Il n'était pas fait pour se battre. La preuve. Emporté par son propre élan, Tobias passa à côté de l'homme roux qui sut l'esquiver, s'écrasa sur le pavé. Le choc lui fit serrer les dents. Sous ses yeux la lame brilla alors que son adversaire frappait un allié. Ce n'était plus que la guerre, le chaos et Tobias ne savait que faire. Hormis frapper, tenter de séparer les belligérants, aider ceux dont il avait rejoint le camp. L'Autrichien ravala ses mots, se relevant malgré ses articulations douloureuses, malgré la voix qui lui hurlait de fuir, de courir loin de cet endroit. De ce parc qui allait se transformer en charnier.
Ses mains se tendirent vers l'homme roux avec l'intention d'encercler son cou. De l'obliger à ployer, à abdiquer.
Naga avait été pris au dépourvu, mais ses réflexes n'étaient pas mauvais : à défaut d'avoir pu terrasser son deuxième adversaire comme le premier, il avait réussi à le mettre hors d'état de nuire. Il regarda l'Iwasaki s'effondrer à cause du choc, mais il était encore conscient. Mieux valait ne pas trop s'attarder dans le coin, les choses allaient devenir dangereuses pour lui. L'adversaire que Naga avait visé s'était malheureusement décalé : il n'était plus visible, peut-être parce qu'il avait entendu le bruit de son camarade qui tombait au sol. Les fourrés n'aidaient pas du tout Naga qui se décida à en sortir, mais force est de constater que se repérer dans cette végétation sauvage n'était pas aisé. Il risquait à chaque instant de se prendre les pieds dans une racine, et les mauvaises herbes non-éradiquées avaient tendance à ralentir sa progression. Nul doute que son pantalon serait bon à jeter une fois la bataille terminée. Aucun vêtement ne pouvait résister à tant de pression. Peut-être parce qu'il se préoccupait trop de son pantalon, ou parce qu'il était focalisé sur l'idée de ne pas traverser le champ d'orties qui se trouvait face à lui, Naga fut un peu pris par surprise lorsqu'il tomba nez à nez avec un Iwasaki de grande taille - donc pas un petit Coréen. La bonne nouvelle étant que son adversaire avait l'air aussi surpris que lui. Mais allait-il réussir à neutraliser un tel monstre au sourire si vicieux ?
C'est à peine si son coup de pied porte ses fruits : Seung Joo se sent frustré. Bon sang, ne sont-ils pas censés s'attaquer à des militants écolo pacifistes (avec Naga en chef de file, arguant qu'il ne veut pas frapper plus faible que lui alors qu'il ne veut simplement pas se battre) qui n'auraient pas les moyens de se défendre ? Ce type est bon, beaucoup trop bon. Assez en tout cas pour lui asséner un coup de batte en plein menton. Seung Joo, cette fois, se plie en deux en se tenant la tête. Voilà qui le fait vraiment souffrir. Avec rage, il s'écrie : « Le salaud ! » ; personne ne comprend le sens de son interjection, à part si quelqu'un dans l'assistance parle sa propre langue. Heureusement pour lui, son allié blond s'en prend au roux, qu'il essaye d'étrangler. Seung Joo veut se porter à son secours, mais il repère une présence derrière lui, visiblement ennemie, qui menace de se jeter dessus. Le taré à la batte peut attendre : Seung Joo attendra qu'il se soit dégagé pour s'attaquer à nouveau à lui, la faute à un curieux sens de l'honneur qui l'amène à ne pas frapper un ennemi en mauvaise posture. Son nouvel adversaire est plus grand que lui, mais qu'importe ; Seung Joo se relève d'un bond, prêt à se jeter sur lui.
Le son caractéristique des dents qui claquent les unes contre les autres, des mâchoires qui s’entrechoquent sous l’effet d’une brusque pression – clock. Tu ricanes à demi, fier d’être parvenu à repousser ton adversaire, et même si tu ne comprends pas ce qu’il jure, tu te doutes qu’il ne prononce pas de jolis mots doux. Bien fait : maintenant il s’y reprendra à deux fois avant de s’attaquer à plus roux que lui. Prudence qui, en revanche, n’est pas l’apanage de son allié ; le grand blond n’a en effet que faire des règles du combat singulier et entend le faire savoir en t’agressant dans le dos, ne te laissant guère la possibilité d’esquiver. Tu sursautes à ces doigts autour de ton cou, soudain pris au piège, début de panique, panique de merde, te retiens de lâcher ton arme pour tenter de te dégager à mains nues – et grognes malgré l’air qui vient à manquer : « Lâ... Lâche-moi ! » Comme s’il allait t’obéir. Et l’autre qui n’en profite pas pour renchérir, préférant s’occuper du nouvel intervenant lancé à ta rescousse. Qu’importe ses véritables motivations ; toi tu te débats, t’agites tel un petit diable pour t’extraire de cette prise, et tant mieux si au passage tu écrases quelques orteils, fracasses un nez ou percutes plusieurs côtes. Il faut absolument que tu échappes à cette emprise.
Sous ses doigts Tobias sentit les pulsations du cœur de Cameron comparables à ceux d'une proie acculée refusant d'abdiquer. Le roux ruait, tentait de s'extirper de son emprise – avec brio. Le nez de Tobias craqua avec un bruit de bois mort alors que le crâne de Cameron le percutait. L'Autrichien relâcha l'homme, portant les mains à son appendice nasal tentant de refluer la douleur, piquante. Le sang s'écoulait de ses narines, goûta sur ses lèvres. Sa langue vint happer le liquide, laissant la saveur se répandre dans sa bouche.
Il n'aurait su dire si ça avait été exaltant ou clairement troublant. L'Autrichien ne savait qu'une chose : il allait devoir se battre. Le conflit était engagé. Rentrant la tête dans les épaules, il ferma son poing prêt à frapper Cameron là où il pourrait.
Le colosse était impressionnant, mais il n'était pas invincible. Retrouvant ses réflexes de boxeur qu'il croyait perdus, Naga encaissa un coup sans broncher avant de brandir son taser. Une petite décharge plus tard, le yakuza se tenait au sol, paralysé. Il était sans doute encore un peu dangereux pour quiconque se tenait à proximité de lui, par conséquent, Naga préféra s'éloigner rapidement, au cas où l'idée saugrenue d'attraper les chevilles de l'Inuit serait venue à cet ancien adversaire. En dehors des buissons, les combats étaient un peu plus denses, et Naga n'avait pas besoin de faire beaucoup de chemin pour se trouver un adversaire. À vue de nez, les deux groupes étaient à peu près du même nombre, mais il n'avait pas le temps de poursuivre davantage son analyse, ni de repérer Hwang, Cameron et un dernier combattant blond un peu plus loin - jolies couleurs de cheveux, d'ailleurs. À peine s'était-il éloigné de quelques pas qu'il rencontra deux adversaires enragés qui se précipitaient vers lui. Là, ça sent le roussi.
La situation avec le roux semble pour le moment correcte ; elle va vite dégénérer, mais Seung Joo fait confiance à son allié blond. Il continue de le surveiller du coin de l'œil, au cas où ; le problème, c'est qu'ils ne peuvent guère trop tarder, sinon le combat sera emporté par le plus endurant. Le Coréen n'a absolument aucun doute sur la sienne : il passe son temps à se battre, il devrait donc pouvoir s'en sortir sur le long terme. Est-ce le cas de l'indépendant qui le soutient ? Il n'a pas l'air très sportif, malheureusement. Et puis, Seung Joo veut tout de même en finir le plus vite possible, pour des raisons de fierté. Si de simples militants un peu hippies leur résistent et leur empêchent de faire ce qu'ils veulent dans ce quartier, c'est l'honneur de la diaspora qui est en jeu. Seung Joo se fiche des répercussions que cela peut avoir sur les Iwasaki, mais sa diaspora, quand même... Et puis, une tête blond platine familière attrape son attention. Il n'y a pas beaucoup de types avec des cheveux quasi blancs, et Seung Joo hurle : « Eh, Umiaktorvik ! » avant de se jeter sur un brun qui se trouve entre lui et l'inuit.
Respirer. Tu ne penses plus qu'à ça jusqu'à entendre ce répugnant craquement, ce bruit de cartilage qui encaisse ta riposte une seconde avant que tu ne sentes les phalanges de ton ennemi libérer ta gorge – prends-toi ça, charogne, ça t'apprendra. Ce n'est pas assez pour l'étourdir, néanmoins, et il faudra davantage qu'un filet de sang pour retenir le blond puisque tout juste as-tu récupéré ta trachée qu'il se jette de nouveau sur toi, étrangement galvanisé par le goût du rouge sur sa lippe. Tu sursautes, tant pour esquiver le coup lancé qu'au cri de l'Asiatique dans ton dos, surpris de saisir au vol ce nom que tu connais bien, et pour cause, il n'existe pas trente-six gaillards avec un patronyme aussi imprononçable que celui-ci. Tu ne bronches guère plus cependant, trop occupé à fixer ton adversaire direct, concentré sur ta respiration quelque peu à la peine, songeant simplement qu'il y a des gants de boxe qui se perdent. Puis tu repars à l'assaut, batte levée, près de l'abattre sur les épaules du guerrier pacifique en face de toi.
![Intrigue #2 : [Sujet Commun 1] Préservez la nature ! - Page 2 Empty](https://2img.net/i/empty.gif)
![Intrigue #2 : [Sujet Commun 1] Préservez la nature ! - Page 2 161002101803475503](https://nsa38.casimages.com/img/2016/10/02/161002101803475503.png)
![Intrigue #2 : [Sujet Commun 1] Préservez la nature ! - Page 2 161002101714894449](https://nsa37.casimages.com/img/2016/10/02/161002101714894449.png)
![Intrigue #2 : [Sujet Commun 1] Préservez la nature ! - Page 2 161002101536328128](https://nsa37.casimages.com/img/2016/10/02/161002101536328128.png)
![Intrigue #2 : [Sujet Commun 1] Préservez la nature ! - Page 2 161002102105245101](https://nsa37.casimages.com/img/2016/10/02/161002102105245101.png)
![Intrigue #2 : [Sujet Commun 1] Préservez la nature ! - Page 2 161002101617493259](https://nsa38.casimages.com/img/2016/10/02/161002101617493259.png)