Dino Da Valle
Caractère
Histoire
Prit d’une certaine nostalgie, la bonne nostalgie, celle qui vous arrache un sourire et qui vous aide à vous sentir bien, l’italien sortait son ancien journal qu’il gardait bien caché, sans doute pour ne pas l’exposer à la vue de tous et conserver un semblant de fierté. Au coin de sa baie vitré, il s’appuyait contre le mur, le journal dans une main, un verre de whisky dans l’autre, il feuilletait ses récits de jeunesse, il survolait quelques passages, en lisant d’autres avec plus d’attention. Un petit sourire naissant à la commissure de ses lèvres.
18 octobre 1984
Faire part : naissance du petit Dino. « Je pèse 3,186kg pour 52 cm. J’ai déjà la crinière blonde de mon père. » Le faire part se trouvait glissé entre les premières pages.
30 septembre 1992
Mama est venue me chercher à l’école en me criant dessus en italien, elle m’a donné pleins de noms d’oiseau en me ramenant à la maison. Elle hurle tout le temps « heureusement que ce n’est pas papa qui a apprit que tu t’étais battu, tu te serais prit une sacré fessée mon garçon, je peux te l’assurer ! » Je n’y peux rien, l’autre idiot de la classe m’a cherché et je me suis mit en colère. Mama dit que je suis trop comme papa, que j’ai le sang chaud et que je suis instable, qu’est-ce que ça veut dire ? Elle ne m’a pas trop expliqué, elle m’a juste dit de prendre sur moi et d’écrire un journal ou d’en parler à une grande personne pour éviter de recommencer.
13 décembre 1995
Je rentre à la maison et je vois un étrange homme à la maison, accompagné de deux femmes qui semblent triste. Je file dans ma chambre en faisant semblant de ne rien avoir vu. Dans le fond je me demande pourquoi elles avaient l’air si triste. Ça me démange, non, c’est une question qui me brûle les lèvres. Quand Mama vient me voir pour me dire que le dîner est prêt je lui pose la question. Son sourire change avant qu’elle ne me réponde « tu comprendras quand tu prendras les affaires de ton père. » Qu’est-ce qu’elle veut dire par là ?
24 mars 2001
Je tente désespérément d’oublier les affaires du daron Da Valle, je me passerais bien de toutes leurs conneries illégales, fils de gangster ou non, je ne veux pas les suivre dans tout ça. Je veux tout simplement qu’ils me laissent le droit de suivre ma voie, j’ai envie de chanter dans les petits cafés concerts du coin, juste me faire un autre nom, ne pas être pointé du doigt parce que je suis le fils Da Valle, sûrement trop demandé. J’erre tranquillement pour tenter ma chance, juste un patron accepte pour que je puisse chanter d’ici quelques semaines. Dans le fond, je sentais qu’il se fichait pas mal de qui j’étais vraiment, il voulait juste de l’animation. Ce n’était pas énormément rémunéré mais je m’en fout pas mal, je voulais juste emmerder le daron et tenter ma chance ailleurs que dans l’illégalité.
06 avril 2001
Ce soir-là je me retrouvais seul, seul face à toute une foule, après avoir désobéit à Mama, mais il le fallait même si je me prenais une bonne correction en rentrant. Leurs regards oppressants braqués sur moi, je tente tant bien que mal de vaincre la boule que j’avais au ventre. J’oublie les gens petit à petit, je me lâche et chante comme s’il n’y avait plus que moi. Des applaudissements quand j’avais terminé, j’étais surpris face à tant d’enthousiasme. Je descends de scène pour rejoindre le bar et prendre de quoi me rincer le gosier, l’envie de m’alcooliser est présente. Je commande un verre et puis cette fille arrive. Elle me sourit d’un air naïf, bon sang ce qu’elle pouvait paraître niaise. Elle ne dit rien, elle reste simplement près de moi à attendre le cocktail de pétasse qu’elle vient de commander. Je fais mine de l’ignorer, je sais très bien qui elle est. Une pauvre cruche qui me suit dès que j’ai l’occasion de chanter, elle n’a pas raté un seul de mes passages sur une petite scène. Le serveur apporte les verres et repart aussitôt. Je ne daigne pas à poser mes yeux sur elle, je les laisse rivés droit devant moi. Elle penche la tête sur le côté, ouvre la bouche pour tenter de dire un truc. Un instant d’hésitation avant qu’elle ne se décide finalement à me parler. C’était plus grave que ce que je pensais, elle était raide dingue de moi, une pauvre fille qui ne me connaissait pas ailleurs que sur scène. Pauvre d’elle. Je joue à son jeu, je fais mine d’être intéressé, elle s’emballe. Je commande un deuxième verre, une longue conversation en vue avant que je ne puisse finir dans son lit.
J’essaye de me faire désirer, au final elle m’amène chez elle après avoir fini son deuxième verre. Sans vraiment réfléchir, je l’embrasse, lui dévore les lèvres avec un semblant de passion en caressant sa fine taille. Elle s'enflamme un peu trop et brûle les étapes. On fini dans son lit, elle a été mon jouet le temps d'une soirée. J’affiches un sourire satisfait avant de me rhabiller et de rentrer pour me prendre une bonne correction par Mama.
03 janvier 2002
Le daron a fini par me mettre à la porte, exténué de mon comportement dissident, du fait que je ne veuille pas me joindre à sa foutue diaspora, parce que moi je veux vivre normalement. Je vais me démerder seul, même si Mama est triste de me voir partir si vite. Je suis grand maintenant.
29 novembre 2004
Je la vois arriver devant ma porte, je l’observe depuis le judas. C’est pas vrai. La revoilà. Un vrai pot de colle, une vraie désespérée. Cette pauvre fille qui m’avait vu à une fête après voir un peu trop consommé d’alcool et toutes autres substances, on était pas très biens à ce moment-là. Bon sang, elle m’a retrouvé jusque chez moi. Elle est persuadée que je suis l’homme de sa vie et tout le ramassis de conneries pleines de sentiments à gerber. J’ouvre la porte au bout de quelques minutes, elle est coriace, c’est pas vrai. Elle me sourit niaisement en me saluant. Pauvre fille. Je lui souris en retour, mon sourire de façade, parce que dans le fond j’en ai rien à carrer d’elle. Elle recommence à sortir ses foutaises dégoulinantes de sentiments. Bordel, j’ai juste envie de me casser loin d’ici, elle comprend pas que je veux pas de gosse, que je veux pas de copine. Elle m’agace. J’ai envie de la faire taire, je soupire, elle me prend les mains pour que je pose mon attention sur elle. Qu’elle est gavante. L’envie de lui dire de se la fermer devient presque irrépressible. Mais je profite un peu de sa bêtise et de sa naïveté, je pose mon doigt sur ses lèvres pour qu’elle cesse de déblatérer. Elle comprend ça autrement. Bingo. Elle pose ses lèvres contre les miennes et c’est reparti pour profiter d’une idiote.
08 décembre 2004
Encore une fois, je suis tombé sur une cougar, elle aurait l’âge d’être ma mère. Encore une fois je la renvoie après avoir fini nos affaires, pas besoin de tendresse, j’en ai rien à faire de ces conneries. Je lui claque les fesses avant qu’elle ne passe le pas de la porte. Je ne m’attendais pas à voir le pot de colle à mon pallier. Elle me regarde, les yeux écarquillés. Je l’avais prévenu que je n’étais pas un prince charmant, et encore moins celui qui était fait pour elle, elle ne m’avait pas cru. Elle vient d’en avoir la preuve. Elle repart en pleurant, je me contente d’hausser les épaules quand l’autre femme me regarde d’un air accusateur, je n’y peux rien si elle s’est accrochée à moi, je ne sortais même pas avec elle. Je fais un vague signe de la tête à l’aînée pour qu’elle se casse. Bon dieu je suis pas le mari idéal, arrêtez de m’idéaliser. Désolé Mama, je sais que tu ne voulais pas que je sois comme ça, mais pour moi les femmes ne restent que des objets, sauf toi.
16 août 2007
Un appel brise le silence de la pièce, un foutu appel qui me réveille. Je décroche sans prendre peine de regarder qui ose me déranger. Pas un bruit de l’autre bout du fil. Je m’impatiente et songe à raccrocher avant d’entendre de vagues sanglots, une voix tremblante. Une voix bien familière, c’était Mama. Pour qu’elle m’appelle si tard, ce n’était pas bon présage, elle n’osait jamais me déranger. Elle met du temps avant d’arriver quelques mots sans fondre en larmes. Je comprends plus ou moins la situation avant qu’elle n’arrive à expliquer. Le daron Da Valle n’était plus, malgré cette sensation de soulagement, je ressens une légère douleur dans la poitrine, même si je ne l’appréciais pas, la famille c’était sacré. Il s’était fait avoir par un concurrent, il avait sûrement tenté d’empiéter sur son terrain.
Mama me serre dans ses bras en pleurant. Je ne l’avais jamais vue autant pleurer. Elle ne cesse de sangloter, elle se calmait difficilement, hoquetant entre deux pleurs. La situation familiale est pour le moins compliquée désormais, étant fils unique, il n’y avait d’autre successeur que moi pour les affaires du père. Je regarde le vide en réfléchissant. Je n’avais pas réussi à percer dans la chanson, la seule option qui se présente à moi est de reprendre les affaires du vieux. Chose que je pensais impensable à mes dix-huit ans. Finalement il m’aura fallut cinq ans et la mort du vieux pour prendre du recul. C’est fou.
Il tournait les autres pages, il ne restait que du blanc dans ce carnet bien trop épais. Il n’avait pas prit la peine de réécrire dessus depuis qu’il avait prit la succession du père Da Valle, par contrainte de temps ou parce qu’il jugeait bon que désormais il pouvait exploser si la colère le rongeait. Dino refermait son journal avant de le ranger à son emplacement. Il finissait son verre de whisky avant de s’allumer une cigarette qu’il glissait au coin de ses lèvres. Un vague sourire aux coins des lèvres.
C'est Zhu, again. Je viens vous polluer avec un autre personnage parce que j'étais tentée de faire un personnage comme ça. Voilà, j'ai rien de plus à dire. Je crois. Ah si je sais quoi dire de plus, j'vous aime.