Histoire

Mon regard était planté vers le plafond d’un blanc quasiment sans impuretés. J’étais assis là, tranquillement sur ma chaise de bureau, les pieds sur celui-ci et les jambes croisées. Mes mains étaient elles aussi jointes sur mon ventre, l’une de celles-ci tapotant le dos de la seconde. Je faisais le vide dans ma tête, fermant les yeux, respirant calmement. Un tas de dossiers étaient empilés sur mon bureau mais ça ne m’importait que peu pour le moment. Tout homme a le droit de prendre du repos quand il le désire, même si c’est au travail et même s'il est directeur depuis quatre ans maintenant.
Un bruit strident retentit finalement, mes paupières se levant à cause de celui-ci. Je lâchai un soupire de désespoir, ma pause était terminée. Tandis que je me reposais comme il se doit sur ma chaise bien confortable, une jeune femme bien stéréotypée secrétaire ouvrit l’une des double portes de la pièce. Elle se dirigea vers moi, tenant un dossier qui allait probablement encore s’entasser avec les autres.

Je me penchais pour attraper le dossier qu’elle me tendait et le posai finalement sur mon petit tas de dossiers qui étaient déjà présents.


Je lui offrais un mince sourire et elle se retira sans plus de cérémonies.
Une fois la porte fermée, je me décidai finalement de me pencher sur la pile présente sur mon bureau. Je pris celui qui se trouvait en dessous, c’était le plus ancien et, je me devais de m’en occuper avant les plus récents. Mon regard vaquait sur les feuilles, étudiant chaque syllabe du dossier présent.


Cet homme semble être avec ma secrétaire personnelle, la connaissant, j’étais quasiment certain qu’il ferait un bon candidat pour la diaspora.


Je la parcourais du regard, la dévorant si l’on peut dire. Certes, j’aime prendre du temps pour me reposer mais, quand je me mets au travail, je ne tire pas au flan. Je reposais le dossier sur le bureau, craquant mes doigts avant de les diriger vers le clavier.


Voyons voir. Son dossier semble concorder avec son rapport de l’institut, aucune erreur ne s’y étant glissée, tout semble clair, précis, comme je l’aime.
J’approchais alors la main des deux tampons posés sur le coin supérieur droit du bureau, m’emparant de celui-ci encré de vert. Je l’apposai sur la couverture du dossier, dans la case adéquate, m’emparant d’un stylo noir des plus élégants et signant avec grâce juste en dessous de l’estampe fraîchement placée.
Ma bonne action de la journée venait d’être accomplie, ma secrétaire allait peut être arrêter de tirer la tronche constamment en entrant dans mon bureau pour retrouver son sourire passé. Mais bien sûr, ce n’est pas pour son joli minois que je l’ai acceptée. Le candidat correspondait parfaitement aux critères de notre diaspora. Je déposais par la suite le dossier sur la pile encore vide de personnes à intégrer, car oui, c’est une chose rare que j’accepte une personne, et en pris un second, me remettant à la tâche. Il était seulement dix heures.


Ma main était posée sur le tampon encré de rouge, signalant le refus d’une entrée dans la diaspora. Erwald a été le seul chanceux du jour visiblement. Je me penchai pour appuyer sur un bouton présent sous mon bureau, histoire de ne pas appuyer dessus par erreur s’il était présent au dessus et ma secrétaire vint à ma rencontre. Tandis qu’elle s’avançait encore vers moi, je lui désignais les deux piles de dossiers en regardant l’heure.


Elle prit pour commencer la pile des refusés et s’empara par la suite du dossier validé. Je fixais son visage en plissant les yeux, tâchant de déceler le moindre mouvement de pors de son celui-ci et je vis ses deux coins de lèvres se hausser légèrement. Un sourire se dessina sur mes lèvres par la suite.


Je penchais légèrement la tête sur le côté, la regardant toujours, de travers sur ma chaise de bureau, machonnant l’embout du bic présent en main droite, un sourire toujours présent, dévoilant un tant soit peu mes dents.


Elle avait visiblement le don de gâcher les choses. Je replaçai donc le bic sur le bureau, redressant le buste en m’étirant. Un long soupire s’en suivit et je me redressai, me dirigeant vers le porte manteau présent à l’entrée. Azalée avait déjà pris les devants tandis que j’enfilais ma veste d’un noir de jais. Elle était parfaitement taillée pour ma taille, mon couturier a fait du bon travail, une nouvelle fois. Je m’emparai de la cravate rouge présente dans la poche interne de celle-ci et commençai à la nouer en Eldredge, trouvant ce noeud bien plus appréciable visuellement qu’un noeud banal.


Mon regard parcourait la fiche, ne prêtant même plus attention aux dires de celle-ci. J'acquiesçais pour moi même, remuant légèrement les lèvres en répétant dans ma tête ce qu’il était indiqué sur ce pense bête.


Je me suis alors dirigées sur le piedestal, m’ancrant bien au sol et joignant les mains dans mon dos. Mon regard était dirigé vers la caméra qui allait filmer mon discours et j’attendais le signal du caméraman pour commencer. Je le vis lever la main, présentant trois doigts. Il les baisse tour à tour jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que son poing de visible. Je pris alors la parole après quelques brefs instants.


Je déblatérais en fixant l’objectif, restant des plus stoïque, dévoilant à tout un chacun ce qui devait être dit.


L’aube venait de pointer le bout de son nez et je regardais la beauté d’un tel moment depuis la tente dans laquelle j’avais passé la nuit. Le diaporama était magnifique, de l’eau à perte de vue, des couleurs rougeoyantes dans le ciel et de l’autre côté, des falaises plus majestueuses les unes que les autres.
Je commençais à remballer ma tente, dégonflant le matelas présent dans celui-ci et plaçant le tout sur mon gros sac. Mon regard vaquait par la suite sur l’autre tente, qui était encore fermée.


Je le vis par la suite sortir de celle-ci, la mine encore marquée par la nuit qu’il venait de passer. J’aurais même pu déceler un peu de salive sur le coin de ses lèvres. Il semblait de mauvais poil, comme tous les matins je pense. La preuve, il m’avait balancé son oreiller en pleine figure, ce qui me fit rire bien évidemment. J’apprécie énormément l’ennuyer. Surtout dans de tels moments où nous ne sommes que deux, hors du temps et du monde.
Il commença à remballer sa tente à son tour, rangeant ses affaires là où elles devaient être et passa les mains dans l’eau pour humidifier son visage.


Je m’approchais de lui en tenant en main gauche un gros caillou, allant lui tapoter l’épaule de l’autre avec un sourire en coin bien marqué, penchant la tête près de la sienne pour lui chuchoter.


Une fois reculé, je pris la pierre des deux mains et la balança dans l’eau juste devant lui pour que le tout lui éclabousse le visage et même le torse. Que je peux être agréable de bon matin. Enfin, ce sont ses dires. Je trouve simplement que je fais passer le temps avec de bons moments de rigolade.
Quelques minutes plus tard, nous plaçames nos sacs sur nos dos et nous nous sommes mis en route le long de la falaise, en contrebas. J’étais à l’avant, le guidant lors de notre randonnée, comme durant toutes celles que nous avons déjà fait d’ailleurs. De gros rochers étaient présents devant nous. Je pris les devants et montai sur le premier, me tournant vers mon frère pour lui tendre la main, voulant l’aider.
Mais, tandis qu’il commençait à tendre sa main vers la mienne, je retirai la mienne, décidé à le laisser monter de son propre grès. Je le vis soupirer, ce qui me fit amuser au plus haut point. Mes vacances ne seraient pas des vacances si je ne les partageais pas avec lui. Il sait comment je suis et, il tombe toujours dans le panneau et, le connaissant, je sais exactement les réactions qu’il aura à chaque fois, ce qui confirme toujours mes pensées et qui me satisfait au plus haut point.
Nous continuames notre avancée sur les rochers, observant le paysage qui nous était offert.


Je m'arrêtais donc pour me tourner vers lui et le regarder, pointant du doigt l’endroit auquel je faisais référence.


Je m’approchais de lui pour placer mon bras gauche autour de sa nuque, le regardant d’un air protecteur.


Il acquiesça simplement, m’offrant un mince sourire. Nous étions restés là pendant quelques minutes à regarder l’horizon avant de reprendre notre route pour visiter un peu plus les falaises de notre belle ville de Pallatine.