when hell seems like one step away
j'avais le silence qui me mordait les joues.
je voulais juste un exemple. il disait qu'on pouvait changer d'avis et c'est exactement ce que je voulais faire. c'était impossible pour moi de mettre un pied dans sa machine.
(c'est les machines qui m'ont créé, nourri, fait grandir : c'est d'une logique implacable qu'elles me bercent jusqu'à une boîte en bois)
et j'attends : je veux juste voir. je ne veux plus discuter.
je veux retourner d'où je viens.
j'aurais cru que ma gorge se disloquerait sous l'impact de ces mots. de ces mensonges. mais non : j'ai les yeux qui appellent la pluie, et l'impression que l'air est lourd, et les bras comme du coton. je me rends compte que ce n'est peut-être pas des balivernes.
ça me terrifie. (mais quoi ? mes vérités ou retourner dans le passé ?)
mais je ne sais pas de quel futur il s'agit. j'essaie de faire revenir le scientifique celui qui sait et celui qui juge, celui qui ne s’embarrasse pas du reste et qui ne parle que par intervalle de confiance à 95%. alors comment pouvez-vous le savoir vous-même et nous renvoyez dans le bon espace-temps ? patrick avait l'air de ne pas trop s'y connaître. ça devait être un acteur -et tous les autres, derrière, à tirer les ficelles, je les imaginais avec des masques noirs sur les lèvres. pas sur les yeux : ceux qui se considèrent visionnaires n'ont pas ces artifices. y avait-il d'autres traîtres à l'institut ? sûrement. des natifs de pallatine, des agents de transfert même si ça se trouvait. des gens avec des accès aux dossiers, des gens qui savaient sûrement comment mettre l'institut à genoux. peut-être que l'argent servait à ça. à construire un plan. à réunir du matériel. et alors, ils nous ont sûrement reconnus ; et alors, ils nous emmènent dans un endroit où nous faire taire ; et alors,
je crois que j'ai du mal à différencier ma logique de ma paranoïa.
c'est comme regarder sa maison partir en flammes : regarder, regarder, sans rien pouvoir dire. laisser tout se déconstruire.