Ea Callaghan
Caractère
Histoire
"25/04/15.
Aujourd'hui, il pleuvait sur Pallatine. Pourquoi ai-je toujours l'impression qu'il pleut lorsque je ne me sens pas bien? A croire que le ciel se joue de moi. Ou bien peut-être est-il d'accord avec ma douleur? Il ne veut sûrement pas me forcer à être heureuse. De toute façon, il y a des jours où, malheureusement, ça serait peine perdue. Et aujourd'hui, tout particulièrement et depuis maintenant bien longtemps, c'en est un.
Il est 22H00, et je me sens obligée d'ouvrir ce journal. J'avoue me sentir un peu bête. Je n'ai pas raconté ma vie dans un cahier, comme n'importe quelle jeune fille de mon âge, depuis... Je crois que je ne m'en souviens même pas, en fait, tant tout cela me paraît loin. Parfois, il me semble avoir vécu deux vies. Et pourtant. Je n'ai que 21 ans. Alors pourquoi ce soir? Pourquoi pas hier? Et pourquoi pas demain? Je n'en n'ai pas la moindre idée. J'en ai juste besoin, ici et maintenant. Alors je le fais. Je crois que j'ai besoin de me souvenir de qui je suis et de ce que je fais là.
Car j'ai tué un homme.
Il y a quelques heures. Je ne l'avais pas prémédité. Ça s'est fait comme ça. Ce n'est qu'un constat, et il le méritait bien. Si ça n'avait tenu qu'à moi, il n'aurait même pas eu la chance de vivre ces trois dernières années en paix, croyez-moi.
Mais tout de même. Depuis que j'ai quitté la Terre et que j'ai dit adieu à mon clan, je ne m'étais plus servi d'une arme autrement que pour les entraînements drastiques que je m'imposais. Et le pire, c'est que c'est sans regret. N'allez pas croire que je suis quelqu'un de froid. Non. Je n'ai pas pour habitude d'ôter la vie. Mais de cette vengeance là... J'en avais besoin. Veuillez, je vous en prie, pardonner mon audace. Et cet acte contre nature. Car oui, je suis dans la mafia. Depuis toujours, ou presque, je crois. Je n'ai jamais rien connu d'autre que la violence et la mort, la traîtrise et l'appartenance à un groupe qui a ses propres codes, ses propres règles. Je n'ai jamais songé à y désobéir. J'ai vu ce que ça pouvait donner, jusqu'où ça pouvait aller. J'ai souffert le martyr de la perte d'un être ayant eu l'idée idiote de ne pas se plier à ces fichues règles.
Mon frère. Mon propre frère. L'espoir de la famille, grand, fort... Invincible. Il était mon modèle, celui qui m'inspirait pour être, chaque jour, plus forte. Il m'a tout appris. Il avait 20 ans. Il était jeune, rebelle, et si vivant...
Et cet homme. CET homme a qui j'ai, sans remord, logé une balle calibre 9 mm entre les deux yeux, en avait fait de même avec lui trois ans plus tôt. Je n'avais rien pu faire. Rien, à part hurler ma douleur dans les bras de ma mère, silencieuse et droite comme un "i", le regard lointain et la mâchoire serrée. Comme morte de l'intérieur avant que la détonation, qui ne m'était pourtant pas destinée, ne se fasse entendre.
Parfois, lorsque je m'endors, il m'arrive encore de sentir la chaleur et la force de ses bras de grand frère protecteur autour de moi. Sa voix rassurante qui me berçait et me disait que tout irait bien. Et le parfum qui émanait de sa peau... Un parfum de liberté. Son visage, flouté par le temps, l'absence, et le déni de réalité, se dessine alors devant le mien. J'ai l'impression d'entendre son rire résonner depuis les tréfonds de ma mémoire. Et je murmure son prénom, m'imaginant que si je regagnais ma maison, là-bas, sur Terre, il m'attendrait, entouré de nos parents. Son fusil de chasse pendu à l'épaule, vêtu de sa chemise de coton blanc et de son pantalon brun maintenu par des bretelles, comme toujours. Mais, au fond de mon coeur, je sais que tout cela n'est qu'une illusion. Je dois bien être la seule habitante de cette ville à ne pas rêver de retourner d'où je viens. Car ça serait devoir accepter, pour toujours, qu'il ne rentrera pas.
Alors oui, je me suis vengée. Je l'ai vengé LUI. Mais, pourtant, mon coeur n'est pas en paix. Je pensais que le manque s'atténuerait. Mais c'est pire. Il est encore plus présent. Et je pars en lambeaux en même temps que les larmes roulent sur mes joues. Vouloir la mort de cet homme me donnait un but. Une raison de vivre et de me battre comme une enragée. Mais maintenant. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire? Cette vie de gangster. Cette vie-là je n'en veux pas. Ce n'était que pour parvenir à mes fins. J'avais quitté l'Irish Mob, la mafia irlandaise à laquelle appartient ma famille, pour rejoindre celle d'Al Capone ici, dans l'unique but de retrouver le monstre qui avait brisé ma vie. C'est à cause de lui que j'ai, un beau matin de septembre, quitté le domicile familial, sur la pointe des pieds, ma valise à la main. J'avais eu vent de son départ pour la ville hors du temps. J'avais décidé que, coûte que coûte, et même si je devais y laisser ma propre peau, je le suivrais. Je ne le laisserais pas s'échapper avec les mains couvertes du sang de Craig.
Ce jour-là, je portais une robe blanche à imprimés fleuris. Et une capeline de feutrine bordeaux. Il était 6H00 du matin, et j'embrassais pour la dernière fois mes parents encore endormis, qui ignoraient tout de mon projet, et du mot qui leur expliquait mes raisons sur la table de la cuisine. Ce jour-là j'ai tourné une page importante de ma propre histoire. Et j'ai fait un grand pas vers le futur.
Depuis je vis une demi-vie dans une diaspora qui m'a, bien sûr, tout de suite acceptée. Pensez donc! Je n'ai peut-être pas le physique et la tête de l'emploi, mais j'ai l'expérience. Et la maîtrise de moi-même nécessaire. Et pourtant. Je ne suis pas méchante. Je ne veux que le bien des gens qui m'entourent. Je veux juste aider. J'ai mal au cœur. mais je ne sais pas pourquoi. Je voudrais pleurer, mais je n'y arrive pas. Alors rien ne vient. Et je reste avec cet étau qui m'enserre la poitrine. Comme si j'étais incomplète. Comme s'il me manquait l'essentiel.
Je me cache. Depuis toutes ces années je fais partie du décor et l'on m'a oubliée. On me laisse dans mon coin. Je reste observatrice. J'aide si l'on fait appel à moi. Je suis le chef de mon propre gang. Le gang du souvenir. Souvenir de mes jeunes années. De ma famille. De l'Irish mob. Des messes le dimanche, en famille. Comme tous membres respectables de la mafia, et tout bons irlandais, nous étions très croyants. Cependant, aujourd'hui, je crois que j'ai perdu la foi. Qui pourrait encore croire à un dieu après avoir perdu d'une manière aussi brutale la personne que l'on aimait le plus? Mais, surtout, qui pourrait croire que l'on se sent encore plus vide lorsque l'on s'est vengé...
Je désespérais de retrouver un peu d'humanité quelque part. Mais, finalement, je me demande si ce n'est pas moi qui ai perdu la mienne. Alors maintenant, je pars à sa recherche. J'en ai assez de haïr. A présent, je veux aimer. J'en ai assez de survivre. A présent, je vais vivre. Il est temps que je tourne la page sur ce passé qui me ronge. Ce soir, en écrivant dans ce carnet à l'encre de mes veines, j'ai versé mes dernières larmes. Ce soir, avec cet homme, j'enterre la douleur et la rancœur. Ce soir, je repars à zéro. Ma vie sera synonyme d'espoir. Mais avant de refermer ce cahier pour toujours, laissez-moi écrire ceci encore une fois:
Aujourd'hui, il pleuvait sur Pallatine. Il pleuvait et j'ai tué un homme. Sans éprouver le moindre remord."
Je souris et regardai les pages se refermer naturellement, pensivement. Il n'y avait qu'un mois que j'avais écrit ces lignes. Un mois, et pourtant. J'avais l'impression qu'il y avait déjà un siècle. J'avais fait tellement de choses, depuis... Réappris à vivre. A apprécier la sensation du soleil qui annonçait l'été sur ma peau. A rire. A me laisser atteindre. Et sachez que lorsque l'on est restée repliée sur soi durant un temps infini, ce n'est pas parfait. Loin de là. Parfois, je dois me faire violence pour ne pas laisser la mélancolie m'envahir à nouveau. Je me dis régulièrement qu'il me faudrait songer à trouver une épaule solide sur laquelle me reposer. Mais je suis trop occupée pour y penser réellement. Car depuis quelques semaines à présent, je m'investis réellement dans ma diaspora. Non que je me sois remise à tuer. Au contraire. J'ai décidé de mettre à profit ma place parmi eux, et j'ai rejoint la partie Irlandaise, spécialisée dans les arts du spectacle, du cirque... Je suis devenue chanteuse, danseuse et musicienne, des choses que j'ai appris à faire depuis que je suis petite. Et...
-Ea! On a une répétition dans cinq minutes! Dépêche-toi!
Je me retournai, la voix perçant l'air à travers la fenêtre ouverte me faisant sursauter.
-J'arrive! répondis-je une fois revenue de ma surprise.
Et bien en fait... Voilà. Je n'ai pas grand chose à ajouter. Tout est là. Je n'ai plus qu'à aller les rejoindre. S'il manque un membre à un groupe, c'est beaucoup moins intéressant.
Comment ça, cela sonne comme une fin? Non non, vous vous trompez. Ce n'est que le début, croyez-moi...
Ah! Encore une chose, avant d'y aller. Ça y est. Je suis prête. A quoi?
.....
A revenir sur Terre, pardi!
Moi, c'est Opa. :)
J'ai 21 ans, et je fais mes études avec mon amour de Ohanzee depuis déjà trois ans. <3 Je suis passionnée de danse, de chant, et de musique, même si je ne sais jouer.... de rien du tout réellement. Je me contente de chanter. Surtout quand ça saoule tout le monde. ^^ Et je suis tout le temps de bonne humeur (enfin, la plupart du temps XDXD). J'adore aussi lire écrire, et dessiner. Bref, j'aime trop de trucs, donc je vais m'arrêter là, sinon j'en ai pour trois ans. :3
C'est mon premier compte ici, et mon deuxième forum rp!! :3