et gangsters n'attendaient qu'un bon prétexte pour s'étriper, que les altermondialistes, que tu avais commencé à fréquenter, étaient en réalité des terroristes en puissance qui utilisaient des moyens bien louches pour défendre leurs idées politiques, que les autres étaient simplement dévorés par leurs ambitions. Tu ne pouvais pas supporter ce déchirement.
Alors tu obtins ta première caméra, et tu commenças à t'enregistrer sous le pseudonyme de duralexsedlex. Dans l'espoir que cette fois, tu pourrais devenir un véritable messager de la paix.
Toujours Kaër, et après avoir fait le tri entre les dizaines de milliers d'idées de personnage que m'inspire ce forum, j'ai fini par choisir celle qui était la plus précise (et la plus originale de celles que j'avais) (enfin, original, c'est vite dit). Je ne suis pas adepte des doubles comptes sauf que les bons forums, mais en même temps, ce serait prétentieux de dire cela du mien, non ? Et si vous voulez en savoir plus, vous n'avez qu'à lire le poste de Seung dans le questionnaire, vous saurez tout sur moi, voilà.